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Mis à jour : il y a 1 heure 55 min

«Nous sommes une personne multiple». Pluralité d’esprits dans le Trouble dissociatif de l’identité (TDI). Revue hypnose thérapies brèves.

mercredi 25 septembre 2024 - 12:51
Dans ce monde dit psychopathologique, en réponse aux traumas, on parle de « dissociation de l’identité », de « personnalités multiples », d’« identités alternantes ». Là où d’autres cultures pensent l’être humain comme « un ensemble d’esprits ». L’état de transe, notamment hypnotique, pouvant être la clé... Nicolas D’Inca « Nous sommes une personne multiple », voici les premiers mots d’une patiente qui se présente atteinte de TDI, que nous nommerons Moira. Et avec cette présentation s’ouvre une série de questions cliniques des plus passionnantes sur les capacités adaptatives du cerveau, sur la mémoire, l’identité, la guérison des traumas. Et sur les pouvoirs de la conscience, qui utilise la dissociation à des fins protectrices et ressourçantes, malgré un vécu pathologique et une souffrance réelle. Mon intérêt pour les formes traditionnelles de guérison et mes expériences dans le domaine des états modifiés de conscience du chamanisme m’ont amené à considérer une hypothèse qui pourrait s’avérer utile. Elle remet en question notre conception moderne de la personnalité ou de l’identité, et ouvre la voie à une compréhension plus proche de la réalité psychique des patients. Nous allons explorer la possibilité d’avoir recours à cette vision plurielle de l’esprit humain pour accéder et traiter les états de conscience propres aux TDI.

Quelques mots sur le TDI

Le TDI est un trouble dissociatif complexe. Les études s’accordent sur un taux de prévalence du TDI de 1 à 3 % en population générale (1). Seule - ment 6 % seraient diagnostiqués (Kluft, 2009), en raison des nombreuses co-morbidités, d’une méconnaissance des professionnels et d’un masking volontaire ou non de la part des patients. Selon les critères diagnostics du DSM-V, il est caractérisé par la conscience de plusieurs états de soi alternants (alters), qui possèdent chacun leurs propres vécu, perception, relation et réflexion sur l’environnement et soi-même. Au moins deux de ces identités ou états de personnalité prennent de façon récurrente le contrôle du comportement de la personne. C’est pourquoi on a longtemps parlé de « personnalités multiples » avant de préférer insister sur la « dissociation de l’identité ». Cette discontinuité du vécu associée à des amnésies importantes non causées par des substances permet la définition du TDI. Nous souscrivons à l’hypothèse de Frank Putnam (1989) qui a décrit la dissociation comme « un processus normal qui est utilisé initialement à titre défensif par un individu pour gérer des expériences traumatiques, et qui évolue avec le temps vers un processus mal adapté ou pathologique ». Le point de départ n’est qu’une des variantes adaptatives possibles en réponse au trauma. Nombre d’experts font l’hypothèse que des identités alternantes proviennent de l’incapacité des enfants traumatisés à développer un sens unifié de soi. Ainsi la dissociation dans l’enfance peut servir comme une modalité de résilience développementale, en dépit des graves perturbations psychiatriques ultérieures qui caractérisent les patients souffrant de TDI (2).

Le patient TDI est une personne singulière qui se vit comme ayant des identités alternantes, séparées, qui ont une autonomie psychologique relative les unes par rapport aux autres. A divers moments, ces « sujets » peuvent prendre le contrôle exécutif du corps et du comportement de la personne et/ou influencer son vécu et comportement de l’intérieur. Prises ensemble, toutes les identités alternantes forment l’identité ou la personnalité de l’être humain avec un TDI. C’est ce qu’on appelle un « Système ». Même si selon la définition du terme « ensemble d’éléments considérés dans leurs relations à l’intérieur d’un tout fonctionnant de manière unitaire », ce sera plutôt un résultat thérapeutique qu’un point de départ, dans le cas du TDI. Les alters font partie d’un système, le switch étant le changement d’état de conscience. Le front est l’état de présence où telle identité vient au devant de la scène psychique et peut contrôler le corps. Le reste du temps, les alters existent dans le headspace ou innerworld, l’espace mental ou le monde intérieur. L’inner est un espace psychique ayant fonction de contenant, où les alters peuvent vivre et interagir.

Un ensemble d’esprits

Le TDI est un diagnostic interculturel dont la validité est comparable ou supérieure à celle d’autres diagnostics psychiatriques reconnus. Cependant, on note que des altérations de l’identité et/ou de la conscience peuvent se manifester dans d’autres cultures sous la forme d’une possession spirituelle et d’autres syndromes d’esprits multiples (3). Le TDI est un trouble dont les manifestations peuvent varier et être plus ou moins adaptées suivant les cultures. Ce point nous intéresse, notamment parce que l’étude d’autres cultures non-occidentales aborde le cas de la multiplicité selon un angle qui ne pathologise pas leur porteur. La conscience y est vue d’emblée comme un système relationnel complexe, un espace de médiation entre plusieurs présences issues de différents règnes. La capacité de se déplacer entre plusieurs états de conscience ou « mondes » internes et de fluctuer entre plusieurs identités y est vue comme normale. Tout comme le fait de communiquer avec les arbres ou les animaux. Les personnes désignées comme expertes de la transe sont même valorisées et reconnues.

Le chamanisme laisse grand-place à cette pratique dissociative qui advient de manière volontaire et utile à la communauté, dans le cadre de la cure (pouvoir) ou de la recherche d’informations (savoir). En effet, une compréhension centrale que les peuples animistes ont en commun est le fait de penser l’être humain comme un ensemble d’esprits. Non pas un « individu », mais bien un ensemble de relations qui oeuvrent dans l’invisible, pouvant entraver ou soutenir la personne dans sa vie. Le chaman peut à loisir « devenir autre » et se vivre comme une entité surnaturelle qui voyage en esprit vers d’autres domaines de la réalité, les mondes spirituels, puis qui va réintégrer son corps et sa personne ordinaire. Le changement d’état est ici sain et cloisonné par des pratiques rituelles, dans un but thérapeutique. Son travail est ensuite d’intégrer les visions qu’il a acquises chez les « esprits » à la vie de tous les jours. Il verra alors ses alter ego en état de transe comme ses alliés invisibles une fois revenu en état de conscience ordinaire. Il a appris à communiquer avec ces parts non humaines librement et en connaissance de cause. Son sens de l’identité reste intact.

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NICOLAS D' INCA Psychologue clinicien, hypnothérapeute. Méditant de pleine présence pendant vingt ans, aujourd’hui orienté sur la pratique des états modifiés de conscience, notamment la transe chamanique. Passionné des formes de guérison alternatives, étudie les cultures traditionnelles et spirituelles du monde pour aller vers une thérapie intégrative. Après douze ans en institution, se consacre à ses activités libérales à Fontainebleau, en ligne et dans divers lieux de formation.
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Vécus de détresse et de déliaison chez l’enfant en ITEP. Revue hypnose et thérapies brèves.

mercredi 25 septembre 2024 - 10:06
Comment construire une « rencontre » avec ces enfants en détresse traversés par des histoires de chaos et d’abandon ? En s’appuyant sur un tiers sécure et en jouant sur « le registre du lien » pour activer une re-liaison. Arnaud Zeman Le contexte de la rencontre

Accompagner des enfants de six à quatorze ans dans les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP et DITEP, en dispositif) du secteur médico-social est une expérience troublante. Ayant des parcours de soin inhabituels (avec des hospitalisations), souvent accom - pagnés par des services de la protection de l’enfance, ces enfants âgés de quelques années ont pour la plupart traversé des épreuves et des expériences de vie douloureuses. Ces enfants expriment leurs difficultés et leur détresse par l’expression corporelle, par l’agressivité et par les comportements transgressifs. Ces manifestations ne peuvent pas laisser indifférent, elles font du bruit, elles sont visibles, elles interpellent. Bien qu’il soit difficile de savoir ce que ces enfants ont réellement traversé, tant ils sont peu loquaces concernant leur courte histoire de vie, le fait d’observer leurs manifestations et d’être attentif à ce qui se joue dans la relation permet d’identifier cette grande détresse. Les profils de ces enfants sont hétérogènes et il serait difficile de constituer un ensemble les rassemblant tous, tant ils sont différents. Toutefois, il n’est pas rare de rencontrer des enfants meurtris et cabossés, des enfants agités et perturbés par des histoires composées de propos insultants ou discréditants, d’actes inquiétants ou violents, comme s’ils avaient traversé un maelstrom de signes en contradiction, de perturbations, d’éclats, de chocs et d’inconfort. Cela construit chez eux une certaine conception ou vision du monde, ils sont « dans leur monde » comme on dit parfois, un monde traversé par des histoires de maltraitance, d’abandon et de chaos.

Les histoires de vie de ces enfants prennent des formes multiples, mais elles sont souvent organisées autour de la notion de survie. Du fait de ce maelstrom, les processus de sécurité relationnelle sont perturbés et une difficulté à être en lien s’installe, l’inquiétude et le repli s’immiscent, pour laisser place à un monde de méfiance et de peur. Leur réseau relationnel s’appauvrit et il tend à se réduire de plus en plus.

L’expression de cette grande détresse chez ces enfants s’exprime par l’agir plutôt que la parole (et encore moins d’élaboration) et par l’agressivité plutôt que par l’explication ou le dialogue. Quoi qu’il en soit, le plus souvent la problématique de ces enfants ne s’articule pas autour d’un ou de plusieurs événements identifiés, que l’enfant pourrait verbaliser et organiser en un tableau de type traumatique ; il est néanmoins difficile de ne pas y songer.

Raphaël en proie à un chaos intérieur

Raphaël est un enfant qui arrive dans l’établissement avec un air un peu hagard, comme s’il avait été déposé là par erreur, comme si son passage s’avérait temporaire et qu’il allait rapidement retourner chez lui ou ailleurs. En observant Raphaël, la singularité de cet enfant apparaît : un regard bleu clair et perdu, un visage rond et peu expressif, une manière de parler avec des phrases incomplètes faites de trous et une prononciation très approximative. Parmi d’autres traits de sa personnalité, on peut s’arrêter sur sa focalisation massive concernant le football qui le conduit à annoncer régulièrement aux adultes un nombre de buts improbable : « j’ai marqué 68 buts au dernier match », qui obtient comme seule réponse de ce dernier un visage passif et incrédule.

Plusieurs difficultés (un retard scolaire important, une vision du monde décalée et des histoires difficiles à comprendre) conduisent l’équipe à envisager une réorientation en IME. Toutefois, à la suite d’une évaluation cognitive, la surprise fut grande lorsque les résultats ont mis en évidence l’absence de « retard intellectuel » !

Un aspect marquant de son comportement est celui d’entrer ponctuellement et sans prévenir dans des états de rage qui nécessitent systématiquement l’intervention de plusieurs adultes afin de l’arrêter, tant la violence hétéro et auto-agressive est importante. Dans ce moment, Raphaël semble hors de lui, totalement inaccessible, en proie à un mécanisme qui le dépasse et semble tout emporter sur son passage : une sorte de tsunami intérieur qui explose à l’extérieur. A la fin de la première crise qui a duré probablement une heure, composée de cris, de larmes, de sueur et d’insultes, il finit par s’endormir. Lors d’une énième crise, je suis appelé par les éducateurs. En arrivant, les hurlements et les tensions sont extrêmes. Toutefois les éducateurs parviennent à le maintenir de manière à ce qu’il ne blesse personne, ni autrui, ni lui-même. Comme les autres fois, je m’approche de lui afin de chercher à entrer en lien, à établir une connexion, tant Raphaël est hors de lui dans ces moments-là.

Pour y parvenir, je lui demande l’autorisation de mettre une main sur son épaule. Les cris se poursuivent mais à un moment Raphaël profère une insulte violente : « je vais la tuer cette p... de Sylvie ». Il s’agit de son enseignante, heureusement absente de la pièce. Je me saisis de cette phrase et lui demande : « c’est qui cette p... ? », afin de rester sur le même canal de communication. Il m’indique que c’est l’enseignante et précise dans un hurlement qu’il veut la tuer, et brusquement il se jette en avant comme pour joindre l’acte à la parole. Je poursuis en lui disant :

- Thérapeute : « OK, tu veux la tuer, et alors, que va-t-il se passer ensuite ?
- Raphaël : Je vais la tuer, je vais la tuer.
- Th. : Oui, j’ai compris, tu vas la tuer. Et après ? Il se passe quoi après ? Pour toi ? (mes phrases sont courtes et ma voix est forte afin de rester au plus proche de son registre de communication).
- Raphaël : Je serai tranquiiiiiille. Je serais tranquiiiiiille quand j’aurai tuer cette p...
- Th. : OK, donc tu vas la tuer pour être tranquille ?
- Raphaël : Ouiiiiii ! (en hurlant, et premier message positif).
- Th. : OK, donc tu veux être tranquille ?
- Raphaël : Ouiiiiii ! (proche du précédent).
- Th. : OK, tu as le droit de vouloir être tranquille. C’est ça que tu veux, être tranquille ? (répétion volontaire).
- Raphaël : Ouiiiiii !
- Th. : OK, et ce sera comment dans ton corps ?
- Raphaël : Bien, je serai tranquille.
- Th. : Je comprends. » A partir de ce moment, Raphaël s’apaise un tout petit peu et on com - mence à entamer un échange légèrement plus construit. A l’intérieur de la crise, Raphaël est pris dans un monde vide de liens, dans lequel l’autre se dérobe, s’éclipse. Ce n’est pas tant que Raphaël s’en détourne, mais plutôt qu’il n’a plus accès à la relation, l’autre s’absentant et devenant inaccessible. Dans ce monde structuré par la déliaison, Raphaël est hors de lui, dans une sorte de chaos, où la violence du comportement et du verbe fait écho à un monde de destruction, dont le thème principal est le meurtre. Un chaos extérieur qui cherche à traduire un chaos intérieur.

La personne qui vient à Raphaël n’est pas une personne rassurante mais 37. bien au contraire une personne agressive, voire persécutrice. Ce qu’il est important de repérer, c’est que si l’accès à ce tiers est refusé à l’enfant, en disant par exemple « je t’interdis de parler ainsi de ma collègue », aucun tiers ne peut venir et l’enfant est dans l’impossibilité de retrouver un lien, quelqu’un, un autre, même si cet autre se situe sur le registre de l’agressivité ou du combat. C’est à partir de cette figure, même agressive, qu’un retour à une relation dans le présent est possible. Depuis ce chaos, c’est lorsqu’arrive un début de lien, un fil, une voix, ou toute autre forme de tentative de reliaison ou de connexion, même imperceptiblement, que Raphaël parvient à attraper ce fil et à sortir tout doucement de ce monde chaotique (on pense au fil d’Ariane dans le dédale).

Cette présentation de la situation de Raphaël exprime clairement la dimension chaotique de ce dans quoi il se perd, que l’on peut appeler les « mondes chaotiques » ou les « mondes traumatiques », où l’absence de lien au monde et à l’autre en constitue les critères et les déterminants. Comment Raphaël est-il entré dans ce monde ? Comment un tel monde peut-il recouvrir le monde commun et relationnel au point de ne plus percevoir la présence d’autrui, de ne plus sentir son propre corps, au point d’être envahi par un monde de destruction ? S’il ne s’agit pas nécessairement d’un événement traumatique particulier, en tout cas Raphaël est entré dans un monde traumatique, qui se révèle lors de la crise.

Aline et Sophie en manque de tiers sécure

La première fois que j’ai rencontré Aline, c’était au sortir du véhicule qui la ramenait du foyer dans notre établissement ITEP. Elle est sortie visiblement très mécontente, jetant son sac au sol en disant : « c’est de la merde ! ». Elle s’éloigne du véhicule et déambule en continuant à s’agiter avec agressivité. Elle ne me connaît pas et en me voyant, elle m’a personnellement salué en me disant : « t’as une tête de chien ». Je lui ai tout de même dit « bonjour » et j’ai décidé de lui parler le moins possible, à distance, en l’observant, vigilant à ce qu’il n’y ait pas d’incident. Elle continue ainsi à se mettre à l’écart, lançant des insultes aux personnes qui l’ont déposée et qui, sur mon invitation, repartent. Les insultes se portent alors sur un peu tout : là où elle est, une porte, une fenêtre, un arbre. Elle jette son manteau à terre et marche dessus, elle saute négligemment dans les flaques d’eau et recouvre ses souliers de boue. Aline s’affirme, c’est le moins que l’on puisse dire, elle semble révoltée, sans concession, rejetant ciel et terre d’un même élan. Sans le savoir, elle semble avoir une attitude littéralement « punk » (genre musical rock : agressif et radical). Plus tard, des éléments d’histoire sur Aline mettent en évidence un placement en foyer en rapport avec des faits de maltraitance au domicile et de soupçons d’abus par le père….

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ARNAUD ZEMAN Psychologue clinicien. Psychologue en libéral. Psychologue en ITEP (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique). Formateur en hypnose ericksonienne à l’Institut Milton Erickson de Nantes (ARePTA), à la Faculté de Psychologie de Nantes et au DU d’hypnose. Superviseur.
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- Dr Pascal VESPROUMIS: Médecin Addictologue, Président de l'ACCH. Anime les supervisions.
- Dr Roxane COLETTE: Médecin Psychiatre, auteur du livre: Petits maux, grands traumas: de l’EMDR à l’IMO, une nouvelle voie de guérison.
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Les monstres des cauchemars.

vendredi 13 septembre 2024 - 11:37
Vaincre les peurs et les monstres des cauchemars. Aller au devant de nos peurs en acceptant d’affronter nos cauchemars. Ou quand l’hypnose nous permet de voler pour faire des monstres nos alliés... Bertrand HÉNOT Karine est venue me consulter pour des angoisses liées à la conduite. Elle ne peut pas s’engager sur les quatre-voies, et encore moins sur le pont de Cheviré qui enjambe la Loire à l’ouest de Nantes et remplit les cabinets de psychothérapie.
Nous en sommes à la troisième séance d’EMDR, elle a donné de bons résultats, c’est sans doute la dernière, mais les sensations de vide dans les jambes décrites par Karine m’incitent à lui poser cette question :

-Thérapeute : « Vous rêvez souvent ?

-Patiente : Ah ! non, vraiment c’est très rare.

-Th. : Des cauchemars peut-être ?

-P. : Ah ! oui, ça c’est plutôt fréquent ! »
On peut classer les cauchemars en deux catégories : il y a d’une part les situations dans lesquelles on se fait agresser par des méchants, des monstres, et de l’autre les situations dans lesquelles on est confronté au vide, on a peur de tomber, ou alors on est englué, perdu et on ne peut pas rejoindre ses proches. Les peurs dans les cauchemars correspondent aux peurs de la vie réelle et sont reliées au monde de l’abandon et au monde de la maltraitance tels que les décrit Julien Betbèze (1). Il existe des explorateurs des rêves qui d’une manière individuelle ou culturelle ont développé une connaissance sur les attitudes bénéfiques à avoir en rêve. Ainsi, il est important, selon eux, de toujours combattre et vaincre les ennemis rencontrés en rêve. Nous pouvons les détruire sans remords, ou mieux encore les mettre à notre service. Toute chute peut se transformer en vol, il suffit pour cela de regarder à quel endroit on veut atterrir. Les expériences où l’on est perdu ou englué peuvent également avec bénéfice se transformer en vol. Le vol permet de rejoindre un bel endroit où l’on peut découvrir des trésors et des personnes amicales. D’autres attitudes sont bénéfiques en rêve. Nous nous con centrons ici sur celles qui permettent de transformer les cauchemars en victoire : le combat et le vol.
Quelles sortes de peurs occupent les cauchemars de Karine ?

-Th. : « Vous pouvez me donner un exemple, Karine, du genre de cauchemar que vous avez fait récemment ?

-P. : Oui, ce sont souvent des histoires de vertige.

-Th. : Vous voulez bien m’en dire un peu plus ? Vous êtes en haut de quelque chose ?

-P. : Oui, on visite un château avec mes enfants, on est sur les remparts et il y a des créneaux et j’ai peur qu’ils se penchent et qu’ils tombent. Profitant de l’état de réceptivité de Karine après une séance d’EMDR fructueuse, il me semble qu’une proposition hypnotique est adaptée.

-Th. :Vous pouvez fermer les yeux à nouveau, vous savez que vous êtes ici avec moi en sécurité dans cette pièce, vous êtes également sur les remparts de ce château, je vous invite à vous jeter dans le vide et à bien regarder en bas à quel endroit vous allez atterrir... C’est sans doute un très bel endroit et il y a un trésor à découvrir...
Les signaux non verbaux que m’envoie Karine me laissent penser qu’elle est en sécurité, je peux poursuivre...

-Th. : Et vos enfants, pourquoi ne pas les inviter à vous rejoindre, ils savent certainement voler eux aussi...
Après cette première expérience qu’elle juge bénéfique, Karine souhaite me raconter un second cauchemar.

-P. : L’autre jour mon fils est sorti en ville avec un ami, ils ont fait une rencontre disons potentiellement dangereuse. Dans la réalité cela s’est bien terminé, mais la nuit suivante j’ai rêvé qu’il se faisait tabasser dans la rue par ces deux types.

-Th. : Eh bien Karine, vous pouvez fermer les yeux, et maintenant que vous savez voler, je vous invite à voler au secours de votre fils... vous pouvez le retrouver en ville et tabasser ces deux monstres.

-P. : C’étaient pas des monstres, c’était des types ordinaires.

-Th. : Vous pouvez tabasser ces types ordinaires, vous pouvez les vaincre, vous avez même le droit de les détruire... mais vous pouvez aussi... c’est mieux... les mettre à votre service... Vous pouvez vous avancer vers eux... et leur demander de vous offrir quelque chose... Karine semble apaisée, elle a toujours les yeux fermés, elle a écouté toutes mes propositions en acquiesçant. Il me semble que le temps est venu de la généralisation et de la suggestion post-hypnotique.

-Th. : La prochaine fois, Karine, que vous rencontrez des monstres, ou des types belliqueux en rêve, vous vous avancez vers eux, vous choisissez le plus costaud, le chef, vous vous approchez de lui, au plus près, nez à nez... et vous essayez d’apprendre quelque chose de nouveau, vous lui demandez : “qu’est-ce que tu veux ? qu’est-ce que je peux faire pour toi ?”... et vous lui demandez de faire quelque chose pour vous... et puis vous exigez un cadeau... quelque chose de très concret, un objet... Je tends à Karine de quoi dessiner, un papier et un stylo.

- Th. : Vous pouvez dessiner ce cadeau. Karine dessine devant moi un objet.

-Th. : Maintenant vous pouvez plier ce dessin, le ranger dans votre sac. Vous pouvez vous le procurer de différentes manières : l’acheter, le trouver par hasard, vous le faire offrir ou le fabriquer vous-même. Quand vous l’aurez entre vos mains, cet objet, il symbolisera un nouveau pouvoir que vous avez gagné en rêve. »
La séance se termine par quelques explications et consignes inspirées du travail de Giorgio Nardone (2) : « Nous portons les blessures de toutes les batailles que nous n’avons pas menées. » Toute peur qui n’est pas vaincue est renforcée. Sachant par ailleurs que les tentatives de solution de l’entourage de Karine ont plutôt renforcé sa phobie, je lui propose d’imposer à sa famille une conspiration du silence sur ce sujet. Je lui propose d’affronter ses peurs et de les affronter seule.
Les cauchemars occasionnés par les traumas sont considérés dans le DSM 5 comme un « symptôme d’intrusion » et constituent l’un des critères diagnostiques de l’ESPT. Permettre à une personne de se débarrasser de ses cauchemars est parfois un moyen suffisant pour quitter un diagnostic d’ESPT. Dans le cas clinique suivant, un ESPT durable a sans doute été évité grâce à des interventions relationnelles précoces de l’équipe soignante, de la famille et de la personne elle-même.
Bernard, 89 ans, a été hospitalisé suite à un grave accident cardiaque. Son transfert depuis les urgences jusqu’au service…

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BERTRAND HÉNOT Il dirige l’institut de formation Hexafor à Nantes, qu’il a créé il y a trente ans. Formateur et superviseur, titulaire d’un diplôme universitaire « Théories et cliniques des psychothérapies ». Il enseigne les pratiques narratives et l’approche orientée solution à des professionnelles du social dont la mission est de soutenir la parentalité ou d’y suppléer.

Sentiment d'échec chez les adolescents. Travail en thérapie narrative.

vendredi 13 septembre 2024 - 11:09
Vouloir se conformer aux normes imposées par le pouvoir dit moderne peut amener de nombreux adolescents dans un sentiment d’échec et de dévalorisation. Et si le sentiment de Benjamin d’être « anormal » n’était en fait que sa façon de « résister » à la pression de ces normes... Dr Françoise VILLERMAUX pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 72 Lorsqu’on rencontre des adolescents amenés à consulter en pédopsychiatrie et qu’ils acceptent de s’exprimer sur leur vécu, nombreux sont ceux qui rapportent un sentiment d’infériorité vis-à-vis des autres, d’échec, d’inadéquation par rapport à ce qu’ils perçoivent comme une norme.
C’est dans le contexte du travail avec ces adolescents que je me suis intéressée plus particulièrement aux travaux de la thérapie narrative sur la thématique du sentiment d’échec. Je présenterai ici une conversation en entretien avec Benjamin, âgé de 16 ans.
Benjamin avait déjà été suivi lorsqu’il était jeune adolescent, à l’époque pour une symptomatologie post-traumatique. Il a demandé à reprendre un suivi peu après son entrée en 1ère et investit beaucoup les entretiens.

Il rapporte une tristesse, une fatigue, une impossibilité à se projeter dans l’avenir et à ressentir de l’envie. Il ne parvient pas à se concentrer en classe et à effectuer son travail scolaire. Il se sent « anormal », « inadapté », « pas fait pour s’en sortir dans ce monde » et cherche une explication en interrogeant différents diagnostics de troubles du neurodéveloppement. Un développement récent dans son suivi a été le fait qu’il s’autorise à « s’écouter», pour reprendre son terme. Il a découvert par exemple que le contact avec des appuis durs l’aidait à se sentir plus calme, et désormais, dans tous les endroits où c’est possible, il s’assied sur le sol avec le dos appuyé contre un mur. De la même façon, il s’est acheté de la pâte à modeler car il en trouve la manipulation agréable. Lors de nos entretiens nous sommes donc tous les deux assis au sol et il fabrique des monstres en pâte à modeler tout en parlant.

Lors d’un entretien, Benjamin a décrit son incapacité à travailler suffisamment pour obtenir des résultats satisfaisants. Il parle d’un « cercle vicieux » : « J’ai pas le moral donc j’arrive pas à me concentrer, donc j’ai de mauvaises notes. Je travaille beaucoup tous les soirs pour essayer de remonter mes notes, donc je me couche tard, le lendemain je suis encore plus fatigué et ça fait baisser mon moral. » Je dessine un schéma du cercle vicieux et ses différentes étapes. Obtenir de bons résultats scolaires est très important pour Benjamin, car il y voit une façon de se démarquer d’une histoire familiale marquée par la pauvreté et la marginalisation.

A la séance suivante, Benjamin explique être « dégoûté de moi-même » parce qu’il a cessé de travailler : pendant les cours il ne prend plus de notes, le soir à l’internat il ne fait plus ses devoirs. Il se dit épuisé, incapable de se concentrer. Voyant là une belle porte d’entrée vers le travail en narratif sur le thème du sentiment d’échec, je ressors le schéma du cercle vicieux de la séance précédente et reformule ce qu’il vient de dire :
- Thérapeute : « OK, donc si je comprends bien tu me dis que c’est de plus en plus difficile pour toi, et tu me dis : “je n’en peux plus, je n’arrive plus à continuer comme ça”.

-Benjamin : C’est ça.

-Th. : Et tu me dis que tu changes de comportement vis-à-vis du travail scolaire : en classe tu t’assieds et écoutes sans prendre de notes, et le soir tu fais autre chose que tes devoirs, c’est ça ?

-Benjamin : Ouais, je suis vraiment une merde. Je vais finir alcoolique au RSA comme mon père. Je pensais que je m’en sortirais, mais non. Sa voix tremble, il soupire en fermant les yeux, au bord des larmes.

-Th. : Tu sais, j’ai pris des notes sur le cercle vicieux que tu m’as décrit la dernière fois. On dirait qu’il n’est plus d’actualité.

-Benjamin : Pourquoi ?

-Th. : Eh bien, si je reprends, on avait dit que le fait d’avoir de mauvaises notes te poussait à travailler plus, ce qui te fatiguait, ce qui faisait encore plonger le moral le lendemain.

-Benjamin : Oui.

-Th. : On dirait qu’en arrêtant de travailler, tu fais autrement. L’image qui me vient, si tu permets que je te la partage, c’est une voiture qui prend une sortie sur un rond-point (j’ajoute sur le schéma une flèche s’éloignant du cercle). Est-ce qu’on pourrait dire qu’au lieu de continuer à travailler plus, tu choisis autre chose ?

-Benjamin : Je ne sais pas si je choisis, je dirais que c’est l’issue de secours.

-Th. : Qu’est-ce qui t’a aidé à te rendre compte que là, il était temps de prendre l’issue de secours ?

-Benjamin : Je suis trop fatigué, je n’en peux plus.

-Th. : Tu me dis “je n’en peux plus”. Tu peux me dire un peu ce dont tu as besoin de te dégager ?

-Benjamin : Je ne peux plus me tuer à la tâche à essayer d’avoir des bonnes notes.

-Th. : Ah, est ce qu’on peut dire que tu en as assez de te tuer à la tâche ?

-Benjamin : Oui.

-Th. : Et comment tu t’y prends pour ne plus te tuer à la tâche ?

-Benjamin : Euh… Je repousse les deadlines : je rends mes devoirs à la dernière minute ou je demande un délai supplémentaire pour me donner plus de temps. Je fractionne, je ne fais qu’une question par soir. Et si les devoirs ne sont pas à rendre et donc pas notés, je les fais pas.

-Th. : Tu rallonges les deadlines, tu fractionnes pour ne faire qu’une question par soir, et tu ne rends que ce qui est obligatoire. Quoi d’autre ?

-Benjamin : En cours j’écoute et c’est tout, je ne me mets pas la pression de prendre des notes. C’est pas mal d’ailleurs, comme ça.

-Th. : Ah ?

-Benjamin : Oui, au lieu de regarder ma feuille je regarde le prof, j’ai l’impression d’être le seul à l’écouter vraiment. Et parfois je joue avec ma pâte à modeler. Le soir, je fais autre chose que travailler : j’écoute de la musique, je cherche des gens avec qui discuter, je lis des mangas.

-Th. : Tu écoutes le prof, et tu fais autre chose que travailler le soir, des choses qui te plaisent. Comment on pourrait appeler cette nouvelle façon de travailler ?

-Benjamin : Je comprends pas.

-Th. : Si on devait donner un nom à cette façon de faire. Il y a le travail en mode “se tuer à la tâche”, que tu ne veux plus faire, et on dirait que tu es en train de définir un nouveau mode de travail, on pourrait dire “le travail en mode”...

-Benjamin : Le travail non forcé….

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FRANÇOISE VILLERMAUX Pédopsychiatre, diplômée de la faculté de médecine de Lille. Formée en Hypnose et Thérapies brèves à l’ARePTA en 2020. Actuellement praticien hospitalier dans le service de psychiatrie infanto-juvénile du Centre hospitalier d’HéninBeaumont (Pas-de-Calais).