- Hypnose et thérapie systémique en soins palliatifs.
- Le temps passe, se fige et s'ouvre dans le mouvement de la vie.
- La présence. Dr Adrian CHABOCHE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
- Travailler sur les interactions pour favoriser un changement.
- La puissance thérapeutique de la relation humaine.
Travailler sur les interactions pour favoriser un changement.
Editorial Dr Julien BETBEZE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.
N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv. 2025
Les interactions pour favoriser un changement
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
. Résumé
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°75 version Papier
Les interactions pour favoriser un changement
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
. Résumé
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°75 version Papier
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Psychothérapie en rupture amoureuse. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74.
Blessée, salie par l’épreuve d’une rupture après quatre années de relation, Mélanie suit une thérapie mêlant hypnose, technique des mains de Rossi et exercice de la vague magique. Jusqu’au sentiment, au fil des séances, d’être « sortie » de cette relation.
Ce texte vise à partager les différentes étapes de la psychothérapie d’une jeune patiente de 26 ans, venant suite à une rupture amoureuse et n’ayant jamais expérimenté l’hypnose et l’expérience de la thérapeute que je suis, qui découvre chaque jour un peu plus sa créativité et la laisse prendre la place qu’elle a à prendre depuis la fin de sa formation en hypnose et thérapie brève en décembre 2022 (IMHEN de Normandie).
Ce texte est aussi une première pour moi : s’autoriser à écrire et le faire partager.
PREMIÈRE ET DEUXIÈME RENCONTRES : ÉLABORATION DE LA DEMANDE ET SON CONTEXTE.
Mélanie consulte à la suite de la séparation initiée par son conjoint Pierre après quatre ans de relation. Elle évoque une influence toxique d’un couple d’amis de ce dernier qui lui renvoyait constamment qu’elle n’était pas assez bien pour lui. Propos qu’il répercutera sur elle régulièrement. « Tu as pris trop de poids, comment puis-je te désirer ? » A Noël, lorsqu’elle lui demande ce qu’il souhaite comme cadeau, il lui répond : « Je veux rien, juste une femme qui s’assume et non une moche. » Elle subit des humiliations par ce couple d’amis qui, pour la préparation de l’anniversaire de Pierre, ne lui laissent aucune possibilité de prise de décision. Ils organisent une grande soirée qui ne correspond pas aux préférences habituelles de Pierre, ils forcent Mélanie à porter les vêtements de cette autre femme, trop grands pour elle. Pierre reprochera à Mélanie l’organisation de cette soirée.
Pierre et ses amis veulent qu’elle LEUR fasse un enfant. Elle s’y oppose. Pendant cette séance, j’oserai lui dire que cette séparation est le plus beau cadeau qu’il a pu lui faire, même s’il lui est impossible de le ressentir comme tel pour le moment. Lors de la deuxième séance, Mélanie commence déjà à ressentir quelques bienfaits de cette séparation, elle revoit des amies, prend du plaisir à faire des choses simples. Elle envisage la possibilité de changer de région mais cela correspond davantage à une fuite. Elle a peur de le voir partout. Elle évoque l’apparition de troubles alimentaires à tendance restrictive et une augmentation de sa pratique sportive. Elle souhaite perdre les 10 kilos pris durant cette relation. Il a altéré son image de soi. Elle ne peut plus se regarder dans le miroir. Elle a déjà perdu 9 kilos et s’est déjà fait vomir à deux reprises par culpabilité d’avoir mangé. Elle n’a pas d’antécédents de trouble du comportement alimentaire. Je ressens une certaine urgence à l’aider à trouver les ressources nécessaires pour endiguer ce processus.
D’abord sur un versant plus intellectualisé à la façon d’une éducation thérapeutique, je valide son désir de perte de poids et lui donne des informations sur le métabolisme de base et comment la restriction alimentaire a pour effet de le ralentir. Je ressens bien qu’elle prend toutes ces informations mais que nullement cela ne s’ancre en elle. Gratter la glace sur le haut de l’iceberg n’est pas suffisant, c’est sous l’eau qu’il faut que je l’accompagne.
TROISIÈME RENCONTRE : LA VAGUE MAGIQUE.
Lors de cet entretien, elle me dit ne pas avoir trouvé de solutions aux problèmes alimentaires. Les quelques périodes où elle a pu s’autoriser à manger avec un léger appétit, l’augmentation du sport a été la solution.
- Mélanie : « J’ai tellement peur qu’on ne m’accepte pas comme je suis. Qu’est-ce qui me dit que si je rencontre quelqu’un d’autre cela ne recommencera pas ?
- Thérapeute : Qu’est-ce qui vous empêche d’avancer ?
- Mélanie : Les mots qu’il a pu me dire. J’étais incapable de partir. Il m’a salie. » Me vient alors à l’esprit l’image d’une eau, d’une mer qui lave dont les vagues apportent les ressources et repartent avec le mauvais, avec ce qui l’entrave. Je lui propose alors de découvrir l’hypnose. Elle accepte. Je lui demande au préalable si elle a peur de l’eau. Cela n’est pas le cas.
PROTOCOLE :
- Th. : « Préférez-vous avoir les yeux ouverts ou fermés ?
- Mélanie : Fermés.
- Th. : Juste avant qu’ils ne se ferment, je vous laisse fixer quelques instants un point au niveau de la ligne d’horizon, ni trop haut ni trop bas. Voilà, comme ceci. Vous observez intensément, profondément ce point et tous ses détails : sa couleur... sa forme... sa taille... Et vous constatez comme avec un appareil photo que vous pouvez zoomer ou dézoomer, le voir plus précisément dans ses détails ou bien plus flou. (Les paupières clignent davantage.)
- Th. : Très bien, les paupières cherchent à se fermer et se ferment (ratification). Pendant que les yeux sont fermés, une part de vous entend tous les sons autour de vous, propres à cette pièce ou bien extérieurs. Ces sons vous accompagneront et ne vous dérangeront pas. Maintenant votre attention se focalise sur la façon dont votre corps est posé dans son fauteuil, la façon dont le dos perçoit le rebond, le confort de son dossier. La façon dont vos épaules sont positionnées... la façon dont votre bassin est confortablement installé... puis vos jambes... vos genoux... vos pieds... bien ancrés dans le sol, et même de vous amuser à sentir comme les orteils ont envie de bouger légèrement pour ressentir le contact de la chaussure. Maintenant derrière les paupières vous percevez le chemin qui mène à une plage... que vous connaissez ou bien imaginaire... ça n’a pas d’importance. Les pas vous emmènent progressivement, tranquillement, vers cette mer dans laquelle vous rentrerez tout à l’heure, mais pas tout de suite... Je ne sais pas comment vous êtes, si vous êtes habillée, en maillot de bain ou nue... seule vous savez... Les yeux observent l’horizon, les vagues qui viennent et repartent au rythme que vous souhaitez, ce qui est juste confortable pour vous. Cette mer a un pouvoir magique, elle permet à celui qui s’autorise à y entrer de laisser partir ce qui n’est pas bon pour lui et de prendre ce dont il a besoin, de laisser rentrer en soi les ressources qui permettront d’avancer. Indiquez-moi lorsque vous êtes au bord de la plage... quand les pieds ressentent la sensation de l’eau... sa température. Le corps avance progressivement... à son rythme et rentre dans l’eau... jusqu’au niveau où c’est confortable pour vous. Lorsque c’est OK pour vous, faites-moi signe... OK, parfait ! Pouvez-vous me dire où arrive l’eau ? (elle me montre sa poitrine). Parfait, au niveau du coeur... Vous êtes là, stable, et vous regardez cette vague qui arrive tranquillement, à son rythme... Elle vient toucher votre coeur et vous constatez qu’en repartant elle emporte avec elle une des choses qui n’est pas bonne pour vous... que ce soit sous forme d’image... de symboles... de mots... ou tout autre chose... Et vous la regardez partir loin... loin... très loin... et puis vous observez cette nouvelle vague qui arrive pour vous apporter ce dont vous avez besoin... quelque chose de connu... ou quelque chose de nouveau... et vous pouvez vous autoriser à ressentir ce cadeau en vous, peu importe ce que c’est... seule vous savez... La conscience n’a pas besoin de savoir, l’inconscient sait ce qui est bon pour vous... » Puis nous répétons la même séquence avec d’autres vagues en insistant « sur le fait que les vagues repartent loin jusqu’à ce que vous ne les voyiez plus, jusqu’à oublier... ces mots... ces images... Vous ressentez en vous ce qu’il vous est nécessaire... pour vous sentir gagner en légèreté... ce qui va vous permettre, lorsque vous sortirez de l’eau, de prendre le chemin que vous devez prendre... ».
- Th. : « Comment c’est en vous ? Comment vous vous sentez ?
- Mélanie : Bien.
- Th. : Est-ce suffisant ou est-il nécessaire de continuer ?
- Mélanie : Peut-être encore un peu.
- Th. : Parfait, alors continuez... faites ce que vous avez à faire... seule vous savez ce qui est bon pour vous. Je vais me taire quelques instants pour vous laisser finir... Et lorsque ce qui doit être fait est fait, vous me faites un signe (silence de 3 minutes)... »
- Th. (après le signal) : Maintenant, vous allez commencer à sortir de l’eau, à votre rythme. Je ne sais pas si vous vous retournez sans regarder derrière ou si vous sortez en reculant. Ça n’a pas d’importance... uniquement ce qui est bon pour vous... Et tout en sachant que vous aurez la possibilité de revenir sur cette plage lorsque vous en aurez besoin, aussi souvent que nécessaire... pour ne pas vous laisser submerger... (3 répétitions de la suggestion). Vous oublierez de cette séance ce dont vous n’avez pas besoin, vous garderez uniquement ce qui est utile pour vous (suggestion d’oubli afin de renforcer la suggestion faite sur l’amnésie de ce qui est mauvais lorsque la vague repart loin). Voilà, maintenant vous marchez pour quitter cette plage et à chaque pas vous revenez de plus en plus ici et maintenant avec moi. »
ÉCHANGE DE FIN, PETIT RETOUR D’EXPÉRIENCE :
- Th. : « Comment vous vous sentez ? Un commentaire ?
- Mélanie : Bien. Cela permet de laisser les choses loin et avancer. Prendre du recul.
- Th. : Vous sentez que cela vous a été utile ?
- Mélanie : Oui.
- Th. : Nous n’allons pas débriefer davantage car l’exercice va continuer à agir. Et comme je vous le disais, vous referez cet exercice quand vous en aurez besoin, autant de fois que nécessaire et où vous le souhaitez... chez vous... ou ailleurs. Et vous me redirez la semaine prochaine ce qui a déjà changé, OK ?
- Mélanie : D’accord. »
QUATRIÈME RENCONTRE : ÉVALUATION DES CHANGEMENTS RESSENTIS ET MAINS DE ROSSI
- Th. : « Comment vous sentez-vous ?
- Mélanie : De mieux en mieux.
- Th. : Comment c’est mieux ?
- Mélanie : Je suis pas mal occupée. Je me fixe des nouveaux objectifs. Je cours beaucoup car je me suis inscrite à des concours d’athlétisme. Je sors avec des copines et j’ai un projet de vacances.
- Th. : Bien. Et au niveau alimentaire ?
- Mélanie : Cela dépend des jours. C’est plus compliqué quand je suis au travail. Je ne mange presque pas. Je ne prends pas le temps de me faire à manger.
- Th. : A la maison ?
- Mélanie : Non. Je vais courir, donc il faut que je mange.
- Th. : Est-ce que vous pouvez vous autoriser à vous obliger de vous préparer une gamelle ?
- Mélanie : Oui, je devrais.
- Th. : Comment vous êtes-vous sentie après notre dernière séance ?
- Mélanie : Libérée ! Je pense de moins en moins à la séparation. Avant c’était davantage présent.
- Th. : Bien. Et l’image de vous-même ?
- Mélanie : C’est encore compliqué. Je ne vois pas comme je suis.
- Th. : Avez-vous moins l’impression d’être salie ?
- Mélanie : Oui... encore un peu.
- Th. : D’accord. Vous ressentez votre image encore un peu salie mais vous ressentez pleinement cette libération de la séparation.
- Mélanie : Oui. De me dire que c’était un cadeau qu’il soit parti, c’était pas possible, et plus ça va, plus je me rends compte que si, en fait. Je suis bien mieux maintenant que pendant la relation de quatre ans.
- Th. : De quoi auriez-vous besoin aujourd’hui pour vous sentir mieux ? Qu’un jour vous vous disiez que vous n’avez plus besoin de venir me voir ?
- Mélanie : La confiance en soi, car elle est absente dans tout, même au travail.
- Th. : Quel serait le premier signe que cette confiance commence doucement à revenir ?
- Mélanie : En allant vers les autres ?
- Th. : L’avez-vous déjà ressentie cette confiance ?
- Mélanie : Oui.
- Th. : Dans quel domaine c’est le plus difficile cette confiance ?
- Mélanie : L’apparence. Avant cette relation, je m’assumais et vivais très bien avec mon corps.
- Th. : En gros, vous êtes en train de me dire que vous avez une partie de vous qui sait, qui connaît cette confiance en soi, et qu’il y a une autre partie de vous encore sous le coup du traumatisme de cette relation qui l’ignore. Elles ne communiquent pas ces deux parties. Peut-être ont-elles des choses à se dire, à s’offrir l’une à l’autre ?
- Mélanie : Oui, je crois.
- Th. : Voulez-vous que nous les laissions communiquer ensemble, se dire ce qu’elles ont à se dire, s’écouter mutuellement, qu’elles s’offrent ce qu’elles ont à s’offrir ?
- Mélanie : Oui. »
Pour lire la suite...
Delphine Le Gris Psychologue clinicienne diplômée en 2013 d’un master Psychologie clinique et pathologique. Formation à l’hypnose et aux thérapies brèves au sein de l’IMHEN de Normandie en 2021-2022. Exerce en libéral depuis 2020.
N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Ce texte vise à partager les différentes étapes de la psychothérapie d’une jeune patiente de 26 ans, venant suite à une rupture amoureuse et n’ayant jamais expérimenté l’hypnose et l’expérience de la thérapeute que je suis, qui découvre chaque jour un peu plus sa créativité et la laisse prendre la place qu’elle a à prendre depuis la fin de sa formation en hypnose et thérapie brève en décembre 2022 (IMHEN de Normandie).
Ce texte est aussi une première pour moi : s’autoriser à écrire et le faire partager.
PREMIÈRE ET DEUXIÈME RENCONTRES : ÉLABORATION DE LA DEMANDE ET SON CONTEXTE.
Mélanie consulte à la suite de la séparation initiée par son conjoint Pierre après quatre ans de relation. Elle évoque une influence toxique d’un couple d’amis de ce dernier qui lui renvoyait constamment qu’elle n’était pas assez bien pour lui. Propos qu’il répercutera sur elle régulièrement. « Tu as pris trop de poids, comment puis-je te désirer ? » A Noël, lorsqu’elle lui demande ce qu’il souhaite comme cadeau, il lui répond : « Je veux rien, juste une femme qui s’assume et non une moche. » Elle subit des humiliations par ce couple d’amis qui, pour la préparation de l’anniversaire de Pierre, ne lui laissent aucune possibilité de prise de décision. Ils organisent une grande soirée qui ne correspond pas aux préférences habituelles de Pierre, ils forcent Mélanie à porter les vêtements de cette autre femme, trop grands pour elle. Pierre reprochera à Mélanie l’organisation de cette soirée.
Pierre et ses amis veulent qu’elle LEUR fasse un enfant. Elle s’y oppose. Pendant cette séance, j’oserai lui dire que cette séparation est le plus beau cadeau qu’il a pu lui faire, même s’il lui est impossible de le ressentir comme tel pour le moment. Lors de la deuxième séance, Mélanie commence déjà à ressentir quelques bienfaits de cette séparation, elle revoit des amies, prend du plaisir à faire des choses simples. Elle envisage la possibilité de changer de région mais cela correspond davantage à une fuite. Elle a peur de le voir partout. Elle évoque l’apparition de troubles alimentaires à tendance restrictive et une augmentation de sa pratique sportive. Elle souhaite perdre les 10 kilos pris durant cette relation. Il a altéré son image de soi. Elle ne peut plus se regarder dans le miroir. Elle a déjà perdu 9 kilos et s’est déjà fait vomir à deux reprises par culpabilité d’avoir mangé. Elle n’a pas d’antécédents de trouble du comportement alimentaire. Je ressens une certaine urgence à l’aider à trouver les ressources nécessaires pour endiguer ce processus.
D’abord sur un versant plus intellectualisé à la façon d’une éducation thérapeutique, je valide son désir de perte de poids et lui donne des informations sur le métabolisme de base et comment la restriction alimentaire a pour effet de le ralentir. Je ressens bien qu’elle prend toutes ces informations mais que nullement cela ne s’ancre en elle. Gratter la glace sur le haut de l’iceberg n’est pas suffisant, c’est sous l’eau qu’il faut que je l’accompagne.
TROISIÈME RENCONTRE : LA VAGUE MAGIQUE.
Lors de cet entretien, elle me dit ne pas avoir trouvé de solutions aux problèmes alimentaires. Les quelques périodes où elle a pu s’autoriser à manger avec un léger appétit, l’augmentation du sport a été la solution.
- Mélanie : « J’ai tellement peur qu’on ne m’accepte pas comme je suis. Qu’est-ce qui me dit que si je rencontre quelqu’un d’autre cela ne recommencera pas ?
- Thérapeute : Qu’est-ce qui vous empêche d’avancer ?
- Mélanie : Les mots qu’il a pu me dire. J’étais incapable de partir. Il m’a salie. » Me vient alors à l’esprit l’image d’une eau, d’une mer qui lave dont les vagues apportent les ressources et repartent avec le mauvais, avec ce qui l’entrave. Je lui propose alors de découvrir l’hypnose. Elle accepte. Je lui demande au préalable si elle a peur de l’eau. Cela n’est pas le cas.
PROTOCOLE :
- Th. : « Préférez-vous avoir les yeux ouverts ou fermés ?
- Mélanie : Fermés.
- Th. : Juste avant qu’ils ne se ferment, je vous laisse fixer quelques instants un point au niveau de la ligne d’horizon, ni trop haut ni trop bas. Voilà, comme ceci. Vous observez intensément, profondément ce point et tous ses détails : sa couleur... sa forme... sa taille... Et vous constatez comme avec un appareil photo que vous pouvez zoomer ou dézoomer, le voir plus précisément dans ses détails ou bien plus flou. (Les paupières clignent davantage.)
- Th. : Très bien, les paupières cherchent à se fermer et se ferment (ratification). Pendant que les yeux sont fermés, une part de vous entend tous les sons autour de vous, propres à cette pièce ou bien extérieurs. Ces sons vous accompagneront et ne vous dérangeront pas. Maintenant votre attention se focalise sur la façon dont votre corps est posé dans son fauteuil, la façon dont le dos perçoit le rebond, le confort de son dossier. La façon dont vos épaules sont positionnées... la façon dont votre bassin est confortablement installé... puis vos jambes... vos genoux... vos pieds... bien ancrés dans le sol, et même de vous amuser à sentir comme les orteils ont envie de bouger légèrement pour ressentir le contact de la chaussure. Maintenant derrière les paupières vous percevez le chemin qui mène à une plage... que vous connaissez ou bien imaginaire... ça n’a pas d’importance. Les pas vous emmènent progressivement, tranquillement, vers cette mer dans laquelle vous rentrerez tout à l’heure, mais pas tout de suite... Je ne sais pas comment vous êtes, si vous êtes habillée, en maillot de bain ou nue... seule vous savez... Les yeux observent l’horizon, les vagues qui viennent et repartent au rythme que vous souhaitez, ce qui est juste confortable pour vous. Cette mer a un pouvoir magique, elle permet à celui qui s’autorise à y entrer de laisser partir ce qui n’est pas bon pour lui et de prendre ce dont il a besoin, de laisser rentrer en soi les ressources qui permettront d’avancer. Indiquez-moi lorsque vous êtes au bord de la plage... quand les pieds ressentent la sensation de l’eau... sa température. Le corps avance progressivement... à son rythme et rentre dans l’eau... jusqu’au niveau où c’est confortable pour vous. Lorsque c’est OK pour vous, faites-moi signe... OK, parfait ! Pouvez-vous me dire où arrive l’eau ? (elle me montre sa poitrine). Parfait, au niveau du coeur... Vous êtes là, stable, et vous regardez cette vague qui arrive tranquillement, à son rythme... Elle vient toucher votre coeur et vous constatez qu’en repartant elle emporte avec elle une des choses qui n’est pas bonne pour vous... que ce soit sous forme d’image... de symboles... de mots... ou tout autre chose... Et vous la regardez partir loin... loin... très loin... et puis vous observez cette nouvelle vague qui arrive pour vous apporter ce dont vous avez besoin... quelque chose de connu... ou quelque chose de nouveau... et vous pouvez vous autoriser à ressentir ce cadeau en vous, peu importe ce que c’est... seule vous savez... La conscience n’a pas besoin de savoir, l’inconscient sait ce qui est bon pour vous... » Puis nous répétons la même séquence avec d’autres vagues en insistant « sur le fait que les vagues repartent loin jusqu’à ce que vous ne les voyiez plus, jusqu’à oublier... ces mots... ces images... Vous ressentez en vous ce qu’il vous est nécessaire... pour vous sentir gagner en légèreté... ce qui va vous permettre, lorsque vous sortirez de l’eau, de prendre le chemin que vous devez prendre... ».
- Th. : « Comment c’est en vous ? Comment vous vous sentez ?
- Mélanie : Bien.
- Th. : Est-ce suffisant ou est-il nécessaire de continuer ?
- Mélanie : Peut-être encore un peu.
- Th. : Parfait, alors continuez... faites ce que vous avez à faire... seule vous savez ce qui est bon pour vous. Je vais me taire quelques instants pour vous laisser finir... Et lorsque ce qui doit être fait est fait, vous me faites un signe (silence de 3 minutes)... »
- Th. (après le signal) : Maintenant, vous allez commencer à sortir de l’eau, à votre rythme. Je ne sais pas si vous vous retournez sans regarder derrière ou si vous sortez en reculant. Ça n’a pas d’importance... uniquement ce qui est bon pour vous... Et tout en sachant que vous aurez la possibilité de revenir sur cette plage lorsque vous en aurez besoin, aussi souvent que nécessaire... pour ne pas vous laisser submerger... (3 répétitions de la suggestion). Vous oublierez de cette séance ce dont vous n’avez pas besoin, vous garderez uniquement ce qui est utile pour vous (suggestion d’oubli afin de renforcer la suggestion faite sur l’amnésie de ce qui est mauvais lorsque la vague repart loin). Voilà, maintenant vous marchez pour quitter cette plage et à chaque pas vous revenez de plus en plus ici et maintenant avec moi. »
ÉCHANGE DE FIN, PETIT RETOUR D’EXPÉRIENCE :
- Th. : « Comment vous vous sentez ? Un commentaire ?
- Mélanie : Bien. Cela permet de laisser les choses loin et avancer. Prendre du recul.
- Th. : Vous sentez que cela vous a été utile ?
- Mélanie : Oui.
- Th. : Nous n’allons pas débriefer davantage car l’exercice va continuer à agir. Et comme je vous le disais, vous referez cet exercice quand vous en aurez besoin, autant de fois que nécessaire et où vous le souhaitez... chez vous... ou ailleurs. Et vous me redirez la semaine prochaine ce qui a déjà changé, OK ?
- Mélanie : D’accord. »
QUATRIÈME RENCONTRE : ÉVALUATION DES CHANGEMENTS RESSENTIS ET MAINS DE ROSSI
- Th. : « Comment vous sentez-vous ?
- Mélanie : De mieux en mieux.
- Th. : Comment c’est mieux ?
- Mélanie : Je suis pas mal occupée. Je me fixe des nouveaux objectifs. Je cours beaucoup car je me suis inscrite à des concours d’athlétisme. Je sors avec des copines et j’ai un projet de vacances.
- Th. : Bien. Et au niveau alimentaire ?
- Mélanie : Cela dépend des jours. C’est plus compliqué quand je suis au travail. Je ne mange presque pas. Je ne prends pas le temps de me faire à manger.
- Th. : A la maison ?
- Mélanie : Non. Je vais courir, donc il faut que je mange.
- Th. : Est-ce que vous pouvez vous autoriser à vous obliger de vous préparer une gamelle ?
- Mélanie : Oui, je devrais.
- Th. : Comment vous êtes-vous sentie après notre dernière séance ?
- Mélanie : Libérée ! Je pense de moins en moins à la séparation. Avant c’était davantage présent.
- Th. : Bien. Et l’image de vous-même ?
- Mélanie : C’est encore compliqué. Je ne vois pas comme je suis.
- Th. : Avez-vous moins l’impression d’être salie ?
- Mélanie : Oui... encore un peu.
- Th. : D’accord. Vous ressentez votre image encore un peu salie mais vous ressentez pleinement cette libération de la séparation.
- Mélanie : Oui. De me dire que c’était un cadeau qu’il soit parti, c’était pas possible, et plus ça va, plus je me rends compte que si, en fait. Je suis bien mieux maintenant que pendant la relation de quatre ans.
- Th. : De quoi auriez-vous besoin aujourd’hui pour vous sentir mieux ? Qu’un jour vous vous disiez que vous n’avez plus besoin de venir me voir ?
- Mélanie : La confiance en soi, car elle est absente dans tout, même au travail.
- Th. : Quel serait le premier signe que cette confiance commence doucement à revenir ?
- Mélanie : En allant vers les autres ?
- Th. : L’avez-vous déjà ressentie cette confiance ?
- Mélanie : Oui.
- Th. : Dans quel domaine c’est le plus difficile cette confiance ?
- Mélanie : L’apparence. Avant cette relation, je m’assumais et vivais très bien avec mon corps.
- Th. : En gros, vous êtes en train de me dire que vous avez une partie de vous qui sait, qui connaît cette confiance en soi, et qu’il y a une autre partie de vous encore sous le coup du traumatisme de cette relation qui l’ignore. Elles ne communiquent pas ces deux parties. Peut-être ont-elles des choses à se dire, à s’offrir l’une à l’autre ?
- Mélanie : Oui, je crois.
- Th. : Voulez-vous que nous les laissions communiquer ensemble, se dire ce qu’elles ont à se dire, s’écouter mutuellement, qu’elles s’offrent ce qu’elles ont à s’offrir ?
- Mélanie : Oui. »
Pour lire la suite...
Delphine Le Gris Psychologue clinicienne diplômée en 2013 d’un master Psychologie clinique et pathologique. Formation à l’hypnose et aux thérapies brèves au sein de l’IMHEN de Normandie en 2021-2022. Exerce en libéral depuis 2020.
N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Génèse de l'empathie. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74.
HISTOIRE, MÉCANISMES ET ENJEUX. Dr Olivier de Palézieux pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74. Qu’est-ce que l’empathie et d’où vient-elle ? Depuis les origines, entre tours, détours, théories et variations à travers le temps, l’auteur nous entraîne dans le sillage de l’empathie, en explorant sa double dimension émotionnelle et cognitive.
L’empathie est un concept nomade qui intéresse aussi bien la psychanalyse, la psychologie, la philosophie, les neurosciences, l’hypnose, que l’économie et le management jusqu’à la communication. Mais que sait-on de ce mot qui vient du grec pathos, et qui sous-entend une rencontre entre deux êtres ? L’empathie, au-delà de son intérêt clinique, comme outil présumé de relation thérapeutique, pose d’abord la question du quoi ? et du comment ? dans ce qui se transmet entre le sujet empathique et celui avec lequel il est en empathie. Afin de déterminer son champ d’utilisation, il importe d’en comprendre les mécanismes et les enjeux. Nous proposons dans cet article de faire le bilan de ce qu’est aujourd’hui l’empathie à travers son histoire.
DES ORIGINES AUX THÉORIES SUCCESSIVES.
Dès l’Antiquité, la sympathie précède l’empathie. Hippocrate et Aristote y voient la résonance pathologique entre les organes du corps, parlant de sympathie entre ces derniers. La sympathie, c’est d’être affecté par les souffrances du prochain, c’est comme une corde tendue entre deux individus sur laquelle on peut créer une vibration commune. Après avoir été définie en 1759 par Adam Smith, puis en 1800 par Pierre-Jean- Georges Cabanis comme l’opérateur essentiel des rapports entre les hommes, la sympathie va tendre vers des débats esthétiques jusqu’à désigner un sentiment d’attirance, pour quelqu’un ou quelque objet. De cette autonomisation esthétique, c’est un nouveau terme qui va surgir en 1873 par le philosophe allemand Robert Vischer, l’« Einfühlung », dont la traduction sera l’« empathie ».
En 1909, Theodor Lipps effectue un transfert de ce concept, de l’esthétique vers la psychologie. Il remarque qu’en observant un funambule sur sa corde, on ne peut s’empêcher d’imiter certains de ses mouvements se succédant, de perte et de rétablissement d’équilibre. L’empathie se réfère ainsi à une imitation « suspendue » comme si nous simulions intérieurement et instinctivement un acte, voire même une émotion. La psychanalyse s’empare de l’empathie, avec Sigmund Freud qui la compare au principe d’imitation, mais en précisant que c’est comme si on accompagnait sans que l’imitation soit effectuée. Il précise que dans une cure, il faut maintenir cette Einfühlung, sans moraliser, sans prendre parti, en restant juste dans cette attitude empathique, un long moment parfois ; comme une patience requise pour éviter des interprétations prématurées ; comme une condition préalable à l’analyse ; comme il l’a fait pour pénétrer les modes de pensée de l’homme aux loups. Sándor Ferenczi le rejoint dans cette idée, mais adjoint le mot « tact » à l’empathie, comme condition et temporalité à la fois, pour permettre de se mettre au diapason de l’autre, de sentir avec. S’il peut y avoir une forme d’élasticité quant à leurs modes d’emploi respectifs de l’empathie, tous deux reconnaissent que celle-ci suppose une neutralité dans la proximité affective, car il y a bien de l’affect dans cette façon d’être.
D’un moyen de connaissance d’autrui pour Lipps ou pour Freud, l’empathie devient le fondement de la connaissance objective à travers l’intersubjectivité décrite par Husserl, pour qui l’altérité du semblable va arracher l’homme au solipsisme, pour le conduire à celle-ci, seul chemin possible vers un monde objectif. Sa pensée sera reprise dans la phénoménologie de la perception de Merleau- Ponty où l’accent est mis sur l’expérience du corps vécu. Paul Ricoeur, au travers d’une philosophie du langage, y adjoint la distance à poser, dans une profonde valeur éthique, avant même d’accorder à l’empathie un rôle premier dans la constitution de l’identité narrative ; une identité où l’individu ne se résume pas à la succession des différents états de son esprit et son corps ; une identité dont la compréhension réside dans la faculté de se mettre en position méta et d’observer les actions et les émotions qui s’en dégagent, pour les laisser s’organiser dans cette causalité spécifique qu’il appelle narrative. Carl Rogers, inspiré par une phénoménologie plus proche de Soren Kierkegaard, a joué un rôle important par la diffusion de l’empathie dans le champ des psychothérapies et du counseling, en la définissant comme un moteur de transformation attendu par un traitement psychothérapique. Dans une démarche empathique, le thérapeute perçoit le cadre de référence interne du « client » comme s’il était le « client », sans jamais perdre de vue la condition du « comme si », afin de ne jamais se perdre dans l’identification. Pour lui ce ne sont pas des concepts à appliquer, mais plus un savoir-être dans un souci permanent de congruence.
Heinz Kohut renforce le rôle dévolu à l’empathie en l’affirmant plus dans la connaissance que dans la réparation, comme une introspection par procuration étendue à autrui, une introspection vicariante, qui précède l’insight qui lui est subordonné (l’insight en psychologie cognitive est le niveau de conscience du trouble). A ce moment, tous s’accordent à reconnaître à l’empathie deux dimensions : une dimension affective, et une dimension cognitive. Ces deux dimensions s’expliquent tour à tour aussi bien au travers de la psychologie comportementale et cognitive, qu’au progrès des neurosciences depuis la fin du XXe siècle. La composante affective fait lien avec la résonance motrice non intentionnelle produite par les neurones miroirs découverts par Giacomo Rizzolatti, mais aussi avec l’universalité des six émotions primaires de Paul Eckman, perçues, ressenties et exprimées de façon équivalente chez tous les humains.
OBSERVATION DES NOUVEAUX-NÉS ET ÉVEIL EMPATHIQUE...
Ce mimétisme de résonance motrice, tout comme ces émotions partagées expliquent les phénomènes de facilitation sociale, ainsi que la contagion émotionnelle susceptible d’atteindre certains sujets trop empathiques envers d’autres ; particulièrement si cette composante affective prédomine sur l’autre composante, spontanément propice à la contagion émotionnelle, ou consécutivement à une altération de la composante cognitive comme dans les démences fronto-temporales. Cette capacité d’imitation que l’on retrouve dans la composante affective est en quelque sorte innée puisque l’observation des nouveaux-nés nous montre qu’ils possèdent dès le début de la vie cette possibilité de partage d’affect jusqu’à la contagion émotionnelle. Rapidement, ils développent des capacités d’identification et de discrimination du soi-autrui, appelé l’éveil empathique. Peu de temps après la naissance, en effet, le nouveau-né réagit différemment aux pleurs du nouveau-né du même âge, aux pleurs d’un adolescent, aux pleurs d’un bébé chimpanzé, voire à ses propres pleurs. Il ne pleure véritablement que s’il discrimine les pleurs de ses congénères du même âge. Dans les interactions de la mère avec son bébé, validant les théories d’André Green dans son concept de « la mère morte », en référence à l’effet structurant du regard maternel de Donald Winnicott, l’expérience où la mère montre un visage immobile, qui lui est imposé, qui engendre un immense malaise chez son bébé. Un nourrisson est impatient et avide du lien constitué au travers de l’imitation du visage de sa mère, y cherchant une reconnaissance mutuelle d’empathie. Tout porte à penser que le nouveau-né est déjà pourvu de pré-réseaux neuronaux de l’empathie, car dès la deuxième année de vie, il ajoute le souci de l’autre à sa construction de l’empathie.
NEUROSCIENCES ET LANGAGE EMPATHIQUE.
Ces théories sont modélisées par les découvertes des neurosciences, précisant les régions cérébrales concernées. De façon schématique, l’empathie émotionnelle est liée au registre du système limbique, incluant l’hypothalamus et le cortex parahippocampique, l’amygdale et d’autres régions comme l’insula et une partie du cortex préfrontal, quand l’empathie cognitive est liée au système du réseau exécutif impliquant préférentiellement le cortex frontal médian et fronto- temporal et le cortex cingulaire antérieur. La dimension cognitive de l’empathie est définie par Jean Decety comme la perception supplémentaire chez l’homme de percevoir l’autre comme un agent intentionnel, avec une capacité d’épouser, ou pas, sa perspective subjective. Decety l’appelle la reconnaissance et la compréhension minimale des états mentaux d’autrui, avec sa capacité discriminative de la distinction entre soi et l’autre, au-delà du partage affectif. Au travers de l’ontogénèse de l’empathie, nous constatons que, par le langage, l’enfant va progressivement comprendre vers l’âge de 4 ans que l’autre peut avoir des perceptions différentes de lui-même, sur les choses extérieures que lui voit à sa façon propre, dans sa quête de représentation du monde de l’autre. Nous pouvons avancer que le langage est facilitateur de la construction de l’empathie cognitive en liaison à la maturation de ses fonctions exécutives dont nous avons parlé. Il y a lieu d’insister sur ce pouvoir du langage par lequel nous opérons dans nos pratiques, que ce soit la psychanalyse, les thérapies cognitivo-comportementales, et toutes les autres thérapies brèves en passant par l’hypnose.
L’observation des nouveaux-nés nous montre qu’ils possèdent dès le début de la vie cette possibilité de partage d’affect jusqu’à la contagion émotionnelle. L’empathie se caractérise ainsi par ses deux composantes primaires : • une réponse affective envers autrui qui implique parfois un partage de son état émotionnel ; • une capacité cognitive de comprendre la perspective subjective de l’autre. Mais avec une barrière majeure, celle de ne pas prendre la place du patient, car selon la réponse prêtée à Jacques Lacan : « Et où voulez-vous que le patient soit, alors ? » Il est essentiel de le laisser dans son récit narratif en lui montrant juste qu’on est là, près de lui, mais sans être lui, tout en le comprenant dans ses affects, dans son discours. Par notre capacité d’empathie cognitive, qui rejoint celle du patient, on est dans la compréhension de son esprit. Et cela encore une fois grâce à ce langage empathique, qui dans sa spécificité traite l’autre comme égal à nousmêmes. Un langage qui se pratique avec tact, parfois de façon métaphorique. Il reste un excellent moyen de communiquer pour savoir quel est sentiment de l’autre, mais sans réelle certitude, car comme le rappelle Ludwig Wittgenstein, les mondes intérieurs sont incommunicables si on n’y adjoint pas le langage ; dans l’exemple de son célèbre récit du scarabée dans la boîte, où schématiquement la boîte est notre conscience, et le scarabée un des contenus. A travers le langage et l’échange, nous savons, sans certitude, que l’autre a un scarabée dans sa boîte, mais sans savoir réellement comment il est... Ainsi dans la relation empathique, l’autre est perçu comme l’alter ego, c’est-à-dire un autre moi, à la fois commun et différent.
L’EMPATHIE DANS LA RELATION THÉRAPEUTE-PATIENT.
Eu égard à la construction neurologique d’une empathie émotionnelle et d’une empathie cognitive, Julie Grèzes décrit cette dernière comme la constitution du self qui doit être bien finalisée pour que l’empathie puisse agir. Pour nous thérapeutes…
Pour lire la suite...
Dr Olivier de Palézieux Praticien hospitalier en médecine d’urgence. Chef de service à l’EPS Barthélemy-Durand - Centre régional de la douleur à Etampes (Essonne). Psychothérapeute certifié AFTCC, Access MBCT et ACT. Praticien en Hypnose médicale et enseignant de Mindfulness à l’université Toulouse III.
Ses publications : « Dossier Hypnose et méditation », « Hypnose & Thérapies brèves » n°56 ; « Construction contemporaine de la méditation et de l’hypnose au travers des neurosciences »,
« Hypnose & Thérapies brèves » n°57 ; Mémoire « Hypnose et méditation : une alliance thérapeutique ? »,
université de Paris-Saclay, 2019.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
DES ORIGINES AUX THÉORIES SUCCESSIVES.
Dès l’Antiquité, la sympathie précède l’empathie. Hippocrate et Aristote y voient la résonance pathologique entre les organes du corps, parlant de sympathie entre ces derniers. La sympathie, c’est d’être affecté par les souffrances du prochain, c’est comme une corde tendue entre deux individus sur laquelle on peut créer une vibration commune. Après avoir été définie en 1759 par Adam Smith, puis en 1800 par Pierre-Jean- Georges Cabanis comme l’opérateur essentiel des rapports entre les hommes, la sympathie va tendre vers des débats esthétiques jusqu’à désigner un sentiment d’attirance, pour quelqu’un ou quelque objet. De cette autonomisation esthétique, c’est un nouveau terme qui va surgir en 1873 par le philosophe allemand Robert Vischer, l’« Einfühlung », dont la traduction sera l’« empathie ».
En 1909, Theodor Lipps effectue un transfert de ce concept, de l’esthétique vers la psychologie. Il remarque qu’en observant un funambule sur sa corde, on ne peut s’empêcher d’imiter certains de ses mouvements se succédant, de perte et de rétablissement d’équilibre. L’empathie se réfère ainsi à une imitation « suspendue » comme si nous simulions intérieurement et instinctivement un acte, voire même une émotion. La psychanalyse s’empare de l’empathie, avec Sigmund Freud qui la compare au principe d’imitation, mais en précisant que c’est comme si on accompagnait sans que l’imitation soit effectuée. Il précise que dans une cure, il faut maintenir cette Einfühlung, sans moraliser, sans prendre parti, en restant juste dans cette attitude empathique, un long moment parfois ; comme une patience requise pour éviter des interprétations prématurées ; comme une condition préalable à l’analyse ; comme il l’a fait pour pénétrer les modes de pensée de l’homme aux loups. Sándor Ferenczi le rejoint dans cette idée, mais adjoint le mot « tact » à l’empathie, comme condition et temporalité à la fois, pour permettre de se mettre au diapason de l’autre, de sentir avec. S’il peut y avoir une forme d’élasticité quant à leurs modes d’emploi respectifs de l’empathie, tous deux reconnaissent que celle-ci suppose une neutralité dans la proximité affective, car il y a bien de l’affect dans cette façon d’être.
D’un moyen de connaissance d’autrui pour Lipps ou pour Freud, l’empathie devient le fondement de la connaissance objective à travers l’intersubjectivité décrite par Husserl, pour qui l’altérité du semblable va arracher l’homme au solipsisme, pour le conduire à celle-ci, seul chemin possible vers un monde objectif. Sa pensée sera reprise dans la phénoménologie de la perception de Merleau- Ponty où l’accent est mis sur l’expérience du corps vécu. Paul Ricoeur, au travers d’une philosophie du langage, y adjoint la distance à poser, dans une profonde valeur éthique, avant même d’accorder à l’empathie un rôle premier dans la constitution de l’identité narrative ; une identité où l’individu ne se résume pas à la succession des différents états de son esprit et son corps ; une identité dont la compréhension réside dans la faculté de se mettre en position méta et d’observer les actions et les émotions qui s’en dégagent, pour les laisser s’organiser dans cette causalité spécifique qu’il appelle narrative. Carl Rogers, inspiré par une phénoménologie plus proche de Soren Kierkegaard, a joué un rôle important par la diffusion de l’empathie dans le champ des psychothérapies et du counseling, en la définissant comme un moteur de transformation attendu par un traitement psychothérapique. Dans une démarche empathique, le thérapeute perçoit le cadre de référence interne du « client » comme s’il était le « client », sans jamais perdre de vue la condition du « comme si », afin de ne jamais se perdre dans l’identification. Pour lui ce ne sont pas des concepts à appliquer, mais plus un savoir-être dans un souci permanent de congruence.
Heinz Kohut renforce le rôle dévolu à l’empathie en l’affirmant plus dans la connaissance que dans la réparation, comme une introspection par procuration étendue à autrui, une introspection vicariante, qui précède l’insight qui lui est subordonné (l’insight en psychologie cognitive est le niveau de conscience du trouble). A ce moment, tous s’accordent à reconnaître à l’empathie deux dimensions : une dimension affective, et une dimension cognitive. Ces deux dimensions s’expliquent tour à tour aussi bien au travers de la psychologie comportementale et cognitive, qu’au progrès des neurosciences depuis la fin du XXe siècle. La composante affective fait lien avec la résonance motrice non intentionnelle produite par les neurones miroirs découverts par Giacomo Rizzolatti, mais aussi avec l’universalité des six émotions primaires de Paul Eckman, perçues, ressenties et exprimées de façon équivalente chez tous les humains.
OBSERVATION DES NOUVEAUX-NÉS ET ÉVEIL EMPATHIQUE...
Ce mimétisme de résonance motrice, tout comme ces émotions partagées expliquent les phénomènes de facilitation sociale, ainsi que la contagion émotionnelle susceptible d’atteindre certains sujets trop empathiques envers d’autres ; particulièrement si cette composante affective prédomine sur l’autre composante, spontanément propice à la contagion émotionnelle, ou consécutivement à une altération de la composante cognitive comme dans les démences fronto-temporales. Cette capacité d’imitation que l’on retrouve dans la composante affective est en quelque sorte innée puisque l’observation des nouveaux-nés nous montre qu’ils possèdent dès le début de la vie cette possibilité de partage d’affect jusqu’à la contagion émotionnelle. Rapidement, ils développent des capacités d’identification et de discrimination du soi-autrui, appelé l’éveil empathique. Peu de temps après la naissance, en effet, le nouveau-né réagit différemment aux pleurs du nouveau-né du même âge, aux pleurs d’un adolescent, aux pleurs d’un bébé chimpanzé, voire à ses propres pleurs. Il ne pleure véritablement que s’il discrimine les pleurs de ses congénères du même âge. Dans les interactions de la mère avec son bébé, validant les théories d’André Green dans son concept de « la mère morte », en référence à l’effet structurant du regard maternel de Donald Winnicott, l’expérience où la mère montre un visage immobile, qui lui est imposé, qui engendre un immense malaise chez son bébé. Un nourrisson est impatient et avide du lien constitué au travers de l’imitation du visage de sa mère, y cherchant une reconnaissance mutuelle d’empathie. Tout porte à penser que le nouveau-né est déjà pourvu de pré-réseaux neuronaux de l’empathie, car dès la deuxième année de vie, il ajoute le souci de l’autre à sa construction de l’empathie.
NEUROSCIENCES ET LANGAGE EMPATHIQUE.
Ces théories sont modélisées par les découvertes des neurosciences, précisant les régions cérébrales concernées. De façon schématique, l’empathie émotionnelle est liée au registre du système limbique, incluant l’hypothalamus et le cortex parahippocampique, l’amygdale et d’autres régions comme l’insula et une partie du cortex préfrontal, quand l’empathie cognitive est liée au système du réseau exécutif impliquant préférentiellement le cortex frontal médian et fronto- temporal et le cortex cingulaire antérieur. La dimension cognitive de l’empathie est définie par Jean Decety comme la perception supplémentaire chez l’homme de percevoir l’autre comme un agent intentionnel, avec une capacité d’épouser, ou pas, sa perspective subjective. Decety l’appelle la reconnaissance et la compréhension minimale des états mentaux d’autrui, avec sa capacité discriminative de la distinction entre soi et l’autre, au-delà du partage affectif. Au travers de l’ontogénèse de l’empathie, nous constatons que, par le langage, l’enfant va progressivement comprendre vers l’âge de 4 ans que l’autre peut avoir des perceptions différentes de lui-même, sur les choses extérieures que lui voit à sa façon propre, dans sa quête de représentation du monde de l’autre. Nous pouvons avancer que le langage est facilitateur de la construction de l’empathie cognitive en liaison à la maturation de ses fonctions exécutives dont nous avons parlé. Il y a lieu d’insister sur ce pouvoir du langage par lequel nous opérons dans nos pratiques, que ce soit la psychanalyse, les thérapies cognitivo-comportementales, et toutes les autres thérapies brèves en passant par l’hypnose.
L’observation des nouveaux-nés nous montre qu’ils possèdent dès le début de la vie cette possibilité de partage d’affect jusqu’à la contagion émotionnelle. L’empathie se caractérise ainsi par ses deux composantes primaires : • une réponse affective envers autrui qui implique parfois un partage de son état émotionnel ; • une capacité cognitive de comprendre la perspective subjective de l’autre. Mais avec une barrière majeure, celle de ne pas prendre la place du patient, car selon la réponse prêtée à Jacques Lacan : « Et où voulez-vous que le patient soit, alors ? » Il est essentiel de le laisser dans son récit narratif en lui montrant juste qu’on est là, près de lui, mais sans être lui, tout en le comprenant dans ses affects, dans son discours. Par notre capacité d’empathie cognitive, qui rejoint celle du patient, on est dans la compréhension de son esprit. Et cela encore une fois grâce à ce langage empathique, qui dans sa spécificité traite l’autre comme égal à nousmêmes. Un langage qui se pratique avec tact, parfois de façon métaphorique. Il reste un excellent moyen de communiquer pour savoir quel est sentiment de l’autre, mais sans réelle certitude, car comme le rappelle Ludwig Wittgenstein, les mondes intérieurs sont incommunicables si on n’y adjoint pas le langage ; dans l’exemple de son célèbre récit du scarabée dans la boîte, où schématiquement la boîte est notre conscience, et le scarabée un des contenus. A travers le langage et l’échange, nous savons, sans certitude, que l’autre a un scarabée dans sa boîte, mais sans savoir réellement comment il est... Ainsi dans la relation empathique, l’autre est perçu comme l’alter ego, c’est-à-dire un autre moi, à la fois commun et différent.
L’EMPATHIE DANS LA RELATION THÉRAPEUTE-PATIENT.
Eu égard à la construction neurologique d’une empathie émotionnelle et d’une empathie cognitive, Julie Grèzes décrit cette dernière comme la constitution du self qui doit être bien finalisée pour que l’empathie puisse agir. Pour nous thérapeutes…
Pour lire la suite...
Dr Olivier de Palézieux Praticien hospitalier en médecine d’urgence. Chef de service à l’EPS Barthélemy-Durand - Centre régional de la douleur à Etampes (Essonne). Psychothérapeute certifié AFTCC, Access MBCT et ACT. Praticien en Hypnose médicale et enseignant de Mindfulness à l’université Toulouse III.
Ses publications : « Dossier Hypnose et méditation », « Hypnose & Thérapies brèves » n°56 ; « Construction contemporaine de la méditation et de l’hypnose au travers des neurosciences »,
« Hypnose & Thérapies brèves » n°57 ; Mémoire « Hypnose et méditation : une alliance thérapeutique ? »,
université de Paris-Saclay, 2019.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Souffrance au travail et Hypnose. Dr Michel RUEL.
AIDE À UNE PRISE EN CHARGE DE L’ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL. Pression du travail, pression que l’on se met au travail, jusqu’au mal-être, au sentiment d’échec, jusqu’à l’effondrement, jusqu’au burn out. L’hypnose peut être un outil pour travailler sur la souffrance au travail, devenue phénomène de masse, en privilégiant l’écoute, la vigilance et l’urgence le plus souvent de prescrire un arrêt de travail.
Notre commission a travaillé sur la souffrance au travail et ce qu’on pouvait proposer en hypnose à nos patients. Au-delà des nombreuses situations particulières, il est fondamental de repérer un phénomène qui s’amplifie. Il s’agit d’une souffrance de masse, liée au développement des techniques de management apparues dans les années 1980, techniques dont les effets pervers ont été tôt dénoncés et dont même leurs auteurs ont proposé des alternatives, mais qui imprègnent maintenant la conscience et les pratiques des managers formés uniquement à ces pratiques sans connaître la réalité du travail.
Pour prendre en charge nos patients, il faut comprendre les mécanismes intimes de cette souffrance. Le premier phénomène est l’emprise sur le psychisme et l’imaginaire des employés, à travers l’adhésion à une logique d’organisation et l’intégration d’une culture d’entreprise, système de valeurs et d’objectifs, et spécialement celui d’excellence. La quête inlassable de l’excellence rencontre le désir de l’individu de se dépasser, se réaliser dans sa carrière professionnelle, gagner des récompenses narcissiques et financières dans une société où la réussite financière est devenue le critère de réussite de la vie et où l’individualisme a pris le pas sur les anciennes solidarités et identités de classe. Dans le cadre de cette emprise, les affects vont être vécus sans prise de recul, l’anxiété sera moins celle d’une sanction que celle d’une insuffisance personnelle vécue avec culpabilité et un doute sur ses compétences, sentiment douloureux de l’échec personnel (même si les sanctions directes demeurent toujours importantes dans certains secteurs : centres téléphoniques, par exemple). D’autres éléments de souffrance sont la solitude de l’individu et la perte de sens de son travail. Le management s’emploie à mettre les salariés en concurrence en assignant des objectifs individualisés et irréalisables.
L’« évaluation individuelle des performances » se fait à l’aide d’instruments informatiques, d’indicateurs chiffrés qui évaluent des quantités sans référence à la qualité ni aux difficultés du travail. Surtout, la notion de travail d’équipe disparaît, chaque employé est mis en concurrence avec les autres. La rivalité remplace la solidarité et laisse l’employé seul face à des objectifs irréalisables, des indicateurs dont il ne comprend pas toujours le sens. Ce processus l’amène à douter de sa compétence. Il est même amené à douter de son identité, lorsque les contraintes organisationnelles ne lui permettent plus un travail de qualité, un travail bien fait qui soit reconnu par l’employeur et par ce qu’étaient autrefois les équipes, les collectifs de travail. Travailler doit avoir un sens, aimer le beau travail bien fait est une aspiration universelle.
L’abandon de la référence au travail bien fait – qui nécessite du temps – a conduit à créer la norme de la « qualité totale », mesurée par des indicateurs quantitatifs sans rapport avec la qualité réelle du produit entier. Ainsi Maxime Bellego relève-t-il : « Si la mesure du travail est trop éloignée du travail réel, il y a rupture idéologique et groupale entre celui qui mesure et celui qui fait, mais en plus la mesure vient empêcher le travail de s’effectuer correctement puisque c’est l’activité qui va s’adapter à la mesure et non l’inverse » (3). La perte de sens est maximale quand s’ajoutent les tricheries : falsifications comptables ou statistiques, mensonges sur la qualité, fraudes, aboutissant à une trahison de l’éthique professionnelle, une trahison de soi (2), source de malaise, de dépression. Les managers eux-mêmes peuvent souffrir de cette organisation, par exemple si on leur demande de choisir les employés à licencier pour répondre aux attentes des actionnaires. Sur le site Souffrance et travail (4), la psychologue Marie Pezé propose un test de « propagation du burn out » : clinique de la progression de la souffrance professionnelle jusqu’au suicide ou à des états dépressifs graves.
Ce test est très utile pour prendre la mesure de l’épuisement professionnel : éviter sa sous-estimation chez le patient, et nous faire mesurer la nécessité ou l’urgence d’un arrêt de travail si le risque est grand d’un dommage irréversible. Notre posture de « non-savoir » nécessaire à la pratique de l’hypnose, avec son accueil inconditionnel de ce qu’apporte le patient, se confronte ici à une obligation morale de secours à personne en danger, et donc savoir reconnaître le danger d’une exposition professionnelle dont le patient est incapable de se libérer seul. Aux premiers stades de cette souffrance, le patient est en état de consulter et de travailler avec l’hypnose (le texte résumé en italique est de Marie Pezé).
1. « Au début c’est la surchauffe. Les contraintes, le manque de moyens, de temps sont à la source d’inquiétude quant au travail qui n’est pas terminé et s’accumule alors que l’encadrement signifie : “vous devriez mieux vous organiser”. Vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend de vous. Vous vous dites que c’est vous qui n’en faites pas assez, ou pas assez bien. Vous commencez à vous sentir coupable de ne pas y arriver. Vous travaillez chez vous le soir, les week-ends. Mais même avec tous ces efforts, vous n’arrivez plus à vous mettre à jour. »
2. « Après six mois de stress. Votre capacité d’attention et de concentration est saturée, vous n’imprimez plus tout ce que vous devez retenir. Il vous faut plus de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux. Vous avez la vue qui se trouble. Vous commencez à avoir mal de-ci de-là, puis bientôt vous avez mal partout. Tout commence à vous agacer, le manager qui vous demande de faire des choses en plus, vos collègues qui ne vont pas assez vite et qui bloquent votre travail. Vous avez du mal à trouver le sommeil. »
3. « L’engrenage. C’est l’étape décisive qui fait passer le salarié au fonctionnement compulsif dont il faudra bien que quelqu’un de son entourage l’extraie : vous vous réveillez en pleine nuit et vous êtes assailli par tout ce que vous n’avez pas fait, tout ce que vous avez encore à faire. Vous ruminez et vous n’arrivez plus à vous rendormir. Vous n’arrivez pas à lutter contre le TTU (“Très Très Urgent”), le toujours tout de suite, l’ASAP (“As Soon As Possible”). Vous travaillez de manière compulsive. Vous êtes captif du numérique, vous regardez tout en ligne. Vous démarrez toutes vos journées avec un sentiment de faute, de culpabilité, puisque vous n’êtes pas à jour… Vous êtes pris dans un engrenage : vous êtes fatigué, donc moins performant. Vous faites des erreurs, vous vous trompez de mots. » Au fur et à mesure de la progression vers les six stades suivants, de la désocialisation jusqu’à l’effondrement (à lire sur le site) (4), l’arrêt de travail devient une nécessité de plus en plus urgente.
COMMENT UTILISER L’HYPNOSE ? VOICI QUELQUES EXEMPLES...
1. Le sujet se sent coupable de ne pas y arriver. Proposer un recadrage pour diminuer la culpabilité, par exemple : « Est-ce vraiment vous qui êtes devenu insuffisant ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt la restriction de personnel, le changement de méthodes managériales ? Est-il vraiment impossible de vous accorder le droit de respecter certaines limites (limiter vos horaires, faire des pauses) ? » Permettre au sujet de retrouver une image favorable de lui. Pour cela, faire revivre en hypnose un succès passé pour récupérer une image favorable de soi. Faire ressortir l’importance de « la pression » dans les comportements de maltraitance, celle de l’encadrement et celle que les employés s’infligent : ils pensent que ce rythme de travail est indispensable pour le travail de leurs collègues ou pour la survie de leur entreprise, ils ont intégré la lutte pour atteindre les objectifs fixés comme une nécessaire fidélité à leur engagement ou comme inévitable pour ne pas être licenciés. « Cette pression interne, comment parlet- elle avec vous, avec quelle voix ? » Quel est le moteur de cette fuite en avant ? D’autres se sentent impuissants à arrêter ce flot de tâches qui s’accumule et grossit de jour en jour.
Reformuler : « Là, maintenant vous vous sentez actuellement impuissant » (quoi faire seul sans soutien ? les anciennes solidarités ont été brisées). Pour faire faire un « pas de côté » au patient, nous l’invitons à prendre du recul, à se mettre en retrait. Qu’il devienne un tiers observateur de lui-même et de la situation afin de pouvoir changer de point de vue. Lâcher prise et faire un pas de côté lui permettront peut-être de se détacher, de se décoller de cette emprise combinée de l’entreprise et de sa propre exigence idéale de réussite dans sa course folle à l’impossible. 2. Le sujet manque de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux : il a du mal à trouver le sommeil, il est plus irritable, impatient. Recadrer : l’irritabilité, l’impatience résultent de cette fatigue, ce stress de six mois qui a épuisé les batteries. L’écoute du patient nous amène à définir avec lui le but à atteindre avec l’hypnose. Puis on pourra faire venir sur la chaise devant le patient son chef N+1, sur une autre le PDG de la boîte, un collègue, le conjoint ou l’enfant du/de la patient(e), afin de décentrer le patient, le faire sortir de son regard autocentré culpabilisateur. Ailleurs, on peut emmener en transe le patient sur son lieu de travail et lui faire vivre une confrontation, avec ses collègues et son N+1, en l’accompagnant, en le questionnant sur ce qu’il ressent, ce qu’il va faire, avec le retrait possible et répété sur un lieu sûr, comme on fait des confrontations à un objet phobogène. De nombreuses interventions sont possibles, certaines minimalistes (« ne rien faire » de Gaston Brosseau, ou « les mains de Rossi » où on se contente de notre présence dense pour accompagner le patient dans sa quête d’un pas de côté), d’autres qui utilisent l’externalisation, comme en Thérapie du lien et des mondes relationnels.
L’important est d’être à l’écoute du ressenti du patient et de son propre ressenti de thérapeute et de bien appréhender combien il est difficile de se sortir de ces situations en sachant que souvent la seule solution est l’arrêt de travail. « Vous démarrez toutes vos journées avec un sentiment de faute, de culpabilité, puisque vous n’êtes pas à jour, vous faites des erreurs... » Comment intervenir ? Proposer un arrêt de travail et travailler de façon rapprochée pour réparer les dégâts et permettre le repos... Si la souffrance a davantage usé le patient, le danger de dépression et de suicide est grand et l’arrêt de travail prolongé est la condition de la survie, l’hypnose accompagnera cette mesure indispensable. Marie Pezé décrit les stades suivants qui amènent au burn out : celui de la désocialisation, celui des signaux somatiques forts, celui de l’isolement, du recours aux expédients (drogues, médicaments), puis de la désillusion qui précède l’effondrement. Il est important d’identifier ces signes (5). Que faire quand la situation est grave ? Travailler sur des objectifs minimalistes : dormir, retrouver un intérêt pour quelques sensations agréables... La transe hypnotique permet de chercher ces sensations, en revivant de beaux moments structurants de sa vie (le jour où elle accouche, le diplôme qu’il obtient, etc.). On pourra aussi aider à se protéger dans une bulle virtuelle qui soit flexible, ou bien externaliser l’irritation, la colère, la honte.
UNE ILLUSTRATION CLINIQUE AVEC LES MAINS DE ROSSI
Mon patient, qu’on appellera « M. Emmanuel », est un cadre important d’une entreprise, je l’ai vu plusieurs fois. Lors d’une précédente consultation, je lui ai conseillé de réaliser le test de Marie Pezé. Fatigué, captif du numérique, culpabilisé de ne pas être à jour (sa fatigue réduisait son efficacité intellectuelle mais il continuait à s’acharner à poursuivre ses objectifs), il avait déjà des éléments de désocialisation qui m’inquiétèrent : je lui conseillai d’envisager un arrêt de travail, qu’il sollicita de son médecin. Après deux semaines de repos, il vint me voir avant sa reprise. Il exprima les difficultés avec sa supérieure hiérarchique, qui pendant qu’il était en arrêt maladie avait encore empiété sur son champ d’action par des interventions dites de « micromanagement » décrites par M. Emmanuel comme non respectueuses de son équipe, maladroites, et qui témoignaient du peu de cas qu’elle faisait de lui et de ses ressentis. Ce manque de respect à son égard suscitait chez M. Emmanuel des émotions difficiles à traverser, et des inquiétudes sur ce qui allait se passer à son retour au travail quelques jours après la consultation. Il parlait d’aller au combat... Je lui proposai alors de considérer que sa supérieure se comportait comme un robot dont il ne pouvait attendre respect ni humanité, et de s’armer à faire ce qu’il voulait accomplir mais sans attendre respect ni reconnaissance de sa supérieure. Pour cela, j’utilisai deux métaphores et un exercice d’hypnose.
LES DEUX MÉTAPHORES
M. Emmanuel…
Pour lire la suite...
Dr Michel RUEL Médecin des Hôpitaux, ancien chef de service de Médecine interne, s’est consacré à la formation à l’hypnose de professionnels de santé en fondant l’ODPC 7097, pour les soignants hospitaliers et les professionnels de ville (https://seformerhypnose.fr). Vice-président de l’AFHYP, il a publié Se soigner avec l’hypnose et l’autohypnose (Leduc.s Editions, 2017).
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies Brèves 74 N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Pour prendre en charge nos patients, il faut comprendre les mécanismes intimes de cette souffrance. Le premier phénomène est l’emprise sur le psychisme et l’imaginaire des employés, à travers l’adhésion à une logique d’organisation et l’intégration d’une culture d’entreprise, système de valeurs et d’objectifs, et spécialement celui d’excellence. La quête inlassable de l’excellence rencontre le désir de l’individu de se dépasser, se réaliser dans sa carrière professionnelle, gagner des récompenses narcissiques et financières dans une société où la réussite financière est devenue le critère de réussite de la vie et où l’individualisme a pris le pas sur les anciennes solidarités et identités de classe. Dans le cadre de cette emprise, les affects vont être vécus sans prise de recul, l’anxiété sera moins celle d’une sanction que celle d’une insuffisance personnelle vécue avec culpabilité et un doute sur ses compétences, sentiment douloureux de l’échec personnel (même si les sanctions directes demeurent toujours importantes dans certains secteurs : centres téléphoniques, par exemple). D’autres éléments de souffrance sont la solitude de l’individu et la perte de sens de son travail. Le management s’emploie à mettre les salariés en concurrence en assignant des objectifs individualisés et irréalisables.
L’« évaluation individuelle des performances » se fait à l’aide d’instruments informatiques, d’indicateurs chiffrés qui évaluent des quantités sans référence à la qualité ni aux difficultés du travail. Surtout, la notion de travail d’équipe disparaît, chaque employé est mis en concurrence avec les autres. La rivalité remplace la solidarité et laisse l’employé seul face à des objectifs irréalisables, des indicateurs dont il ne comprend pas toujours le sens. Ce processus l’amène à douter de sa compétence. Il est même amené à douter de son identité, lorsque les contraintes organisationnelles ne lui permettent plus un travail de qualité, un travail bien fait qui soit reconnu par l’employeur et par ce qu’étaient autrefois les équipes, les collectifs de travail. Travailler doit avoir un sens, aimer le beau travail bien fait est une aspiration universelle.
L’abandon de la référence au travail bien fait – qui nécessite du temps – a conduit à créer la norme de la « qualité totale », mesurée par des indicateurs quantitatifs sans rapport avec la qualité réelle du produit entier. Ainsi Maxime Bellego relève-t-il : « Si la mesure du travail est trop éloignée du travail réel, il y a rupture idéologique et groupale entre celui qui mesure et celui qui fait, mais en plus la mesure vient empêcher le travail de s’effectuer correctement puisque c’est l’activité qui va s’adapter à la mesure et non l’inverse » (3). La perte de sens est maximale quand s’ajoutent les tricheries : falsifications comptables ou statistiques, mensonges sur la qualité, fraudes, aboutissant à une trahison de l’éthique professionnelle, une trahison de soi (2), source de malaise, de dépression. Les managers eux-mêmes peuvent souffrir de cette organisation, par exemple si on leur demande de choisir les employés à licencier pour répondre aux attentes des actionnaires. Sur le site Souffrance et travail (4), la psychologue Marie Pezé propose un test de « propagation du burn out » : clinique de la progression de la souffrance professionnelle jusqu’au suicide ou à des états dépressifs graves.
Ce test est très utile pour prendre la mesure de l’épuisement professionnel : éviter sa sous-estimation chez le patient, et nous faire mesurer la nécessité ou l’urgence d’un arrêt de travail si le risque est grand d’un dommage irréversible. Notre posture de « non-savoir » nécessaire à la pratique de l’hypnose, avec son accueil inconditionnel de ce qu’apporte le patient, se confronte ici à une obligation morale de secours à personne en danger, et donc savoir reconnaître le danger d’une exposition professionnelle dont le patient est incapable de se libérer seul. Aux premiers stades de cette souffrance, le patient est en état de consulter et de travailler avec l’hypnose (le texte résumé en italique est de Marie Pezé).
1. « Au début c’est la surchauffe. Les contraintes, le manque de moyens, de temps sont à la source d’inquiétude quant au travail qui n’est pas terminé et s’accumule alors que l’encadrement signifie : “vous devriez mieux vous organiser”. Vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend de vous. Vous vous dites que c’est vous qui n’en faites pas assez, ou pas assez bien. Vous commencez à vous sentir coupable de ne pas y arriver. Vous travaillez chez vous le soir, les week-ends. Mais même avec tous ces efforts, vous n’arrivez plus à vous mettre à jour. »
2. « Après six mois de stress. Votre capacité d’attention et de concentration est saturée, vous n’imprimez plus tout ce que vous devez retenir. Il vous faut plus de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux. Vous avez la vue qui se trouble. Vous commencez à avoir mal de-ci de-là, puis bientôt vous avez mal partout. Tout commence à vous agacer, le manager qui vous demande de faire des choses en plus, vos collègues qui ne vont pas assez vite et qui bloquent votre travail. Vous avez du mal à trouver le sommeil. »
3. « L’engrenage. C’est l’étape décisive qui fait passer le salarié au fonctionnement compulsif dont il faudra bien que quelqu’un de son entourage l’extraie : vous vous réveillez en pleine nuit et vous êtes assailli par tout ce que vous n’avez pas fait, tout ce que vous avez encore à faire. Vous ruminez et vous n’arrivez plus à vous rendormir. Vous n’arrivez pas à lutter contre le TTU (“Très Très Urgent”), le toujours tout de suite, l’ASAP (“As Soon As Possible”). Vous travaillez de manière compulsive. Vous êtes captif du numérique, vous regardez tout en ligne. Vous démarrez toutes vos journées avec un sentiment de faute, de culpabilité, puisque vous n’êtes pas à jour… Vous êtes pris dans un engrenage : vous êtes fatigué, donc moins performant. Vous faites des erreurs, vous vous trompez de mots. » Au fur et à mesure de la progression vers les six stades suivants, de la désocialisation jusqu’à l’effondrement (à lire sur le site) (4), l’arrêt de travail devient une nécessité de plus en plus urgente.
COMMENT UTILISER L’HYPNOSE ? VOICI QUELQUES EXEMPLES...
1. Le sujet se sent coupable de ne pas y arriver. Proposer un recadrage pour diminuer la culpabilité, par exemple : « Est-ce vraiment vous qui êtes devenu insuffisant ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt la restriction de personnel, le changement de méthodes managériales ? Est-il vraiment impossible de vous accorder le droit de respecter certaines limites (limiter vos horaires, faire des pauses) ? » Permettre au sujet de retrouver une image favorable de lui. Pour cela, faire revivre en hypnose un succès passé pour récupérer une image favorable de soi. Faire ressortir l’importance de « la pression » dans les comportements de maltraitance, celle de l’encadrement et celle que les employés s’infligent : ils pensent que ce rythme de travail est indispensable pour le travail de leurs collègues ou pour la survie de leur entreprise, ils ont intégré la lutte pour atteindre les objectifs fixés comme une nécessaire fidélité à leur engagement ou comme inévitable pour ne pas être licenciés. « Cette pression interne, comment parlet- elle avec vous, avec quelle voix ? » Quel est le moteur de cette fuite en avant ? D’autres se sentent impuissants à arrêter ce flot de tâches qui s’accumule et grossit de jour en jour.
Reformuler : « Là, maintenant vous vous sentez actuellement impuissant » (quoi faire seul sans soutien ? les anciennes solidarités ont été brisées). Pour faire faire un « pas de côté » au patient, nous l’invitons à prendre du recul, à se mettre en retrait. Qu’il devienne un tiers observateur de lui-même et de la situation afin de pouvoir changer de point de vue. Lâcher prise et faire un pas de côté lui permettront peut-être de se détacher, de se décoller de cette emprise combinée de l’entreprise et de sa propre exigence idéale de réussite dans sa course folle à l’impossible. 2. Le sujet manque de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux : il a du mal à trouver le sommeil, il est plus irritable, impatient. Recadrer : l’irritabilité, l’impatience résultent de cette fatigue, ce stress de six mois qui a épuisé les batteries. L’écoute du patient nous amène à définir avec lui le but à atteindre avec l’hypnose. Puis on pourra faire venir sur la chaise devant le patient son chef N+1, sur une autre le PDG de la boîte, un collègue, le conjoint ou l’enfant du/de la patient(e), afin de décentrer le patient, le faire sortir de son regard autocentré culpabilisateur. Ailleurs, on peut emmener en transe le patient sur son lieu de travail et lui faire vivre une confrontation, avec ses collègues et son N+1, en l’accompagnant, en le questionnant sur ce qu’il ressent, ce qu’il va faire, avec le retrait possible et répété sur un lieu sûr, comme on fait des confrontations à un objet phobogène. De nombreuses interventions sont possibles, certaines minimalistes (« ne rien faire » de Gaston Brosseau, ou « les mains de Rossi » où on se contente de notre présence dense pour accompagner le patient dans sa quête d’un pas de côté), d’autres qui utilisent l’externalisation, comme en Thérapie du lien et des mondes relationnels.
L’important est d’être à l’écoute du ressenti du patient et de son propre ressenti de thérapeute et de bien appréhender combien il est difficile de se sortir de ces situations en sachant que souvent la seule solution est l’arrêt de travail. « Vous démarrez toutes vos journées avec un sentiment de faute, de culpabilité, puisque vous n’êtes pas à jour, vous faites des erreurs... » Comment intervenir ? Proposer un arrêt de travail et travailler de façon rapprochée pour réparer les dégâts et permettre le repos... Si la souffrance a davantage usé le patient, le danger de dépression et de suicide est grand et l’arrêt de travail prolongé est la condition de la survie, l’hypnose accompagnera cette mesure indispensable. Marie Pezé décrit les stades suivants qui amènent au burn out : celui de la désocialisation, celui des signaux somatiques forts, celui de l’isolement, du recours aux expédients (drogues, médicaments), puis de la désillusion qui précède l’effondrement. Il est important d’identifier ces signes (5). Que faire quand la situation est grave ? Travailler sur des objectifs minimalistes : dormir, retrouver un intérêt pour quelques sensations agréables... La transe hypnotique permet de chercher ces sensations, en revivant de beaux moments structurants de sa vie (le jour où elle accouche, le diplôme qu’il obtient, etc.). On pourra aussi aider à se protéger dans une bulle virtuelle qui soit flexible, ou bien externaliser l’irritation, la colère, la honte.
UNE ILLUSTRATION CLINIQUE AVEC LES MAINS DE ROSSI
Mon patient, qu’on appellera « M. Emmanuel », est un cadre important d’une entreprise, je l’ai vu plusieurs fois. Lors d’une précédente consultation, je lui ai conseillé de réaliser le test de Marie Pezé. Fatigué, captif du numérique, culpabilisé de ne pas être à jour (sa fatigue réduisait son efficacité intellectuelle mais il continuait à s’acharner à poursuivre ses objectifs), il avait déjà des éléments de désocialisation qui m’inquiétèrent : je lui conseillai d’envisager un arrêt de travail, qu’il sollicita de son médecin. Après deux semaines de repos, il vint me voir avant sa reprise. Il exprima les difficultés avec sa supérieure hiérarchique, qui pendant qu’il était en arrêt maladie avait encore empiété sur son champ d’action par des interventions dites de « micromanagement » décrites par M. Emmanuel comme non respectueuses de son équipe, maladroites, et qui témoignaient du peu de cas qu’elle faisait de lui et de ses ressentis. Ce manque de respect à son égard suscitait chez M. Emmanuel des émotions difficiles à traverser, et des inquiétudes sur ce qui allait se passer à son retour au travail quelques jours après la consultation. Il parlait d’aller au combat... Je lui proposai alors de considérer que sa supérieure se comportait comme un robot dont il ne pouvait attendre respect ni humanité, et de s’armer à faire ce qu’il voulait accomplir mais sans attendre respect ni reconnaissance de sa supérieure. Pour cela, j’utilisai deux métaphores et un exercice d’hypnose.
LES DEUX MÉTAPHORES
M. Emmanuel…
Pour lire la suite...
Dr Michel RUEL Médecin des Hôpitaux, ancien chef de service de Médecine interne, s’est consacré à la formation à l’hypnose de professionnels de santé en fondant l’ODPC 7097, pour les soignants hospitaliers et les professionnels de ville (https://seformerhypnose.fr). Vice-président de l’AFHYP, il a publié Se soigner avec l’hypnose et l’autohypnose (Leduc.s Editions, 2017).
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies Brèves 74 N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Catégories: Hypnose Ericksonienne Thérapie Brève
La peur du conflit. Utilisation de stratagèmes.
Dr Michel DUMAS pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74. Endurer, prendre sur soi, se retenir d’en parler. Et surtout, éviter tout conflit. La solution à apporter à la patiente Stéphanie de sortir d’un schéma bloqué avec son mari ? User de stratagèmes pour se vacciner contre l’allergie au conflit.
Je reçois Stéphanie, 59 ans, aide-soignante.
- Thérapeute : « Bonjour Stéphanie, qu’est-ce qui vous ferait dire merci à l’hypnose ou aux thérapies brèves dans les jours à venir ?
- Stéphanie : Je dirais merci si mon mari était plus gentil avec moi !
- Th. : Il n’est pas gentil avec vous ?
- Stéphanie : Je fais tout ce que je peux pour le contenter et il ne fait jamais rien pour moi ni à la maison. Je vous avoue que nous n’avons plus de rapports sexuels depuis quelques années. Cela me blesse beaucoup car j’ai peur de ne plus être aimée. Il reste très gentil avec moi mais j’ai l’impression qu’il s’en fout. Il est souvent triste et reste seul devant son téléviseur.
- Th. : Que dit-il quand vous lui expliquez ce problème ?
- Stéphanie : J’ai peur de déclencher un conflit. Je n’ose pas lui en parler. Alors, je ne dis rien.
- Th. : Voyez-vous ainsi les choses s’améliorer ?
- Stéphanie : Non, au contraire, mais j’ai peur de ne plus être aimée.
- Th. : Votre mari a certainement de bonnes raisons pour se comporter ainsi. Sans ses explications, il est impossible de savoir. Pensez-vous qu’il est dépressif ? Il a des soucis dans son travail ?
- Stéphanie : Oui, il a des soucis professionnels. Il est artisan plombier. Ça ne marche pas comme il voudrait.
- Th. : Il aurait peut-être besoin d’une thérapie, mais vous comprenez bien que nous ne pouvons pas forcer les gens à se soigner pour aller mieux. L’hypnose et les thérapies brèves vous apprennent aujourd’hui que le fait d’être très gentille avec lui peut, hélas, produire l’effet inverse. Par exemple, plus un insomniaque veut trouver le sommeil, moins il le trouvera... »
- Th. : « Je me permets de vous raconter une histoire vraie. Il y a quelques années, j’ai reçu une patiente qui avait des problèmes de couple.
Elle croyait que son mari la trompait. Elle avait vu des messages suspects sur son smartphone. Son mari a essayé de la rassurer. Une fois la crise passée, elle a mis en place un fonctionnement qui a augmenté son stress. Elle m’a expliqué qu’elle surveillait son téléphone, ses mails, l’heure de son retour à la maison... Cette patiente, très intelligente, m’avoue sa crainte : “je le surveille tellement que je crains de faire exploser notre couple. Mais c’est plus fort que moi, je n’ai plus confiance et je lui mets beaucoup de pression. Je crains que ce soit maintenant moi qui favorise un divorce”. Elle ne savait plus comment faire. L’hypnose …
Pour lire la suite...
Dr Michel DUMAS Médecin généraliste à Nîmes depuis 1984. DU d’hypnose médicale en 2011 à la Faculté de médecine de Montpellier. Perfectionnement à la Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière à Paris. Formé aux thérapies brèves et aux thérapies narratives à l’ARePTA-IMHENA à Nantes.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
- Thérapeute : « Bonjour Stéphanie, qu’est-ce qui vous ferait dire merci à l’hypnose ou aux thérapies brèves dans les jours à venir ?
- Stéphanie : Je dirais merci si mon mari était plus gentil avec moi !
- Th. : Il n’est pas gentil avec vous ?
- Stéphanie : Je fais tout ce que je peux pour le contenter et il ne fait jamais rien pour moi ni à la maison. Je vous avoue que nous n’avons plus de rapports sexuels depuis quelques années. Cela me blesse beaucoup car j’ai peur de ne plus être aimée. Il reste très gentil avec moi mais j’ai l’impression qu’il s’en fout. Il est souvent triste et reste seul devant son téléviseur.
- Th. : Que dit-il quand vous lui expliquez ce problème ?
- Stéphanie : J’ai peur de déclencher un conflit. Je n’ose pas lui en parler. Alors, je ne dis rien.
- Th. : Voyez-vous ainsi les choses s’améliorer ?
- Stéphanie : Non, au contraire, mais j’ai peur de ne plus être aimée.
- Th. : Votre mari a certainement de bonnes raisons pour se comporter ainsi. Sans ses explications, il est impossible de savoir. Pensez-vous qu’il est dépressif ? Il a des soucis dans son travail ?
- Stéphanie : Oui, il a des soucis professionnels. Il est artisan plombier. Ça ne marche pas comme il voudrait.
- Th. : Il aurait peut-être besoin d’une thérapie, mais vous comprenez bien que nous ne pouvons pas forcer les gens à se soigner pour aller mieux. L’hypnose et les thérapies brèves vous apprennent aujourd’hui que le fait d’être très gentille avec lui peut, hélas, produire l’effet inverse. Par exemple, plus un insomniaque veut trouver le sommeil, moins il le trouvera... »
- Th. : « Je me permets de vous raconter une histoire vraie. Il y a quelques années, j’ai reçu une patiente qui avait des problèmes de couple.
Elle croyait que son mari la trompait. Elle avait vu des messages suspects sur son smartphone. Son mari a essayé de la rassurer. Une fois la crise passée, elle a mis en place un fonctionnement qui a augmenté son stress. Elle m’a expliqué qu’elle surveillait son téléphone, ses mails, l’heure de son retour à la maison... Cette patiente, très intelligente, m’avoue sa crainte : “je le surveille tellement que je crains de faire exploser notre couple. Mais c’est plus fort que moi, je n’ai plus confiance et je lui mets beaucoup de pression. Je crains que ce soit maintenant moi qui favorise un divorce”. Elle ne savait plus comment faire. L’hypnose …
Pour lire la suite...
Dr Michel DUMAS Médecin généraliste à Nîmes depuis 1984. DU d’hypnose médicale en 2011 à la Faculté de médecine de Montpellier. Perfectionnement à la Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière à Paris. Formé aux thérapies brèves et aux thérapies narratives à l’ARePTA-IMHENA à Nantes.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
La relation au coeur de la psychothérapie.
APPORT DU QUESTIONNEMENT DE REMEMBERING. Charlotte THOUVENOT pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74. Conversations en échafaudage et carte du remembering sont décrites dans ce texte comme des atouts pour redonner sens à l’existence de personnes en souffrance. En se construisant une autonomie relationnelle, elles peuvent sortir de la dépendance aux autres et du monde de la maladie.
« Toute la psychopathologie peut être pensée comme l’expression de cette contradiction : soit il y a une relation et pas d’autonomie, et nous sommes dans le monde de la maltraitance, le sujet étant réduit à un objet, soit nous sommes dans un monde où l’autonomie est pensée sans relation possible, et nous avons le monde abandonnique ».
La carte du remembering permet de travailler les relations en psychothérapie et contribue à la construction de l’autonomie relationnelle du patient, autonomie relationnelle qui lui permettra de sortir du monde de la pathologie. La carte du remembering, ou conversation de regroupement, est issue des pratiques narratives de Michael White. Ces cartes permettent, lorsque la personne est en souffrance, de déployer le discours pour redonner du sens à des parties de vie inexplorées par la personne. Ces parties de vie sont inexplorées car elles tombent à côté des croyances de la personne qu’elle a sur le monde ou sur elle-même. Une fois la lumière mise sur ces parties de vie inexplorées, alors la personne va pouvoir reprendre de l’initiative dans sa vie, et être l’auteur de sa vie.
CAS CLINIQUE 1
Une femme de 25 ans, diagnostiquée schizophrène il y a dix ans, vient consulter parce qu’elle pense que tout le monde lui veut du mal (pensées paranoïaques qu’elle critique), ce qui entraîne de l’agressivité verbale avec les autres alors qu’elle sent avoir besoin de relations pour se sentir en sécurité. Elle souhaite réussir à être mieux en relation, plus sereine. Sa pathologie est bien équilibrée, elle a conscience et une bonne connaissance des difficultés liées à la schizophrénie, elle a un poste aménagé au travail.
- Thérapeute (a) : « Avez-vous récemment quelqu’un dans votre entourage personnel ou professionnel qui vous a aidée spontanément ?
- Patiente : Oui, j’ai une collègue, lorsque j’ai changé de poste.
- Th. : Pouvez-vous m’en dire plus sur la manière dont elle vous a aidée ?
- P. : Elle a pris pas mal de temps à m’expliquer, à répéter et elle revenait même me voir pour savoir si j’arrivais bien.
- Th. (b) : Est-ce qu’elle aide tout le monde de la même manière ?
- P. : C’est vrai qu’elle aime bien aider, mais certaines personnes elle leur apprend et ne retourne pas les voir. Elle passe même moins de temps. C’est vrai, elle m’a aidée différemment.
- Th. : A votre avis, qu’est-ce qu’elle a vu en vous qui a fait cette différence ?
- P. : En fait elle vient souvent vers moi, depuis le midi nous avons de plus en plus mangé ensemble et elle m’a dit qu’elle appréciait mon caractère, que j’étais drôle, que je la fais souvent rire et ça la détend.
- Th. (c) : Et à votre avis, qu’est-ce que cela lui a fait que vous acceptiez son aide ainsi, ses moments où elle vient vers vous ?
- P. : Ça lui fait plaisir.
- Th. (d) : Vous pensez que ça renforce certaines choses auxquelles elle porte de la valeur dans sa vie ?
- P. : Oui, la solidarité. Elle m’a déjà raconté que c’était important pour elle de se soutenir les uns les autres, de soutenir les personnes qu’on apprécie, parce que ça permet de traverser les difficultés plus facilement. Elle sait de quoi elle parle car elle en a traversé des difficultés. »
DESCRIPTION DES CONVERSATIONS EN ÉCHAFAUDAGE ET REMEMBERING
Dans son livre Cartes des pratiques narratives, Michael White décrit « les conversations en échafaudage » qui, à mon sens, constituent la toile de fond de chaque carte narrative. C’est cette manière de questionner qui va permettre de dégager les intentions et les valeurs de la personne, c’est-à-dire qui est la personne à partir de ce qu’elle vit et comment elle le vit. Michael White distingue cinq niveaux qu’il gradue du plus bas (niveau 1) au plus haut (niveau 5) niveau de distanciation. Le mot « distanciation » est à prendre au sens d’abstraction, de capacités métacognitives, associatives et d’imagination (capacités à se projeter dans le futur). Avoir les informations du niveau inférieur est nécessaire pour faciliter cette distanciation et permettre d’accéder à l’implicite, à ce qui est latent, dans l’événement et qui est mis en lumière lors de l’entretien, d’où le terme d’« échafaudage ». L’obtention d’une description riche et fine d’un événement permet de sortir des discours naturalistes et familiers pour favoriser l’attribution de nouvelle(s) signification(s) à l’événement (bas niveau de distanciation, niveau 1). De ces nouvelles significations pourront émaner d’autres événements spécifiques qui seront en lien avec le premier, il sera donc possible de les catégoriser en fonction de leurs caractéristiques communes ou divergentes (niveau moyen de distanciation, niveau 2).
Ce tissage d’événements réalisé à partir des similitudes et des différences permettra une prise de conscience globale qui a un sens spécifique et incarné pour la personne du fait des questions précédentes (niveau moyen-haut de distanciation, niveau 3). C’est de cette prise de conscience que la personne va pouvoir déduire des conclusions identitaires qui lui conviennent et se raconter une histoire qu’il préfère (haut niveau de distanciation, niveau 4), pour enfin élaborer des manières d’agir en accord avec cette histoire préférée (très haut niveau de distanciation, niveau 5). Michael White a été inspiré par le travail de Lev Vygotski, dans le sens où, par cette construction en échafaudage des conversations, le thérapeute amène peu à peu le patient à faire de nouveaux apprentissages.
Ce que Lev Vygotski nomme la « la zone proximale de développement ». Nous allons plus particulièrement nous intéresser à la carte du remembering, au regard de cette construction en échafaudage, pour focaliser sur ce que la composante relationnelle peut nous apporter en psychothérapie. Les quatre étapes de la carte du remembering à propos d’une personne ressource (PR) se composent ainsi : a. les actions de la PR dans la vie du patient, comment PR contribue/a contribué à la vie du patient ; b. ce que PR reconnaît de l’identité du patient pour agir ainsi ; c. comment le patient a agi face à cette(ces) contribution(s) de la PR dans sa vie ; d. quel aspect de l’identité de la PR cela vien-til renforcer.
RECOUPEMENT THÉORIE ET PRATIQUE
Nous voyons que les deux premières questions (« avez-vous récemment quelqu’un dans votre entourage personnel ou professionnel qui vous a aidée spontanément ? » et « pouvez- vous m’en dire plus sur la manière dont elle vous a aidée ? ») permettent d’avoir une description du contexte (qui pourrait encore être plus détaillé), ce qui correspond au niveau 1 de l’« échafaudage ». La question « est-ce qu’elle aide tout le monde de la même manière ? » permet d’ouvrir une nouvelle signification. Elle est discriminante (discrimine comment PR agit avec la patiente vs les autres) et essentielle pour que ce soit une relation particulière (niveau 2).
La question amène même spontanément à d’autres événements, et si cela n’avait pas été le cas alors des questions auraient pu être posées pour apporter plus de consistance à cette relation particulière (également niveau 2). De cela la patiente va pouvoir prendre conscience de pourquoi cette personne agit de la sorte et l’attribution n’est pas naturaliste –parce qu’elle gentille – mais intentionnelle – parce qu’elle reconnaît et apprécie quelque chose en moi (niveau 3, étapes a et b du remembering). Des détours pourraient être faits pour explorer d’autres horizons : quand cette identité préférée s’exprime- t-elle ? est-ce que d’autres personnes reconnaissent cette identité qui lui est préférée ? a-t-elle des histoires à nous raconter lorsque cette identité préférée s’exprime et ce qu’elle ressent, ce que cela rend possible ? (niveau 4), pour ensuite questionner ce que cela rend possible dans le futur d’être connectée à cette identité préférée (niveau 5).
Revenons à la carte du remembering car la suite (c) est très importante pour que la patiente puisse ressentir la réciprocité des relations. En effet, elle n’est pas qu’une personne qui reçoit un service mais une personne qui contribue à la vie de la PR, dans le sens où accepter ce service permet à la PR de continuer à se définir. C’est accéder à une nouvelle signification (retour au niveau 2) qui va être épaissie lors de la dernière étape de la carte du remembering (d). Suite de l’entretien...
- Th. : « Donc si je comprends bien, en acceptant son aide vous renforcez sa valeur de solidarité ?
- P. : Je n’avais jamais vu les choses comme ça, mais c’est exact.
- Th. : Qu’est-ce que cela vous fait de voir les choses comme ça ?
- P. : Je me dis que c’est une relation sur qui je peux compter, et que je suis contente de pouvoir avoir cette place dans sa vie. Ça me donne de l’espoir pour d’autres relations.
- Th. : Et comment vous pourriez repérer ce genre de relation quand elle se présente ?... » Et un échange se poursuit en faveur des signes évocateurs de ce type de relation bilatérale. Cette question va permettre de tisser avec d’autres événements en faveur des signes évocateurs de ce type de relation bilatérale (niveau 3), ce qui va lui permettre de devenir plus experte à juger si elle est dans une relation menaçante ou non (niveau 4). De là est déconstruite cette histoire dominante qui s’imposait, « les autres me veulent du mal », en une histoire préférée de type « je peux avoir des relations sereines ». Puis les questions de niveau 5 sont ensuite explorées. Pour ancrer le niveau 5, ce schéma lui a été proposé pour qu’elle pense qu’à chaque fois qu’elle accepte l’aide de quelqu’un, ça lui fait plaisir (sourire sur le dessin), elle permet aussi à cette personne de renforcer une part d’elle qui lui est chère (coeur sur le dessin). Ainsi, plutôt que de se positionner dans une relation duelle où l’autre est menaçant, elle acquiert la capacité de se mettre dans un monde où les relations sont collaboratives. Je la revois un mois plus tard : sa relation avec cette collègue s’est renforcée, j’apprends que la relation avec son copain s’est apaisée (ce dont elle ne m’avait pas parlé au début, et la relation était mise à mal par ses pensées qu’il puisse aller voir ailleurs, lui faire du mal...) et elle a réussi à entrer en relation avec de nouvelles personnes sans que cela active d’angoisse liée à la paranoïa. Elle a repris le raisonnement que nous avions eu et elle se laisse le temps de décider si c’est une relation où il y a de la réciprocité. Elle a mis fin à son suivi parce qu’elle sentait avoir avancé et être bien dans ses relations aux autres, en ayant fait la part des choses entre une saine méfiance et une paranoïa abusive.
DÉTOUR EN POSITION DÉCENTRÉE INFLUENTE
Les conversations basées sur la pratique narrative permettent de rendre visible l’invisible dans le sens où une lecture intentionnelle est faite de faits qui ont été banalisés comme normaux. Cette lecture permet à la personne de se positionner dans sa vie dans les valeurs qui lui sont chères et de retrouver une certaine initiative perdue. Ceci est également possible par la posture du thérapeute qui est nommée « décentrée influente ». Michael White prend l’analogie d’un journaliste d’expertise. La position est décentrée (en tant que thérapeute) de ses croyances, ses représentations mentales, sa culture... car centrée sur celles du patient. Et influente car c’est le thérapeute, qui par le choix de ses questions, va choisir de s’orienter vers l’exploration de tel ou tel territoire de la vie de la personne mise dans l’ombre.
CONSTRUIRE L’IDENTITÉ FAVORITE DU PATIENT À TRAVERS LE REGARD DE L’AUTRE
Dans le cadre de la dépression, l’identité de la personne peut être saturée par une histoire dominante qu’elle se raconte à elle-même (« je suis nul.le », « je rate tout », « je n’ai pas de valeur »...) pour diverses raisons (maltraitance, carence affective...). Les voix de la dépression amènent de la dévalorisation. Comment une personne peut-elle sortir de cette conclusion identitaire négative alors qu’elle entend chaque jour, de son intérieur, les voix de la dépression ? Le détour de la relation, quand elle est présente, va permettre de contribuer à la déconstruction de cette conclusion identitaire négative. La carte du remembering utilisée dans ce cas nécessite un préalable : qu’il existe des relations sécures. S’il n’y a pas de relations sécures, alors elles sont à rechercher ou à construire comme vu plus haut.
CAS CLINIQUE 2
Hélène est une femme de 39 ans qui a été brutalement frappée par la dépression il y a trois ans. Elle se dit en dépression depuis vingt ans, mais avant elle arrivait à être le boute-en- train de ses amis et à assurer au travail. Elle est célibataire et n’a pas d’enfant. Il y a des antécédents de viol dans l’enfance….
Pour lire la suite...
Charlotte Thouvenot Psychologue et psychothérapeute en libéral, spécialisée en psychopathologie de la cognition et en gérontopsychiatrie. Formée à l’hypnose et aux thérapies stratégiques, narratives et aux mouvements oculaires. Formatrice en hypnose et en thérapie narrative.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
La carte du remembering permet de travailler les relations en psychothérapie et contribue à la construction de l’autonomie relationnelle du patient, autonomie relationnelle qui lui permettra de sortir du monde de la pathologie. La carte du remembering, ou conversation de regroupement, est issue des pratiques narratives de Michael White. Ces cartes permettent, lorsque la personne est en souffrance, de déployer le discours pour redonner du sens à des parties de vie inexplorées par la personne. Ces parties de vie sont inexplorées car elles tombent à côté des croyances de la personne qu’elle a sur le monde ou sur elle-même. Une fois la lumière mise sur ces parties de vie inexplorées, alors la personne va pouvoir reprendre de l’initiative dans sa vie, et être l’auteur de sa vie.
CAS CLINIQUE 1
Une femme de 25 ans, diagnostiquée schizophrène il y a dix ans, vient consulter parce qu’elle pense que tout le monde lui veut du mal (pensées paranoïaques qu’elle critique), ce qui entraîne de l’agressivité verbale avec les autres alors qu’elle sent avoir besoin de relations pour se sentir en sécurité. Elle souhaite réussir à être mieux en relation, plus sereine. Sa pathologie est bien équilibrée, elle a conscience et une bonne connaissance des difficultés liées à la schizophrénie, elle a un poste aménagé au travail.
- Thérapeute (a) : « Avez-vous récemment quelqu’un dans votre entourage personnel ou professionnel qui vous a aidée spontanément ?
- Patiente : Oui, j’ai une collègue, lorsque j’ai changé de poste.
- Th. : Pouvez-vous m’en dire plus sur la manière dont elle vous a aidée ?
- P. : Elle a pris pas mal de temps à m’expliquer, à répéter et elle revenait même me voir pour savoir si j’arrivais bien.
- Th. (b) : Est-ce qu’elle aide tout le monde de la même manière ?
- P. : C’est vrai qu’elle aime bien aider, mais certaines personnes elle leur apprend et ne retourne pas les voir. Elle passe même moins de temps. C’est vrai, elle m’a aidée différemment.
- Th. : A votre avis, qu’est-ce qu’elle a vu en vous qui a fait cette différence ?
- P. : En fait elle vient souvent vers moi, depuis le midi nous avons de plus en plus mangé ensemble et elle m’a dit qu’elle appréciait mon caractère, que j’étais drôle, que je la fais souvent rire et ça la détend.
- Th. (c) : Et à votre avis, qu’est-ce que cela lui a fait que vous acceptiez son aide ainsi, ses moments où elle vient vers vous ?
- P. : Ça lui fait plaisir.
- Th. (d) : Vous pensez que ça renforce certaines choses auxquelles elle porte de la valeur dans sa vie ?
- P. : Oui, la solidarité. Elle m’a déjà raconté que c’était important pour elle de se soutenir les uns les autres, de soutenir les personnes qu’on apprécie, parce que ça permet de traverser les difficultés plus facilement. Elle sait de quoi elle parle car elle en a traversé des difficultés. »
DESCRIPTION DES CONVERSATIONS EN ÉCHAFAUDAGE ET REMEMBERING
Dans son livre Cartes des pratiques narratives, Michael White décrit « les conversations en échafaudage » qui, à mon sens, constituent la toile de fond de chaque carte narrative. C’est cette manière de questionner qui va permettre de dégager les intentions et les valeurs de la personne, c’est-à-dire qui est la personne à partir de ce qu’elle vit et comment elle le vit. Michael White distingue cinq niveaux qu’il gradue du plus bas (niveau 1) au plus haut (niveau 5) niveau de distanciation. Le mot « distanciation » est à prendre au sens d’abstraction, de capacités métacognitives, associatives et d’imagination (capacités à se projeter dans le futur). Avoir les informations du niveau inférieur est nécessaire pour faciliter cette distanciation et permettre d’accéder à l’implicite, à ce qui est latent, dans l’événement et qui est mis en lumière lors de l’entretien, d’où le terme d’« échafaudage ». L’obtention d’une description riche et fine d’un événement permet de sortir des discours naturalistes et familiers pour favoriser l’attribution de nouvelle(s) signification(s) à l’événement (bas niveau de distanciation, niveau 1). De ces nouvelles significations pourront émaner d’autres événements spécifiques qui seront en lien avec le premier, il sera donc possible de les catégoriser en fonction de leurs caractéristiques communes ou divergentes (niveau moyen de distanciation, niveau 2).
Ce tissage d’événements réalisé à partir des similitudes et des différences permettra une prise de conscience globale qui a un sens spécifique et incarné pour la personne du fait des questions précédentes (niveau moyen-haut de distanciation, niveau 3). C’est de cette prise de conscience que la personne va pouvoir déduire des conclusions identitaires qui lui conviennent et se raconter une histoire qu’il préfère (haut niveau de distanciation, niveau 4), pour enfin élaborer des manières d’agir en accord avec cette histoire préférée (très haut niveau de distanciation, niveau 5). Michael White a été inspiré par le travail de Lev Vygotski, dans le sens où, par cette construction en échafaudage des conversations, le thérapeute amène peu à peu le patient à faire de nouveaux apprentissages.
Ce que Lev Vygotski nomme la « la zone proximale de développement ». Nous allons plus particulièrement nous intéresser à la carte du remembering, au regard de cette construction en échafaudage, pour focaliser sur ce que la composante relationnelle peut nous apporter en psychothérapie. Les quatre étapes de la carte du remembering à propos d’une personne ressource (PR) se composent ainsi : a. les actions de la PR dans la vie du patient, comment PR contribue/a contribué à la vie du patient ; b. ce que PR reconnaît de l’identité du patient pour agir ainsi ; c. comment le patient a agi face à cette(ces) contribution(s) de la PR dans sa vie ; d. quel aspect de l’identité de la PR cela vien-til renforcer.
RECOUPEMENT THÉORIE ET PRATIQUE
Nous voyons que les deux premières questions (« avez-vous récemment quelqu’un dans votre entourage personnel ou professionnel qui vous a aidée spontanément ? » et « pouvez- vous m’en dire plus sur la manière dont elle vous a aidée ? ») permettent d’avoir une description du contexte (qui pourrait encore être plus détaillé), ce qui correspond au niveau 1 de l’« échafaudage ». La question « est-ce qu’elle aide tout le monde de la même manière ? » permet d’ouvrir une nouvelle signification. Elle est discriminante (discrimine comment PR agit avec la patiente vs les autres) et essentielle pour que ce soit une relation particulière (niveau 2).
La question amène même spontanément à d’autres événements, et si cela n’avait pas été le cas alors des questions auraient pu être posées pour apporter plus de consistance à cette relation particulière (également niveau 2). De cela la patiente va pouvoir prendre conscience de pourquoi cette personne agit de la sorte et l’attribution n’est pas naturaliste –parce qu’elle gentille – mais intentionnelle – parce qu’elle reconnaît et apprécie quelque chose en moi (niveau 3, étapes a et b du remembering). Des détours pourraient être faits pour explorer d’autres horizons : quand cette identité préférée s’exprime- t-elle ? est-ce que d’autres personnes reconnaissent cette identité qui lui est préférée ? a-t-elle des histoires à nous raconter lorsque cette identité préférée s’exprime et ce qu’elle ressent, ce que cela rend possible ? (niveau 4), pour ensuite questionner ce que cela rend possible dans le futur d’être connectée à cette identité préférée (niveau 5).
Revenons à la carte du remembering car la suite (c) est très importante pour que la patiente puisse ressentir la réciprocité des relations. En effet, elle n’est pas qu’une personne qui reçoit un service mais une personne qui contribue à la vie de la PR, dans le sens où accepter ce service permet à la PR de continuer à se définir. C’est accéder à une nouvelle signification (retour au niveau 2) qui va être épaissie lors de la dernière étape de la carte du remembering (d). Suite de l’entretien...
- Th. : « Donc si je comprends bien, en acceptant son aide vous renforcez sa valeur de solidarité ?
- P. : Je n’avais jamais vu les choses comme ça, mais c’est exact.
- Th. : Qu’est-ce que cela vous fait de voir les choses comme ça ?
- P. : Je me dis que c’est une relation sur qui je peux compter, et que je suis contente de pouvoir avoir cette place dans sa vie. Ça me donne de l’espoir pour d’autres relations.
- Th. : Et comment vous pourriez repérer ce genre de relation quand elle se présente ?... » Et un échange se poursuit en faveur des signes évocateurs de ce type de relation bilatérale. Cette question va permettre de tisser avec d’autres événements en faveur des signes évocateurs de ce type de relation bilatérale (niveau 3), ce qui va lui permettre de devenir plus experte à juger si elle est dans une relation menaçante ou non (niveau 4). De là est déconstruite cette histoire dominante qui s’imposait, « les autres me veulent du mal », en une histoire préférée de type « je peux avoir des relations sereines ». Puis les questions de niveau 5 sont ensuite explorées. Pour ancrer le niveau 5, ce schéma lui a été proposé pour qu’elle pense qu’à chaque fois qu’elle accepte l’aide de quelqu’un, ça lui fait plaisir (sourire sur le dessin), elle permet aussi à cette personne de renforcer une part d’elle qui lui est chère (coeur sur le dessin). Ainsi, plutôt que de se positionner dans une relation duelle où l’autre est menaçant, elle acquiert la capacité de se mettre dans un monde où les relations sont collaboratives. Je la revois un mois plus tard : sa relation avec cette collègue s’est renforcée, j’apprends que la relation avec son copain s’est apaisée (ce dont elle ne m’avait pas parlé au début, et la relation était mise à mal par ses pensées qu’il puisse aller voir ailleurs, lui faire du mal...) et elle a réussi à entrer en relation avec de nouvelles personnes sans que cela active d’angoisse liée à la paranoïa. Elle a repris le raisonnement que nous avions eu et elle se laisse le temps de décider si c’est une relation où il y a de la réciprocité. Elle a mis fin à son suivi parce qu’elle sentait avoir avancé et être bien dans ses relations aux autres, en ayant fait la part des choses entre une saine méfiance et une paranoïa abusive.
DÉTOUR EN POSITION DÉCENTRÉE INFLUENTE
Les conversations basées sur la pratique narrative permettent de rendre visible l’invisible dans le sens où une lecture intentionnelle est faite de faits qui ont été banalisés comme normaux. Cette lecture permet à la personne de se positionner dans sa vie dans les valeurs qui lui sont chères et de retrouver une certaine initiative perdue. Ceci est également possible par la posture du thérapeute qui est nommée « décentrée influente ». Michael White prend l’analogie d’un journaliste d’expertise. La position est décentrée (en tant que thérapeute) de ses croyances, ses représentations mentales, sa culture... car centrée sur celles du patient. Et influente car c’est le thérapeute, qui par le choix de ses questions, va choisir de s’orienter vers l’exploration de tel ou tel territoire de la vie de la personne mise dans l’ombre.
CONSTRUIRE L’IDENTITÉ FAVORITE DU PATIENT À TRAVERS LE REGARD DE L’AUTRE
Dans le cadre de la dépression, l’identité de la personne peut être saturée par une histoire dominante qu’elle se raconte à elle-même (« je suis nul.le », « je rate tout », « je n’ai pas de valeur »...) pour diverses raisons (maltraitance, carence affective...). Les voix de la dépression amènent de la dévalorisation. Comment une personne peut-elle sortir de cette conclusion identitaire négative alors qu’elle entend chaque jour, de son intérieur, les voix de la dépression ? Le détour de la relation, quand elle est présente, va permettre de contribuer à la déconstruction de cette conclusion identitaire négative. La carte du remembering utilisée dans ce cas nécessite un préalable : qu’il existe des relations sécures. S’il n’y a pas de relations sécures, alors elles sont à rechercher ou à construire comme vu plus haut.
CAS CLINIQUE 2
Hélène est une femme de 39 ans qui a été brutalement frappée par la dépression il y a trois ans. Elle se dit en dépression depuis vingt ans, mais avant elle arrivait à être le boute-en- train de ses amis et à assurer au travail. Elle est célibataire et n’a pas d’enfant. Il y a des antécédents de viol dans l’enfance….
Pour lire la suite...
Charlotte Thouvenot Psychologue et psychothérapeute en libéral, spécialisée en psychopathologie de la cognition et en gérontopsychiatrie. Formée à l’hypnose et aux thérapies stratégiques, narratives et aux mouvements oculaires. Formatrice en hypnose et en thérapie narrative.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Enfants et prescription de symptôme.
COMMENT AMENER LES PARENTS À DEVENIR CO-THÉRAPEUTES Nathalie KORALNIK pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74. Quand peurs, cris, refus ou blocages mettent à mal la paix dans la famille, entraînant l’inévitable escalade entre parents et enfants, la solution peut venir de la prescription de symptôme. Une intervention qui peut paraître déconcertante, entre le virage à 180 degrés et le total contrepied. A manier avec bienveillance et subtilité.
Dans l’approche interactionnelle et stratégique, la prescription de symptôme est une intervention thérapeutique de type paradoxal dont les variantes sont nombreuses... et toujours surprenantes. Dans cet article, je souhaite vous présenter une forme qu’il nous arrive souvent de prescrire à des parents d’enfants de tous âges qui consultent pour des problèmes récurrents, douloureux mais finalement très communs d’escalade symétrique, de disputes, de crises, des problèmes capables de mettre à mal la relation avec leurs enfants mais aussi de déteindre sur l’équilibre de toute la famille. Cette prescription, tout efficace qu’elle puisse être, est assez délicate à appliquer et il faut s’assurer que la personne qui consulte l’ait bien comprise, de sorte qu’elle puisse l’appliquer à bon escient pour en retirer tous les bienfaits... et retrouver davantage de paix dans la relation. Pour l’illustrer, trois histoires...
HISTOIRE DE CLAUDINE ET CHARLOTTE
Claudine, maman de deux filles respectivement âgées de 9 ans et de 6 ans, appelle pour prendre rendez-vous pour sa deuxième fille, Charlotte. Motif : « Charlotte, raconte Claudine, a un sacré cabochon, et lorsqu’elle n’est pas contente, elle peut hurler pendant longtemps. » Elle s’oppose fréquemment aux décisions des membres de sa famille, ce qui lui donne autant d’occasions de crier. Je lui demande tout de suite si Charlotte se plaint elle-même de quelque chose. « Absolument pas, répond Claudine. C’est pour nous (les trois autres membres de la famille) que c’est difficile. » Décision est prise de voir les parents seuls, dans le but de les outiller et de les embaucher « comme co-thérapeutes » afin d’aider leur fille. C’est ce que nous appelons une « thérapie indirecte », que nous pratiquons avec les personnes qui souffrent d’un problème et qui sont mobilisables lorsque le patient désigné ne veut pas ou ne peut pas venir consulter. J’ai choisi de vous présenter le cas de Claudine car il a une originalité : les parents (surtout la maman) se veulent compréhensifs, à l’écoute, leur éducation doit être positive ; une confrontation un peu énergique avec sa fille lui est impensable car assimilée à de la brutalité. Elle cède dans la plupart des cas, lorsqu’elle considère qu’elle peut laisser sa fille faire comme elle veut, mais tient bon parfois lorsqu’elle décide qu’elle n’a vraiment pas le choix.
Concrètement, lorsque Charlotte est mécontente, par exemple de devoir marcher dans la rue pour aller à un endroit où elle ne veut pas aller – comme à la bibliothèque pour rendre les livres empruntés –, elle hurle tout ce qu’elle peut tandis que sa mère (ou parfois son père) la traîne pour qu’elle avance. La dernière fois, elle s’est égosillée pendant vingt minutes, puis s’est plainte d’avoir mal à la gorge. Les passants la regardent, font parfois des commentaires, mais elle est dans sa bulle et ne semble pas en être affectée. Dans la plupart des familles, généralement, les tentatives de solution des parents consistent à ordonner à l’enfant de se taire puis à exploser dans une escalade symétrique lorsqu’ils n’en peuvent plus, ou alors à céder par lassitude et souvent par honte devant le regard d’autrui. Mais pas Claudine. Elle a compris qu’être frontale avec sa cabocharde de fille ne sert à rien, elle ne veut pas lui faire du mal psychologiquement, alors elle se tait, la tire effectivement pour la faire avancer tandis que la petite crie à qui mieux mieux jusqu’à ce qu’elle soit distraite par autre chose et arrête de crier.
Claudine raconte tout cela de manière assez placide, mais lorsque j’approfondis un peu elle avoue qu’elle est « fortement agacée ». Fortement agacée, mais elle ne dit rien. Et maintenant, il faut rejoindre Claudine, soigner la relation avec elle, lui faire sentir qu’elle a été entendue et comprise quant au problème pour lequel elle consulte, tout en commençant à intervenir sur sa perception : car nous devons guider la personne de manière à ce qu’elle fasse un 180 degrés par rapport à ses tentatives de solutions, c’est-à-dire carrément le contraire de ce qu’elle faisait jusqu’à présent et qui ne fonctionnait pas. Nous devons la rejoindre, l’accompagner et la conduire (« pacing and leading », comme le disait Milton Erickson), et dans cette communication le savoir-faire hypnotique a toute sa place. Je demande à Claudine :
- Thérapeute : « Pensez-vous que Charlotte n’a pas capté votre agacement ?
- Claudine : Si, si, elle l’a capté, même si elle est complètement dans son truc quand elle crie pendant si longtemps. En même temps, je ne vais pas l’empêcher d’exprimer son ressenti... J’ai une image de la petite Charlotte toute seule « dans son truc », dans sa transe de contrariété, de colère et de douleur.
- Th. : Non, non, bien sûr que non. Mais récapitulons un peu : Charlotte est contrariée, très contrariée, elle l’exprime, pour l’exprimer elle peut crier dans ce grand vide sidéral où personne ne lui dit rien, où finalement elle est prise dans sa colère, toute seule avec elle-même tout en étant dans le monde parmi les autres, et par ailleurs même si vous ne lui dites rien, elle sent bien que vous êtes agacée, que cela ne vous convient pas, finalement. Pour le dire autrement, d’un côté elle peut crier, de l’autre elle sait que cela ne vous va pas... »
En effet, comme nous l’a appris Paul Watzlawick, « on ne peut pas ne pas communiquer »... Nous voyons qu’à ce stade, en terme de dynamique interactionnelle, nous n’avons pas de franche escalade symétrique, où les deux protagonistes se livreraient à un bras de fer doublé d’une réelle dispute, mais nous n’avons pas non plus une franche relation complémentaire, où l’un des deux céderait au bénéfice de l’autre. C’est une symétrie plus larvée, où la maman tient son objectif mais ne dit rien car elle ne veut pas tomber dans le piège de forcer sa fille à ne pas crier, et où la fille fait à sa manière les pieds au mur mais où elle n’a pas d’autre choix, semble-t-il, que de crier jusqu’à n’en plus pouvoir. La maman a fait un choix éducatif plus permissif, dirions-nous, mais elle se tait. Et elle communique malgré elle un agacement, un « j’aimerais que tu te comportes autrement », et on la comprend ! On pourrait dire que ce qu’elle a mis en place, c’est quelque chose à mi-chemin entre la tentative de solution classique de l’escalade symétrique qu’elle veut éviter, et un 180 degrés accompli. Elle est coincée dans le dilemme suivant : « comme il est hors de question que je crie moi-même alors que ma fille crie, je me tais (mais ça n’est pas satisfaisant) ».
Nous sommes dans une relation complémentaire problématique car en contradiction avec ce qu’elle pense : « Si seulement elle pouvait ne pas crier ! » Ce qui représente tout de même une escalade symétrique. Et comme elle ne peut pas toujours laisser sa fille faire ce qu’elle veut (par exemple, la laisser seule dans la rue), elle la tire tandis que la petite résiste en criant (mais ça n’est pas satisfaisant non plus). Là aussi, nous avons une escalade symétrique. Telle est la dynamique interactionnelle du problème, sur laquelle nous allons calquer la dynamique interactionnelle de la solution de manière à faire vraiment quelque chose de différent par rapport à ce qui n’a pas fonctionné. Voici donc la prescription thérapeutique telle qu’elle a été donnée à Claudine :
- Th. : « Comme nous l’avons vu, Charlotte sent que vous espéreriez qu’elle se comporte autrement, mais comme elle est contrariée – et fâchée contre vous –, elle n’est pas près de vous faire ce plaisir. En même temps, il semble qu’elle puisse se retrouver comme coincée dans cette émotion de grande contrariété qui l’oblige à hurler dans la durée, jusqu’à en avoir mal à la gorge, mais c’est comme si elle n’avait pas d’autre choix pour le moment. Je voudrais vous proposer une alternative, une indication très bien traitante et bienveillante qui à mon avis coche toutes les cases de ce qui est important pour vous – et pour moi. Cette alternative, en essence, va communiquer à Charlotte : “tu as le droit d’avoir des émotions, tu as le droit de les manifester, je t’en prie fais-le, et cela me va tout à fait, je n’en suis pas incommodée.
Mais nous allons tout de même faire ce que j’ai prévu qu’on fasse”. Concrètement, voici ce que cela peut donner : “ma chérie, je vais te dire quelque chose qui ne va pas te plaire, et tu vas certainement avoir envie de crier, je t’en prie si ça te fait du bien n’hésite pas à crier autant que tu le peux pendant que nous marchons, car nous allons aller rendre les livres à la bibliothèque”. Alors vous comprenez que si Charlotte crie tant qu’elle peut, elle vous aura obéi, n’est-ce pas, et nous serons contentes qu’elle vous ait obéi ! Et si au contraire elle ne crie pas, mettons qu’elle vous regarde bizarrement ou se mette à bouder mais ne crie pas, elle vous aura désobéi mais nous serons contentes aussi, n’est-ce pas ? Tout le monde sera gagnant. Et bien sûr vous ne lui direz pas : “tu vois, quand tu veux, tu peux être sympa !”. Donc, qu’elle crie ou qu’elle ne crie pas, qu’elle vous obéisse ou qu’elle vous désobéisse, tout le monde sera gagnant et elle aura eu de vrais choix. Car vous savez, c’est très différent pour un enfant de crier de manière interminable, sans l’avoir vraiment choisi mais sans pouvoir faire autrement, et de crier parce que sa mère le lui a demandé.
Là, ce sera vraiment une décision. Dans ce dernier cas, si elle crie, alors vous devrez attentivement noter si elle crie aussi fort, plus fort, moins fort que d’habitude, et combien de temps, plus longtemps, moins longtemps... Et de votre côté, en prescrivant le symptôme, comme on le dit dans notre jargon, vous surferez sur la vague au lieu de vous la prendre sur la tête à chaque fois tout en serrant les dents et en crispant les orteils. »
Avec cette prescription, au lieu de ne rien dire et de laisser faire, la maman a quelque chose de précis à dire ; au lieu de penser : « si seulement ma fille pouvait ne pas crier et faire ce que je lui dis », elle lui conseille chaleureusement d’exprimer son mécontentement autant qu’elle le veut car cela ne la dérange pas (et elle doit être sincère en le disant). Nous voyons comment, dans ce cas, notre fameux 180 degrés par rapport aux tentatives de solution – c’est-à-dire notre intervention thérapeutique – consiste à prescrire le symptôme. La dynamique relationnelle d’escalade symétrique s’est transformée en une complémentarité. Claudine revient deux semaines plus tard, surprise et amusée. Charlotte n’a quasiment plus crié. Elle a dit qu’elle n’avait pas envie de faire certaines choses, mais ça a été.
Quand il a fallu aller à la bibliothèque rendre les livres de la semaine écoulée, elle a essayé de marcher très lentement alors que sa mère voulait avancer, mais Claudine, encouragée par les résultats de la première prescription de symptôme, s’est autorisée à lui proposer de marcher à son rythme tandis qu’elle et sa soeur avançaient au leur (l’environnement était sans danger). Ici aussi, nous avons une complémentarité. Charlotte s’est empressée de leur emboîter le pas. Une condition sine qua non : prescrire le symptôme se fait sans sarcasme ni ironie, mais avec conviction (pour cela, le thérapeute se sera assuré que la personne a bien saisi et intégré toutes les subtilités de l’intervention), avec fermeté (car elle va tenir ce qu’elle a décidé de tenir) et avec une sincère bienveillance.
HISTOIRE DE CYRIL ET DE SA MAMAN
Ce sont les deux parents d’un garçon de 9 ans qui viennent avec leur fils, Cyril. Lorsque l’orthophoniste de Cyril, qu’elle suit pour une dyslexie, leur a conseillés de venir me voir, celui-ci répétait régulièrement qu’il était nul, qu’il ne comprenait rien, qu’il en avait marre et qu’il serait mieux s’il était mort. Tout le monde était en alerte. Je lui demande :
- Th. : « Tu en as tellement marre que tu dis que tu serais mieux si tu étais mort, c’est ça ?
- Cyril : Oui.
- Th. : Je vois ça... (silence). Tu serais mieux et tu en aurais moins marre s’il se passait quoi de différent ?
- Cyril : Je n’aime pas l’école – enfin j’aime quand même bien les copains à l’école –, mais surtout je déteste les devoirs, je ne comprends rien et j’y arrive pas.
- Th. : Ah, c’est sûr que comme ça, c’est vraiment pénible... (silence). Mais toi, tu dis que tu voudrais ne jamais faire les devoirs ?
- Cyril : Ah non, ce n’est pas possible, ça ! J’aurais encore de plus mauvaises notes !
- Th. : Bon, donc tu es en train de me dire que si tu pouvais rendre les devoirs moins pénibles, étant donné que tu ne peux pas les éviter, ce serait franchement mieux, j’ai bien compris ?
- Cyril : Oui.
- Th. : D’accord, on va voir si on est capables de faire ça. » Nous tenons donc un objectif. Quelques mots sur le contexte : Cyril n’a pas franchement des résultats épouvantables à l’école, et il ne déteste pas son enseignante.
C’est un garçon fin et intelligent. C’est juste, dit-il, que c’est dur, qu’il doit beaucoup travailler, qu’il est souvent déçu des résultats qu’il obtient et qu’il préfère jouer. A part ça, il aime apprendre d’autres choses et regarder des documentaires sur la nature, les planètes et les animaux. La maman, qui reconnaît que l’école telle qu’elle existe n’est pas vraiment idéale pour son fils et réciproquement, est à la demande des enseignants très investie dans le travail scolaire, elle assume cette responsabilité (tandis que le papa s’occupe des sports). Sachant que son fils a des problèmes de dyslexie, elle fait de son mieux pour qu’il apprenne, révise, et elle a charge de lui demander des choses en plus (les exercices de l’orthophoniste, plus d’autres pour s’assurer qu’il a bien compris les leçons de l’école). Elle fait naturellement cela pour son bien, puisque dans un an et demi c’est la 6e et qu’il faut qu’il soit préparé. Résultat : le travail scolaire exige en effet beaucoup de temps (trop de temps), mais ce temps est quasiment doublé à cause des scènes et des drames entre le fiston et sa maman, préalables au travail en tant que tel. Là aussi, il s’agit d’une escalade symétrique.
Sa maman l’appelle : « Cyril, c’est l’heure de faire les devoirs... »...
Pour lire la suite...
NATHALIE KORALNIK Enseigne l’approche systémique et stratégique brève et l’hypnose ericksonienne à l’Institut Gregory Bateson (IGB). Elle consulte en cabinet privé dans la région lyonnaise en français, anglais et italien, et supervise des équipes socio-éducatives dans sa région. Egalement traductrice et interprète, elle traduit des séminaires et des ouvrages dans ses domaines de compétence.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
HISTOIRE DE CLAUDINE ET CHARLOTTE
Claudine, maman de deux filles respectivement âgées de 9 ans et de 6 ans, appelle pour prendre rendez-vous pour sa deuxième fille, Charlotte. Motif : « Charlotte, raconte Claudine, a un sacré cabochon, et lorsqu’elle n’est pas contente, elle peut hurler pendant longtemps. » Elle s’oppose fréquemment aux décisions des membres de sa famille, ce qui lui donne autant d’occasions de crier. Je lui demande tout de suite si Charlotte se plaint elle-même de quelque chose. « Absolument pas, répond Claudine. C’est pour nous (les trois autres membres de la famille) que c’est difficile. » Décision est prise de voir les parents seuls, dans le but de les outiller et de les embaucher « comme co-thérapeutes » afin d’aider leur fille. C’est ce que nous appelons une « thérapie indirecte », que nous pratiquons avec les personnes qui souffrent d’un problème et qui sont mobilisables lorsque le patient désigné ne veut pas ou ne peut pas venir consulter. J’ai choisi de vous présenter le cas de Claudine car il a une originalité : les parents (surtout la maman) se veulent compréhensifs, à l’écoute, leur éducation doit être positive ; une confrontation un peu énergique avec sa fille lui est impensable car assimilée à de la brutalité. Elle cède dans la plupart des cas, lorsqu’elle considère qu’elle peut laisser sa fille faire comme elle veut, mais tient bon parfois lorsqu’elle décide qu’elle n’a vraiment pas le choix.
Concrètement, lorsque Charlotte est mécontente, par exemple de devoir marcher dans la rue pour aller à un endroit où elle ne veut pas aller – comme à la bibliothèque pour rendre les livres empruntés –, elle hurle tout ce qu’elle peut tandis que sa mère (ou parfois son père) la traîne pour qu’elle avance. La dernière fois, elle s’est égosillée pendant vingt minutes, puis s’est plainte d’avoir mal à la gorge. Les passants la regardent, font parfois des commentaires, mais elle est dans sa bulle et ne semble pas en être affectée. Dans la plupart des familles, généralement, les tentatives de solution des parents consistent à ordonner à l’enfant de se taire puis à exploser dans une escalade symétrique lorsqu’ils n’en peuvent plus, ou alors à céder par lassitude et souvent par honte devant le regard d’autrui. Mais pas Claudine. Elle a compris qu’être frontale avec sa cabocharde de fille ne sert à rien, elle ne veut pas lui faire du mal psychologiquement, alors elle se tait, la tire effectivement pour la faire avancer tandis que la petite crie à qui mieux mieux jusqu’à ce qu’elle soit distraite par autre chose et arrête de crier.
Claudine raconte tout cela de manière assez placide, mais lorsque j’approfondis un peu elle avoue qu’elle est « fortement agacée ». Fortement agacée, mais elle ne dit rien. Et maintenant, il faut rejoindre Claudine, soigner la relation avec elle, lui faire sentir qu’elle a été entendue et comprise quant au problème pour lequel elle consulte, tout en commençant à intervenir sur sa perception : car nous devons guider la personne de manière à ce qu’elle fasse un 180 degrés par rapport à ses tentatives de solutions, c’est-à-dire carrément le contraire de ce qu’elle faisait jusqu’à présent et qui ne fonctionnait pas. Nous devons la rejoindre, l’accompagner et la conduire (« pacing and leading », comme le disait Milton Erickson), et dans cette communication le savoir-faire hypnotique a toute sa place. Je demande à Claudine :
- Thérapeute : « Pensez-vous que Charlotte n’a pas capté votre agacement ?
- Claudine : Si, si, elle l’a capté, même si elle est complètement dans son truc quand elle crie pendant si longtemps. En même temps, je ne vais pas l’empêcher d’exprimer son ressenti... J’ai une image de la petite Charlotte toute seule « dans son truc », dans sa transe de contrariété, de colère et de douleur.
- Th. : Non, non, bien sûr que non. Mais récapitulons un peu : Charlotte est contrariée, très contrariée, elle l’exprime, pour l’exprimer elle peut crier dans ce grand vide sidéral où personne ne lui dit rien, où finalement elle est prise dans sa colère, toute seule avec elle-même tout en étant dans le monde parmi les autres, et par ailleurs même si vous ne lui dites rien, elle sent bien que vous êtes agacée, que cela ne vous convient pas, finalement. Pour le dire autrement, d’un côté elle peut crier, de l’autre elle sait que cela ne vous va pas... »
En effet, comme nous l’a appris Paul Watzlawick, « on ne peut pas ne pas communiquer »... Nous voyons qu’à ce stade, en terme de dynamique interactionnelle, nous n’avons pas de franche escalade symétrique, où les deux protagonistes se livreraient à un bras de fer doublé d’une réelle dispute, mais nous n’avons pas non plus une franche relation complémentaire, où l’un des deux céderait au bénéfice de l’autre. C’est une symétrie plus larvée, où la maman tient son objectif mais ne dit rien car elle ne veut pas tomber dans le piège de forcer sa fille à ne pas crier, et où la fille fait à sa manière les pieds au mur mais où elle n’a pas d’autre choix, semble-t-il, que de crier jusqu’à n’en plus pouvoir. La maman a fait un choix éducatif plus permissif, dirions-nous, mais elle se tait. Et elle communique malgré elle un agacement, un « j’aimerais que tu te comportes autrement », et on la comprend ! On pourrait dire que ce qu’elle a mis en place, c’est quelque chose à mi-chemin entre la tentative de solution classique de l’escalade symétrique qu’elle veut éviter, et un 180 degrés accompli. Elle est coincée dans le dilemme suivant : « comme il est hors de question que je crie moi-même alors que ma fille crie, je me tais (mais ça n’est pas satisfaisant) ».
Nous sommes dans une relation complémentaire problématique car en contradiction avec ce qu’elle pense : « Si seulement elle pouvait ne pas crier ! » Ce qui représente tout de même une escalade symétrique. Et comme elle ne peut pas toujours laisser sa fille faire ce qu’elle veut (par exemple, la laisser seule dans la rue), elle la tire tandis que la petite résiste en criant (mais ça n’est pas satisfaisant non plus). Là aussi, nous avons une escalade symétrique. Telle est la dynamique interactionnelle du problème, sur laquelle nous allons calquer la dynamique interactionnelle de la solution de manière à faire vraiment quelque chose de différent par rapport à ce qui n’a pas fonctionné. Voici donc la prescription thérapeutique telle qu’elle a été donnée à Claudine :
- Th. : « Comme nous l’avons vu, Charlotte sent que vous espéreriez qu’elle se comporte autrement, mais comme elle est contrariée – et fâchée contre vous –, elle n’est pas près de vous faire ce plaisir. En même temps, il semble qu’elle puisse se retrouver comme coincée dans cette émotion de grande contrariété qui l’oblige à hurler dans la durée, jusqu’à en avoir mal à la gorge, mais c’est comme si elle n’avait pas d’autre choix pour le moment. Je voudrais vous proposer une alternative, une indication très bien traitante et bienveillante qui à mon avis coche toutes les cases de ce qui est important pour vous – et pour moi. Cette alternative, en essence, va communiquer à Charlotte : “tu as le droit d’avoir des émotions, tu as le droit de les manifester, je t’en prie fais-le, et cela me va tout à fait, je n’en suis pas incommodée.
Mais nous allons tout de même faire ce que j’ai prévu qu’on fasse”. Concrètement, voici ce que cela peut donner : “ma chérie, je vais te dire quelque chose qui ne va pas te plaire, et tu vas certainement avoir envie de crier, je t’en prie si ça te fait du bien n’hésite pas à crier autant que tu le peux pendant que nous marchons, car nous allons aller rendre les livres à la bibliothèque”. Alors vous comprenez que si Charlotte crie tant qu’elle peut, elle vous aura obéi, n’est-ce pas, et nous serons contentes qu’elle vous ait obéi ! Et si au contraire elle ne crie pas, mettons qu’elle vous regarde bizarrement ou se mette à bouder mais ne crie pas, elle vous aura désobéi mais nous serons contentes aussi, n’est-ce pas ? Tout le monde sera gagnant. Et bien sûr vous ne lui direz pas : “tu vois, quand tu veux, tu peux être sympa !”. Donc, qu’elle crie ou qu’elle ne crie pas, qu’elle vous obéisse ou qu’elle vous désobéisse, tout le monde sera gagnant et elle aura eu de vrais choix. Car vous savez, c’est très différent pour un enfant de crier de manière interminable, sans l’avoir vraiment choisi mais sans pouvoir faire autrement, et de crier parce que sa mère le lui a demandé.
Là, ce sera vraiment une décision. Dans ce dernier cas, si elle crie, alors vous devrez attentivement noter si elle crie aussi fort, plus fort, moins fort que d’habitude, et combien de temps, plus longtemps, moins longtemps... Et de votre côté, en prescrivant le symptôme, comme on le dit dans notre jargon, vous surferez sur la vague au lieu de vous la prendre sur la tête à chaque fois tout en serrant les dents et en crispant les orteils. »
Avec cette prescription, au lieu de ne rien dire et de laisser faire, la maman a quelque chose de précis à dire ; au lieu de penser : « si seulement ma fille pouvait ne pas crier et faire ce que je lui dis », elle lui conseille chaleureusement d’exprimer son mécontentement autant qu’elle le veut car cela ne la dérange pas (et elle doit être sincère en le disant). Nous voyons comment, dans ce cas, notre fameux 180 degrés par rapport aux tentatives de solution – c’est-à-dire notre intervention thérapeutique – consiste à prescrire le symptôme. La dynamique relationnelle d’escalade symétrique s’est transformée en une complémentarité. Claudine revient deux semaines plus tard, surprise et amusée. Charlotte n’a quasiment plus crié. Elle a dit qu’elle n’avait pas envie de faire certaines choses, mais ça a été.
Quand il a fallu aller à la bibliothèque rendre les livres de la semaine écoulée, elle a essayé de marcher très lentement alors que sa mère voulait avancer, mais Claudine, encouragée par les résultats de la première prescription de symptôme, s’est autorisée à lui proposer de marcher à son rythme tandis qu’elle et sa soeur avançaient au leur (l’environnement était sans danger). Ici aussi, nous avons une complémentarité. Charlotte s’est empressée de leur emboîter le pas. Une condition sine qua non : prescrire le symptôme se fait sans sarcasme ni ironie, mais avec conviction (pour cela, le thérapeute se sera assuré que la personne a bien saisi et intégré toutes les subtilités de l’intervention), avec fermeté (car elle va tenir ce qu’elle a décidé de tenir) et avec une sincère bienveillance.
HISTOIRE DE CYRIL ET DE SA MAMAN
Ce sont les deux parents d’un garçon de 9 ans qui viennent avec leur fils, Cyril. Lorsque l’orthophoniste de Cyril, qu’elle suit pour une dyslexie, leur a conseillés de venir me voir, celui-ci répétait régulièrement qu’il était nul, qu’il ne comprenait rien, qu’il en avait marre et qu’il serait mieux s’il était mort. Tout le monde était en alerte. Je lui demande :
- Th. : « Tu en as tellement marre que tu dis que tu serais mieux si tu étais mort, c’est ça ?
- Cyril : Oui.
- Th. : Je vois ça... (silence). Tu serais mieux et tu en aurais moins marre s’il se passait quoi de différent ?
- Cyril : Je n’aime pas l’école – enfin j’aime quand même bien les copains à l’école –, mais surtout je déteste les devoirs, je ne comprends rien et j’y arrive pas.
- Th. : Ah, c’est sûr que comme ça, c’est vraiment pénible... (silence). Mais toi, tu dis que tu voudrais ne jamais faire les devoirs ?
- Cyril : Ah non, ce n’est pas possible, ça ! J’aurais encore de plus mauvaises notes !
- Th. : Bon, donc tu es en train de me dire que si tu pouvais rendre les devoirs moins pénibles, étant donné que tu ne peux pas les éviter, ce serait franchement mieux, j’ai bien compris ?
- Cyril : Oui.
- Th. : D’accord, on va voir si on est capables de faire ça. » Nous tenons donc un objectif. Quelques mots sur le contexte : Cyril n’a pas franchement des résultats épouvantables à l’école, et il ne déteste pas son enseignante.
C’est un garçon fin et intelligent. C’est juste, dit-il, que c’est dur, qu’il doit beaucoup travailler, qu’il est souvent déçu des résultats qu’il obtient et qu’il préfère jouer. A part ça, il aime apprendre d’autres choses et regarder des documentaires sur la nature, les planètes et les animaux. La maman, qui reconnaît que l’école telle qu’elle existe n’est pas vraiment idéale pour son fils et réciproquement, est à la demande des enseignants très investie dans le travail scolaire, elle assume cette responsabilité (tandis que le papa s’occupe des sports). Sachant que son fils a des problèmes de dyslexie, elle fait de son mieux pour qu’il apprenne, révise, et elle a charge de lui demander des choses en plus (les exercices de l’orthophoniste, plus d’autres pour s’assurer qu’il a bien compris les leçons de l’école). Elle fait naturellement cela pour son bien, puisque dans un an et demi c’est la 6e et qu’il faut qu’il soit préparé. Résultat : le travail scolaire exige en effet beaucoup de temps (trop de temps), mais ce temps est quasiment doublé à cause des scènes et des drames entre le fiston et sa maman, préalables au travail en tant que tel. Là aussi, il s’agit d’une escalade symétrique.
Sa maman l’appelle : « Cyril, c’est l’heure de faire les devoirs... »...
Pour lire la suite...
NATHALIE KORALNIK Enseigne l’approche systémique et stratégique brève et l’hypnose ericksonienne à l’Institut Gregory Bateson (IGB). Elle consulte en cabinet privé dans la région lyonnaise en français, anglais et italien, et supervise des équipes socio-éducatives dans sa région. Egalement traductrice et interprète, elle traduit des séminaires et des ouvrages dans ses domaines de compétence.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier N°74 : Août / Sept. / Octobre 2024
La puissance thérapeutique de la relation humaine
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°74 :
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
La puissance thérapeutique de la relation humaine.
Editorial Dr Julien BETBEZE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 74.
Si la prise en compte du corps relationnel est au centre des changements en thérapie, cela implique pour le thérapeute d’être attentif au contexte relationnel favorisant les processus dissociatifs. Et pour favoriser les processus de réassociation, le thérapeute doit être en capacité de modifier les interactions qui entretiennent le problème.
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier
. Nathalie Koralnik, dans un texte clair et pédagogique, nous montre comment la prescription du symptôme permet à des parents consultant pour des problèmes récurrents, avec une escalade symétrique de disputes et de crises, de retrouver une relation éducative positive, les parents pouvant s’investir dans un rôle de co-thérapeutes. L’approche stratégique, lorsqu’elle est pensée de manière coopérative, est vraiment un outil de choix pour sortir des impasses relationnelles.
. Delphine Le Gris nous parle de Mélanie, une jeune femme en grande souffrance après une rupture sentimentale où la relation de couple était depuis longtemps perçue comme maltraitante. En s’immergeant dans l’histoire de sa patiente, l’image de la mer et de l’eau est apparue, avec des vagues réparatrices permettant de retrouver les ressources enfuies et de rendre possible l’oubli des relations difficiles emportées au large. Nous voyons ainsi l’importance pour le thérapeute de se connecter à l’histoire racontée par le sujet pour ouvrir un imaginaire partagé, dans lequel la vie relationnelle va reprendre sa place.
. Michel Dumas évoque l’histoire de Stéphanie, confrontée à la déliquescence de la relation avec son mari qui, le plus souvent, met en scène sa tristesse et se réfugie devant son téléviseur. Elle ne parvient pas à aborder avec son conjoint cette situation où elle se sent de moins en moins aimée, car elle a peur d’un conflit qui provoquerait les conséquences qu’elle redoute. Après un recadrage : « si tu fais l’agneau, tu trouveras le loup qui te mangera », le thérapeute prescrit trois tâches stratégiques possibles pour sortir de ce cercle vicieux relationnel.
. Jérémie Roos nous raconte comment la situation bloquée de Zohra, attaquée par un chien, a pu évoluer grâce au sous-main de son bureau utilisé comme une scène imaginaire. Celle-ci permettra l’émergence de nouvelles formes relationnelles, ouvrant de nouveaux possibles grâce au soutien de la relation thérapeutique.
. Gérard Ostermann nous présente la synthèse effectuée par, Michel Ruel, à partir du travail de la CFHTB, sur l’utilisation de l’hypnose pour faire face à la souffrance au travail. Il rappelle l’importance de différencier le pré-effondrement de l’effondrement dans ces prises en charge. L’illustration clinique de la situation inquiétante d’un cadre d’entreprise subissant un début de désocialisation met en évidence l’intérêt du travail avec les métaphores pour retrouver des objectifs atteignables.
. Morgane Monnier, quant à elle, nous présente l’intérêt de l’hypnose et des thérapies brèves pour améliorer les prises en charge en psychomotricité.Dans le dossier thématique « Thérapie et relation ».
. Géraldine Garon et Solen Montanari mettent en lumière la puissance thérapeutique de la relation humaine lorsque le thérapeute et le patient entrent dans un processus de co-construction par un travail de questionnement permettant l’émergence d’un imaginaire partagé. Elles montrent, à travers les situations de Lou (qui se plaint de tics) et de Mathilde (présentant un excès de poids), comment l’externalisation nourrit le processus thérapeutique en favorisant l’accordage. Cet article décrit très bien l’apport de la TLMR à la mobilisation des ressources et au repositionnement du sujet. .
A partir de trois situations cliniques, Charlotte Thouvenot décrit avec précision l’importance de la carte du remembering pour retrouver une relation vivante et faire l’expérience de l’estime de soi.
. Olivier de Palézieux développe une meilleure compréhension du concept d’empathie, au centre de la relation. Pour cela, il en décrit l’historique et les variations de sens. Il illustre l’intérêt de sa réflexion à propos du cas de Lucas présentant un TSA (trouble du spectre autistique).
Vous retrouverez la chronique de Sophie Cohen sur une première consultation autour de la détresse conjugale et des réseaux sociaux, celle de Sylvie Le Pelletier-Beaufond « Passer les portes secrètes et apaiser les craintes ». Tandis que Stefano Colombo et Muhuc vous feront découvrir ce qui peut se cacher derrière la « peur du conflit ».
. Livres en bouche du mois.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°74 version Papier
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Anne LALANDE
Infirmière,
Hypnose Médicale,
DU douleur,
Thérapeute EMDR IMO près de Bordeaux.
Gestion du Stress Post-Traumatique, Gestion de la douleur.
Troubles de la fertilité.
Sevrage tabagique.
Dans le cadre de ma pratique, j'intègre diverses approches thérapeutiques pour offrir un accompagnement personnalisé et efficace. Parmi ces approches, l'EMDR-IMO (Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires) se révèle être un excellent complément à l'hypnose. Bien que je ne l'utilise pas systématiquement, cette technique est particulièrement utile pour la gestion des traumatismes. En combinant l'EMDR-IMO avec l'hypnose, je peux aider mes clients à diminuer la charge émotionnelle liée à des expériences traumatisantes, rendant ainsi l'hypnose encore plus efficace dans certains cas.
Consultations 222 Avenue du Taillan Médoc
33320 Eysines
0666540299
https://www.hypnose-eysines.fr/
Formations Formation au CHTIP Collège Hypnose & Thérapies Intégratives de Paris, et à l'Institut IN-DOLORE.
Formation en EMDR IMO à France EMDR IMO avec Laurent GROSS & Laurence ADJADJ
Inscrite au Registre des Praticiens EMDR - IMO de France sous le numéro 241505020
Hypnose Médicale,
DU douleur,
Thérapeute EMDR IMO près de Bordeaux.
Gestion du Stress Post-Traumatique, Gestion de la douleur.
Troubles de la fertilité.
Sevrage tabagique.
Dans le cadre de ma pratique, j'intègre diverses approches thérapeutiques pour offrir un accompagnement personnalisé et efficace. Parmi ces approches, l'EMDR-IMO (Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires) se révèle être un excellent complément à l'hypnose. Bien que je ne l'utilise pas systématiquement, cette technique est particulièrement utile pour la gestion des traumatismes. En combinant l'EMDR-IMO avec l'hypnose, je peux aider mes clients à diminuer la charge émotionnelle liée à des expériences traumatisantes, rendant ainsi l'hypnose encore plus efficace dans certains cas.
Consultations 222 Avenue du Taillan Médoc
33320 Eysines
0666540299
https://www.hypnose-eysines.fr/
Formations Formation au CHTIP Collège Hypnose & Thérapies Intégratives de Paris, et à l'Institut IN-DOLORE.
Formation en EMDR IMO à France EMDR IMO avec Laurent GROSS & Laurence ADJADJ
Inscrite au Registre des Praticiens EMDR - IMO de France sous le numéro 241505020
BORDEAUX: Formation et Supervision sur les phobies, anxiété et la claustrophobie.
A Bordeaux, dans le cadre de l'HypnoCercle ®, faisant suite à la formation.
Supervision animée par Frédérique LEMAISTRE et ses approches plurielles pour mieux prendre en soin les phobies, l'anxiété et la claustrophobie.
Le travail de Frédérique LEMAISTRE repose sur l’autonomie du patient, la créativité et la posture thérapeutique comme leviers essentiels pour dépasser les troubles anxieux et la claustrophobie, notamment en contexte médical. De Milton Erickson à François Roustang, de Vygotski à Nietzsche, ses influences multiples nourrissent une pratique fluide et adaptable.
Une supervision dynamique et appliquée
Lors de cette session dédiée aux stratégies face aux phobies et à l’anxiété, Frédéric LEMAISTRE sera là pour vous permettre d'explorer les ponts entre différentes approches thérapeutiques, tout en renforçant votre posture et votre impact clinique.
Un espace pratique, interactif et stimulant, conçu pour enrichir votre pratique et votre confiance en tant que praticien.
Frédérique LEMAISTRE est Manipulateur en électroradiologie, Praticien EMDR IMO,
Thérapies Brèves Orientées Solutions, Hypnose Thérapeutique, Manipulateur radio en radiothérapie à l’institut Bergonié.
Expert dans la prise en charge de la douleur du département de radiothérapie
Formation en EMDR au CHTIP Collège Hypnose Thérapies Intégratives Paris, à l'Institut IN-Dolore
Formateur en Hypnose Médicale à l'IMIM associe son expertise clinique à une approche psychocorporelle innovante.
Formé à l’hypnose médicale et thérapeutique (DIU Bordeaux II), Certifié par France EMDR - IMO ®, et à l’accompagnement des femmes souffrant d’endométriose ou victimes de violences intrafamiliales, il intervient avec une vision intégrative et humaniste du soin.
229 Cour de l'Argonne le 10/04/2025 19h00 22h00
https://hypnose33ebe.org/
Le travail de Frédérique LEMAISTRE repose sur l’autonomie du patient, la créativité et la posture thérapeutique comme leviers essentiels pour dépasser les troubles anxieux et la claustrophobie, notamment en contexte médical. De Milton Erickson à François Roustang, de Vygotski à Nietzsche, ses influences multiples nourrissent une pratique fluide et adaptable.
Une supervision dynamique et appliquée
Lors de cette session dédiée aux stratégies face aux phobies et à l’anxiété, Frédéric LEMAISTRE sera là pour vous permettre d'explorer les ponts entre différentes approches thérapeutiques, tout en renforçant votre posture et votre impact clinique.
Un espace pratique, interactif et stimulant, conçu pour enrichir votre pratique et votre confiance en tant que praticien.
Frédérique LEMAISTRE est Manipulateur en électroradiologie, Praticien EMDR IMO,
Thérapies Brèves Orientées Solutions, Hypnose Thérapeutique, Manipulateur radio en radiothérapie à l’institut Bergonié.
Expert dans la prise en charge de la douleur du département de radiothérapie
Formation en EMDR au CHTIP Collège Hypnose Thérapies Intégratives Paris, à l'Institut IN-Dolore
Formateur en Hypnose Médicale à l'IMIM associe son expertise clinique à une approche psychocorporelle innovante.
Formé à l’hypnose médicale et thérapeutique (DIU Bordeaux II), Certifié par France EMDR - IMO ®, et à l’accompagnement des femmes souffrant d’endométriose ou victimes de violences intrafamiliales, il intervient avec une vision intégrative et humaniste du soin.
229 Cour de l'Argonne le 10/04/2025 19h00 22h00
https://hypnose33ebe.org/
Mémoire participants
Bonjour,
Dans le cadre d'un mémoire de fin de cursus, je cherche quelques personnes à accompagner dans un suivi (qui pourra se poursuivre une fois le mémoire validé).
Les séances pourront se faire en visio si besoin.
Merci à vous, n'hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés.
Constance
Dans le cadre d'un mémoire de fin de cursus, je cherche quelques personnes à accompagner dans un suivi (qui pourra se poursuivre une fois le mémoire validé).
Les séances pourront se faire en visio si besoin.
Merci à vous, n'hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés.
Constance
PARIS, Masterclass Formation Hypnose et Intestin Irritable, Endométriose, énurésie, Violences Sexuelles.
A Paris, 2 jours de pratiques avec Jeanne-Marie JOURDREN et Hélène CULLIN. Un partenariat CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris * IN-DOLORE
Formation à l’Hypnose Médicale et la Communication Thérapeutique dans la prise en charge des patients victimes de violences intra-familiales et des conséquences physiques et psychiques.
Mise en lumière des maux des violences intra-familiales, mieux connaitre pour mieux accompagner.
- Les violences intra-familiales: prévalence et conséquences
- La relation soignant-patient: l’importance de la création d’un lien « secure »
Construction de l’anamnèse dans un contexte de tabou
Repérage des maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
- Les maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
Les troubles cognitifs
Les troubles somatiques
- Focus sur l’endométriose et…
Des douleurs chroniques (lombaires, bassin, durant les rapports sexuels, pendant les règles)
Des troubles urinaires (Enurésie, incontinence, dysurie, infections
Des troubles sexuels (dyspareunie, vaginisme, perte du désir)
Des troubles de la fertilité
Des troubles intestinaux variées (constipation, diarrhée, dyschésie, anisme, encoprésie …), quand l’intestin devient irritable
Pré-inscription sur le Catalogue
10 Cité Joly du 03/04/2025 22h00 au 04/04/2025 23h00
https://in-dolore.fr/formation-en-masterclass-de-lendometriose-aux-douleurs-pelviennes-en-passant-par-lenuresie-et-lintestin-irritable-ces-maux-qui-racontent-les-violences-intra-familiales/
Formation à l’Hypnose Médicale et la Communication Thérapeutique dans la prise en charge des patients victimes de violences intra-familiales et des conséquences physiques et psychiques.
Mise en lumière des maux des violences intra-familiales, mieux connaitre pour mieux accompagner.
- Les violences intra-familiales: prévalence et conséquences
- La relation soignant-patient: l’importance de la création d’un lien « secure »
Construction de l’anamnèse dans un contexte de tabou
Repérage des maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
- Les maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
Les troubles cognitifs
Les troubles somatiques
- Focus sur l’endométriose et…
Des douleurs chroniques (lombaires, bassin, durant les rapports sexuels, pendant les règles)
Des troubles urinaires (Enurésie, incontinence, dysurie, infections
Des troubles sexuels (dyspareunie, vaginisme, perte du désir)
Des troubles de la fertilité
Des troubles intestinaux variées (constipation, diarrhée, dyschésie, anisme, encoprésie …), quand l’intestin devient irritable
Pré-inscription sur le Catalogue
10 Cité Joly du 03/04/2025 22h00 au 04/04/2025 23h00
https://in-dolore.fr/formation-en-masterclass-de-lendometriose-aux-douleurs-pelviennes-en-passant-par-lenuresie-et-lintestin-irritable-ces-maux-qui-racontent-les-violences-intra-familiales/
PARIS, Masterclass Formation Hypnose et Intestin Irritable, Endométriose, énurésie.
A Paris, 2 jours de pratiques avec Jeanne-Marie JOURDREN et Hélène CULLIN. Un partenariat CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris * IN-DOLORE
Formation à l’Hypnose Médicale et la Communication Thérapeutique dans la prise en charge des patients victimes de violences intra-familiales et des conséquences physiques et psychiques.
Mise en lumière des maux des violences intra-familiales, mieux connaitre pour mieux accompagner.
- Les violences intra-familiales: prévalence et conséquences
- La relation soignant-patient: l’importance de la création d’un lien « secure »
Construction de l’anamnèse dans un contexte de tabou
Repérage des maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
- Les maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
Les troubles cognitifs
Les troubles somatiques
- Focus sur l’endométriose et…
Des douleurs chroniques (lombaires, bassin, durant les rapports sexuels, pendant les règles)
Des troubles urinaires (Enurésie, incontinence, dysurie, infections
Des troubles sexuels (dyspareunie, vaginisme, perte du désir)
Des troubles de la fertilité
Des troubles intestinaux variées (constipation, diarrhée, dyschésie, anisme, encoprésie …), quand l’intestin devient irritable
Pré-inscription sur le Catalogue
10 Cité Joly du 03/04/2025 22h00 au 04/04/2025 23h00
https://in-dolore.fr/formation-en-masterclass-de-lendometriose-aux-douleurs-pelviennes-en-passant-par-lenuresie-et-lintestin-irritable-ces-maux-qui-racontent-les-violences-intra-familiales/
Formation à l’Hypnose Médicale et la Communication Thérapeutique dans la prise en charge des patients victimes de violences intra-familiales et des conséquences physiques et psychiques.
Mise en lumière des maux des violences intra-familiales, mieux connaitre pour mieux accompagner.
- Les violences intra-familiales: prévalence et conséquences
- La relation soignant-patient: l’importance de la création d’un lien « secure »
Construction de l’anamnèse dans un contexte de tabou
Repérage des maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
- Les maux des violences intra-familiales: quand le corps se fait métaphore.
Les troubles cognitifs
Les troubles somatiques
- Focus sur l’endométriose et…
Des douleurs chroniques (lombaires, bassin, durant les rapports sexuels, pendant les règles)
Des troubles urinaires (Enurésie, incontinence, dysurie, infections
Des troubles sexuels (dyspareunie, vaginisme, perte du désir)
Des troubles de la fertilité
Des troubles intestinaux variées (constipation, diarrhée, dyschésie, anisme, encoprésie …), quand l’intestin devient irritable
Pré-inscription sur le Catalogue
10 Cité Joly du 03/04/2025 22h00 au 04/04/2025 23h00
https://in-dolore.fr/formation-en-masterclass-de-lendometriose-aux-douleurs-pelviennes-en-passant-par-lenuresie-et-lintestin-irritable-ces-maux-qui-racontent-les-violences-intra-familiales/
Sylvie OSTERREICHER
Médecin généraliste,
Médecin légiste,
Thérapeute EMDR - IMO,
Sexologue,
Hypnose clinique à Blois et Vendôme dans le 41.
intervient à l'Association du Collectif Droits des Femmes 41.
Chargée de formation/sensibilisation agréé Qualiopi sur l'accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences et plus particulièrement les violences conjugales avec un module théâtralisé: "Coups de Théâtre "
Consultations - Centre hospitalier de Vendôme-Montoire:
41100 Vendôme
Tél: 02 54 77 42 42
- Association du Collectif Droits des Femmes 41:
ABRI (Accueil, Bienveillance, Ressources, Inclusion) Gisèle Halimi
28 rue des Écoles
41000 Blois.
Tél : 07 88 75 10 94
Formation en EMDR - IMO à l'Institut Hypnotim avec Laurence ADJADJ et Laurent GROSS
Formation au CHTIP Collège Hypnose & Thérapies Intégratives de Paris
Inscrite au Registre des Praticiens EMDR - IMO de France sous le numéro 252013011
Médecin légiste,
Thérapeute EMDR - IMO,
Sexologue,
Hypnose clinique à Blois et Vendôme dans le 41.
intervient à l'Association du Collectif Droits des Femmes 41.
Chargée de formation/sensibilisation agréé Qualiopi sur l'accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences et plus particulièrement les violences conjugales avec un module théâtralisé: "Coups de Théâtre "
Consultations - Centre hospitalier de Vendôme-Montoire:
41100 Vendôme
Tél: 02 54 77 42 42
- Association du Collectif Droits des Femmes 41:
ABRI (Accueil, Bienveillance, Ressources, Inclusion) Gisèle Halimi
28 rue des Écoles
41000 Blois.
Tél : 07 88 75 10 94
Formation en EMDR - IMO à l'Institut Hypnotim avec Laurence ADJADJ et Laurent GROSS
Formation au CHTIP Collège Hypnose & Thérapies Intégratives de Paris
Inscrite au Registre des Praticiens EMDR - IMO de France sous le numéro 252013011
PARIS: Formation Hypnothérapie: Thérapies Brèves Orientées Solution. 5ème Session
Une formation In-Dolore en partenariat avec le CHTIP Collège d’Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris. , Membre de la CFHTB Confédération Francophone d'Hypnose et de Thérapies Brèves
Ce module est exceptionnellement intégrable même si vous d'un autre institut de formation: [https://in-dolore.catalogueformpro.com/3/formation-avec-supervision-en-therapies-orientees-solution/1543452/formation-therapies-breves-orientees-solution-et-analyse-des-pratiques
Objectifs :
- Acquérir les outils fondamentaux des thérapies brèves orientées solution.
- Savoir adapter le travail à la singularité du patient et le rendre acteur.
- Savoir respecter les objectifs, désirs et choix du patient.
- Acquérir une démarche stratégique en s’intéressant aux qualités, ressources, aptitudes des patients plus qu’à leurs problèmes, insuffisances ou défauts.
- Construire sa séance d’hypnose en fonction des éléments recueillis.
- Créer un contexte de liberté de choix.
- Acquérir des techniques simples, efficaces et respectueuses du patient.
Journée 1 : Les thérapies brèves
• Historique des courants originels
• Les thérapies orientées solutions
• Définir l’objectif
• Différencier un problème et une limitation
• Affiliation
• Ecoute active
• Reformulation
• Construction d’une description
• Exercices
Journée 2 : Les thérapies orientée vers les solutions (TOS)
• La position du thérapeute
• Les niveaux de relation des patients
• Savoir repérer les ressources
• La recherche d’exceptions
• Les échelles
• La question miracle De Shazer
• La prescription de tâches
• Supervisions à partir de vos expériences
• Jeux de rôle
Inscription sur notre Catalogue
10 Cité Joly du 02/04/2025 18h00 au 03/04/2025 19h00
https://in-dolore.fr/hypnotherapie-emdr-imo_a/
Ce module est exceptionnellement intégrable même si vous d'un autre institut de formation: [https://in-dolore.catalogueformpro.com/3/formation-avec-supervision-en-therapies-orientees-solution/1543452/formation-therapies-breves-orientees-solution-et-analyse-des-pratiques
Objectifs :
- Acquérir les outils fondamentaux des thérapies brèves orientées solution.
- Savoir adapter le travail à la singularité du patient et le rendre acteur.
- Savoir respecter les objectifs, désirs et choix du patient.
- Acquérir une démarche stratégique en s’intéressant aux qualités, ressources, aptitudes des patients plus qu’à leurs problèmes, insuffisances ou défauts.
- Construire sa séance d’hypnose en fonction des éléments recueillis.
- Créer un contexte de liberté de choix.
- Acquérir des techniques simples, efficaces et respectueuses du patient.
Journée 1 : Les thérapies brèves
• Historique des courants originels
• Les thérapies orientées solutions
• Définir l’objectif
• Différencier un problème et une limitation
• Affiliation
• Ecoute active
• Reformulation
• Construction d’une description
• Exercices
Journée 2 : Les thérapies orientée vers les solutions (TOS)
• La position du thérapeute
• Les niveaux de relation des patients
• Savoir repérer les ressources
• La recherche d’exceptions
• Les échelles
• La question miracle De Shazer
• La prescription de tâches
• Supervisions à partir de vos expériences
• Jeux de rôle
Inscription sur notre Catalogue
10 Cité Joly du 02/04/2025 18h00 au 03/04/2025 19h00
https://in-dolore.fr/hypnotherapie-emdr-imo_a/
PARIS: Formation Hypnothérapie: Thérapies Brèves Orientées Solution. 5ème Session
Une formation In-Dolore en partenariat avec le CHTIP Collège d’Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris. , Membre de la CFHTB Confédération Francophone d'Hypnose et de Thérapies Brèves
Ce module est exceptionnellement intégrable même si vous d'un autre institut de formation: [https://in-dolore.catalogueformpro.com/3/formation-avec-supervision-en-therapies-orientees-solution/1543452/formation-therapies-breves-orientees-solution-et-analyse-des-pratiques
Objectifs :
- Acquérir les outils fondamentaux des thérapies brèves orientées solution.
- Savoir adapter le travail à la singularité du patient et le rendre acteur.
- Savoir respecter les objectifs, désirs et choix du patient.
- Acquérir une démarche stratégique en s’intéressant aux qualités, ressources, aptitudes des patients plus qu’à leurs problèmes, insuffisances ou défauts.
- Construire sa séance d’hypnose en fonction des éléments recueillis.
- Créer un contexte de liberté de choix.
- Acquérir des techniques simples, efficaces et respectueuses du patient.
Journée 1 : Les thérapies brèves
• Historique des courants originels
• Les thérapies orientées solutions
• Définir l’objectif
• Différencier un problème et une limitation
• Affiliation
• Ecoute active
• Reformulation
• Construction d’une description
• Exercices
Journée 2 : Les thérapies orientée vers les solutions (TOS)
• La position du thérapeute
• Les niveaux de relation des patients
• Savoir repérer les ressources
• La recherche d’exceptions
• Les échelles
• La question miracle De Shazer
• La prescription de tâches
• Supervisions à partir de vos expériences
• Jeux de rôle
Inscription sur notre Catalogue
10 Cité Joly du 02/04/2025 18h00 au 03/04/2025 19h00
https://in-dolore.fr/hypnotherapie-emdr-imo_a/
Ce module est exceptionnellement intégrable même si vous d'un autre institut de formation: [https://in-dolore.catalogueformpro.com/3/formation-avec-supervision-en-therapies-orientees-solution/1543452/formation-therapies-breves-orientees-solution-et-analyse-des-pratiques
Objectifs :
- Acquérir les outils fondamentaux des thérapies brèves orientées solution.
- Savoir adapter le travail à la singularité du patient et le rendre acteur.
- Savoir respecter les objectifs, désirs et choix du patient.
- Acquérir une démarche stratégique en s’intéressant aux qualités, ressources, aptitudes des patients plus qu’à leurs problèmes, insuffisances ou défauts.
- Construire sa séance d’hypnose en fonction des éléments recueillis.
- Créer un contexte de liberté de choix.
- Acquérir des techniques simples, efficaces et respectueuses du patient.
Journée 1 : Les thérapies brèves
• Historique des courants originels
• Les thérapies orientées solutions
• Définir l’objectif
• Différencier un problème et une limitation
• Affiliation
• Ecoute active
• Reformulation
• Construction d’une description
• Exercices
Journée 2 : Les thérapies orientée vers les solutions (TOS)
• La position du thérapeute
• Les niveaux de relation des patients
• Savoir repérer les ressources
• La recherche d’exceptions
• Les échelles
• La question miracle De Shazer
• La prescription de tâches
• Supervisions à partir de vos expériences
• Jeux de rôle
Inscription sur notre Catalogue
10 Cité Joly du 02/04/2025 18h00 au 03/04/2025 19h00
https://in-dolore.fr/hypnotherapie-emdr-imo_a/
Clio LOURY
Toulon: Infirmière SMUR,
Hypnothérapeute,
Thérapeute EMDR-IMO,
Soins énergétiques,
Fleurs de Bach.
Infirmière diplômée en 2006, j'ai travaillé en Réanimation, aux urgences adultes et pédiatriques et depuis 2011 au SMUR de Toulon au SAMU83.
Je me suis rapidement intéressée à d'autres façons de prendre soin des patients, en complément de la médecine traditionnelle.
Formée en Hypnoanalgésie en 2019, j'apprends à apaiser la douleur et l'anxiété du patient en intervention grâce à l'hypnose et me forme également à la R.E.S.C (Résonnance Energétique Sous Cutanée).
Les effets étant tellement bénéfiques pour les patients, je me forme en 2024 et 2025 à l'hypnose thérapeutique et médicale, aux thérapies brèves orientées solution ainsi qu'à l'EMDR-IMO.
En parallèle de mon métier d'infirmière SMUR, je vous reçois en consultation d'hypnose thérapeutique, EMDR-IMO, soins énergétiques et fleurs de Bach pour une approche intégrative.
Gestion du Stress Post-Traumatique,
Accompagnement des troubles anxio-dépressifs,
Gestion des émotions,
Estime de Soi,
Hypnoanalgésie,
Prise en charge des conduites addictives.
Consultations 11 avenue Colbert
Espace Thérapie
83000 Toulon
0664969127
Formations Formation à l’EMDR-IMO à l'Institut Hypnotim de MARSEILLE
Formation Hypnoanalgésie (Hôpital Sainte Musse Toulon)
Résonnance Energétique Sous Cutanée Niveau 1 - Institut de la RESC (Hôpital Sainte Musse)
Fleurs de Bach - Centre Bach
Hypnose thérapeutique et médicale, thérapies brèves - EMDR-IMO INSTITUT HYPNOTIM MARSEILLE (Hypnose Ericksonienne). Energétique Sous Cutanée
Inscrite au Registre des Praticiens EMDR - IMO de France sous le numéro 252013006
Hypnothérapeute,
Thérapeute EMDR-IMO,
Soins énergétiques,
Fleurs de Bach.
Infirmière diplômée en 2006, j'ai travaillé en Réanimation, aux urgences adultes et pédiatriques et depuis 2011 au SMUR de Toulon au SAMU83.
Je me suis rapidement intéressée à d'autres façons de prendre soin des patients, en complément de la médecine traditionnelle.
Formée en Hypnoanalgésie en 2019, j'apprends à apaiser la douleur et l'anxiété du patient en intervention grâce à l'hypnose et me forme également à la R.E.S.C (Résonnance Energétique Sous Cutanée).
Les effets étant tellement bénéfiques pour les patients, je me forme en 2024 et 2025 à l'hypnose thérapeutique et médicale, aux thérapies brèves orientées solution ainsi qu'à l'EMDR-IMO.
En parallèle de mon métier d'infirmière SMUR, je vous reçois en consultation d'hypnose thérapeutique, EMDR-IMO, soins énergétiques et fleurs de Bach pour une approche intégrative.
Gestion du Stress Post-Traumatique,
Accompagnement des troubles anxio-dépressifs,
Gestion des émotions,
Estime de Soi,
Hypnoanalgésie,
Prise en charge des conduites addictives.
Consultations 11 avenue Colbert
Espace Thérapie
83000 Toulon
0664969127
Formations Formation à l’EMDR-IMO à l'Institut Hypnotim de MARSEILLE
Formation Hypnoanalgésie (Hôpital Sainte Musse Toulon)
Résonnance Energétique Sous Cutanée Niveau 1 - Institut de la RESC (Hôpital Sainte Musse)
Fleurs de Bach - Centre Bach
Hypnose thérapeutique et médicale, thérapies brèves - EMDR-IMO INSTITUT HYPNOTIM MARSEILLE (Hypnose Ericksonienne). Energétique Sous Cutanée
Inscrite au Registre des Praticiens EMDR - IMO de France sous le numéro 252013006
Hypermasturbation femme
Bonjour.
Je m’appelle Chloé et j’ai 20 ans et je pense avoir un problème, je suis capable de me masturber jusqu’à 8 fois par jour alors que je suis en couple et satisfaite.
Quand je regarde un film, quand je fait du shopping en ligne, avant d’aller dormir, quand je suis sur un réseau social j’ai toujours une main occupée, et parfois machinalement plusieurs fois de suite.
J’ai lu sur certain site que seulement 20% des femmes se toucher une fois par semaine et ça m’a vraiment pas rassuré.
J’ai trouvé très peu de site parlant de ce sujet pour les femmes seulement pour les hommes.
Je couche régulièrement avec mon copain souvent une fois par jour ou plus mais même lui sa libido ne me suis plus j’ai l’impression d’être un ovni…. aussi mon esprit je suis capable de fantasmer tout et n’importe quoi limite mes propres amies par moment et bien pire j’ai l’impression d’avoir la libido d’un homme. Je voulais savoir si c’était normal ? Ce que je devrais faire ? Les causes même si quelqu’un sais ?
Car par moment j’ai juste l’impression d’être une détraqué enfaite je suis persuadé d’être une détraqué.
Merci à ceux qui ont lu !!
Je m’appelle Chloé et j’ai 20 ans et je pense avoir un problème, je suis capable de me masturber jusqu’à 8 fois par jour alors que je suis en couple et satisfaite.
Quand je regarde un film, quand je fait du shopping en ligne, avant d’aller dormir, quand je suis sur un réseau social j’ai toujours une main occupée, et parfois machinalement plusieurs fois de suite.
J’ai lu sur certain site que seulement 20% des femmes se toucher une fois par semaine et ça m’a vraiment pas rassuré.
J’ai trouvé très peu de site parlant de ce sujet pour les femmes seulement pour les hommes.
Je couche régulièrement avec mon copain souvent une fois par jour ou plus mais même lui sa libido ne me suis plus j’ai l’impression d’être un ovni…. aussi mon esprit je suis capable de fantasmer tout et n’importe quoi limite mes propres amies par moment et bien pire j’ai l’impression d’avoir la libido d’un homme. Je voulais savoir si c’était normal ? Ce que je devrais faire ? Les causes même si quelqu’un sais ?
Car par moment j’ai juste l’impression d’être une détraqué enfaite je suis persuadé d’être une détraqué.
Merci à ceux qui ont lu !!
MARSEILLE: 1ère année Session 3. Formation Hypnose Thérapeutique et Médicale
Journée 1 :
Les approches indirectes
Les approches narratives
Les métaphores
Le répertoire d’histoires appropriées
Inventer, développer la créativité du thérapeute
Exercices
Journée 2 :
Hypnose et psychopathologies
Approche psychocorporelle
Exercices
Journée 3 :
La posture du thérapeute
Apports de la thérapie provocatrice
Savoir poser les questions
Quand s’autoriser à stopper le patient
Utiliser la position méta
Utiliser son corps de thérapeute, synchronisation
S'inscrire sur notre Catalogue de Formations
11 Impasse Flammarion Centre Le Mistral du 31/03/2025 00h00 au 02/04/2025 23h50
http://www.formation-hypnose-marseille.info/A-Marseille-Formation-Hypnose-1ere-annee_a20.html
Les approches indirectes
Les approches narratives
Les métaphores
Le répertoire d’histoires appropriées
Inventer, développer la créativité du thérapeute
Exercices
Journée 2 :
Hypnose et psychopathologies
Approche psychocorporelle
Exercices
Journée 3 :
La posture du thérapeute
Apports de la thérapie provocatrice
Savoir poser les questions
Quand s’autoriser à stopper le patient
Utiliser la position méta
Utiliser son corps de thérapeute, synchronisation
S'inscrire sur notre Catalogue de Formations
11 Impasse Flammarion Centre Le Mistral du 31/03/2025 00h00 au 02/04/2025 23h50
http://www.formation-hypnose-marseille.info/A-Marseille-Formation-Hypnose-1ere-annee_a20.html
MARSEILLE: 1ère année Session 3. Formation Hypnose Thérapeutique et Médicale
Journée 1 :
Les approches indirectes
Les approches narratives
Les métaphores
Le répertoire d’histoires appropriées
Inventer, développer la créativité du thérapeute
Exercices
Journée 2 :
Hypnose et psychopathologies
Approche psychocorporelle
Exercices
Journée 3 :
La posture du thérapeute
Apports de la thérapie provocatrice
Savoir poser les questions
Quand s’autoriser à stopper le patient
Utiliser la position méta
Utiliser son corps de thérapeute, synchronisation
S'inscrire sur notre Catalogue de Formations
11 Impasse Flammarion Centre Le Mistral du 31/03/2025 00h00 au 02/04/2025 23h50
http://www.formation-hypnose-marseille.info/A-Marseille-Formation-Hypnose-1ere-annee_a20.html
Les approches indirectes
Les approches narratives
Les métaphores
Le répertoire d’histoires appropriées
Inventer, développer la créativité du thérapeute
Exercices
Journée 2 :
Hypnose et psychopathologies
Approche psychocorporelle
Exercices
Journée 3 :
La posture du thérapeute
Apports de la thérapie provocatrice
Savoir poser les questions
Quand s’autoriser à stopper le patient
Utiliser la position méta
Utiliser son corps de thérapeute, synchronisation
S'inscrire sur notre Catalogue de Formations
11 Impasse Flammarion Centre Le Mistral du 31/03/2025 00h00 au 02/04/2025 23h50
http://www.formation-hypnose-marseille.info/A-Marseille-Formation-Hypnose-1ere-annee_a20.html