- Honte et brûlures du coup. Hors-Série 19 de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves.
- Maux de tête et désir de perfection. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
- Le pouvoir de l'eczéma. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
- Hypnose et thérapie systémique en soins palliatifs.
- Le temps passe, se fige et s'ouvre dans le mouvement de la vie.
- La présence. Dr Adrian CHABOCHE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
- Travailler sur les interactions pour favoriser un changement.
- La puissance thérapeutique de la relation humaine.
Honte et brûlures du coup. Hors-Série 19 de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves.
Le symptôme somatique persistant. Marquer le « cou »... Ou l’apparition chez deux patientes d’un même symptôme, des brûlures au cou marquant la chair pour révéler un profond sentiment de honte. Une thérapie en psychosomatique menée « pas à pas » permet de changer leur scénario de vie et d’apaiser les brûlures.
Dans le cadre de mon activité clinique, j’ai suivi deux personnes à la même période qui avaient un symptôme identique : des sensations de brûlures au cou, qui se sont avérées ensuite persistantes malgré l’évolution positive de la thérapie. J’ai été surprise de cette concomitance sur un symptôme qui n’est pas très fréquent. Les thérapeutes ont coutume de remarquer qu’ils reçoivent parfois des patients sur une même période ayant des problématiques similaires. C’est comme s’il m’était donné d’avoir à progresser sur cette question des symptômes persistants contre toute attente !
OBSERVATION DES SIMILARITÉS
J’ai exploré les parcours de ces deux personnes et j’ai pu observer des concordances :
- Des femmes de plus de 50 ans, qui se sont remises en question en modifiant leur contexte de travail, ou d’activité, l’une en se spécialisant dans une pratique de soin alternatif énergétique, l’autre en investissant sa retraite pour modifier son rapport aux autres qu’elle jugeait défaillant.
- Elles sont donc arrivées en thérapie pour parfaire leur déploiement personnel et traiter ce symptôme qui venait signer un problème qu’elles ne comprenaient pas. Elles se sentaient impuissantes après avoir fait toutes les investigations nécessaires. Elles avaient le sentiment qu’elles avaient pourtant bien progressé dans leur vie, l’une dans ses rapports familiaux et particulièrement dans la relation avec ses filles, et l’autre dans son travail, entretenant de plus en plus le lien avec ses clients autrement que par la maîtrise de la technique. Il y avait donc une part d’elles qui validait cette évolution et une autre qui venait tuer l’espoir.
- Leur rapport aux autres, sans le savoir, était avant tout un rapport au monde. La confiance en la relation à l’autre en tant qu’être humain avait besoin de se construire, car c’était un rapport mentalisé qui pouvait s’exprimer à travers la confiance en la compétence du thérapeute et non pas envers la personne du thérapeute.
- La brûlure au cou exprimait une analogie en lien avec la honte. Le symptôme s’est manifesté pour l’une à la naissance de sa première petite-fille, qu’elle a clairement mis en lien avec sa fille aînée qu’elle pense avoir insuffisamment protégée petite (je ne suis pas digne, donc pas capable d’être une grand-mère), pour l’autre lorsqu’elle a fait sa formation dans le soin énergétique, avec un fort sentiment d’illégitimité (je n’ai pas le droit, donc pas le droit d’aller mieux).
- Tout au long de ces séances, pour l’une comme pour l’autre, tant que nous n’avions pas suffisamment sécurisé les bases (liens « sécures » et évolution positive de leurs projets de vie), le travail sur le symptôme, à proprement parlé, ne faisait qu’aggraver la situation. J’ai constaté que des améliorations survenaient après les séances ou nous renforcions le lien entre nous, et que des retours en arrière se manifestaient en effet lorsque nous tentions de vaincre les brûlures ! D’une manière générale, quand ça bougeait, ça ne tenait pas dans le temps comme si les brûlures fixaient une limite au travail, limite de ce qui ne devait pas être dépassé, limite de ce qui était acceptable dans leur représentation d’elle-même dans leur vie.
- Enfin, elles mentalisaient ce qu’elles vivaient, avec le sentiment de ne pas être en contact avec leur corps. Le mental leur avait toujours servi à tenir debout, pour rationaliser, relativiser, trouver de la cohérence, etc., il était donc omniprésent.
Formation Certifiée par France EMDR IMO ®. La seule et unique Certification Officielle en EMDR IMO ® en Europe..
Cette formation vous permettra d'utiliser l'Intégration des Mouvements Oculaires en Thérapie avec les outils thérapeutiques que vous utilisez déjà en pratique clinique. (Hypnose, Approches Centrées Solution etc...)
Alors, rendez-vous à Paris, Marseille, Annecy, et bientôt Bordeaux, Nancy, Strasbourg, Lausanne et Genève, avec des instituts membres de la CFHTB, pour une formation réellement INTEGRATIVE.
www.formation-emdr.fr/
Agenda des prochaines formations
Annuaire de thérapeutes sur EMDR.FR
DÉROULÉ GLOBAL DE LA THÉRAPIE
Le travail a commencé par la sécurisation de la relation patient/thérapeute à travers la manière de questionner, et le contact « sécure ». On fait grand cas de cet aspect des choses, particulièrement dans les problématiques psychosomatiques. Au fil des séances, nous avons abordé en transversal le lien d’attachement, la conscience de l’unité corporelle « sécure », tout en soutenant la poursuite des évolutions dans leur vie en activant une histoire alternative... Pourquoi fallait-il que le symptôme résiste encore ? N’était-ce pas le prix à payer de la transgression à un monde relationnel traumatique où l’on a failli et où l’on ne peut pas réussir ? La honte est souvent le dernier bastion à surmonter ! En effet, dans le déroulement de la thérapie, j’ai perçu peu à peu la puissance du monde de la honte dans ces histoires de vie. Lorsque les bases sur lesquelles reposait l’expérience de confiance ont été plus présentes, cela nous a permis de dévoiler son emprise. C’est là que nous en étions arrivés avec la patiente de la séance qui va suivre et dont voici le script.
SCRIPT D’UNE SÉANCE
En TLMR, nous travaillons d’une manière particulière en externalisant le problème sur une scène métaphorique. Rien n’est calculé d’avance, cela vient au fil de la séance. On suit le processus qui se déroule à l’aide d’un questionnement hypnotique et de mouvements alternatifs.
J’ai enregistré cette séance que je vais retranscrire au mieux ci-dessous (MO : Mouvements oculaires ; taping sur les genoux). La patiente reparlait des brûlures qui étaient revenues en force. On peut voir comment on a pu percevoir le lien à ce stade de la thérapie, entre ces fameuses brûlures et l’expression du problème sous-jacent, sans que nous ne le nommions expressément… pour commencer à délier le symptôme de sa fonction de blocage du processus de vie.
- Patiente : « J’ai toujours mes brûlures au cou, à la gorge (elle montre).
- Thérapeute : C’est plutôt le cou ou la gorge ?
- P. : C’est le cou, plus large que la gorge.
- Th. : Comment vous le ressentez ?
- P. : Une gêne, aussi forte qu’une brûlure de fer à repasser, ça fait “oups” (elle montre avec un geste de sa main qui remonte rapidement de bas en haut).
- Th. : Ça fait “oups” comme une brûlure de fer à repasser ?
- P. : Oui, en continu, parfois c’est moins fort.
- Th. : Un “oups” en continu (je mime la main qui monte) et parfois c’est moins fort... (Je prends conscience que ces brûlures peuvent être plus fortes que ce que j’avais compris et en même temps je n’ai pas de représentations de ce que peut être un “oups” en continu. J’aurais pu explorer cette voie en sursaturant le questionnement pour lui permettre de descendre dans son corps, mais il me vient alors une autre voie.)
- Th. : Je peux vous proposer quelque chose d’un peu étrange ?
- P. : Oui.
- Th. : On va mettre là le cou (je montre devant nous sur une scène imaginaire) et là la brûlure (je montre à côté), comme celle d’un fer à repasser, ça fait “oups” en continu (j’aurais pu mieux explorer la forme que ça prenait, mais le geste que je refais en même temps est aussi une image, kinesthésique). Mes doigts vont aller de l’un à l’autre plusieurs fois et je vais demander à vos yeux de suivre mes doigts (la patiente a l’habitude, mais de le redire active chez elle une acceptation de ce que nous allons faire).
- P. : OK.
- Th. (je fais ce que j’ai dit, puis je m’arrête au bout de quelques séquences de mouvements alternatifs) : Si ça prend forme au milieu, entre les deux, qu’est-ce qui vient ?
- P. : Un feu en hauteur.
- Th. : Comment il est ce feu ? (je me rapproche à nouveau, je regarde la scène et je montre avec ma main devant).
- P. : Très vif, des flammes en hauteur (elle montre en remontant avec sa main). (MO)...
- Th. (je bâille) : Comment il est maintenant ? (je montre toujours avec la main devant).
- P. : C’est comme s’il avait diminué un peu, il est descendu... (MO... je bâille... ce bâillement est pour moi un bon indicateur que le processus se déroule, c’est comme si j’évacuais quelque chose, jusqu’à ce que le bâillement aille au bout.)
- P. : Encore un peu présent... (Quelques séquences de MO... je bâille... je ne dis rien tant que le processus se déroule, il est donc en mouvement.)
- P. : Plus que de la fumée... (MO, je bâille.)
- P. : Toujours la fumée... (MO, je bâille.)
- P. : C’est bon.
- Th. : Quand vous dites c’est bon ?... (je montre avec la main devant).
- P. : Y’a que des cendres... (Quelques séquences de MO.)
- P. : C’est pareil. (Il y a une douleur dans mon bras, avec ma main tendue devant, je recule pour sortir du champ, même si je ne sais pas ce qui se passe en lien avec ces cendres.)
- Th. : Qu’est-ce qui est présent ?
- P. : Des cendres, toujours...
Lire la suite...
MADY FAUCOUP GATINEAU
Psychothérapeute installée en libéral à Nantes. Formée aux thérapies brèves : Palo Alto, hypnose ericksonienne, thérapie orientée solution, stratégique et narrative. Formée à la TLMR (ex- HTSMA) : Thérapie du lien et des mondes relationnels, conçue et développée par le Dr Eric Bardot, psychiatre et psychothérapeute à Nantes. Formatrice en hypnose et en HTSMA à l’Institut Mimethys de Nantes.
Commandez ce Hors-série de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°19 SOMMAIRE
06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze
10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy
40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy
172 / Poême Ce corps K. Ficini
OBSERVATION DES SIMILARITÉS
J’ai exploré les parcours de ces deux personnes et j’ai pu observer des concordances :
- Des femmes de plus de 50 ans, qui se sont remises en question en modifiant leur contexte de travail, ou d’activité, l’une en se spécialisant dans une pratique de soin alternatif énergétique, l’autre en investissant sa retraite pour modifier son rapport aux autres qu’elle jugeait défaillant.
- Elles sont donc arrivées en thérapie pour parfaire leur déploiement personnel et traiter ce symptôme qui venait signer un problème qu’elles ne comprenaient pas. Elles se sentaient impuissantes après avoir fait toutes les investigations nécessaires. Elles avaient le sentiment qu’elles avaient pourtant bien progressé dans leur vie, l’une dans ses rapports familiaux et particulièrement dans la relation avec ses filles, et l’autre dans son travail, entretenant de plus en plus le lien avec ses clients autrement que par la maîtrise de la technique. Il y avait donc une part d’elles qui validait cette évolution et une autre qui venait tuer l’espoir.
- Leur rapport aux autres, sans le savoir, était avant tout un rapport au monde. La confiance en la relation à l’autre en tant qu’être humain avait besoin de se construire, car c’était un rapport mentalisé qui pouvait s’exprimer à travers la confiance en la compétence du thérapeute et non pas envers la personne du thérapeute.
- La brûlure au cou exprimait une analogie en lien avec la honte. Le symptôme s’est manifesté pour l’une à la naissance de sa première petite-fille, qu’elle a clairement mis en lien avec sa fille aînée qu’elle pense avoir insuffisamment protégée petite (je ne suis pas digne, donc pas capable d’être une grand-mère), pour l’autre lorsqu’elle a fait sa formation dans le soin énergétique, avec un fort sentiment d’illégitimité (je n’ai pas le droit, donc pas le droit d’aller mieux).
- Tout au long de ces séances, pour l’une comme pour l’autre, tant que nous n’avions pas suffisamment sécurisé les bases (liens « sécures » et évolution positive de leurs projets de vie), le travail sur le symptôme, à proprement parlé, ne faisait qu’aggraver la situation. J’ai constaté que des améliorations survenaient après les séances ou nous renforcions le lien entre nous, et que des retours en arrière se manifestaient en effet lorsque nous tentions de vaincre les brûlures ! D’une manière générale, quand ça bougeait, ça ne tenait pas dans le temps comme si les brûlures fixaient une limite au travail, limite de ce qui ne devait pas être dépassé, limite de ce qui était acceptable dans leur représentation d’elle-même dans leur vie.
- Enfin, elles mentalisaient ce qu’elles vivaient, avec le sentiment de ne pas être en contact avec leur corps. Le mental leur avait toujours servi à tenir debout, pour rationaliser, relativiser, trouver de la cohérence, etc., il était donc omniprésent.
Formation Certifiée par France EMDR IMO ®. La seule et unique Certification Officielle en EMDR IMO ® en Europe..
Cette formation vous permettra d'utiliser l'Intégration des Mouvements Oculaires en Thérapie avec les outils thérapeutiques que vous utilisez déjà en pratique clinique. (Hypnose, Approches Centrées Solution etc...)
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DÉROULÉ GLOBAL DE LA THÉRAPIE
Le travail a commencé par la sécurisation de la relation patient/thérapeute à travers la manière de questionner, et le contact « sécure ». On fait grand cas de cet aspect des choses, particulièrement dans les problématiques psychosomatiques. Au fil des séances, nous avons abordé en transversal le lien d’attachement, la conscience de l’unité corporelle « sécure », tout en soutenant la poursuite des évolutions dans leur vie en activant une histoire alternative... Pourquoi fallait-il que le symptôme résiste encore ? N’était-ce pas le prix à payer de la transgression à un monde relationnel traumatique où l’on a failli et où l’on ne peut pas réussir ? La honte est souvent le dernier bastion à surmonter ! En effet, dans le déroulement de la thérapie, j’ai perçu peu à peu la puissance du monde de la honte dans ces histoires de vie. Lorsque les bases sur lesquelles reposait l’expérience de confiance ont été plus présentes, cela nous a permis de dévoiler son emprise. C’est là que nous en étions arrivés avec la patiente de la séance qui va suivre et dont voici le script.
SCRIPT D’UNE SÉANCE
En TLMR, nous travaillons d’une manière particulière en externalisant le problème sur une scène métaphorique. Rien n’est calculé d’avance, cela vient au fil de la séance. On suit le processus qui se déroule à l’aide d’un questionnement hypnotique et de mouvements alternatifs.
J’ai enregistré cette séance que je vais retranscrire au mieux ci-dessous (MO : Mouvements oculaires ; taping sur les genoux). La patiente reparlait des brûlures qui étaient revenues en force. On peut voir comment on a pu percevoir le lien à ce stade de la thérapie, entre ces fameuses brûlures et l’expression du problème sous-jacent, sans que nous ne le nommions expressément… pour commencer à délier le symptôme de sa fonction de blocage du processus de vie.
- Patiente : « J’ai toujours mes brûlures au cou, à la gorge (elle montre).
- Thérapeute : C’est plutôt le cou ou la gorge ?
- P. : C’est le cou, plus large que la gorge.
- Th. : Comment vous le ressentez ?
- P. : Une gêne, aussi forte qu’une brûlure de fer à repasser, ça fait “oups” (elle montre avec un geste de sa main qui remonte rapidement de bas en haut).
- Th. : Ça fait “oups” comme une brûlure de fer à repasser ?
- P. : Oui, en continu, parfois c’est moins fort.
- Th. : Un “oups” en continu (je mime la main qui monte) et parfois c’est moins fort... (Je prends conscience que ces brûlures peuvent être plus fortes que ce que j’avais compris et en même temps je n’ai pas de représentations de ce que peut être un “oups” en continu. J’aurais pu explorer cette voie en sursaturant le questionnement pour lui permettre de descendre dans son corps, mais il me vient alors une autre voie.)
- Th. : Je peux vous proposer quelque chose d’un peu étrange ?
- P. : Oui.
- Th. : On va mettre là le cou (je montre devant nous sur une scène imaginaire) et là la brûlure (je montre à côté), comme celle d’un fer à repasser, ça fait “oups” en continu (j’aurais pu mieux explorer la forme que ça prenait, mais le geste que je refais en même temps est aussi une image, kinesthésique). Mes doigts vont aller de l’un à l’autre plusieurs fois et je vais demander à vos yeux de suivre mes doigts (la patiente a l’habitude, mais de le redire active chez elle une acceptation de ce que nous allons faire).
- P. : OK.
- Th. (je fais ce que j’ai dit, puis je m’arrête au bout de quelques séquences de mouvements alternatifs) : Si ça prend forme au milieu, entre les deux, qu’est-ce qui vient ?
- P. : Un feu en hauteur.
- Th. : Comment il est ce feu ? (je me rapproche à nouveau, je regarde la scène et je montre avec ma main devant).
- P. : Très vif, des flammes en hauteur (elle montre en remontant avec sa main). (MO)...
- Th. (je bâille) : Comment il est maintenant ? (je montre toujours avec la main devant).
- P. : C’est comme s’il avait diminué un peu, il est descendu... (MO... je bâille... ce bâillement est pour moi un bon indicateur que le processus se déroule, c’est comme si j’évacuais quelque chose, jusqu’à ce que le bâillement aille au bout.)
- P. : Encore un peu présent... (Quelques séquences de MO... je bâille... je ne dis rien tant que le processus se déroule, il est donc en mouvement.)
- P. : Plus que de la fumée... (MO, je bâille.)
- P. : Toujours la fumée... (MO, je bâille.)
- P. : C’est bon.
- Th. : Quand vous dites c’est bon ?... (je montre avec la main devant).
- P. : Y’a que des cendres... (Quelques séquences de MO.)
- P. : C’est pareil. (Il y a une douleur dans mon bras, avec ma main tendue devant, je recule pour sortir du champ, même si je ne sais pas ce qui se passe en lien avec ces cendres.)
- Th. : Qu’est-ce qui est présent ?
- P. : Des cendres, toujours...
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MADY FAUCOUP GATINEAU
Psychothérapeute installée en libéral à Nantes. Formée aux thérapies brèves : Palo Alto, hypnose ericksonienne, thérapie orientée solution, stratégique et narrative. Formée à la TLMR (ex- HTSMA) : Thérapie du lien et des mondes relationnels, conçue et développée par le Dr Eric Bardot, psychiatre et psychothérapeute à Nantes. Formatrice en hypnose et en HTSMA à l’Institut Mimethys de Nantes.
Commandez ce Hors-série de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°19 SOMMAIRE
06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze
10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy
40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy
172 / Poême Ce corps K. Ficini
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Maux de tête et désir de perfection. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
Sensations, externalisation et TLMR. Afin d’illustrer son approche de la psychosomatique en Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR), l’auteur propose de partager avec nous une séance : à partir de maux de tête, la patiente est guidée vers une transe hypnotique de réassociation.
Marie entre et s’assoit, l’air un peu tendu et anxieux...
- Marie : « Je m’appelle Marie, j’ai 34 ans. Je viens vous voir. Depuis plusieurs mois, je souffre de maux de tête et de tensions dans la nuque qui deviennent vraiment handicapants. J’ai fait tous les examens médicaux possibles mais les médecins ne trouvent rien d’anormal. Une amie m’a conseillé de consulter un thérapeute...
- Thérapeute : Lorsque vous me dites “une amie m’a conseillé de venir me consulter pour ces tensions dans la nuque et ces maux de tête alors que les médecins n’ont rien trouvé d’organique”, pouvez-vous me dire ce que cette amie espère de cette consultation pour vous et qui vous a amené à avoir pris rendez-vous ici, avec moi ? Elle se tortille légèrement sur sa chaise, cherchant ses mots.
- Marie : En fait... c’est une amie proche, Claire... Elle a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, notamment au travail ou quand je dois voir ma famille. Elle m’a dit que parfois le corps exprime ce qu’on n’arrive pas à dire avec des mots... Elle marque une pause, baissant légèrement les yeux.
- Marie : Je ne voulais pas vraiment l’admettre au début, mais je crois qu’elle a raison. Ces derniers temps, je me sens... dépassée. Comme si j’avais une boule permanente dans la gorge, qui remonte jusqu’à la nuque. Mais c’est plus facile de dire que j’ai mal à la tête que d’expliquer ce que je ressens vraiment...
- Th. : Lorsque je vous entends me dire : “c’est une amie proche, Claire, qui a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, comme au travail ou quand je dois voir ma famille”, je me dis que Claire doit être une amie bien proche pour qu’elle ait pu observer ces liens. Ai-je bien compris ? Elle hoche la tête, un léger sourire apparaît.
- Marie : Oui, Claire est ma meilleure amie depuis l’université. On travaille dans la même entreprise... On déjeune souvent ensemble. C’est elle qui m’a vu pleurer dans les toilettes le mois dernier, après une réunion particulièrement difficile avec mon chef. J’avais une migraine terrible... Elle était là aussi dimanche dernier quand j’ai dû annuler un repas de famille parce que j’avais trop mal à la tête. Elle m’a dit que c’était la troisième fois que ça arrivait avant un repas chez mes parents...
- Th. : Quand je vous entends me dire : “Claire est ma meilleure amie depuis l’université, qu’elle a pu observer les effets au niveau de votre nuque, comme de votre tête, dans cette situation avec votre chef au travail... et aussi avec votre famille”, est-ce que ce serait acceptable pour vous que nous fassions venir Claire avec nous, là, maintenant, dans ce bureau, en imagination ? Marie se redresse légèrement surprise par cette suggestion. Elle réfléchit un instant...
- Marie : Oui, je pense que ce serait possible. Claire est quelqu’un en qui j’ai vraiment confiance. Elle sait des choses que je n’arrive même pas à me dire à moi-même parfois... Ses mains se tordent nerveusement.
- Marie : C’est juste que ça me fait un peu peur... ce qu’elle pourrait dire. Elle est très directe, vous savez. Elle n’hésite pas à pointer les choses que j’essaie d’éviter... Mais bon, si c’est en imagination... je suis d’accord.
- Th. : Alors, nous allons imaginer qu’elle est là, avec nous. De vous entendre me dire (comme une voix off) : “Claire, je ne voulais pas l’admettre au début, je crois que tu as raison. C’est comme si une boule était présente en permanence dans ma gorge, je me sens dépassée”, à votre avis, que dirait-elle de vous ? Elle regarde un point imaginaire à côté de moi, comme si Claire était là, puis détourne légèrement le regard avec une voix légèrement émue.
- Marie : Elle dirait sûrement... “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde : à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses. Ce n’est pas ta tête le problème, c’est tout ce que tu n’oses pas dire...”.
Son corps se fige dans un silence…
- Marie : Elle me l’a déjà dit d'ailleurs... que je me rends malade à force de vouloir être la fille et l’employée parfaites.
- Th. : OK, Marie. La sincérité de votre réponse me touche. Et vous, comment cela réagit-il en vous de vous entendre dire (dans un rythme lent, avec une voix hypnotique comme si celle-ci reprenait en écho celle de Claire) : “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde, à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses... tout ce que tu pourrais dire et que tu ne dis pas... et qui te rend malade à force de vouloir être la fille parfaite, l’employée modèle” ?
Ses yeux se remplissent de larmes, sa respiration devient plus profonde. Elle porte instinctivement la main à sa gorge. D’une voix tremblante, elle répond :
- Marie : C’est... c’est comme si... quand vous répétez... Je sens plus la boule dans ma gorge... Elle est encore plus présente. Des larmes coulent.
- Marie : C’est tellement dur de l’entendre... parce que c’est vrai. Je suis fatiguée... tellement fatiguée de toujours devoir être parfaite. Mais j’ai tellement peur... peur de décevoir, peur des conflits... Son corps a tendance à s’affaisser, allant vers l’effondrement. Sa main droite masse sa nuque.
- Marie : Ma nuque se relâche un peu... mais ça fait monter quelque chose... quelque chose que je retiens, je ne peux pas le sortir...
- Th. : Lorsque vous me dites “la boule dans ma gorge devient plus présente”, que cette fatigue envahit votre corps ? Comme le regard attentif de Claire est là, lui aussi, est-ce acceptable pour vous de recevoir mon aide ou pensez-vous que vous pouvez gérer toute seule, là, maintenant ?
Essuyant ses larmes avec sa main, la voix tremblante.
- Marie : Non... non, je ne peux pas gérer ça toute seule. Je crois que c’est justement ça le problème... J’ai toujours voulu tout gérer toute seule, tout contrôler. Sa tête regarde l’espace imaginaire, la place de Claire, puis son regard revient vers le mien.
- Marie : J’ai... j’ai besoin d’aide. C’est difficile à dire, mais... je ne sais même plus comment faire autrement que de tout garder à l’intérieur, jusqu’à ce que mon corps me fasse mal... Sa main continue à masser sa nuque d’une manière plus consciente.
- Marie : Je veux bien votre aide... Je ne sais pas comment faire, mais je ne veux plus continuer comme ça.
- Th. : Alors, Marie, avec Claire à nos côtés, je vais proposer à votre attention de se focaliser sur cette boule au niveau de votre gorge, et d’observer toutes les personnes qui vont venir se mettre en lien avec cette boule et qui la font exister là, maintenant. Elle se crispe légèrement. Elle porte ses deux mains à sa gorge.
- Marie : D’accord... D’une voix à peine audible. Elle ferme les yeux un instant, puis les réouvre, regardant alternativement vers l'espace où est Claire et vers moi.
- Marie : La première personne qui vient, c’est mon chef, Monsieur Dubois... Hier encore, il m’a rajouté un dossier urgent alors que j’étais déjà submergée... Et j’ai dit : “oui, bien sûr”... comme d’habitude... Et puis... ma mère... Dimanche dernier au téléphone, elle m’a encore comparée à ma soeur qui “elle au moins” a déjà deux enfants... Il y a aussi Paul, mon compagnon... qui ne comprend pas pourquoi je suis toujours fatiguée, pourquoi je ne veux plus sortir...
- Th. : Alors nous allons faire quelque chose d’un peu étrange (accompagné d’un grand mouvement de mon bras qui vient positionner les trois personnages, devant elle, dans l’espace imaginaire). Votre chef, Monsieur Dubois, votre mère, votre compagnon, Paul, sont là devant vous... Observez comment ils s’y prennent pour amplifier et entretenir la présence de cette boule dans votre gorge, là, maintenant ? Elle se recule instinctivement dans son siège, comme si leur présence imaginaire la faisait physiquement reculer. Sa respiration s’accélère, avec une voix étranglée.
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Dr Eric BARDOT
Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute, installé en libéral. Il est le concepteur de la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) et du Dessin orienté solution. Directeur et formateur à l’Institut de formation Mimethys. Formateur au DU d’hypnose à la Faculté de médecine de Nantes
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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze
10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy
40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini
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- Marie : « Je m’appelle Marie, j’ai 34 ans. Je viens vous voir. Depuis plusieurs mois, je souffre de maux de tête et de tensions dans la nuque qui deviennent vraiment handicapants. J’ai fait tous les examens médicaux possibles mais les médecins ne trouvent rien d’anormal. Une amie m’a conseillé de consulter un thérapeute...
- Thérapeute : Lorsque vous me dites “une amie m’a conseillé de venir me consulter pour ces tensions dans la nuque et ces maux de tête alors que les médecins n’ont rien trouvé d’organique”, pouvez-vous me dire ce que cette amie espère de cette consultation pour vous et qui vous a amené à avoir pris rendez-vous ici, avec moi ? Elle se tortille légèrement sur sa chaise, cherchant ses mots.
- Marie : En fait... c’est une amie proche, Claire... Elle a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, notamment au travail ou quand je dois voir ma famille. Elle m’a dit que parfois le corps exprime ce qu’on n’arrive pas à dire avec des mots... Elle marque une pause, baissant légèrement les yeux.
- Marie : Je ne voulais pas vraiment l’admettre au début, mais je crois qu’elle a raison. Ces derniers temps, je me sens... dépassée. Comme si j’avais une boule permanente dans la gorge, qui remonte jusqu’à la nuque. Mais c’est plus facile de dire que j’ai mal à la tête que d’expliquer ce que je ressens vraiment...
- Th. : Lorsque je vous entends me dire : “c’est une amie proche, Claire, qui a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, comme au travail ou quand je dois voir ma famille”, je me dis que Claire doit être une amie bien proche pour qu’elle ait pu observer ces liens. Ai-je bien compris ? Elle hoche la tête, un léger sourire apparaît.
- Marie : Oui, Claire est ma meilleure amie depuis l’université. On travaille dans la même entreprise... On déjeune souvent ensemble. C’est elle qui m’a vu pleurer dans les toilettes le mois dernier, après une réunion particulièrement difficile avec mon chef. J’avais une migraine terrible... Elle était là aussi dimanche dernier quand j’ai dû annuler un repas de famille parce que j’avais trop mal à la tête. Elle m’a dit que c’était la troisième fois que ça arrivait avant un repas chez mes parents...
- Th. : Quand je vous entends me dire : “Claire est ma meilleure amie depuis l’université, qu’elle a pu observer les effets au niveau de votre nuque, comme de votre tête, dans cette situation avec votre chef au travail... et aussi avec votre famille”, est-ce que ce serait acceptable pour vous que nous fassions venir Claire avec nous, là, maintenant, dans ce bureau, en imagination ? Marie se redresse légèrement surprise par cette suggestion. Elle réfléchit un instant...
- Marie : Oui, je pense que ce serait possible. Claire est quelqu’un en qui j’ai vraiment confiance. Elle sait des choses que je n’arrive même pas à me dire à moi-même parfois... Ses mains se tordent nerveusement.
- Marie : C’est juste que ça me fait un peu peur... ce qu’elle pourrait dire. Elle est très directe, vous savez. Elle n’hésite pas à pointer les choses que j’essaie d’éviter... Mais bon, si c’est en imagination... je suis d’accord.
- Th. : Alors, nous allons imaginer qu’elle est là, avec nous. De vous entendre me dire (comme une voix off) : “Claire, je ne voulais pas l’admettre au début, je crois que tu as raison. C’est comme si une boule était présente en permanence dans ma gorge, je me sens dépassée”, à votre avis, que dirait-elle de vous ? Elle regarde un point imaginaire à côté de moi, comme si Claire était là, puis détourne légèrement le regard avec une voix légèrement émue.
- Marie : Elle dirait sûrement... “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde : à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses. Ce n’est pas ta tête le problème, c’est tout ce que tu n’oses pas dire...”.
Son corps se fige dans un silence…
- Marie : Elle me l’a déjà dit d'ailleurs... que je me rends malade à force de vouloir être la fille et l’employée parfaites.
- Th. : OK, Marie. La sincérité de votre réponse me touche. Et vous, comment cela réagit-il en vous de vous entendre dire (dans un rythme lent, avec une voix hypnotique comme si celle-ci reprenait en écho celle de Claire) : “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde, à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses... tout ce que tu pourrais dire et que tu ne dis pas... et qui te rend malade à force de vouloir être la fille parfaite, l’employée modèle” ?
Ses yeux se remplissent de larmes, sa respiration devient plus profonde. Elle porte instinctivement la main à sa gorge. D’une voix tremblante, elle répond :
- Marie : C’est... c’est comme si... quand vous répétez... Je sens plus la boule dans ma gorge... Elle est encore plus présente. Des larmes coulent.
- Marie : C’est tellement dur de l’entendre... parce que c’est vrai. Je suis fatiguée... tellement fatiguée de toujours devoir être parfaite. Mais j’ai tellement peur... peur de décevoir, peur des conflits... Son corps a tendance à s’affaisser, allant vers l’effondrement. Sa main droite masse sa nuque.
- Marie : Ma nuque se relâche un peu... mais ça fait monter quelque chose... quelque chose que je retiens, je ne peux pas le sortir...
- Th. : Lorsque vous me dites “la boule dans ma gorge devient plus présente”, que cette fatigue envahit votre corps ? Comme le regard attentif de Claire est là, lui aussi, est-ce acceptable pour vous de recevoir mon aide ou pensez-vous que vous pouvez gérer toute seule, là, maintenant ?
Essuyant ses larmes avec sa main, la voix tremblante.
- Marie : Non... non, je ne peux pas gérer ça toute seule. Je crois que c’est justement ça le problème... J’ai toujours voulu tout gérer toute seule, tout contrôler. Sa tête regarde l’espace imaginaire, la place de Claire, puis son regard revient vers le mien.
- Marie : J’ai... j’ai besoin d’aide. C’est difficile à dire, mais... je ne sais même plus comment faire autrement que de tout garder à l’intérieur, jusqu’à ce que mon corps me fasse mal... Sa main continue à masser sa nuque d’une manière plus consciente.
- Marie : Je veux bien votre aide... Je ne sais pas comment faire, mais je ne veux plus continuer comme ça.
- Th. : Alors, Marie, avec Claire à nos côtés, je vais proposer à votre attention de se focaliser sur cette boule au niveau de votre gorge, et d’observer toutes les personnes qui vont venir se mettre en lien avec cette boule et qui la font exister là, maintenant. Elle se crispe légèrement. Elle porte ses deux mains à sa gorge.
- Marie : D’accord... D’une voix à peine audible. Elle ferme les yeux un instant, puis les réouvre, regardant alternativement vers l'espace où est Claire et vers moi.
- Marie : La première personne qui vient, c’est mon chef, Monsieur Dubois... Hier encore, il m’a rajouté un dossier urgent alors que j’étais déjà submergée... Et j’ai dit : “oui, bien sûr”... comme d’habitude... Et puis... ma mère... Dimanche dernier au téléphone, elle m’a encore comparée à ma soeur qui “elle au moins” a déjà deux enfants... Il y a aussi Paul, mon compagnon... qui ne comprend pas pourquoi je suis toujours fatiguée, pourquoi je ne veux plus sortir...
- Th. : Alors nous allons faire quelque chose d’un peu étrange (accompagné d’un grand mouvement de mon bras qui vient positionner les trois personnages, devant elle, dans l’espace imaginaire). Votre chef, Monsieur Dubois, votre mère, votre compagnon, Paul, sont là devant vous... Observez comment ils s’y prennent pour amplifier et entretenir la présence de cette boule dans votre gorge, là, maintenant ? Elle se recule instinctivement dans son siège, comme si leur présence imaginaire la faisait physiquement reculer. Sa respiration s’accélère, avec une voix étranglée.
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Cette formation vous permettra d’intégrer cet outil avec les outils thérapeutiques que vous utilisez déjà en pratique clinique.
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Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Le pouvoir de l'eczéma. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
DÉCONTAMINER LE PARENT DES EFFETS DU SYMPTÔME.
C’est l’histoire de Lucas, 4 ans, souffrant d’un eczéma sur une jambe, « en miroir de la blessure de son père » accidenté. Un accompagnement de la famille en TLMR vise à faire jouer le pouvoir de l’imaginaire partagé, pour chasser le « gros bobo » du psychotraumatisme en enfermant l’ogre dans le château, grâce à des clés spéciales... Les enfants souffrant de trouble psychosomatique viennent souvent consulter sous « injonction », et parfois après une longue errance diagnostique. Quand la sentence tombe : « votre enfant n’a rien, c’est dans sa tête ! », les parents démunis se tournent vers le pédopsychiatre afin qu’il trouve une solution, voire répare leur enfant. Face à un mal impalpable, qui reste dans l’indicible, lorsque les médecins expriment leur impossibilité de soulager les maux de leur enfant, comment ne pas se sentir impuissant et insécurisé en tant que parent ? Le trouble psychosomatique a le pouvoir de venir figer le système familial et verrouiller ses ressources.
Sa capacité à altérer les liens facilite l’émergence d’un cercle vicieux qui s’autoalimente, générant l’isolement et rigidifiant les transactions au sein du système. Chez le parent, l’alternance entre l’empathie et l’agacement, voire le rejet face à la souffrance de l’enfant, impacte les liens d’attachement. Le parent se retrouve dépossédé de sa place d’autorité et de sa fonction de base sécure, favorisant la multiplication ou l’intensification des symptômes chez l’enfant voire l’émergence de troubles du comportement qui amplifient les effets négatifs chez le parent. Comment accompagner ces familles en souffrance à retisser des liens sécures, un préalable à l’apaisement des symptômes psychosomatiques ?
La Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) propose un modèle systémique d’accompagnement du système familial. Grâce à des outils basés sur l’imaginaire partagé, le travail s’effectue de manière indirecte, dans une dimension interactionnelle. Les parents peuvent alors réexpérimenter en sécurité leur fonction de « caregiver » et réinvestir leur rôle de soutien du développement psychoaffectif de l’enfant. À travers l’histoire de Lucas, nous allons voir comment décentrer le système familial du « symptôme » pour lequel l’enfant vient consulter afin d’activer le pouvoir thérapeutique des liens familiaux. Lucas est un enfant de 4 ans et demi, scolarisé en moyenne section de maternelle. Il est le seul enfant du couple. Madame évoque une grossesse compliquée et un accouchement anxiogène du fait d’« un cordon autour du cou ». Dans les premiers mois de vie, elle qualifie Lucas de « sangsue pouvant téter toute la journée ».
La famille vient en consultation car le suivi au CMPEA s’est interrompu et la psychologue scolaire s’inquiète de comportements inadaptés : « tape les autres élèves », « collage constant avec l’enseignante » dont seule la présence le contient face à des débordements émotionnels massifs. La psychologue mentionne aussi un eczéma sur sa jambe, présent depuis plusieurs mois « en miroir de la blessure de son père ». Selon elle, des événements familiaux seraient à l’origine « de l’agitation à l’école et de la dermatose ». De plus, elle est préoccupée par le comportement de « mini adulte » qu’elle observe chez Lucas en présence de son père, « comme s’il voulait porter tous ses problèmes », ce qui contraste fortement avec l’enfant qui déborde en classe. Lorsque je rencontre Lucas et ses parents, le tableau est le suivant : Madame apparaît épuisée, Monsieur, malgré une stature imposante, semble prêt à s’effondrer. Une cicatrice conséquente parcourt l’ensemble de sa jambe.
Le visage de Lucas est parcouru de tics et il répond aux questions avec un langage adultomorphe, montrant des difficultés à accéder à l’imaginaire. Il exprime d’emblée être « inquiet pour mon papa », et précise avec un ton sérieux : « vous avez vu, on a le même problème avec Papa. On est pareils », tout en montrant sa propre jambe. Deux ans auparavant, Monsieur a été victime d’un grave accident qui a donné lieu à plusieurs jours de coma. Il a subi de multiples chirurgies pour « récupérer sa jambe ». Lucas semble très intéressé lorsque les parents relatent cet épisode et réagit particulièrement au « gros bobo », mot utilisé pour nommer la blessure du papa. Madame évoque une forme de mimétisme entre Lucas et son père depuis l’accident, dont l’aspect le plus flagrant est la dépigmentation de la jambe qui ressemble étrangement à la cicatrice du père.
Celle-ci fait suite à un épisode d’eczéma massif. Suite à l’accident, Lucas, âgé de 2 ans et demi, a présenté une phase de régression et des jeux répétitifs, manifestation fréquente dans les suites d’un événement traumatique. Au début du suivi, il peut d’ailleurs dessiner des motos de façon compulsive. Les parents s’inquiètent pour la scolarité et la jambe mais ils évoquent aussi des problèmes de comportement à la maison : Lucas négocie tout, il ne respecte pas le cadre. Madame se dit épuisée car elle doit gérer son fils et ses études qu’elle vient de reprendre. Elle trouve Monsieur déprimé et sent qu’elle ne peut pas compter sur lui. Celui-ci reconnaît des difficultés à être disponible pour son fils. De plus, la dermatose génère de la culpabilité, le sentiment d’être responsable de ce qui arrive, sans pouvoir rien n’y changer. La dynamique familiale s’articule entre :
- une mère qui veut « tout bien faire » et répondre coûte que coûte à des modalités éducatives exigeantes, s’interdisant de prendre appui sur son intuition, ce qui occasionne d’ailleurs des mouvements de rejet à l’égard de Lucas ;
- un père qui alterne entre des reliquats d’un fonctionnement militaire et des moments d’effondrement liés aux impacts de l’accident ;
- un enfant qui apparaît insécurisé, alternant entre des signes d’agitation (débordements à l’école, tics faciaux) et de recherche de sécurité auprès de l’adulte (collage excessif), et à d’autres moments un besoin de tout contrôler (langage adultomorphe, négociation de tout...). Tous semblent essayer de faire comme si tout allait bien, de se convaincre que le pire est derrière, alors qu’en réalité les angoisses sont bien présentes. Ils sont encore très touchés par l’accident et ses conséquences, symbolisés par le « gros bobo ». L’image d’un château de cartes s’impose à moi au fur et à mesure de leur récit. Je la partage de manière indirecte sur la scène imaginaire.
- Thérapeute : « Imaginons dans l’espace, ici, au milieu de nous. Il y a Lucas, Maman, Papa. (D’un geste, je mime la place de chacun.) Et il y a aussi le “gros bobo”... Si je comprends bien, depuis l’accident c’est un peu comme si “le gros bobo” décidait de votre vie. Toute la famille... Lucas, Papa, Maman... fait ce qu’il faut pour continuer à avancer... mais le “gros bobo” prend toute la place... et ça fait un peu comme un château de cartes.
- Mère : J’ai plutôt l’impression d’un château fort dans lequel on est tous enfermés et dont on n’arrive pas à trouver la clé.
Je prends le parti de dessiner le château afin d’observer comment retrouver la clé pour s’en libérer. Lucas qui était parti jouer sur le tapis revient et dessine spontanément une sorcière sur son balai qui surveille le « château du gros bobo ». Ensuite, il dessine un rectangle sur la jambe du bonhomme représentant son père et sur celui qui le représente et les relient l’un à l’autre.
- Th. : C’est bon comme ça ou tu voudrais que ça change ?
- Lucas : Je sais pas. » (Il retourne sur le tapis.)
En m’appuyant sur les effets du langage non verbal de Lucas chez moi, j’oriente la guidance vers les parents. Je leur explique quelques éléments liés au psychotraumatisme afin qu’ils prennent conscience des impacts de celui-ci sur chacun et sur les relations entre eux, en tissant entre des éléments factuels et un langage plus imagé autour de l’enfermement dans le château. Lors de la consultation suivante, la dynamique familiale reste figée. Je leur propose de mettre en forme leur monde relationnel familial, autrement dit l’espace relationnel dans lequel ils interagissent et communiquent entre eux. Nous l’externalisons sur la scène imaginaire à partir de la métaphore de la consultation précédente.
Monsieur et Madame peuvent alors observer et ressentir les effets du « château du gros bobo » dans leur quotidien. Cette mise en forme libère leur parole comme si elle venait les autoriser à « regarder vraiment » ce qui se passe pour eux : Monsieur constate qu’il s’enferme dans son garage et s’occupe de ses motos, Madame exprime qu’elle se sent enfermée dans ses obligations de tout bien réussir, pour la maison, avec Lucas, ou encore dans ses études. L’observation en position méta les amène à prendre conscience de deux éléments fondamentaux intrapersonnels et interpersonnels : Monsieur, de sa fuite dans le garage pour ne pas faire face au vide lié à l’absence de travail et au sentiment d’inutilité ; Madame, une forme de rigidité pour continuer quoi qu’il arrive ; et eux deux d’avoir l’impression que chacun habite une pièce du château comme si celui-ci avait réussi à les séparer l’un de l’autre. Pendant que nous nous occupons indirectement du « gros bobo » avec les parents de Lucas, celui-ci alterne entre les moments de jeux sur le tapis (jeu du docteur essentiellement) et la réalisation de dessins de motos, toujours très attentif à ce qui est dit.
A la suite de cette séance, les parents pourront témoigner d’une « complicité retrouvée ». La vie semble aussi réémerger dans les échanges, chacun reprenant progressivement sa place : Madame retrouve de l’énergie, Monsieur se redresse et devient plus loquace lors des entretiens, les dessins de Lucas commencent à se diversifier sur d’autres thématiques. A l’école, les choses s’apaisent. Lors d’une consultation, Monsieur est heureux de m’informer qu’il a retrouvé un travail. Il boite toujours mais semble plus à l’aise dans ses déplacements et surtout son buste a repris sa verticalité. On peut observer en miroir que la jambe de Lucas s’améliore elle aussi.
D’ailleurs, il me la montre fièrement.
- Lucas : « Vous avez vu, le gros bobo va mieux.
- Th. : Est-ce qu’il y a encore besoin de faire quelque chose ?
- Lucas : Oui, je crois que c’est le moment de le guérir. Mais comment on fait ? » Comme Lucas est installé sur le tapis, je lui propose de prendre la seringue à côté de lui. Nous transformons celle-ci en seringue magique. Avec beaucoup de sérieux, il commence par prendre soin de sa jambe en faisant plein de petites piqûres, puis il se dirige vers la jambe de son père et réalise tout en douceur les mêmes gestes sur la cicatrice. J’observe que la posture de Lucas a beaucoup changé par rapport aux premiers rendez-vous. Je retrouve des comportements en lien avec son âge : un enfant qui joue au docteur-magicien. Son visage est plus serein avec une disparition des tics faciaux. Ses parents le regardent comme un enfant, l’émotion se lisant dans leur regard. Néanmoins, lors de la consultation suivante, les parents semblent particulièrement agacés. Lucas redevient « dur » vis-à-vis d’eux. Madame le vit comme un véritable échec, tenant des propos sévères, entre colère et impuissance. La culpabilisation ne semble pas particulièrement affecter Lucas. Face à la détresse de Madame, je propose de faire revenir le château, voir ce qu’il devient, afin d’éviter l’escalade des reproches. C’est Lucas qui prend la parole. Il m’explique que son « bobo est guéri pour toujours » car il a trouvé « plein d’objets magiques » à la maison pour continuer à guérir sa jambe. Effectivement, les traces de dépigmentation ne sont quasiment plus perceptibles.
- Lucas : « Maintenant faut s’occuper de l’ogre ! L’ogre, c’est celui qui habite avec Papa, Maman et moi et qui fait plein de bêtises. (Madame s’agite sur son siège mais le laisse poursuivre.) Il faudrait qu’on trouve un moyen d’emprisonner l’ogre.
- Th. : Et comment on pourrait faire ? Il faut voir avec la sorcière ?
- Lucas : Non, y a plus la sorcière. Maintenant c’est un ogre.
- Th. : Et il fait quoi l’ogre dans le château ?
- Lucas : Il met maman très en colère car il casse tout. Papa l’aime pas car il a volé le trésor de la ville. On doit le reprendre.
- Th. : Et toi, est-ce que tu t’entends bien avec l’ogre ?
- Lucas : Parfois je suis avec lui… (moue dubitative).
- Th. : Alors on fait quoi ?
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Dr Virginie Bardot. Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute. Formatrice en thérapie du lien et des mondes relationnels à l'institut Mimethys. Autrice de la résilience du Phénix et co autrice de De l’HTSMA à la thérapie du lien et des mondes relationnels : naviguer à travers les mondes traumatiques.
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94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini
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Sa capacité à altérer les liens facilite l’émergence d’un cercle vicieux qui s’autoalimente, générant l’isolement et rigidifiant les transactions au sein du système. Chez le parent, l’alternance entre l’empathie et l’agacement, voire le rejet face à la souffrance de l’enfant, impacte les liens d’attachement. Le parent se retrouve dépossédé de sa place d’autorité et de sa fonction de base sécure, favorisant la multiplication ou l’intensification des symptômes chez l’enfant voire l’émergence de troubles du comportement qui amplifient les effets négatifs chez le parent. Comment accompagner ces familles en souffrance à retisser des liens sécures, un préalable à l’apaisement des symptômes psychosomatiques ?
La Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) propose un modèle systémique d’accompagnement du système familial. Grâce à des outils basés sur l’imaginaire partagé, le travail s’effectue de manière indirecte, dans une dimension interactionnelle. Les parents peuvent alors réexpérimenter en sécurité leur fonction de « caregiver » et réinvestir leur rôle de soutien du développement psychoaffectif de l’enfant. À travers l’histoire de Lucas, nous allons voir comment décentrer le système familial du « symptôme » pour lequel l’enfant vient consulter afin d’activer le pouvoir thérapeutique des liens familiaux. Lucas est un enfant de 4 ans et demi, scolarisé en moyenne section de maternelle. Il est le seul enfant du couple. Madame évoque une grossesse compliquée et un accouchement anxiogène du fait d’« un cordon autour du cou ». Dans les premiers mois de vie, elle qualifie Lucas de « sangsue pouvant téter toute la journée ».
La famille vient en consultation car le suivi au CMPEA s’est interrompu et la psychologue scolaire s’inquiète de comportements inadaptés : « tape les autres élèves », « collage constant avec l’enseignante » dont seule la présence le contient face à des débordements émotionnels massifs. La psychologue mentionne aussi un eczéma sur sa jambe, présent depuis plusieurs mois « en miroir de la blessure de son père ». Selon elle, des événements familiaux seraient à l’origine « de l’agitation à l’école et de la dermatose ». De plus, elle est préoccupée par le comportement de « mini adulte » qu’elle observe chez Lucas en présence de son père, « comme s’il voulait porter tous ses problèmes », ce qui contraste fortement avec l’enfant qui déborde en classe. Lorsque je rencontre Lucas et ses parents, le tableau est le suivant : Madame apparaît épuisée, Monsieur, malgré une stature imposante, semble prêt à s’effondrer. Une cicatrice conséquente parcourt l’ensemble de sa jambe.
Le visage de Lucas est parcouru de tics et il répond aux questions avec un langage adultomorphe, montrant des difficultés à accéder à l’imaginaire. Il exprime d’emblée être « inquiet pour mon papa », et précise avec un ton sérieux : « vous avez vu, on a le même problème avec Papa. On est pareils », tout en montrant sa propre jambe. Deux ans auparavant, Monsieur a été victime d’un grave accident qui a donné lieu à plusieurs jours de coma. Il a subi de multiples chirurgies pour « récupérer sa jambe ». Lucas semble très intéressé lorsque les parents relatent cet épisode et réagit particulièrement au « gros bobo », mot utilisé pour nommer la blessure du papa. Madame évoque une forme de mimétisme entre Lucas et son père depuis l’accident, dont l’aspect le plus flagrant est la dépigmentation de la jambe qui ressemble étrangement à la cicatrice du père.
Celle-ci fait suite à un épisode d’eczéma massif. Suite à l’accident, Lucas, âgé de 2 ans et demi, a présenté une phase de régression et des jeux répétitifs, manifestation fréquente dans les suites d’un événement traumatique. Au début du suivi, il peut d’ailleurs dessiner des motos de façon compulsive. Les parents s’inquiètent pour la scolarité et la jambe mais ils évoquent aussi des problèmes de comportement à la maison : Lucas négocie tout, il ne respecte pas le cadre. Madame se dit épuisée car elle doit gérer son fils et ses études qu’elle vient de reprendre. Elle trouve Monsieur déprimé et sent qu’elle ne peut pas compter sur lui. Celui-ci reconnaît des difficultés à être disponible pour son fils. De plus, la dermatose génère de la culpabilité, le sentiment d’être responsable de ce qui arrive, sans pouvoir rien n’y changer. La dynamique familiale s’articule entre :
- une mère qui veut « tout bien faire » et répondre coûte que coûte à des modalités éducatives exigeantes, s’interdisant de prendre appui sur son intuition, ce qui occasionne d’ailleurs des mouvements de rejet à l’égard de Lucas ;
- un père qui alterne entre des reliquats d’un fonctionnement militaire et des moments d’effondrement liés aux impacts de l’accident ;
- un enfant qui apparaît insécurisé, alternant entre des signes d’agitation (débordements à l’école, tics faciaux) et de recherche de sécurité auprès de l’adulte (collage excessif), et à d’autres moments un besoin de tout contrôler (langage adultomorphe, négociation de tout...). Tous semblent essayer de faire comme si tout allait bien, de se convaincre que le pire est derrière, alors qu’en réalité les angoisses sont bien présentes. Ils sont encore très touchés par l’accident et ses conséquences, symbolisés par le « gros bobo ». L’image d’un château de cartes s’impose à moi au fur et à mesure de leur récit. Je la partage de manière indirecte sur la scène imaginaire.
- Thérapeute : « Imaginons dans l’espace, ici, au milieu de nous. Il y a Lucas, Maman, Papa. (D’un geste, je mime la place de chacun.) Et il y a aussi le “gros bobo”... Si je comprends bien, depuis l’accident c’est un peu comme si “le gros bobo” décidait de votre vie. Toute la famille... Lucas, Papa, Maman... fait ce qu’il faut pour continuer à avancer... mais le “gros bobo” prend toute la place... et ça fait un peu comme un château de cartes.
- Mère : J’ai plutôt l’impression d’un château fort dans lequel on est tous enfermés et dont on n’arrive pas à trouver la clé.
Je prends le parti de dessiner le château afin d’observer comment retrouver la clé pour s’en libérer. Lucas qui était parti jouer sur le tapis revient et dessine spontanément une sorcière sur son balai qui surveille le « château du gros bobo ». Ensuite, il dessine un rectangle sur la jambe du bonhomme représentant son père et sur celui qui le représente et les relient l’un à l’autre.
- Th. : C’est bon comme ça ou tu voudrais que ça change ?
- Lucas : Je sais pas. » (Il retourne sur le tapis.)
En m’appuyant sur les effets du langage non verbal de Lucas chez moi, j’oriente la guidance vers les parents. Je leur explique quelques éléments liés au psychotraumatisme afin qu’ils prennent conscience des impacts de celui-ci sur chacun et sur les relations entre eux, en tissant entre des éléments factuels et un langage plus imagé autour de l’enfermement dans le château. Lors de la consultation suivante, la dynamique familiale reste figée. Je leur propose de mettre en forme leur monde relationnel familial, autrement dit l’espace relationnel dans lequel ils interagissent et communiquent entre eux. Nous l’externalisons sur la scène imaginaire à partir de la métaphore de la consultation précédente.
Monsieur et Madame peuvent alors observer et ressentir les effets du « château du gros bobo » dans leur quotidien. Cette mise en forme libère leur parole comme si elle venait les autoriser à « regarder vraiment » ce qui se passe pour eux : Monsieur constate qu’il s’enferme dans son garage et s’occupe de ses motos, Madame exprime qu’elle se sent enfermée dans ses obligations de tout bien réussir, pour la maison, avec Lucas, ou encore dans ses études. L’observation en position méta les amène à prendre conscience de deux éléments fondamentaux intrapersonnels et interpersonnels : Monsieur, de sa fuite dans le garage pour ne pas faire face au vide lié à l’absence de travail et au sentiment d’inutilité ; Madame, une forme de rigidité pour continuer quoi qu’il arrive ; et eux deux d’avoir l’impression que chacun habite une pièce du château comme si celui-ci avait réussi à les séparer l’un de l’autre. Pendant que nous nous occupons indirectement du « gros bobo » avec les parents de Lucas, celui-ci alterne entre les moments de jeux sur le tapis (jeu du docteur essentiellement) et la réalisation de dessins de motos, toujours très attentif à ce qui est dit.
A la suite de cette séance, les parents pourront témoigner d’une « complicité retrouvée ». La vie semble aussi réémerger dans les échanges, chacun reprenant progressivement sa place : Madame retrouve de l’énergie, Monsieur se redresse et devient plus loquace lors des entretiens, les dessins de Lucas commencent à se diversifier sur d’autres thématiques. A l’école, les choses s’apaisent. Lors d’une consultation, Monsieur est heureux de m’informer qu’il a retrouvé un travail. Il boite toujours mais semble plus à l’aise dans ses déplacements et surtout son buste a repris sa verticalité. On peut observer en miroir que la jambe de Lucas s’améliore elle aussi.
D’ailleurs, il me la montre fièrement.
- Lucas : « Vous avez vu, le gros bobo va mieux.
- Th. : Est-ce qu’il y a encore besoin de faire quelque chose ?
- Lucas : Oui, je crois que c’est le moment de le guérir. Mais comment on fait ? » Comme Lucas est installé sur le tapis, je lui propose de prendre la seringue à côté de lui. Nous transformons celle-ci en seringue magique. Avec beaucoup de sérieux, il commence par prendre soin de sa jambe en faisant plein de petites piqûres, puis il se dirige vers la jambe de son père et réalise tout en douceur les mêmes gestes sur la cicatrice. J’observe que la posture de Lucas a beaucoup changé par rapport aux premiers rendez-vous. Je retrouve des comportements en lien avec son âge : un enfant qui joue au docteur-magicien. Son visage est plus serein avec une disparition des tics faciaux. Ses parents le regardent comme un enfant, l’émotion se lisant dans leur regard. Néanmoins, lors de la consultation suivante, les parents semblent particulièrement agacés. Lucas redevient « dur » vis-à-vis d’eux. Madame le vit comme un véritable échec, tenant des propos sévères, entre colère et impuissance. La culpabilisation ne semble pas particulièrement affecter Lucas. Face à la détresse de Madame, je propose de faire revenir le château, voir ce qu’il devient, afin d’éviter l’escalade des reproches. C’est Lucas qui prend la parole. Il m’explique que son « bobo est guéri pour toujours » car il a trouvé « plein d’objets magiques » à la maison pour continuer à guérir sa jambe. Effectivement, les traces de dépigmentation ne sont quasiment plus perceptibles.
- Lucas : « Maintenant faut s’occuper de l’ogre ! L’ogre, c’est celui qui habite avec Papa, Maman et moi et qui fait plein de bêtises. (Madame s’agite sur son siège mais le laisse poursuivre.) Il faudrait qu’on trouve un moyen d’emprisonner l’ogre.
- Th. : Et comment on pourrait faire ? Il faut voir avec la sorcière ?
- Lucas : Non, y a plus la sorcière. Maintenant c’est un ogre.
- Th. : Et il fait quoi l’ogre dans le château ?
- Lucas : Il met maman très en colère car il casse tout. Papa l’aime pas car il a volé le trésor de la ville. On doit le reprendre.
- Th. : Et toi, est-ce que tu t’entends bien avec l’ogre ?
- Lucas : Parfois je suis avec lui… (moue dubitative).
- Th. : Alors on fait quoi ?
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Dr Virginie Bardot. Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute. Formatrice en thérapie du lien et des mondes relationnels à l'institut Mimethys. Autrice de la résilience du Phénix et co autrice de De l’HTSMA à la thérapie du lien et des mondes relationnels : naviguer à travers les mondes traumatiques.
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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze
10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini
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Hypnose et troubles neurocognitifs.
ACCOMPAGNER LES PATIENTS ET LEURS AIDANTS. Dans les cas de prise en charge de personnes souffrant de troubles neurocognitifs, l’hypnose a un rôle important à jouer pas seulement pour les patients, mais aussi pour les proches aidants, en leur apportant un soutien et une forme de résilience face au risque d’épuisement.
ETAT DES LIEUX
L’augmentation du nombre de personnes présentant des troubles neurocognitifs (TNC) exerce une pression considérable sur les systèmes de soins et les aidants. Ces pathologies, incluant Alzheimer et autres, affectent plus de 55 millions de personnes, chiffre pouvant atteindre 152 millions d’ici 2050 (OMS, 2023). Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) touchent environ 97 % des personnes âgées atteintes vivant à domicile (Cloak N., Al-Khalili Y., 2019). Les SCPD, avec des manifestations variées, sont éprouvants pour les patients et leurs aidants car ce sont en effet des maladies à « double tropisme neurologique, tout d’abord en détruisant le cerveau des patients et aussi en rongeant celui des aidants » (Sirvain S., 2019). L’Inventaire neuropsychiatrique (NPI) identifie douze catégories de symptômes dont les manifestations comportementales sont variables en fonction de l’évolution de la maladie : en début de pathologie apparaissent la dépression et l’anxiété, puis l’apathie, et enfin l’irritabilité, l’agitation, les idées délirantes, les hallucinations, les comportements moteurs aberrants (Noblet-Dick M. et al., 2004)...
Ces symptômes, loin d’être anodins, peuvent accélérer la progression de la maladie (Zahodne L. et al., 2015), augmenter le risque d’institutionnalisation (Toot et al., 2017) et exacerber la détresse des aidants (Feast et al., 2016). Le lit de ces SCPD est bien souvent l’anxiété : être perdu dans des temps et des lieux, rechercher des gens disparus depuis longtemps, ne pas partager la réalité des autres, etc. L’abord de ces personnes malades se doit de se faire dans cette vision globale chère à la gériatrie avec des traitements médicamenteux et non médicamenteux. Les traitements palliatifs médicamenteux des SCPD sont souvent délétères à moyen ou long terme avec un cortège iatrogénique occasionnant chez ces patients fragiles, des chutes, de la confusion, des troubles digestifs, etc. Dans ce contexte, le rôle des aidants revêt une importance capitale. Un proche aidant est défini comme une personne apportant une aide non professionnelle régulière (art. L. 113-1-3 du Code de l’action sociale et des familles). La situation d’aidance peut affecter les sphères personnelle, familiale, sociale et professionnelle. A cela s’ajoute la dimension affective du lien avec la personne aidée, qui peut entraîner chez l’aidant un surinvestissement, un sentiment de culpabilité et un épuisement croissant, la HAS soulignant que cela entraîne des répercussions sur la santé des aidants, avec plus de la moitié des conjoints développant une dépression et un risque de surmortalité de plus de 60 % dans les trois ans suivant le début de la maladie de leur proche (HAS, 2024 et 2010). Feast et al. (2016) démontrent que certains symptômes, comme la dépression, l’agitation et l’agressivité, sont particulièrement éprouvants pour les aidants.
L’apathie, bien que moins perçue comme dérangeante, mérite une attention particulière en raison de sa prévalence et de son intensité élevées (Fauth et Gibbons, 2014 ; Zhao et al., 2016). Cette dichotomie entre la perception des symptômes et leur impact réel souligne l’importance d’une formation des aidants sur la nature et les conséquences des manifestations spécifiques de la personne âgée. Il apparaît donc essentiel de développer des stratégies de soutien ciblées pour les aidants. Celles-ci doivent prendre en compte la variabilité des symptômes, leur impact différentiel sur les aidants, et s’appuyer sur une compréhension approfondie des mécanismes sous-jacents à leur apparition. Une telle approche, centrée sur les besoins spécifiques des aidants et des patients, permettrait non seulement d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de TNC, mais aussi de prévenir l’épuisement des proches aidants, piliers essentiels du système de soins à domicile.
Les recherches de Duff et Nightingale (2006, 2007), les premières chez des patients ayant un trouble neurocognitif majeur (TNCM), montrent que les personnes âgées ayant bénéficié de séances d’hypnose sur une année ont amélioré leurs performances en concentration, activités quotidiennes, mémoire immédiate et mémoire des événements significatifs, par rapport aux groupes témoins. Ces auteurs pensent que les personnes atteintes de troubles cognitifs peuvent être conscientes de la perte de leurs capacités, augmentant ainsi l’anxiété et la dépression, ce qui entraîne une perte de mémoire et de motivation. L’hypnose pourrait réduire l’anxiété et la dépression, libérant ainsi les ressources cognitives. Les méthodes pour adapter l’hypnose dans le grand âge se développent et les études commencent à fournir des résultats (Lutgendorf, 2007 ; Billot et al., 2020 ; Dumain et al., 2022 ; Floccia et al., 2024 ; Perennou, 2017 ; Perennou et Sirvain et al., 2024). Dans sa revue portant sur sept études dans la littérature, Emilie Wawrziczny et al. (2021) nous apportent des éléments précieux. Ces études se sont intéressées à l’utilisation de l’hypnose chez des patients diagnostiqués avec la maladie de Huntington, la maladie de Parkinson, la démence vasculaire ou la maladie d’Alzheimer.
Elles retrouvaient une hypnotisabilité modérée à élevée des patients et une certaine suggestibilité. L’hypnose permettait une amélioration des symptômes physiques (sommeil, chutes, spasmes...) et psychologiques (anxiété, concentration, estime de soi). Au-delà des résultats, cette étude mettait en évidence certaines adaptations nécessaires de l’hypnose. Pour les patients présentant un TNCM à un stade débutant, la phase d’induction est plus directive, avec peu de pauses. Les souvenirs utilisés s’appuient sur la mémoire à long terme qui est mieux préservée avec des suggestions s’appuyant sur le VAKOG. Enfin, les séances sont souvent fractionnées, plus courtes en raison de la fatigue attentionnelle (moins de 30 minutes) et doivent être régulières pour renforcer l’utilisation. Dans les stades plus évolués, la suggestibilité persiste, mais le mode devient conversationnel nécessitant une utilisation accrue du paraverbal et de la synchronisation, en utilisant l’environnement (Wawrziczny et al., 2021).
L’HYPNOSE PEUT-ELLE AIDER À SOUTENIR LES PROCHES AIDANTS ?
L’hypnose se développe dans les milieux de soins, mais peut-elle aider les proches aidants ? Les données sur l’hypnose pour les aidants familiaux sont rares. Pourtant, l’hypnose peut aider les aidants à redécouvrir leurs ressources. Sophie Lagouarde (2020) affirme que l’hypnose soulage les symptômes comme les troubles du sommeil et aide à traiter le syndrome d’épuisement des aidants. Elle améliore aussi la communication avec le proche malade. « L’hypnose est un outil précieux dans l’accompagnement des aidants familiaux. Non seulement elle permet de soulager les symptômes les plus saillants comme les troubles du sommeil, mais elle s’avère aussi être le socle du travail psychothérapique mené autour du syndrome d’épuisement, bien caractéristique de la souffrance des aidants familiaux. Par ailleurs, transmettre aux aidants familiaux quelques notions autour de la pratique du langage hypnotique afin qu’ils l’utilisent auprès de leur proche malade améliore la communication et apaise la relation » (Floccia M., 2024).
CAS CLINIQUE
Madame Jeanne, 84 ans, vit à domicile, veuve depuis vingt ans, MMS 19. Elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer et a vu sa pathologie progresser après deux événements marquants : le décès de sa soeur Angèle et la pandémie de Covid-19 qui a accentué l’impression de ne plus être en sécurité. Des aides sont en place (infirmière pour les traitements et la toilette, auxiliaires de vie) et permettent de l’entourer dans son environnement où elle se reconnaît comme étant chez elle. Mais, parfois absente, elle exprime de l’inquiétude et pose des questions décalées. Ses fils, André et Christophe, réagissent différemment à ses répétitions et oublis. André est impatient, tandis que Christophe répond patiemment.
- Madame Jeanne : « Où est Angèle ? Je l’ai vue tout à l’heure, mais je ne la vois plus.
- André : Mais tu sais bien qu’elle est décédée il y a trois ans maintenant, tu ne peux pas l’avoir vue tout à l’heure, voyons, rappelle-toi ! Madame Jeanne fond en larmes. Tandis que l’autre fils, Christophe, a compris l’importance d’accepter la situation et de répondre patiemment aux mêmes questions posées à quelques minutes d’intervalle tout en essayant de l’apaiser.
- Madame Jeanne : Sais-tu où est Angèle ? Je ne la trouve plus ?
- Christophe : Maman, Tatie Angèle nous a quittés pour toujours.
- Madame Jeanne : Ah bon, mais où cela ? Elle ne doit pas être bien loin ?
- Christophe : Je crois que c’est définitif maman. Madame Jeanne pleure doucement : Elle nous a abandonnés ? Ah oui, je deviens folle, elle est morte Angèle, je suis si vieille, je perds la tête. » Si Madame Jeanne revit à chaque fois le décès de sa soeur, la façon dont son fils Christophe lui annonce cette nouvelle est différente. Mais bien qu’il fasse preuve de douceur et de patience, il éprouve des difficultés et manque d’outils pour apaiser efficacement l’anxiété et la douleur de sa mère face à la perte de sa soeur. Suite à une évaluation gériatrique, Madame Jeanne est orientée vers une hypnothérapeute pour l’aider, ainsi que ses aidants, à mieux gérer ses phases d’anxiété. La rencontre révèle que Madame Jeanne était institutrice et très investie dans son foyer et sa famille. En discutant de cela, Madame Jeanne qui était agitée en arrivant, se détend progressivement.
- Hypnothérapeute : « J’ai entendu parler de votre maison, on m’a dit qu’elle est bien tenue.
- Madame Jeanne : Oui, j’aime que tout soit propre.
- Hyp. : Comme cela, vos garçons se sentent bien.
- Madame Jeanne : Oui, ils y jouent, mais ils me font du dégât ! Que dire, ils sont si pleins de vie ! Mais la dernière fois, il y en a un qui m’a cassé un beau vase… L’hypnothérapeute, par des questions ciblées, cherche à déterminer dans quelle période de vie se trouve Madame Jeanne à ce moment précis.
- Hyp. : Un vase, vous en avez d’autres ?
- Madame Jeanne : Oh oui, j’aime avoir de belles fleurs dans ma maison.
- Hyp. : Oh, moi aussi, des fleurs qui embaument, de toutes les couleurs.
- Madame Jeanne : Plutôt des pivoines...
- Hyp. : Vous avez des pivoines ? Ce sont de belles fleurs, leur parfum embaume comme un doux nuage de pétales qui diffuse...
- Madame Jeanne (en prenant une grande inspiration) : Rose pâle...
- Hyp. : (en se synchronisant avec cette grande inspiration et en lançant l’enregistrement – Madame Jeanne a été prévenue avant la séance que possiblement l’hypnothérapeute l’enregistrerait pour la lui remettre) : Rose pâle, les pétales sont doux et duveteux, leur odeur passe de pièce en pièce et crée dans la maison de la douceur et du calme... » Madame Jeanne ne parle plus, son regard est fixe. Plus fréquemment dans le grand âge, que le patient présente des troubles neurocognitifs ou pas, il garde les yeux ouverts ou miclos. Néanmoins le regard devient fixe et le réflexe de clignement diminue. Milton H. Erickson nous disait que l’altération du clignement du regard était un signe de transe (Erickson M.H., 1976).
- Hyp. : « ... Et cette douce odeur qui diffuse apporte du calme, de la sérénité, et c’est comme si un voile de légèreté et de parfum se posait dans cette maison où vous vous sentez bien, calme, protégée, rassurée. » L’identification d’un lieu sécurisant, appelé « safe place », est importante pour cette population qui perd ses repères. Cela permet de travailler sur leur sentiment d’insécurité, tout en leur offrant un endroit ressourçant à renforcer. Pour Madame Jeanne, sa maison va devenir cette safe place que l’hypnothérapeute va pouvoir développer et utiliser pendant les séances.
- Hyp. : « Vous prenez le temps de disposer ces magnifiques pivoines, qui embaument votre nez. Vos mains expertes les placent avec soin dans les vases. Le bouquet est si beau, il apporte de la gaieté et de la douceur dans toute la maison. Vous vous sentez particulièrement bien dans ce lieu familier qui vous protège. Vous entendez même les rires et les voix de vos fils, qui apprécient eux aussi ces doux parfums floraux. C’est une délicieuse sensation de tranquillité et d’accueil dans cette maison chaleureuse où vous vous sentez bien... Madame Jeanne a les yeux fixes, des larmes perlent.
- Hyp. : ... et vous savez leur apporter l’eau qui leur est nécessaire pour qu’elles sentent bien, cette eau qui coule et qui apporte le calme. » Madame Jeanne semble commencer à fatiguer, elle a de légers mouvements.
Les séances d’hypnose dans le grand âge sont souvent plus courtes, les patients fatiguant. Cela est d’autant plus vrai que le patient présente un TNCM.
- Hyp. : Dans les jours et les semaines à venir, vous allez être surprise de constater combien il vous sera facile de retrouver ces sensations agréables, ce calme, cette protection. Simplement en voyant une pivoine, en pensant et en sentant son odeur, dans votre agréable maison, vous retrouverez de manière simple ces sensations de calme. » Madame Jeanne sourit. Ensemble, elles choisissent sur Internet une image de…
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Dr Marie Floccia
Médecin gériatre et algologue, praticien hospitalier et cheffe de service Douleur et médecine intégrative au CHU de Bordeaux. Elle a exercé dans divers services de gériatrie et elle fait désormais des consultations pour des patients douloureux chroniques ou présentant des troubles du comportement dans le cadre d’une pathologie neurocognitive. Elle enseigne l’hypnose en gériatrie au DIU d'Hypnose Médicale de Bordeaux et est l’auteure de deux ouvrages sur la question : Hypnose en pratiques gériatriques, Dunod (2018) ; Cas pratiques en Hypnose gériatrique, Dunod (2024).
Geneviève Perennou
Hypnothérapeute et formatrice en hypnose dans les hôpitaux et les Ehpad, spécialisée dans l’accompagnement des personnes ayant une pathologie neurodégénérative. Auteure de plusieurs ouvrages : L’hypnose pour accompagner les patients âgés, Satas (2016) ; Métaphores hypnotiques pour accompagner les patients, Satas (2019) ; Hypnose médicale de la personne âgée pour les professionnels de santé, coécrit avec Serge Sirvain, Dunod (2024).
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Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
. Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Livres en bouche
Illustrations de Caroline Berthet
L’augmentation du nombre de personnes présentant des troubles neurocognitifs (TNC) exerce une pression considérable sur les systèmes de soins et les aidants. Ces pathologies, incluant Alzheimer et autres, affectent plus de 55 millions de personnes, chiffre pouvant atteindre 152 millions d’ici 2050 (OMS, 2023). Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) touchent environ 97 % des personnes âgées atteintes vivant à domicile (Cloak N., Al-Khalili Y., 2019). Les SCPD, avec des manifestations variées, sont éprouvants pour les patients et leurs aidants car ce sont en effet des maladies à « double tropisme neurologique, tout d’abord en détruisant le cerveau des patients et aussi en rongeant celui des aidants » (Sirvain S., 2019). L’Inventaire neuropsychiatrique (NPI) identifie douze catégories de symptômes dont les manifestations comportementales sont variables en fonction de l’évolution de la maladie : en début de pathologie apparaissent la dépression et l’anxiété, puis l’apathie, et enfin l’irritabilité, l’agitation, les idées délirantes, les hallucinations, les comportements moteurs aberrants (Noblet-Dick M. et al., 2004)...
Ces symptômes, loin d’être anodins, peuvent accélérer la progression de la maladie (Zahodne L. et al., 2015), augmenter le risque d’institutionnalisation (Toot et al., 2017) et exacerber la détresse des aidants (Feast et al., 2016). Le lit de ces SCPD est bien souvent l’anxiété : être perdu dans des temps et des lieux, rechercher des gens disparus depuis longtemps, ne pas partager la réalité des autres, etc. L’abord de ces personnes malades se doit de se faire dans cette vision globale chère à la gériatrie avec des traitements médicamenteux et non médicamenteux. Les traitements palliatifs médicamenteux des SCPD sont souvent délétères à moyen ou long terme avec un cortège iatrogénique occasionnant chez ces patients fragiles, des chutes, de la confusion, des troubles digestifs, etc. Dans ce contexte, le rôle des aidants revêt une importance capitale. Un proche aidant est défini comme une personne apportant une aide non professionnelle régulière (art. L. 113-1-3 du Code de l’action sociale et des familles). La situation d’aidance peut affecter les sphères personnelle, familiale, sociale et professionnelle. A cela s’ajoute la dimension affective du lien avec la personne aidée, qui peut entraîner chez l’aidant un surinvestissement, un sentiment de culpabilité et un épuisement croissant, la HAS soulignant que cela entraîne des répercussions sur la santé des aidants, avec plus de la moitié des conjoints développant une dépression et un risque de surmortalité de plus de 60 % dans les trois ans suivant le début de la maladie de leur proche (HAS, 2024 et 2010). Feast et al. (2016) démontrent que certains symptômes, comme la dépression, l’agitation et l’agressivité, sont particulièrement éprouvants pour les aidants.
L’apathie, bien que moins perçue comme dérangeante, mérite une attention particulière en raison de sa prévalence et de son intensité élevées (Fauth et Gibbons, 2014 ; Zhao et al., 2016). Cette dichotomie entre la perception des symptômes et leur impact réel souligne l’importance d’une formation des aidants sur la nature et les conséquences des manifestations spécifiques de la personne âgée. Il apparaît donc essentiel de développer des stratégies de soutien ciblées pour les aidants. Celles-ci doivent prendre en compte la variabilité des symptômes, leur impact différentiel sur les aidants, et s’appuyer sur une compréhension approfondie des mécanismes sous-jacents à leur apparition. Une telle approche, centrée sur les besoins spécifiques des aidants et des patients, permettrait non seulement d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de TNC, mais aussi de prévenir l’épuisement des proches aidants, piliers essentiels du système de soins à domicile.
Les recherches de Duff et Nightingale (2006, 2007), les premières chez des patients ayant un trouble neurocognitif majeur (TNCM), montrent que les personnes âgées ayant bénéficié de séances d’hypnose sur une année ont amélioré leurs performances en concentration, activités quotidiennes, mémoire immédiate et mémoire des événements significatifs, par rapport aux groupes témoins. Ces auteurs pensent que les personnes atteintes de troubles cognitifs peuvent être conscientes de la perte de leurs capacités, augmentant ainsi l’anxiété et la dépression, ce qui entraîne une perte de mémoire et de motivation. L’hypnose pourrait réduire l’anxiété et la dépression, libérant ainsi les ressources cognitives. Les méthodes pour adapter l’hypnose dans le grand âge se développent et les études commencent à fournir des résultats (Lutgendorf, 2007 ; Billot et al., 2020 ; Dumain et al., 2022 ; Floccia et al., 2024 ; Perennou, 2017 ; Perennou et Sirvain et al., 2024). Dans sa revue portant sur sept études dans la littérature, Emilie Wawrziczny et al. (2021) nous apportent des éléments précieux. Ces études se sont intéressées à l’utilisation de l’hypnose chez des patients diagnostiqués avec la maladie de Huntington, la maladie de Parkinson, la démence vasculaire ou la maladie d’Alzheimer.
Elles retrouvaient une hypnotisabilité modérée à élevée des patients et une certaine suggestibilité. L’hypnose permettait une amélioration des symptômes physiques (sommeil, chutes, spasmes...) et psychologiques (anxiété, concentration, estime de soi). Au-delà des résultats, cette étude mettait en évidence certaines adaptations nécessaires de l’hypnose. Pour les patients présentant un TNCM à un stade débutant, la phase d’induction est plus directive, avec peu de pauses. Les souvenirs utilisés s’appuient sur la mémoire à long terme qui est mieux préservée avec des suggestions s’appuyant sur le VAKOG. Enfin, les séances sont souvent fractionnées, plus courtes en raison de la fatigue attentionnelle (moins de 30 minutes) et doivent être régulières pour renforcer l’utilisation. Dans les stades plus évolués, la suggestibilité persiste, mais le mode devient conversationnel nécessitant une utilisation accrue du paraverbal et de la synchronisation, en utilisant l’environnement (Wawrziczny et al., 2021).
L’HYPNOSE PEUT-ELLE AIDER À SOUTENIR LES PROCHES AIDANTS ?
L’hypnose se développe dans les milieux de soins, mais peut-elle aider les proches aidants ? Les données sur l’hypnose pour les aidants familiaux sont rares. Pourtant, l’hypnose peut aider les aidants à redécouvrir leurs ressources. Sophie Lagouarde (2020) affirme que l’hypnose soulage les symptômes comme les troubles du sommeil et aide à traiter le syndrome d’épuisement des aidants. Elle améliore aussi la communication avec le proche malade. « L’hypnose est un outil précieux dans l’accompagnement des aidants familiaux. Non seulement elle permet de soulager les symptômes les plus saillants comme les troubles du sommeil, mais elle s’avère aussi être le socle du travail psychothérapique mené autour du syndrome d’épuisement, bien caractéristique de la souffrance des aidants familiaux. Par ailleurs, transmettre aux aidants familiaux quelques notions autour de la pratique du langage hypnotique afin qu’ils l’utilisent auprès de leur proche malade améliore la communication et apaise la relation » (Floccia M., 2024).
CAS CLINIQUE
Madame Jeanne, 84 ans, vit à domicile, veuve depuis vingt ans, MMS 19. Elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer et a vu sa pathologie progresser après deux événements marquants : le décès de sa soeur Angèle et la pandémie de Covid-19 qui a accentué l’impression de ne plus être en sécurité. Des aides sont en place (infirmière pour les traitements et la toilette, auxiliaires de vie) et permettent de l’entourer dans son environnement où elle se reconnaît comme étant chez elle. Mais, parfois absente, elle exprime de l’inquiétude et pose des questions décalées. Ses fils, André et Christophe, réagissent différemment à ses répétitions et oublis. André est impatient, tandis que Christophe répond patiemment.
- Madame Jeanne : « Où est Angèle ? Je l’ai vue tout à l’heure, mais je ne la vois plus.
- André : Mais tu sais bien qu’elle est décédée il y a trois ans maintenant, tu ne peux pas l’avoir vue tout à l’heure, voyons, rappelle-toi ! Madame Jeanne fond en larmes. Tandis que l’autre fils, Christophe, a compris l’importance d’accepter la situation et de répondre patiemment aux mêmes questions posées à quelques minutes d’intervalle tout en essayant de l’apaiser.
- Madame Jeanne : Sais-tu où est Angèle ? Je ne la trouve plus ?
- Christophe : Maman, Tatie Angèle nous a quittés pour toujours.
- Madame Jeanne : Ah bon, mais où cela ? Elle ne doit pas être bien loin ?
- Christophe : Je crois que c’est définitif maman. Madame Jeanne pleure doucement : Elle nous a abandonnés ? Ah oui, je deviens folle, elle est morte Angèle, je suis si vieille, je perds la tête. » Si Madame Jeanne revit à chaque fois le décès de sa soeur, la façon dont son fils Christophe lui annonce cette nouvelle est différente. Mais bien qu’il fasse preuve de douceur et de patience, il éprouve des difficultés et manque d’outils pour apaiser efficacement l’anxiété et la douleur de sa mère face à la perte de sa soeur. Suite à une évaluation gériatrique, Madame Jeanne est orientée vers une hypnothérapeute pour l’aider, ainsi que ses aidants, à mieux gérer ses phases d’anxiété. La rencontre révèle que Madame Jeanne était institutrice et très investie dans son foyer et sa famille. En discutant de cela, Madame Jeanne qui était agitée en arrivant, se détend progressivement.
- Hypnothérapeute : « J’ai entendu parler de votre maison, on m’a dit qu’elle est bien tenue.
- Madame Jeanne : Oui, j’aime que tout soit propre.
- Hyp. : Comme cela, vos garçons se sentent bien.
- Madame Jeanne : Oui, ils y jouent, mais ils me font du dégât ! Que dire, ils sont si pleins de vie ! Mais la dernière fois, il y en a un qui m’a cassé un beau vase… L’hypnothérapeute, par des questions ciblées, cherche à déterminer dans quelle période de vie se trouve Madame Jeanne à ce moment précis.
- Hyp. : Un vase, vous en avez d’autres ?
- Madame Jeanne : Oh oui, j’aime avoir de belles fleurs dans ma maison.
- Hyp. : Oh, moi aussi, des fleurs qui embaument, de toutes les couleurs.
- Madame Jeanne : Plutôt des pivoines...
- Hyp. : Vous avez des pivoines ? Ce sont de belles fleurs, leur parfum embaume comme un doux nuage de pétales qui diffuse...
- Madame Jeanne (en prenant une grande inspiration) : Rose pâle...
- Hyp. : (en se synchronisant avec cette grande inspiration et en lançant l’enregistrement – Madame Jeanne a été prévenue avant la séance que possiblement l’hypnothérapeute l’enregistrerait pour la lui remettre) : Rose pâle, les pétales sont doux et duveteux, leur odeur passe de pièce en pièce et crée dans la maison de la douceur et du calme... » Madame Jeanne ne parle plus, son regard est fixe. Plus fréquemment dans le grand âge, que le patient présente des troubles neurocognitifs ou pas, il garde les yeux ouverts ou miclos. Néanmoins le regard devient fixe et le réflexe de clignement diminue. Milton H. Erickson nous disait que l’altération du clignement du regard était un signe de transe (Erickson M.H., 1976).
- Hyp. : « ... Et cette douce odeur qui diffuse apporte du calme, de la sérénité, et c’est comme si un voile de légèreté et de parfum se posait dans cette maison où vous vous sentez bien, calme, protégée, rassurée. » L’identification d’un lieu sécurisant, appelé « safe place », est importante pour cette population qui perd ses repères. Cela permet de travailler sur leur sentiment d’insécurité, tout en leur offrant un endroit ressourçant à renforcer. Pour Madame Jeanne, sa maison va devenir cette safe place que l’hypnothérapeute va pouvoir développer et utiliser pendant les séances.
- Hyp. : « Vous prenez le temps de disposer ces magnifiques pivoines, qui embaument votre nez. Vos mains expertes les placent avec soin dans les vases. Le bouquet est si beau, il apporte de la gaieté et de la douceur dans toute la maison. Vous vous sentez particulièrement bien dans ce lieu familier qui vous protège. Vous entendez même les rires et les voix de vos fils, qui apprécient eux aussi ces doux parfums floraux. C’est une délicieuse sensation de tranquillité et d’accueil dans cette maison chaleureuse où vous vous sentez bien... Madame Jeanne a les yeux fixes, des larmes perlent.
- Hyp. : ... et vous savez leur apporter l’eau qui leur est nécessaire pour qu’elles sentent bien, cette eau qui coule et qui apporte le calme. » Madame Jeanne semble commencer à fatiguer, elle a de légers mouvements.
Les séances d’hypnose dans le grand âge sont souvent plus courtes, les patients fatiguant. Cela est d’autant plus vrai que le patient présente un TNCM.
- Hyp. : Dans les jours et les semaines à venir, vous allez être surprise de constater combien il vous sera facile de retrouver ces sensations agréables, ce calme, cette protection. Simplement en voyant une pivoine, en pensant et en sentant son odeur, dans votre agréable maison, vous retrouverez de manière simple ces sensations de calme. » Madame Jeanne sourit. Ensemble, elles choisissent sur Internet une image de…
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Dr Marie Floccia
Médecin gériatre et algologue, praticien hospitalier et cheffe de service Douleur et médecine intégrative au CHU de Bordeaux. Elle a exercé dans divers services de gériatrie et elle fait désormais des consultations pour des patients douloureux chroniques ou présentant des troubles du comportement dans le cadre d’une pathologie neurocognitive. Elle enseigne l’hypnose en gériatrie au DIU d'Hypnose Médicale de Bordeaux et est l’auteure de deux ouvrages sur la question : Hypnose en pratiques gériatriques, Dunod (2018) ; Cas pratiques en Hypnose gériatrique, Dunod (2024).
Geneviève Perennou
Hypnothérapeute et formatrice en hypnose dans les hôpitaux et les Ehpad, spécialisée dans l’accompagnement des personnes ayant une pathologie neurodégénérative. Auteure de plusieurs ouvrages : L’hypnose pour accompagner les patients âgés, Satas (2016) ; Métaphores hypnotiques pour accompagner les patients, Satas (2019) ; Hypnose médicale de la personne âgée pour les professionnels de santé, coécrit avec Serge Sirvain, Dunod (2024).
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Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
. Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Livres en bouche
Illustrations de Caroline Berthet
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Hypnose et thérapie systémique en soins palliatifs.
Une voie prometteuse pour améliorer la qualité de vie. Drs Serge SIRVAIN et Guillaume BELOURIEZ pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 76.
L’hypnose, dans sa fonction soignante, apporte une approche relationnelle de qualité aux personnes atteintes de maladies graves relevant des soins palliatifs. Associée à la thérapie systémique, elle permet un accompagnement à l’effet bienfaisant pour les malades, leur entourage et les soignants. « La victoire que nous chercherons à remporter sur la douleur sera en fait celle du malade. Rencontrer des personnes qui se cherchent un chemin au travers d’une telle adversité, avec le courage et le bon sens dont elles font si souvent preuve, est un honneur autant qu’un enseignement. Nous ne pouvons le voir qu’en nous approchant d’elles, et nous nous sommes souvent aperçu que le chemin le plus sûr est d’acquérir l’art de soulager la souffrance physique. Si nos malades nous accordent le privilège de partager avec eux leur angoisse intérieure, nous n’en resterons pas là. Même si nous ne sommes guère capables de supprimer celle-ci, nous pouvons tout au moins rester auprès d’eux. » Cicely Saunders et Mary Baines, 1983, p. X-XI.
INTRODUCTION
Nés à Londres sous l’impulsion de Cicely Saunders, les soins palliatifs ont intégré le malade dans sa totalité organique et psychique. Il est certes seul à mourir ; il n’est pourtant jamais appréhendé comme un être isolé, mais bien comme le membre d’une communauté, perçu comme au centre d’un système de relations. Cet article explore comment l’intégration de l’hypnose, en complémentarité avec une approche systémique, peut enrichir et diversifier la pratique des soins palliatifs. « Lorsqu’il n’y a plus rien à faire », il y a encore quelque chose à faire ; lorsqu’il n’est plus possible de « traiter » (cure), il est encore possible de soigner (care) (1) et d’accompagner au plus près des besoins celui qui vit une crise et d’accompagner aussi son entourage.
Les soins palliatifs sont définis par l’ANAES (2002) comme « l’accompagnement concernant les personnes de tous âges atteintes d’une maladie grave, évolutive mettant en jeu le pronostic vital, en phase avancée ou terminale. Les soins prodigués visent à améliorer le confort et la qualité de vie et à soulager les symptômes : ce sont tous les traitements et soins, l’accompagnement physique, psychologique, spirituel et social envers des personnes et leur entourage. » Loin de se limiter à la fin de vie, les soins palliatifs peuvent débuter dès le diagnostic d’une pathologie à pronostic vital engagé, divers essais cliniques confirmant que les soins palliatifs précoces apportent un bénéfice sur la qualité de vie et la réduction des symptômes (2) (3). Cet abord du soin est d’emblée pluridisciplinaire et centré sur l’accompagnement sans cesse réactualisé de la personne dans son contexte matériel, médical et relationnel.
L’entrée dans l’accompagnement palliatif fait souvent événement dans le récit des patients et des familles, et s’inscrit dans une continuité marquante de moments plus ou moins difficiles dans le parcours de soins et l’histoire de la famille. L’approche relationnelle de qualité que l’hypnose apporte dans un système en crise permet au processus dans lequel le patient s’engage de se dérouler, à sa manière, de manière fluide et sécurisante.
HYPNOSE ET SOINS PALLIATIFS : UNE RESSOURCE SUPPLÉMENTAIRE POUR L’ACCOMPAGNEMENT
L’hypnose, en tant que processus non ordinaire de la conscience, comprend un aspect relationnel et un aspect technique. La relation prime. La pratique de l’hypnose est en ce sens inscrite pleinement dans la fonction soignante et nécessite une formation adaptée tant sur le plan technique que sur les aspects de posture relationnelle et éthique.
L’hypnose clinique et thérapeutique est une approche globale de prise en charge qui permet non seulement de soulager divers symptômes, mais également de créer une relation d’aide particulièrement adaptée au domaine des soins. Comme le décrit Antoine Bioy, les deux dimensions trouvent un écho tout particulier en soins palliatifs, où la gestion optimale des symptômes physiques se conjugue à un besoin essentiel d’accompagnement humain. L’hypnose permet au patient de se reconnecter à son corps et à sa vie grâce à un travail centré sur les perceptions, offrant ainsi une voie précieuse pour améliorer la qualité de vie. Cette méthode présente de nombreux avantages dans les structures dédiées aux soins palliatifs, quels que soient le stade et l’évolution de la maladie (4).
HYPNOSE ET THÉRAPIE SYSTÉMIQUE : UNE APPROCHE COMPLÉMENTAIRE
Sur le plan épistémologique, l’hypnose ericksonienne et les thérapies dites systémiques se rejoignent. Elles sont d’ailleurs très intégratives et processuelles, amenant à privilégier toujours la relation et le processus en cours, sur le contenu. Dans un cadre palliatif, la souffrance du patient ne se limite pas à des symptômes physiques, mais englobe souvent des problématiques émotionnelles, sociales, spirituelles et relationnelles. L’annonce d’une phase palliative ou d’une maladie grave constitue toujours une effraction psychique, individuelle et collective, un véritable traumatisme systémique, une crise. Cette période bouleverse l’ensemble du système du patient ainsi que son entourage (conjoint, enfants, fratrie et liens intergénérationnels). On y retrouve de la sidération, de la dissociation, une perte de repères, un récit de vie fragmenté, mais aussi une réorganisation des liens et des relations pouvant bien souvent amener une remise en sens et préparer le processus de séparation à venir.
C’est ici qu’intervient la thérapie systémique, qui considère le patient dans son environnement, s’intéressant aux interactions avec son entourage et avec les soignants. L’intervention systémique se concentre sur les relations, avec le corps, avec les autres, avec le monde, et donc avec son système de valeurs, avec la vie. Plusieurs approches systémiques coexistent et permettent aux thérapeutes de poser des hypothèses sur le fonctionnement du système relationnel. Celui-ci est organisé d’une certaine manière, avec des règles, où chacun a son rôle, sa fonction, une hiérarchie, etc. L’approche systémique posant cette hypothèse est la thérapie systémique structurale (5). Le système fonctionne d’une certaine manière, et s’organise pour rester en équilibre, chacun à une fonction, y compris « le symptôme », c’est l’hypothèse qui découlera de l’approche systémique fonctionnelle (6). L’hypothèse portée par l’approche systémique existentielle (7) s’intéresse au cycle de vie et à la manière dont le système évolue et vit, par exemple, cette étape au moment de la séparation. Enfin, le système a une histoire qui découle des relations et va transmettre des informations, c’est l’approche systémique contextuelle ou transgénérationnelle (8). Les hypothèses permettront d’orienter vers une intervention systémique afin d’amener du changement.
Ces différents niveaux de lecture, points de vue sur le système et les processus relationnels à l’oeuvre, offrent une image en multiples dimensions, permettant de tenter de toucher du doigt la grande complexité dans laquelle s’inscrit la réalité vécue du patient et de son entourage, avec comme visée et comme intention de leur permettre, comme en hypnose, de se reconnecter aux ressources individuelles et du système, pour une remise en mouvement, dans le processus du vivant. L’approche intégrative consistera ici à s’attacher en temps réel au processus relationnel, faisant circuler en permanence les informations du thérapeute au système, c’est-à-dire au patient, en lien avec son corps, aux autres et à l’univers dans lequel il évolue. Redonner au système de l’information le rend acteur, et crée de la différence, moteur de changement, et aussi de prise de position, de choix et de responsabilité. Redonner de l’information passe également par l’hypnose qui s’attache de manière fine à l’observation du langage verbal, non verbal, paraverbal, ainsi qu’à celle du corps et de la vie affective. Une information comme « depuis que vous me parlez, j’observe votre corps figé en haut, et chez moi, il y a de la tristesse ». Tout est utilisé, selon cette notion fondamentale ericksonienne, pour servir le processus à l’oeuvre, facilitant ainsi l’induction, la synchronisation, et l’approfondissement de la transe hypnotique.
Tout en redynamisant le système relationnel, on ancre corporellement et sensiblement le patient dans l’expérientiel. Tout comme on ne poserait pas brutalement une question miracle sans langage hypnotique pour induire le changement et la projection dans le futur, on ne pratiquera pas le questionnement circulaire systémique sans observer les réponses corporelles du patient, de son entourage ou même du thérapeute ! Le thérapeute s’utilise et fait partie intégrante du système relationnel qui s’est construit (9). L’immersion dans cette nouvelle réalité coconstruite, dans un nouveau monde des représentations et des croyances, va lui permettre, dans un processus également de transe, d’accompagner au plus près le changement. Les principes scientifiques de l’hypnose en soins palliatifs peuvent s’articuler autour de cinq principes fondamentaux décrit par Landry (10).
- L’équifinalité qui suggère que des stratégies cognitives distinctes peuvent permettre à des individus d’obtenir des réponses hypnotiques similaires.
- La préparation de l’adhésion hypnotique en créant un cadre hypnotique qui maximise les résultats thérapeutiques, ainsi que l’utilisation de l’imagerie mentale par la chosification, permet de générer des représentations mentales endogènes partageant des caractéristiques essentielles avec les expériences perceptuelles, notamment en soins palliatifs.
- L’imagerie mentale
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Dr Serge Sirvain Gériatre, praticien hospitalier, chef de service du Court séjour gériatrique (CSGA Centre hospitalier d’Alès-Cévennes). DIU Hypnose médicale de Montpellier, formateur et conférencier en hypnose et résilience. Rédacteur en chef de la revue Repères en gériatrie et membre de la CUMP 30 (Cellule d’urgence médico-psychologique). Médecin pompier volontaire SDIS 30. sirvain.serge@gmail.com
Dr Guillaume Belouriez Psychiatre psychothérapeute ayant une activité mixte tournée autour de la relation, du soin, et très investi dans la formation. Responsable du service de gérontopsychiatrie, de la consultation en psychothérapie intégrative à Brumath, et avec une activité de liaison en soins palliatifs au CHRU de Strasbourg (EMASP, USP). Responsable du DU de Psychothérapie intégrative à l’université de Strasbourg. Formateur dans l’école de soins palliatifs à la Maison médicale Jeanne-Garnier à Paris.
BIBLIOGRAPHIE 1. Lamau M.-L., « Origine et inspiration. Cicely Saunders à la naissance des soins palliatifs », « Revue d’Ethique et de théologie morale », 2014/5, n° 282, pp. 55-81.
2. Temel J.S., Greer J.A., Muzikansky A., Gallagher E.R., Admane S., et al., « Early palliative care for patients with metastatic non-small-cell lung cancer », N. Engl. J. Med., 2010, Aug. 19, 363 (8), pp. 733-742.
3. Bouleuc C., Burnod A., Angellier E., Massiani M.-A., Robin M.-L., et al., « Les soins palliatifs précoces et intégrés en oncologie », « Bulletin du Cancer », 2019, 106, pp.796-804.
4. Bioy A., Wood C., « Quelle pratique de l’hypnose pour les soins palliatifs ? », Med. Pal., 2006,
5, pp. 328-332. 5. Minuchin S. (1974), « Families and family therapy », Cambridge, MA : Harvard University Press ; trad. fr. Du Ranquet M. et Wajeman M., « Familles en thérapie », Paris, Delarge, 1998.
6. Haley J., « Stratégies de la psychothérapie », Erès, Paris, 1993.
7. Satir V., « Pour retrouver l’harmonie familiale », Editions J.-P. Delarge, Paris, 1972.
8. Boszormenyi-Nagy I., Spark G. « Invisible loyalties : reciprocity in intergenerational family therapy », New York, Harper & Row, 1973 ; Boszormenyi-Nagy I., Framo J., « Psychothérapies familiales intensives », PUF, Paris, 1980.
9. Belouriez G., « L’engagement relationnel, quel risque pour les soignants ? », « Ethique et santé », vol. 21, n° 1, mars 2024, pp. 62-67.
10. Landry M., Stendel M., Landry M., Raz A., « Hypnosis in palliative care: from clinical insights to the science of self-regulation », Ann. Palliat. Med., 2018, Jan. 7 (1), pp. 125-135.
11. Gessiaume S., « Hypnose et lâcher-prise en soins palliatifs : A propos d’une situation clinique », Infokara, 2009, 24, pp. 165-167.
12. Bowen M., « Family Therapy in Clinical Practice », New York, Jason Aronson ; trad. fr. partielle, « La différenciation du soi, les triangles et les systèmes émotifs familiaux », Paris, ESF, 1984 (1978). 13. Belouriez G., « Un atelier pour les familles, nouvelles perspectives pour l’accompagnement », Intervention Congrès SFAP, Lille, juin 2013.
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Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
. Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Livres en bouche
Illustrations de Caroline Berthet
INTRODUCTION
Nés à Londres sous l’impulsion de Cicely Saunders, les soins palliatifs ont intégré le malade dans sa totalité organique et psychique. Il est certes seul à mourir ; il n’est pourtant jamais appréhendé comme un être isolé, mais bien comme le membre d’une communauté, perçu comme au centre d’un système de relations. Cet article explore comment l’intégration de l’hypnose, en complémentarité avec une approche systémique, peut enrichir et diversifier la pratique des soins palliatifs. « Lorsqu’il n’y a plus rien à faire », il y a encore quelque chose à faire ; lorsqu’il n’est plus possible de « traiter » (cure), il est encore possible de soigner (care) (1) et d’accompagner au plus près des besoins celui qui vit une crise et d’accompagner aussi son entourage.
Les soins palliatifs sont définis par l’ANAES (2002) comme « l’accompagnement concernant les personnes de tous âges atteintes d’une maladie grave, évolutive mettant en jeu le pronostic vital, en phase avancée ou terminale. Les soins prodigués visent à améliorer le confort et la qualité de vie et à soulager les symptômes : ce sont tous les traitements et soins, l’accompagnement physique, psychologique, spirituel et social envers des personnes et leur entourage. » Loin de se limiter à la fin de vie, les soins palliatifs peuvent débuter dès le diagnostic d’une pathologie à pronostic vital engagé, divers essais cliniques confirmant que les soins palliatifs précoces apportent un bénéfice sur la qualité de vie et la réduction des symptômes (2) (3). Cet abord du soin est d’emblée pluridisciplinaire et centré sur l’accompagnement sans cesse réactualisé de la personne dans son contexte matériel, médical et relationnel.
L’entrée dans l’accompagnement palliatif fait souvent événement dans le récit des patients et des familles, et s’inscrit dans une continuité marquante de moments plus ou moins difficiles dans le parcours de soins et l’histoire de la famille. L’approche relationnelle de qualité que l’hypnose apporte dans un système en crise permet au processus dans lequel le patient s’engage de se dérouler, à sa manière, de manière fluide et sécurisante.
HYPNOSE ET SOINS PALLIATIFS : UNE RESSOURCE SUPPLÉMENTAIRE POUR L’ACCOMPAGNEMENT
L’hypnose, en tant que processus non ordinaire de la conscience, comprend un aspect relationnel et un aspect technique. La relation prime. La pratique de l’hypnose est en ce sens inscrite pleinement dans la fonction soignante et nécessite une formation adaptée tant sur le plan technique que sur les aspects de posture relationnelle et éthique.
L’hypnose clinique et thérapeutique est une approche globale de prise en charge qui permet non seulement de soulager divers symptômes, mais également de créer une relation d’aide particulièrement adaptée au domaine des soins. Comme le décrit Antoine Bioy, les deux dimensions trouvent un écho tout particulier en soins palliatifs, où la gestion optimale des symptômes physiques se conjugue à un besoin essentiel d’accompagnement humain. L’hypnose permet au patient de se reconnecter à son corps et à sa vie grâce à un travail centré sur les perceptions, offrant ainsi une voie précieuse pour améliorer la qualité de vie. Cette méthode présente de nombreux avantages dans les structures dédiées aux soins palliatifs, quels que soient le stade et l’évolution de la maladie (4).
HYPNOSE ET THÉRAPIE SYSTÉMIQUE : UNE APPROCHE COMPLÉMENTAIRE
Sur le plan épistémologique, l’hypnose ericksonienne et les thérapies dites systémiques se rejoignent. Elles sont d’ailleurs très intégratives et processuelles, amenant à privilégier toujours la relation et le processus en cours, sur le contenu. Dans un cadre palliatif, la souffrance du patient ne se limite pas à des symptômes physiques, mais englobe souvent des problématiques émotionnelles, sociales, spirituelles et relationnelles. L’annonce d’une phase palliative ou d’une maladie grave constitue toujours une effraction psychique, individuelle et collective, un véritable traumatisme systémique, une crise. Cette période bouleverse l’ensemble du système du patient ainsi que son entourage (conjoint, enfants, fratrie et liens intergénérationnels). On y retrouve de la sidération, de la dissociation, une perte de repères, un récit de vie fragmenté, mais aussi une réorganisation des liens et des relations pouvant bien souvent amener une remise en sens et préparer le processus de séparation à venir.
C’est ici qu’intervient la thérapie systémique, qui considère le patient dans son environnement, s’intéressant aux interactions avec son entourage et avec les soignants. L’intervention systémique se concentre sur les relations, avec le corps, avec les autres, avec le monde, et donc avec son système de valeurs, avec la vie. Plusieurs approches systémiques coexistent et permettent aux thérapeutes de poser des hypothèses sur le fonctionnement du système relationnel. Celui-ci est organisé d’une certaine manière, avec des règles, où chacun a son rôle, sa fonction, une hiérarchie, etc. L’approche systémique posant cette hypothèse est la thérapie systémique structurale (5). Le système fonctionne d’une certaine manière, et s’organise pour rester en équilibre, chacun à une fonction, y compris « le symptôme », c’est l’hypothèse qui découlera de l’approche systémique fonctionnelle (6). L’hypothèse portée par l’approche systémique existentielle (7) s’intéresse au cycle de vie et à la manière dont le système évolue et vit, par exemple, cette étape au moment de la séparation. Enfin, le système a une histoire qui découle des relations et va transmettre des informations, c’est l’approche systémique contextuelle ou transgénérationnelle (8). Les hypothèses permettront d’orienter vers une intervention systémique afin d’amener du changement.
Ces différents niveaux de lecture, points de vue sur le système et les processus relationnels à l’oeuvre, offrent une image en multiples dimensions, permettant de tenter de toucher du doigt la grande complexité dans laquelle s’inscrit la réalité vécue du patient et de son entourage, avec comme visée et comme intention de leur permettre, comme en hypnose, de se reconnecter aux ressources individuelles et du système, pour une remise en mouvement, dans le processus du vivant. L’approche intégrative consistera ici à s’attacher en temps réel au processus relationnel, faisant circuler en permanence les informations du thérapeute au système, c’est-à-dire au patient, en lien avec son corps, aux autres et à l’univers dans lequel il évolue. Redonner au système de l’information le rend acteur, et crée de la différence, moteur de changement, et aussi de prise de position, de choix et de responsabilité. Redonner de l’information passe également par l’hypnose qui s’attache de manière fine à l’observation du langage verbal, non verbal, paraverbal, ainsi qu’à celle du corps et de la vie affective. Une information comme « depuis que vous me parlez, j’observe votre corps figé en haut, et chez moi, il y a de la tristesse ». Tout est utilisé, selon cette notion fondamentale ericksonienne, pour servir le processus à l’oeuvre, facilitant ainsi l’induction, la synchronisation, et l’approfondissement de la transe hypnotique.
Tout en redynamisant le système relationnel, on ancre corporellement et sensiblement le patient dans l’expérientiel. Tout comme on ne poserait pas brutalement une question miracle sans langage hypnotique pour induire le changement et la projection dans le futur, on ne pratiquera pas le questionnement circulaire systémique sans observer les réponses corporelles du patient, de son entourage ou même du thérapeute ! Le thérapeute s’utilise et fait partie intégrante du système relationnel qui s’est construit (9). L’immersion dans cette nouvelle réalité coconstruite, dans un nouveau monde des représentations et des croyances, va lui permettre, dans un processus également de transe, d’accompagner au plus près le changement. Les principes scientifiques de l’hypnose en soins palliatifs peuvent s’articuler autour de cinq principes fondamentaux décrit par Landry (10).
- L’équifinalité qui suggère que des stratégies cognitives distinctes peuvent permettre à des individus d’obtenir des réponses hypnotiques similaires.
- La préparation de l’adhésion hypnotique en créant un cadre hypnotique qui maximise les résultats thérapeutiques, ainsi que l’utilisation de l’imagerie mentale par la chosification, permet de générer des représentations mentales endogènes partageant des caractéristiques essentielles avec les expériences perceptuelles, notamment en soins palliatifs.
- L’imagerie mentale
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Dr Serge Sirvain Gériatre, praticien hospitalier, chef de service du Court séjour gériatrique (CSGA Centre hospitalier d’Alès-Cévennes). DIU Hypnose médicale de Montpellier, formateur et conférencier en hypnose et résilience. Rédacteur en chef de la revue Repères en gériatrie et membre de la CUMP 30 (Cellule d’urgence médico-psychologique). Médecin pompier volontaire SDIS 30. sirvain.serge@gmail.com
Dr Guillaume Belouriez Psychiatre psychothérapeute ayant une activité mixte tournée autour de la relation, du soin, et très investi dans la formation. Responsable du service de gérontopsychiatrie, de la consultation en psychothérapie intégrative à Brumath, et avec une activité de liaison en soins palliatifs au CHRU de Strasbourg (EMASP, USP). Responsable du DU de Psychothérapie intégrative à l’université de Strasbourg. Formateur dans l’école de soins palliatifs à la Maison médicale Jeanne-Garnier à Paris.
BIBLIOGRAPHIE 1. Lamau M.-L., « Origine et inspiration. Cicely Saunders à la naissance des soins palliatifs », « Revue d’Ethique et de théologie morale », 2014/5, n° 282, pp. 55-81.
2. Temel J.S., Greer J.A., Muzikansky A., Gallagher E.R., Admane S., et al., « Early palliative care for patients with metastatic non-small-cell lung cancer », N. Engl. J. Med., 2010, Aug. 19, 363 (8), pp. 733-742.
3. Bouleuc C., Burnod A., Angellier E., Massiani M.-A., Robin M.-L., et al., « Les soins palliatifs précoces et intégrés en oncologie », « Bulletin du Cancer », 2019, 106, pp.796-804.
4. Bioy A., Wood C., « Quelle pratique de l’hypnose pour les soins palliatifs ? », Med. Pal., 2006,
5, pp. 328-332. 5. Minuchin S. (1974), « Families and family therapy », Cambridge, MA : Harvard University Press ; trad. fr. Du Ranquet M. et Wajeman M., « Familles en thérapie », Paris, Delarge, 1998.
6. Haley J., « Stratégies de la psychothérapie », Erès, Paris, 1993.
7. Satir V., « Pour retrouver l’harmonie familiale », Editions J.-P. Delarge, Paris, 1972.
8. Boszormenyi-Nagy I., Spark G. « Invisible loyalties : reciprocity in intergenerational family therapy », New York, Harper & Row, 1973 ; Boszormenyi-Nagy I., Framo J., « Psychothérapies familiales intensives », PUF, Paris, 1980.
9. Belouriez G., « L’engagement relationnel, quel risque pour les soignants ? », « Ethique et santé », vol. 21, n° 1, mars 2024, pp. 62-67.
10. Landry M., Stendel M., Landry M., Raz A., « Hypnosis in palliative care: from clinical insights to the science of self-regulation », Ann. Palliat. Med., 2018, Jan. 7 (1), pp. 125-135.
11. Gessiaume S., « Hypnose et lâcher-prise en soins palliatifs : A propos d’une situation clinique », Infokara, 2009, 24, pp. 165-167.
12. Bowen M., « Family Therapy in Clinical Practice », New York, Jason Aronson ; trad. fr. partielle, « La différenciation du soi, les triangles et les systèmes émotifs familiaux », Paris, ESF, 1984 (1978). 13. Belouriez G., « Un atelier pour les familles, nouvelles perspectives pour l’accompagnement », Intervention Congrès SFAP, Lille, juin 2013.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°76 version Papier N°76 : Fév. / Mars / Avril 2025
Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
. Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Livres en bouche
Illustrations de Caroline Berthet
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Le temps passe, se fige et s'ouvre dans le mouvement de la vie.
Editorial Dr Julien BETBEZE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 76.
Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles :
Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécispécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel. Bonne lecture, très belle année 2025 à chacun, et rendez-vous le 23 mars 2025 pour le colloque « Psychosomatique et douleur chronique ».
Dr Juilen BETBEZE Rédacteur en chef de la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». Pédopsychiatre et psychiatre adultes, Chargé de cours à la Faculté de médecine de Nantes et au sein des Instituts de la CFHTB. Formateur en hypnose, thérapies stratégiques, solutionnistes et narratives à l’ARePTA-IMHENA. Coauteur de nombreux ouvrages et publications.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°76 version Papier N°76 : Fév. / Mars / Avril 2025
Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
. Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Livres en bouche
Illustrations de Caroline Berthet
Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles :
- celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée.
- Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose.
- Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécispécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel. Bonne lecture, très belle année 2025 à chacun, et rendez-vous le 23 mars 2025 pour le colloque « Psychosomatique et douleur chronique ».
Dr Juilen BETBEZE Rédacteur en chef de la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». Pédopsychiatre et psychiatre adultes, Chargé de cours à la Faculté de médecine de Nantes et au sein des Instituts de la CFHTB. Formateur en hypnose, thérapies stratégiques, solutionnistes et narratives à l’ARePTA-IMHENA. Coauteur de nombreux ouvrages et publications.
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Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
. Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Livres en bouche
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Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Trouble du sommeil. Le coffre-fort à triple sécurité. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
Si beaucoup recherchent le calme et le silence, cette patiente les redoute car ils ne permettent pas de faire taire ses « pensées ». La solution passe par l’hypnose où surgit l’idée d’une boîte fermée à clé et enterrée... Delphine Le Gris pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
CONTEXTE
Sophie est une patiente que je suis depuis plus d’un an. Son histoire de vie est ponctuée de relations insécurisantes : de ses premiers liens à sa mère puis dans deux relations de couple. La première relation avec un homme plus âgé lui a permis de quitter le domicile familial à l’âge de 18 ans. Elle aura quatre en- fants avec cet homme. Sa dernière relation dont elle aura initié la séparation au cours de sa psychothérapie ne lui aura pas non plus laissé de place suffisante en tant que sujet propre et désirant. La psychothérapie initiée ensemble a donc pour objectif de développer ce processus de subjectivation. Lors de notre dernière séance, Sophie verba- lise une fois de plus sa sensation de se sentir débordée, mais à la différence que cette fois- ci elle s’est autorisée à lancer les démarches pour bénéficier d’une VAE (validation des acquis d’expérience professionnelle).
Dans son quotidien professionnel et personnel, elle repère le même mécanisme persistant : se donner beaucoup de tâches à faire pour ne pas penser, cela s’étant majoré depuis qu’elle vit seule, depuis sa séparation. Sophie évoque spontanément son désir de trouver une solution à son problème de sommeil. Ce n’est pas le temps nécessaire à son endormisse- ment qui lui pose problème mais la qualité de celui-ci. « Je ne peux pas m’endormir sans bruit et cela abîme mon sommeil car cela me réveille un peu plus tard dans la nuit. » Elle se questionne sur l’origine de son comporte- ment qui a toujours été là, même lorsqu’elle était en couple. Elle veut creuser le sujet. Cela ne semble pas s’expliquer par un sentiment de solitude difficilement tolérable. Par l’interro- gatoire elle perçoit que s’endormir avec une voix permet de court-circuiter ses pensées. Mais lesquelles ? Il ne s’agit pas des restes diurnes mais « des pensées qui sont angoissantes passées ou présentes », celles qu’elle ne peut pas régler de son histoire.
Son désir de creuser les choses m’a alors donné l’idée de creuser un trou dans lequel elle pourrait mettre un coffre-fort qui contiendrait tout ce qui l’empêche de s’endormir dans le calme et le silence. Je lui propose l’idée, elle accepte mais non sans témoigner de son angoisse à devoir laisser venir ces choses pour les mettre dans la boîte et donc le risque de se retrouver face à elles. Venant de quitter une journée de perfectionnement où nous avons approfondi l’induction d’Elman, je trouve alors tout à fait pertinent de lui proposer. L’approfondissement de la trace et la confusion sont nécessaires pour la laisser faire ce qu’elle a à faire dans les conditions les plus sécurisantes possibles. Cet exercice du coffre- fort présente « trois sécurités » : le coffre-fort fermé à clé et enterré dans un lieu, l’enterre- ment de la clé dans un autre lieu, et la volonté de la patiente comme deuxième clé.
PROTOCOLE
-Thérapeute (pré-talk) : « Tout à l’heure, mais pas tout de suite, vous irez dans le lieu de votre choix, que vous connaissez ou bien un lieu imaginaire. Vous y verrez la boîte dans laquelle vous viendrez déposer toutes les pensées... émotions... souvenirs... symboles... mots... ou tout autre chose qui vous empêche de vous endormir sereinement. Vous verrez aussi tous les outils qui vous sont nécessaires pour creuser, que ce soit une pelle, une pioche ou bien un bulldozer, ou autre. Vous vous en approcherez, vous mettrez dans la boîte tout ce que vous avez à y mettre, sans chercher à les élaborer, sans vous attarder dessus, sans cher- cher une logique entre elles... Tout à l’heure je viendrai soulever votre bras comme ceci (je lui montre) pour vérifier son tonus. Est-ce que vous m’autorisez à vous toucher ?
- Sophie : Oui.
- Th. : Vous préférez rentrer en hypnose les yeux ouverts ou les yeux fermés ?
- Sophie : Yeux fermés.
- Th. : OK, très bien. Allez-y... Pendant que les paupières sont fermées, pendant quelques instants, une part de vous prend le temps d’observer les bruits autour vous... propres à cette pièce... ou bien extérieurs à cette pièce... Voilà... Et puis sur une grande inspiration, vous ressentez la façon dont votre corps est positionné dans ce fauteuil... confortablement, profondément bien installé. Imaginez que sur les paupières, il y a quelque chose qui va les alourdir de plus en plus... une chose de votre choix... je ne sais pas... un fil de pêche... de la colle... des volets roulants... ou tout autre chose selon votre choix. C’est vous qui déci- dez... Vous pouvez essayer d’ouvrir les yeux... et vous constaterez que cela est difficile de les ouvrir... oh, oui... comme ceci... et ce sera de plus en plus difficile de les ouvrir. Allez-y, re- fermez les yeux... ressentez cette lourdeur sur les paupières jusqu’à ce que cela devienne tota- lement impossible de les ouvrir. (Elle n’y arrive plus.) Parfait, très bien...
-Th. : ...Et puis vous ressentez que votre bras, de l’épaule jusqu’au bout des doigts, devient totalement mou... complètement mou... et lourd... vous savez, un peu comme s’il s’agissait d’un pull en laine trempé dans de l’eau chaude et qu’on essaye de soulever. (Je m’approche et soulève son bras qui retombe lourdement.) Parfait...
- Th. : ...Maintenant vous allez partir de 100 et décomptez de 3 en 3... progressivement et jusqu’à ce que cela devienne de plus en difficile... confus... et qu’il soit devenu impossible de continuer... 100... 97... 92... 89... Très bien, essayez de continuer... cela devient de plus en plus confus... impossible...
- Th. : ...Derrière les paupières fermées... vous voyez un lieu... celui que vous avez choisi... réel ou imaginaire... seule vous connaissez où se trouve ce lieu... uniquement vous... et c’est très bien ainsi... Lorsque vous y êtes, vous me faites un signe (importance du signaling à chaque étape)... OK, parfait. Vous observez la boîte, celle dans laquelle... d’ici quelques instants vous viendrez placer toutes les choses qui s’imposent à vous et auxquelles vous ne sou- haitez pas penser... surtout lorsque vous êtes sur le point de vous endormir...
1ÈRE SÉCURITÉ : LA BOÎTE FERMÉE À CLÉ ET ENTERRÉE
(La patiente pleure…
Pour lire la suite...
Delphine Le Gris Psychologue clinicienne diplômée en 2013 d’un master Psychologie clinique et pathologique. Formation à l’hypnose et aux thérapies brèves au sein de l’IMHEN de Normandie en 2021-2022. Exerce en libéral depuis 2020.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°75 version Papier N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv. 2025
Les interactions pour favoriser un changement.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
. Résumé
Sophie est une patiente que je suis depuis plus d’un an. Son histoire de vie est ponctuée de relations insécurisantes : de ses premiers liens à sa mère puis dans deux relations de couple. La première relation avec un homme plus âgé lui a permis de quitter le domicile familial à l’âge de 18 ans. Elle aura quatre en- fants avec cet homme. Sa dernière relation dont elle aura initié la séparation au cours de sa psychothérapie ne lui aura pas non plus laissé de place suffisante en tant que sujet propre et désirant. La psychothérapie initiée ensemble a donc pour objectif de développer ce processus de subjectivation. Lors de notre dernière séance, Sophie verba- lise une fois de plus sa sensation de se sentir débordée, mais à la différence que cette fois- ci elle s’est autorisée à lancer les démarches pour bénéficier d’une VAE (validation des acquis d’expérience professionnelle).
Dans son quotidien professionnel et personnel, elle repère le même mécanisme persistant : se donner beaucoup de tâches à faire pour ne pas penser, cela s’étant majoré depuis qu’elle vit seule, depuis sa séparation. Sophie évoque spontanément son désir de trouver une solution à son problème de sommeil. Ce n’est pas le temps nécessaire à son endormisse- ment qui lui pose problème mais la qualité de celui-ci. « Je ne peux pas m’endormir sans bruit et cela abîme mon sommeil car cela me réveille un peu plus tard dans la nuit. » Elle se questionne sur l’origine de son comporte- ment qui a toujours été là, même lorsqu’elle était en couple. Elle veut creuser le sujet. Cela ne semble pas s’expliquer par un sentiment de solitude difficilement tolérable. Par l’interro- gatoire elle perçoit que s’endormir avec une voix permet de court-circuiter ses pensées. Mais lesquelles ? Il ne s’agit pas des restes diurnes mais « des pensées qui sont angoissantes passées ou présentes », celles qu’elle ne peut pas régler de son histoire.
Son désir de creuser les choses m’a alors donné l’idée de creuser un trou dans lequel elle pourrait mettre un coffre-fort qui contiendrait tout ce qui l’empêche de s’endormir dans le calme et le silence. Je lui propose l’idée, elle accepte mais non sans témoigner de son angoisse à devoir laisser venir ces choses pour les mettre dans la boîte et donc le risque de se retrouver face à elles. Venant de quitter une journée de perfectionnement où nous avons approfondi l’induction d’Elman, je trouve alors tout à fait pertinent de lui proposer. L’approfondissement de la trace et la confusion sont nécessaires pour la laisser faire ce qu’elle a à faire dans les conditions les plus sécurisantes possibles. Cet exercice du coffre- fort présente « trois sécurités » : le coffre-fort fermé à clé et enterré dans un lieu, l’enterre- ment de la clé dans un autre lieu, et la volonté de la patiente comme deuxième clé.
PROTOCOLE
-Thérapeute (pré-talk) : « Tout à l’heure, mais pas tout de suite, vous irez dans le lieu de votre choix, que vous connaissez ou bien un lieu imaginaire. Vous y verrez la boîte dans laquelle vous viendrez déposer toutes les pensées... émotions... souvenirs... symboles... mots... ou tout autre chose qui vous empêche de vous endormir sereinement. Vous verrez aussi tous les outils qui vous sont nécessaires pour creuser, que ce soit une pelle, une pioche ou bien un bulldozer, ou autre. Vous vous en approcherez, vous mettrez dans la boîte tout ce que vous avez à y mettre, sans chercher à les élaborer, sans vous attarder dessus, sans cher- cher une logique entre elles... Tout à l’heure je viendrai soulever votre bras comme ceci (je lui montre) pour vérifier son tonus. Est-ce que vous m’autorisez à vous toucher ?
- Sophie : Oui.
- Th. : Vous préférez rentrer en hypnose les yeux ouverts ou les yeux fermés ?
- Sophie : Yeux fermés.
- Th. : OK, très bien. Allez-y... Pendant que les paupières sont fermées, pendant quelques instants, une part de vous prend le temps d’observer les bruits autour vous... propres à cette pièce... ou bien extérieurs à cette pièce... Voilà... Et puis sur une grande inspiration, vous ressentez la façon dont votre corps est positionné dans ce fauteuil... confortablement, profondément bien installé. Imaginez que sur les paupières, il y a quelque chose qui va les alourdir de plus en plus... une chose de votre choix... je ne sais pas... un fil de pêche... de la colle... des volets roulants... ou tout autre chose selon votre choix. C’est vous qui déci- dez... Vous pouvez essayer d’ouvrir les yeux... et vous constaterez que cela est difficile de les ouvrir... oh, oui... comme ceci... et ce sera de plus en plus difficile de les ouvrir. Allez-y, re- fermez les yeux... ressentez cette lourdeur sur les paupières jusqu’à ce que cela devienne tota- lement impossible de les ouvrir. (Elle n’y arrive plus.) Parfait, très bien...
-Th. : ...Et puis vous ressentez que votre bras, de l’épaule jusqu’au bout des doigts, devient totalement mou... complètement mou... et lourd... vous savez, un peu comme s’il s’agissait d’un pull en laine trempé dans de l’eau chaude et qu’on essaye de soulever. (Je m’approche et soulève son bras qui retombe lourdement.) Parfait...
- Th. : ...Maintenant vous allez partir de 100 et décomptez de 3 en 3... progressivement et jusqu’à ce que cela devienne de plus en difficile... confus... et qu’il soit devenu impossible de continuer... 100... 97... 92... 89... Très bien, essayez de continuer... cela devient de plus en plus confus... impossible...
- Th. : ...Derrière les paupières fermées... vous voyez un lieu... celui que vous avez choisi... réel ou imaginaire... seule vous connaissez où se trouve ce lieu... uniquement vous... et c’est très bien ainsi... Lorsque vous y êtes, vous me faites un signe (importance du signaling à chaque étape)... OK, parfait. Vous observez la boîte, celle dans laquelle... d’ici quelques instants vous viendrez placer toutes les choses qui s’imposent à vous et auxquelles vous ne sou- haitez pas penser... surtout lorsque vous êtes sur le point de vous endormir...
1ÈRE SÉCURITÉ : LA BOÎTE FERMÉE À CLÉ ET ENTERRÉE
(La patiente pleure…
Pour lire la suite...
Delphine Le Gris Psychologue clinicienne diplômée en 2013 d’un master Psychologie clinique et pathologique. Formation à l’hypnose et aux thérapies brèves au sein de l’IMHEN de Normandie en 2021-2022. Exerce en libéral depuis 2020.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°75 version Papier N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv. 2025
Les interactions pour favoriser un changement.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
. Résumé
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
La présence. Dr Adrian CHABOCHE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
« Si la mécanique quantique ne vous a pas encore profondément choqué, alors vous ne l’avez pas encore comprise. Tout ce que nous appelons réel est fait de choses qui ne peuvent pas être considérées comme étant réelles. Si une idée ne semble pas bizarre, il n’y a rien à espérer d’elle. » Niels Bohr, prix Nobel de physique 1922
Chères lectrices, chers lecteurs, Je vais vous parler d’une expérience hypnotique avec une patiente qui fait partie de celles qu’on aimerait raconter, ou plutôt même conter, à côté d’une cheminée dans une ambiance feutrée, en présence de personnes tout à la fois très rationnelles mais prêtes à être surprises des effets étonnants que peut avoir l’hypnose. Celle qui nous sur- prend toujours davantage, surtout lorsque nous laissons apparaître dans l’entrebâille- ment de nos techniques et expériences qui se cumulent toujours de trop, l’ineffable surprise d’un instantané qui rend compte à quel point l’hypnose se doit d’être régénérée... parfois autant pour le praticien que le patient ! Là ou nos patients nous bousculent, le praticien progresse... Car comme vous l’avez éprouvé, comme tous, et comme le disait avec humour Milton Erickson, lorsque nous tentons de copier, de faire comme certaines techniques qu’utilisent les autres, c’est souvent... un désastre !
Mais vous savez aussi tout autant que moi à quel point notre savoir, celui qui englobe tout à la fois toute notre technique, celle que nous avons apprise, celle que nous avons acquise au cours de notre expérience, et puis aussi ne jamais négliger cet autre Savoir, qui est le savoir-être, cette capacité que nous avons d’accueillir l’autre avec un grand A. Tout ce savoir finalement est un ensemble dynamique, vivant, qui respire tel un inspire et un expire, nous passons notre temps à nous inspirer des autres, certes, et aussi à expirer. Ce que nous oublions trop souvent lorsque nous sommes jeunes (ndlr, donc jusque environ 80 ans) : il nous faut régulièrement nous rappeler de devoir... oublier ! Oui, se rappeler d’oublier, pour évacuer, lâcher nos connais- sances trop doctes, trop certaines, souvent rassurantes, mais qui à un moment ne respirent plus.
L’inventivité et la spontanéité de l’hypnose viennent lorsque le vide s’installe. Lorsque de nos musiques intérieures avec ces phrases pleines de jolies suggestions que nous apprenons à répéter jusqu’à atteindre la sonorité la plus juste, le silence puisse s’installer entre deux notes de musique pour que l’oreille puisse alors entendre de nouveau. Ce que nous savons de trop, nous l’exécutons par mécanique : nos neurones sont si bien connectés que cela devient un réflexe. Les réflexes sont ce qui nous permet de gagner du temps, de l’énergie aussi, mais les réflexes ont plus à voir avec la survie qu’avec l’inventivité... Alors, parfois, ne vous sentez pas seul dans votre fauteuil de travail, confortable, bien installé, parfois même un peu tassé, engourdi, engoncé dans nos connaissances, à tourner le dos à cette petite crainte qui survient à la pointe de l’épigastre, en bas du sternum. Celle qui fait un peu peur, qui est inconfortable, qui nous indique qu’à ce moment nous ne savons plus trop quoi faire avec ce patient assis(e) en face de nous. Vous l’avez déjà vécu, n’ayez pas loin à chercher dans votre mémoire. Mais si cela vous semble lointain, alors je vous encourage vraiment à vous rappeler d’oublier, expirer vos connaissances, et revenez au point de départ : celui où on ne sait pas.
Nous en parlons que trop rarement ! Ce moment de « manque d’inspiration », où « ça n’accroche pas », comme on dit, ou plein d’idées nous viennent mais pas les bonnes. On sent que la note n’est pas juste, que la musique que nous pourrions jouer d’un réflexe serait celle justement qui ne serait plus spontanée ni nouvelle, mais déjà utilisée, déjà usitée, et beaucoup périmée finalement. Reconnaissez-vous et acceptez, car cela nous fait un lit commun. Ces moments ne sont pas des plus agréables et, nécessairement, nous cherchons par toute bonne stratégie d’adap- tation à les éviter. Evidemment, nous ne nous pouvons pas non plus passer notre temps et nos journées à nous réinventer. De nos lignes droites mentales, faites de certitudes, il faut aussi savoir provoquer des carrefours interrogateurs afin de nous rencontrer à nouveau.
Alors il y a Madeleine, assise devant moi. Ce n’est pas toujours habituel de recevoir des personnes qui vont vers le double de notre propre âge. Et puis Madeleine, elle est si surprenante dans son accoutrement fait de couleurs vives et d’un nœud enfantin dans les cheveux, d’un maquillage un peu trop ostensible, sa façon de me dire à quel point les psychologues n’ont vraiment rien compris à la question de l’inconscient, elle surprend, fascine, et agace tout en même temps. Peut-être est-ce par ce tout que je ne sais pas trop quoi faire. Pourtant Madeleine, elle a tous ces symptômes qui devraient me faire réagir, m’inspirer, me guider vers telle ou telle tech- nique : elle me décrit ses troubles du com- portement alimentaire, aussi anciens que son sentiment de tourner en rond avec depuis des dizaines d’années, elle me laisse apercevoir, dans l’entrebâillement subtil de sa narration et de ses curieuses provocations, tantôt des troubles de l’alcool, ici des vomissements forcés, là quelques autres traumatismes, peut-être des agressions sexuelles...
Pourtant, rien n’y fait. Je n’accroche pas, je ne sais pas. Je le sais, et le mets bien dans ma conscience, tout au devant...
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Dr Adrian CHABOCHE Spécialiste en médecine générale et globale au Centre Vitruve. Il est praticien attaché au Centre de traitement de la douleur CHU Ambroise-Paré. Il enseigne au sein du DU Hypnoanalgésie et utilisation de techniques non pharmacologiques dans le traitement de la douleur, Université de Versailles.
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Les interactions pour favoriser un changement
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
. Résumé
Chères lectrices, chers lecteurs, Je vais vous parler d’une expérience hypnotique avec une patiente qui fait partie de celles qu’on aimerait raconter, ou plutôt même conter, à côté d’une cheminée dans une ambiance feutrée, en présence de personnes tout à la fois très rationnelles mais prêtes à être surprises des effets étonnants que peut avoir l’hypnose. Celle qui nous sur- prend toujours davantage, surtout lorsque nous laissons apparaître dans l’entrebâille- ment de nos techniques et expériences qui se cumulent toujours de trop, l’ineffable surprise d’un instantané qui rend compte à quel point l’hypnose se doit d’être régénérée... parfois autant pour le praticien que le patient ! Là ou nos patients nous bousculent, le praticien progresse... Car comme vous l’avez éprouvé, comme tous, et comme le disait avec humour Milton Erickson, lorsque nous tentons de copier, de faire comme certaines techniques qu’utilisent les autres, c’est souvent... un désastre !
Mais vous savez aussi tout autant que moi à quel point notre savoir, celui qui englobe tout à la fois toute notre technique, celle que nous avons apprise, celle que nous avons acquise au cours de notre expérience, et puis aussi ne jamais négliger cet autre Savoir, qui est le savoir-être, cette capacité que nous avons d’accueillir l’autre avec un grand A. Tout ce savoir finalement est un ensemble dynamique, vivant, qui respire tel un inspire et un expire, nous passons notre temps à nous inspirer des autres, certes, et aussi à expirer. Ce que nous oublions trop souvent lorsque nous sommes jeunes (ndlr, donc jusque environ 80 ans) : il nous faut régulièrement nous rappeler de devoir... oublier ! Oui, se rappeler d’oublier, pour évacuer, lâcher nos connais- sances trop doctes, trop certaines, souvent rassurantes, mais qui à un moment ne respirent plus.
L’inventivité et la spontanéité de l’hypnose viennent lorsque le vide s’installe. Lorsque de nos musiques intérieures avec ces phrases pleines de jolies suggestions que nous apprenons à répéter jusqu’à atteindre la sonorité la plus juste, le silence puisse s’installer entre deux notes de musique pour que l’oreille puisse alors entendre de nouveau. Ce que nous savons de trop, nous l’exécutons par mécanique : nos neurones sont si bien connectés que cela devient un réflexe. Les réflexes sont ce qui nous permet de gagner du temps, de l’énergie aussi, mais les réflexes ont plus à voir avec la survie qu’avec l’inventivité... Alors, parfois, ne vous sentez pas seul dans votre fauteuil de travail, confortable, bien installé, parfois même un peu tassé, engourdi, engoncé dans nos connaissances, à tourner le dos à cette petite crainte qui survient à la pointe de l’épigastre, en bas du sternum. Celle qui fait un peu peur, qui est inconfortable, qui nous indique qu’à ce moment nous ne savons plus trop quoi faire avec ce patient assis(e) en face de nous. Vous l’avez déjà vécu, n’ayez pas loin à chercher dans votre mémoire. Mais si cela vous semble lointain, alors je vous encourage vraiment à vous rappeler d’oublier, expirer vos connaissances, et revenez au point de départ : celui où on ne sait pas.
Nous en parlons que trop rarement ! Ce moment de « manque d’inspiration », où « ça n’accroche pas », comme on dit, ou plein d’idées nous viennent mais pas les bonnes. On sent que la note n’est pas juste, que la musique que nous pourrions jouer d’un réflexe serait celle justement qui ne serait plus spontanée ni nouvelle, mais déjà utilisée, déjà usitée, et beaucoup périmée finalement. Reconnaissez-vous et acceptez, car cela nous fait un lit commun. Ces moments ne sont pas des plus agréables et, nécessairement, nous cherchons par toute bonne stratégie d’adap- tation à les éviter. Evidemment, nous ne nous pouvons pas non plus passer notre temps et nos journées à nous réinventer. De nos lignes droites mentales, faites de certitudes, il faut aussi savoir provoquer des carrefours interrogateurs afin de nous rencontrer à nouveau.
Alors il y a Madeleine, assise devant moi. Ce n’est pas toujours habituel de recevoir des personnes qui vont vers le double de notre propre âge. Et puis Madeleine, elle est si surprenante dans son accoutrement fait de couleurs vives et d’un nœud enfantin dans les cheveux, d’un maquillage un peu trop ostensible, sa façon de me dire à quel point les psychologues n’ont vraiment rien compris à la question de l’inconscient, elle surprend, fascine, et agace tout en même temps. Peut-être est-ce par ce tout que je ne sais pas trop quoi faire. Pourtant Madeleine, elle a tous ces symptômes qui devraient me faire réagir, m’inspirer, me guider vers telle ou telle tech- nique : elle me décrit ses troubles du com- portement alimentaire, aussi anciens que son sentiment de tourner en rond avec depuis des dizaines d’années, elle me laisse apercevoir, dans l’entrebâillement subtil de sa narration et de ses curieuses provocations, tantôt des troubles de l’alcool, ici des vomissements forcés, là quelques autres traumatismes, peut-être des agressions sexuelles...
Pourtant, rien n’y fait. Je n’accroche pas, je ne sais pas. Je le sais, et le mets bien dans ma conscience, tout au devant...
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Dr Adrian CHABOCHE Spécialiste en médecine générale et globale au Centre Vitruve. Il est praticien attaché au Centre de traitement de la douleur CHU Ambroise-Paré. Il enseigne au sein du DU Hypnoanalgésie et utilisation de techniques non pharmacologiques dans le traitement de la douleur, Université de Versailles.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°75 version Papier N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv. 2025
Les interactions pour favoriser un changement
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
. Résumé
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Travailler sur les interactions pour favoriser un changement.
Editorial Dr Julien BETBEZE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv. 2025
Les interactions pour favoriser un changement
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
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Les interactions pour favoriser un changement
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
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Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
La peur du conflit. Utilisation de stratagèmes.
Dr Michel DUMAS pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74. Endurer, prendre sur soi, se retenir d’en parler. Et surtout, éviter tout conflit. La solution à apporter à la patiente Stéphanie de sortir d’un schéma bloqué avec son mari ? User de stratagèmes pour se vacciner contre l’allergie au conflit.
Je reçois Stéphanie, 59 ans, aide-soignante.
- Thérapeute : « Bonjour Stéphanie, qu’est-ce qui vous ferait dire merci à l’hypnose ou aux thérapies brèves dans les jours à venir ?
- Stéphanie : Je dirais merci si mon mari était plus gentil avec moi !
- Th. : Il n’est pas gentil avec vous ?
- Stéphanie : Je fais tout ce que je peux pour le contenter et il ne fait jamais rien pour moi ni à la maison. Je vous avoue que nous n’avons plus de rapports sexuels depuis quelques années. Cela me blesse beaucoup car j’ai peur de ne plus être aimée. Il reste très gentil avec moi mais j’ai l’impression qu’il s’en fout. Il est souvent triste et reste seul devant son téléviseur.
- Th. : Que dit-il quand vous lui expliquez ce problème ?
- Stéphanie : J’ai peur de déclencher un conflit. Je n’ose pas lui en parler. Alors, je ne dis rien.
- Th. : Voyez-vous ainsi les choses s’améliorer ?
- Stéphanie : Non, au contraire, mais j’ai peur de ne plus être aimée.
- Th. : Votre mari a certainement de bonnes raisons pour se comporter ainsi. Sans ses explications, il est impossible de savoir. Pensez-vous qu’il est dépressif ? Il a des soucis dans son travail ?
- Stéphanie : Oui, il a des soucis professionnels. Il est artisan plombier. Ça ne marche pas comme il voudrait.
- Th. : Il aurait peut-être besoin d’une thérapie, mais vous comprenez bien que nous ne pouvons pas forcer les gens à se soigner pour aller mieux. L’hypnose et les thérapies brèves vous apprennent aujourd’hui que le fait d’être très gentille avec lui peut, hélas, produire l’effet inverse. Par exemple, plus un insomniaque veut trouver le sommeil, moins il le trouvera... »
- Th. : « Je me permets de vous raconter une histoire vraie. Il y a quelques années, j’ai reçu une patiente qui avait des problèmes de couple.
Elle croyait que son mari la trompait. Elle avait vu des messages suspects sur son smartphone. Son mari a essayé de la rassurer. Une fois la crise passée, elle a mis en place un fonctionnement qui a augmenté son stress. Elle m’a expliqué qu’elle surveillait son téléphone, ses mails, l’heure de son retour à la maison... Cette patiente, très intelligente, m’avoue sa crainte : “je le surveille tellement que je crains de faire exploser notre couple. Mais c’est plus fort que moi, je n’ai plus confiance et je lui mets beaucoup de pression. Je crains que ce soit maintenant moi qui favorise un divorce”. Elle ne savait plus comment faire. L’hypnose …
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Dr Michel DUMAS Médecin généraliste à Nîmes depuis 1984. DU d’hypnose médicale en 2011 à la Faculté de médecine de Montpellier. Perfectionnement à la Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière à Paris. Formé aux thérapies brèves et aux thérapies narratives à l’ARePTA-IMHENA à Nantes.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
- Thérapeute : « Bonjour Stéphanie, qu’est-ce qui vous ferait dire merci à l’hypnose ou aux thérapies brèves dans les jours à venir ?
- Stéphanie : Je dirais merci si mon mari était plus gentil avec moi !
- Th. : Il n’est pas gentil avec vous ?
- Stéphanie : Je fais tout ce que je peux pour le contenter et il ne fait jamais rien pour moi ni à la maison. Je vous avoue que nous n’avons plus de rapports sexuels depuis quelques années. Cela me blesse beaucoup car j’ai peur de ne plus être aimée. Il reste très gentil avec moi mais j’ai l’impression qu’il s’en fout. Il est souvent triste et reste seul devant son téléviseur.
- Th. : Que dit-il quand vous lui expliquez ce problème ?
- Stéphanie : J’ai peur de déclencher un conflit. Je n’ose pas lui en parler. Alors, je ne dis rien.
- Th. : Voyez-vous ainsi les choses s’améliorer ?
- Stéphanie : Non, au contraire, mais j’ai peur de ne plus être aimée.
- Th. : Votre mari a certainement de bonnes raisons pour se comporter ainsi. Sans ses explications, il est impossible de savoir. Pensez-vous qu’il est dépressif ? Il a des soucis dans son travail ?
- Stéphanie : Oui, il a des soucis professionnels. Il est artisan plombier. Ça ne marche pas comme il voudrait.
- Th. : Il aurait peut-être besoin d’une thérapie, mais vous comprenez bien que nous ne pouvons pas forcer les gens à se soigner pour aller mieux. L’hypnose et les thérapies brèves vous apprennent aujourd’hui que le fait d’être très gentille avec lui peut, hélas, produire l’effet inverse. Par exemple, plus un insomniaque veut trouver le sommeil, moins il le trouvera... »
- Th. : « Je me permets de vous raconter une histoire vraie. Il y a quelques années, j’ai reçu une patiente qui avait des problèmes de couple.
Elle croyait que son mari la trompait. Elle avait vu des messages suspects sur son smartphone. Son mari a essayé de la rassurer. Une fois la crise passée, elle a mis en place un fonctionnement qui a augmenté son stress. Elle m’a expliqué qu’elle surveillait son téléphone, ses mails, l’heure de son retour à la maison... Cette patiente, très intelligente, m’avoue sa crainte : “je le surveille tellement que je crains de faire exploser notre couple. Mais c’est plus fort que moi, je n’ai plus confiance et je lui mets beaucoup de pression. Je crains que ce soit maintenant moi qui favorise un divorce”. Elle ne savait plus comment faire. L’hypnose …
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Dr Michel DUMAS Médecin généraliste à Nîmes depuis 1984. DU d’hypnose médicale en 2011 à la Faculté de médecine de Montpellier. Perfectionnement à la Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière à Paris. Formé aux thérapies brèves et aux thérapies narratives à l’ARePTA-IMHENA à Nantes.
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La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
La puissance thérapeutique de la relation humaine.
Editorial Dr Julien BETBEZE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74.
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
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