- Revue Hypnose et Thérapies Brèves n°73
- Comprendre, désensibiliser, revivre. Hors-série de la revue hypnose et thérapies brèves sur le psychotraumatisme.
- Les scénarios réparateurs. Un système nerveux autonome plein de ressources.
- « Give up » et dépression. Recadrage et conversation d'engagement.
- Un passeur de vie. De Julien BETBÈZE en hommage à Alain Vallée.
- «Oh non, pas lui !». Gérard OSTERMANN en hommage à Alain Vallée.
- Un pédagogue aguerri. Hommage à Alain Vallée (1950-2023) par Pierre CASTELNAU, président de la CFHTB.
- Abracadabra... «il a fait comme il a dit». Hommage à Alain Vallée de Wilfrid MARTINEAU
- Petite conversation thérapeutique Virginie LAGRÉE. Hommage à Alain Vallée (1950-2023)
- Il est parti... Hommage à Alain Vallée (1950-2023). Dr Jacques-Antoine MALAREWICZ.
- L’hypnose relationnelle rend chaque rencontre unique et riche.
Un pédagogue aguerri. Hommage à Alain Vallée (1950-2023) par Pierre CASTELNAU, président de la CFHTB.
Alain Vallée nous a quittés trop tôt. Médecin spécialisé en psychiatrie et expert reconnu de l’hypnose et des thérapies brèves, le Dr Vallée a formé des générations d’étudiants et de stagiaires au sein de l’Institut Milton Erickson de Nantes (ARePTA). Spécialiste de la conversation d’engagement et des stratégies solutionnistes, Alain Vallée a pris soin de milliers de patients au cours de sa carrière. Il était aussi une figure marquante de la Confédération francophone d’Hypnose et Thérapies brèves (CFHTB) : par sa bonne humeur équanime et son regard doux et clair, bien sûr, mais aussi par la finesse de ses analyses sur le fonctionnement réel du psychisme humain. Pédagogue aguerri, Alain savait rendre limpide un cheminement complexe avec un regard résolument humaniste que tous lui reconnaissent.
Auprès du Dr Isabelle Nickles, présidente de l’Institut Milton Erickson de Montpellier, il avait activement participé à l’organisation du Forum de la CFHTB qui fut un succès mémorable en 2018. J’ai eu la chance de croiser aussi régulièrement Alain Vallée aux Journées hypnotiques de Biarritz (JHB), organisées par Hugues et Frédérique Honoré et l’Institut Milton Erickson Biarritz-Pays Basque. Recueillir son avis et lui soumettre une idée ou une hypothèse nouvelle donnait toujours lieu à un échange fécond. Comme beaucoup d’entre nous, j’appréciais son abord facétieux et sa frappante vivacité d’esprit.
Au plus fort de son combat contre la maladie, cette vivacité ne l’a pas quitté. En septembre dernier, alors que je prenais de ses nouvelles, il me confia la mission de proposer une réflexion aux participants de l’édition 2023 des JHB à laquelle il regrettait de ne pouvoir participer. Telle fut sa consigne que nous avons bien sûr suivie : « Transmets mes voeux de réussite pour ces Journées. Je vous souhaite beaucoup de joie, à la condition que vous y prêtiez attention, condition nécessaire à son introjection et matériau principal du sentiment de bonheur. Peut-être pourriez- vous même réfléchir à la manière dont, faute d’attention, nous laissons se perdre la richesse de la vie. Amitiés à tous. Belles et brillantes JHB ! »
Voici quelques-unes des réponses recueillies à l’occasion de ces Journées :
- « Cher Alain, je viens d’Australie et j’ai suivi plusieurs de vos formations. J’ai été très touchée, émue et inspirée par votre philosophie et votre manière d’être. Votre manière de voir le monde, votre bienveillance qui est sincère, authentique et à part. »
- « Alain, merci ! Merci pour ton enseignement depuis des dizaines d’années. Pour ta pédagogie, pour ta patience et ton empathie. Merci pour ton sens de la simplification et de la synthèse qui permettent de ne garder que l’essentiel. Ta voix m’accompagne pour toujours. »
-« A un de mes maîtres. A un ami qui m’a permis de grandir et de voir autrement. Qui, à travers cette tristesse de n’être que soi, sait sourire et rire d’un rien. Qui m’a dit “ose” et j’ai osé. Un grand merci à toi Alain et au plaisir de t’écouter et t’entendre rire. »
- « Alain est le thérapeute qui a le plus apporté à ma pratique (de soignant) par sa simplicité, sa curiosité et son style unique. Alors je “resterai avec ça”, ses enseignements et ses partages si porteurs. De quoi nourrir ma vie et ma pratique de belles images pleines de sens. »
Cher Alain, par ton talent et ta gentillesse tu as marqué pour toujours le monde de l’hypnose de soin et tu ne seras jamais loin de nous tous. Nul doute que nous garderons, à jamais dans nos coeurs, ce fameux « c’est la vie » paisible et philosophe qui ponctuait tes regards bienveillants sur le monde.
Selon Jacques Perry-Salkow, grand maître des anagrammes, les mots renferment le sens caché du monde. En prêtant attention à l’ordre des lettres on peut ainsi parfois découvrir la musique intérieure qui éclaire l’âme d’une personne pour l’éternité et au-delà du cadre apparent de son nom : EN VIE… LA LA LA…
Pr Pierre CASTELNAU Professeur de pédiatrie et chef du service de neuropédiatrie au CHU de Tours. Chercheur affilié à l’unité Inserm U1253 « iBrain », coordonnateur du DU d’hypnose médicale de l’université de Tours.
Auprès du Dr Isabelle Nickles, présidente de l’Institut Milton Erickson de Montpellier, il avait activement participé à l’organisation du Forum de la CFHTB qui fut un succès mémorable en 2018. J’ai eu la chance de croiser aussi régulièrement Alain Vallée aux Journées hypnotiques de Biarritz (JHB), organisées par Hugues et Frédérique Honoré et l’Institut Milton Erickson Biarritz-Pays Basque. Recueillir son avis et lui soumettre une idée ou une hypothèse nouvelle donnait toujours lieu à un échange fécond. Comme beaucoup d’entre nous, j’appréciais son abord facétieux et sa frappante vivacité d’esprit.
Au plus fort de son combat contre la maladie, cette vivacité ne l’a pas quitté. En septembre dernier, alors que je prenais de ses nouvelles, il me confia la mission de proposer une réflexion aux participants de l’édition 2023 des JHB à laquelle il regrettait de ne pouvoir participer. Telle fut sa consigne que nous avons bien sûr suivie : « Transmets mes voeux de réussite pour ces Journées. Je vous souhaite beaucoup de joie, à la condition que vous y prêtiez attention, condition nécessaire à son introjection et matériau principal du sentiment de bonheur. Peut-être pourriez- vous même réfléchir à la manière dont, faute d’attention, nous laissons se perdre la richesse de la vie. Amitiés à tous. Belles et brillantes JHB ! »
Voici quelques-unes des réponses recueillies à l’occasion de ces Journées :
- « Cher Alain, je viens d’Australie et j’ai suivi plusieurs de vos formations. J’ai été très touchée, émue et inspirée par votre philosophie et votre manière d’être. Votre manière de voir le monde, votre bienveillance qui est sincère, authentique et à part. »
- « Alain, merci ! Merci pour ton enseignement depuis des dizaines d’années. Pour ta pédagogie, pour ta patience et ton empathie. Merci pour ton sens de la simplification et de la synthèse qui permettent de ne garder que l’essentiel. Ta voix m’accompagne pour toujours. »
-« A un de mes maîtres. A un ami qui m’a permis de grandir et de voir autrement. Qui, à travers cette tristesse de n’être que soi, sait sourire et rire d’un rien. Qui m’a dit “ose” et j’ai osé. Un grand merci à toi Alain et au plaisir de t’écouter et t’entendre rire. »
- « Alain est le thérapeute qui a le plus apporté à ma pratique (de soignant) par sa simplicité, sa curiosité et son style unique. Alors je “resterai avec ça”, ses enseignements et ses partages si porteurs. De quoi nourrir ma vie et ma pratique de belles images pleines de sens. »
Cher Alain, par ton talent et ta gentillesse tu as marqué pour toujours le monde de l’hypnose de soin et tu ne seras jamais loin de nous tous. Nul doute que nous garderons, à jamais dans nos coeurs, ce fameux « c’est la vie » paisible et philosophe qui ponctuait tes regards bienveillants sur le monde.
Selon Jacques Perry-Salkow, grand maître des anagrammes, les mots renferment le sens caché du monde. En prêtant attention à l’ordre des lettres on peut ainsi parfois découvrir la musique intérieure qui éclaire l’âme d’une personne pour l’éternité et au-delà du cadre apparent de son nom : EN VIE… LA LA LA…
Pr Pierre CASTELNAU Professeur de pédiatrie et chef du service de neuropédiatrie au CHU de Tours. Chercheur affilié à l’unité Inserm U1253 « iBrain », coordonnateur du DU d’hypnose médicale de l’université de Tours.
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Abracadabra... «il a fait comme il a dit». Hommage à Alain Vallée de Wilfrid MARTINEAU
Alain Vallée nous a quittés trop vite. Mais il nous reste quelque chose de lui de précieux car, au-delà du souvenir, les patients qu’il a contribué à aider, les personnes qui ont eu le bonheur de recevoir son enseignement gardent dans leur vie d’aujourd’hui quelque chose d’Alain.
J’ai rencontré Alain en 1984 alors que je terminais mon internat. Il avait pris un peu de temps pour préparer certains d’entre nous à ce que l’on appelait à l’époque l’assistanat des hôpitaux psychiatriques. J’ai gardé de ces premières rencontres le souvenir d’un jeune clinicien rigoureux qui avait déjà une certaine aura et le goût de la transmission. A cette époque, il fréquentait les cercles psychanalytiques, était réputé comme un psychanalyste lacanien intelligent et ouvert, et avait le plus grand respect pour l’enseignement de Piera Aulagnier.
Alain Vallée était curieux à tout ce qui pouvait être utile aux patients. Découvrant l’hypnose, grâce à François Roustang et Julien Betbèze, il a eu la chance de bénéficier de l’enseignement de Jacques Antoine Malarewicz et de Michel Kerouac, à une époque où celle-ci n’avait pas bonne presse dans les milieux psychanalytiques. Il a perçu que l’hypnose permettait d’affiner le sens clinique dans des situations difficiles. Cela a orienté différemment sa pratique et il s’est rapproché du courant systémique, en particulier l’approche centrée solution. C’est sans doute sa rencontre avec Steve de Shazer qui a été déterminante, transformant radicalement l’approche thérapeutique avec une simplicité déconcertante. Mais comme chacun sait, «simple n’est pas facile». L’amour du détail, l’observation des petites différences, l’accompagnement respectueux du patient, la centration sur les ressources et les compétences qui sont au centre de l’éthique des thérapies brèves d’inspiration solutionniste se sont révélés rejoindre ses préoccupations dans la relation soignant-soigné.
Alain Vallée exerçait comme psychiatre en milieu hospitalier, il était expert auprès des tribunaux et a été à l’initiative de nombreuses innovations pour améliorer les prises en charge. Par la suite, il opère un tournant radical dans sa pratique en s’installant en ville comme psychiatre, psychothérapeute libéral au tournant de la quarantaine. Je me rappelle avec émotion les supervisions avec J.A. Malarewicz et celles que nous faisions en direct avec quelques confrères, à l’aide d’une glace sans tain dans son bureau aménagé à cet effet. Alain a toujours aimé partager et transmettre.
En 1994, avec un groupe de psychiatres, médecins et psychologues nantais, Alain créera l’ARePTA qui deviendra plus tard « Institut Milton Erickson de Nantes ». Il en sera le président-fondateur. Cette association rejoindra la CFHTB. Ce qui en était au coeur, c’était le partage et une grande créativité entre des professionnels pas toujours d’accord, mais qui au fil du temps ont pu construire une sorte d’état d’esprit, une éthique, une manière d’accompagner dans la thérapie. Alain en était l’aiguillon. L’idée centrale était celle d’être ouvert à toute pratique contributive au bien-être des patients et de converger vers la reconnaissance des compétences et de la capacité d’autonomisation du patient. Cela nous a permis de nous ouvrir à de nombreuses approches comme l’EMDR, la thérapie stratégique et plus récemment la thérapie narrative, et de contribuer à répandre ses approches auprès des professionnels de santé.
Alain a déployé beaucoup d’énergie pour développer tous ces projets. Il n’a jamais voulu, même s’il est resté longtemps président de l’ARePTA, se transformer en maître à penser et est resté jusqu’à la fin avide des apports des uns et des autres. Notre collaboration lors des différentes formations et forums était étroite, et les partages écrits et oraux, d’une grande richesse, ont permis de construire un enseignement vivant, donnant toute sa place au lien entre hypnose et thérapies brèves. Jusqu’au bout, il est resté un apprenant. Des philosophes comme Wittgenstein mais surtout Spinoza ou Prajnanpad l’ont beaucoup influencé tant dans sa pratique que dans sa vie personnelle et ont contribué à construire cette « hypnose de l’acceptation » qu’Alain aimait transmettre.
Cet enseignement, il a eu l’occasion de le prodiguer dans de nombreux instituts et universités participant à de nombreux DU (douleur, hypnose...) et aussi lors des forums où ses interventions étaient fort appréciées. Ouvert aux autres et à la différence, il aimait le partage et la confrontation des idées. Il ne manquait jamais un forum de la CFHTB ni l’occasion d’une découverte de la pratique d’un nouvel expert que nous cherchions à inviter dans notre association.
Mais derrière l’enseignant, il y avait l’homme pour qui le « devenir sage » était l’enjeu fondamental de l’existence. Il était un repère pour beaucoup d’entre nous. Plein d’humour, il savait stimuler par de douces provocations les personnes en formation à se décaler de leurs positions et à faire de réelles nouvelles expériences. Toujours présent, studieux et attentif à intégrer de nouveaux apports dans sa pratique, il a grandi dans son métier de thérapeute en parallèle de son métier d’homme. Il pensait profondément que toute croissance existentielle implique de ne pas s’enfermer dans la position du « Sachant ».
C’est peut-être l’art de la navigation qui l’a amené à être ce capitaine serein à la barre du bateau ARePTA. Il n’a pas lâché, attendant le moment opportun pour confier à d’autres la conduite du navire. Jusqu’au bout (cet été encore), Alain aura navigué d’île en île sur cet océan qui le faisait rêver et que nous aimons tant. Il s’est éclipsé, entouré ces derniers mois des siens qui l’ont accompagné dans la maladie qu’il a acceptée avec une dignité exceptionnelle. Nos pensées vont vers sa famille et ses proches.
Alain était un vrai ami, respectueux, ouvert et très attentif à ses proches. J’ai pu observer sa délicatesse si souvent. Il essayait de rejoindre par sa manière de vivre ce qu’il pensait juste. C’est là une tâche très difficile et je peux dire qu’il l’a pleinement réussie.
Alain aimait beaucoup la question miracle que l’on pourrait résumer avec cette formule : Abracadabra ! Delphine Horvilleur (1) nous rappelle qu’en araméen cela se traduit littéralement par « il a fait comme il a dit ». Le verbe crée le changement ! Abracadabra, Alain, dans sa vie.
1. Delphine Horvilleur, Vivre avec nos morts, Grasset, 2021.
Dr Wilfrid MARTINEAU Chef du pôle Psychiatrie et Santé mentale du CHU de Nantes. Formation à l’hypnose, EMDR, TOS, thérapie narrative et thérapie stratégique. Expérience de l’urgence et des situations de crise et du psychotraumatisme. Exercice actuel en psychiatrie de secteur (CMP et unités d’hospitalisation). Formateur au sein de l’ARePTAInstitut Milton Erickson de Nantes. Coordonnateur du DU Hypnose et Communication thérapeutique de la Faculté de médecine de Nantes.
J’ai rencontré Alain en 1984 alors que je terminais mon internat. Il avait pris un peu de temps pour préparer certains d’entre nous à ce que l’on appelait à l’époque l’assistanat des hôpitaux psychiatriques. J’ai gardé de ces premières rencontres le souvenir d’un jeune clinicien rigoureux qui avait déjà une certaine aura et le goût de la transmission. A cette époque, il fréquentait les cercles psychanalytiques, était réputé comme un psychanalyste lacanien intelligent et ouvert, et avait le plus grand respect pour l’enseignement de Piera Aulagnier.
Alain Vallée était curieux à tout ce qui pouvait être utile aux patients. Découvrant l’hypnose, grâce à François Roustang et Julien Betbèze, il a eu la chance de bénéficier de l’enseignement de Jacques Antoine Malarewicz et de Michel Kerouac, à une époque où celle-ci n’avait pas bonne presse dans les milieux psychanalytiques. Il a perçu que l’hypnose permettait d’affiner le sens clinique dans des situations difficiles. Cela a orienté différemment sa pratique et il s’est rapproché du courant systémique, en particulier l’approche centrée solution. C’est sans doute sa rencontre avec Steve de Shazer qui a été déterminante, transformant radicalement l’approche thérapeutique avec une simplicité déconcertante. Mais comme chacun sait, «simple n’est pas facile». L’amour du détail, l’observation des petites différences, l’accompagnement respectueux du patient, la centration sur les ressources et les compétences qui sont au centre de l’éthique des thérapies brèves d’inspiration solutionniste se sont révélés rejoindre ses préoccupations dans la relation soignant-soigné.
Alain Vallée exerçait comme psychiatre en milieu hospitalier, il était expert auprès des tribunaux et a été à l’initiative de nombreuses innovations pour améliorer les prises en charge. Par la suite, il opère un tournant radical dans sa pratique en s’installant en ville comme psychiatre, psychothérapeute libéral au tournant de la quarantaine. Je me rappelle avec émotion les supervisions avec J.A. Malarewicz et celles que nous faisions en direct avec quelques confrères, à l’aide d’une glace sans tain dans son bureau aménagé à cet effet. Alain a toujours aimé partager et transmettre.
En 1994, avec un groupe de psychiatres, médecins et psychologues nantais, Alain créera l’ARePTA qui deviendra plus tard « Institut Milton Erickson de Nantes ». Il en sera le président-fondateur. Cette association rejoindra la CFHTB. Ce qui en était au coeur, c’était le partage et une grande créativité entre des professionnels pas toujours d’accord, mais qui au fil du temps ont pu construire une sorte d’état d’esprit, une éthique, une manière d’accompagner dans la thérapie. Alain en était l’aiguillon. L’idée centrale était celle d’être ouvert à toute pratique contributive au bien-être des patients et de converger vers la reconnaissance des compétences et de la capacité d’autonomisation du patient. Cela nous a permis de nous ouvrir à de nombreuses approches comme l’EMDR, la thérapie stratégique et plus récemment la thérapie narrative, et de contribuer à répandre ses approches auprès des professionnels de santé.
Alain a déployé beaucoup d’énergie pour développer tous ces projets. Il n’a jamais voulu, même s’il est resté longtemps président de l’ARePTA, se transformer en maître à penser et est resté jusqu’à la fin avide des apports des uns et des autres. Notre collaboration lors des différentes formations et forums était étroite, et les partages écrits et oraux, d’une grande richesse, ont permis de construire un enseignement vivant, donnant toute sa place au lien entre hypnose et thérapies brèves. Jusqu’au bout, il est resté un apprenant. Des philosophes comme Wittgenstein mais surtout Spinoza ou Prajnanpad l’ont beaucoup influencé tant dans sa pratique que dans sa vie personnelle et ont contribué à construire cette « hypnose de l’acceptation » qu’Alain aimait transmettre.
Cet enseignement, il a eu l’occasion de le prodiguer dans de nombreux instituts et universités participant à de nombreux DU (douleur, hypnose...) et aussi lors des forums où ses interventions étaient fort appréciées. Ouvert aux autres et à la différence, il aimait le partage et la confrontation des idées. Il ne manquait jamais un forum de la CFHTB ni l’occasion d’une découverte de la pratique d’un nouvel expert que nous cherchions à inviter dans notre association.
Mais derrière l’enseignant, il y avait l’homme pour qui le « devenir sage » était l’enjeu fondamental de l’existence. Il était un repère pour beaucoup d’entre nous. Plein d’humour, il savait stimuler par de douces provocations les personnes en formation à se décaler de leurs positions et à faire de réelles nouvelles expériences. Toujours présent, studieux et attentif à intégrer de nouveaux apports dans sa pratique, il a grandi dans son métier de thérapeute en parallèle de son métier d’homme. Il pensait profondément que toute croissance existentielle implique de ne pas s’enfermer dans la position du « Sachant ».
C’est peut-être l’art de la navigation qui l’a amené à être ce capitaine serein à la barre du bateau ARePTA. Il n’a pas lâché, attendant le moment opportun pour confier à d’autres la conduite du navire. Jusqu’au bout (cet été encore), Alain aura navigué d’île en île sur cet océan qui le faisait rêver et que nous aimons tant. Il s’est éclipsé, entouré ces derniers mois des siens qui l’ont accompagné dans la maladie qu’il a acceptée avec une dignité exceptionnelle. Nos pensées vont vers sa famille et ses proches.
Alain était un vrai ami, respectueux, ouvert et très attentif à ses proches. J’ai pu observer sa délicatesse si souvent. Il essayait de rejoindre par sa manière de vivre ce qu’il pensait juste. C’est là une tâche très difficile et je peux dire qu’il l’a pleinement réussie.
Alain aimait beaucoup la question miracle que l’on pourrait résumer avec cette formule : Abracadabra ! Delphine Horvilleur (1) nous rappelle qu’en araméen cela se traduit littéralement par « il a fait comme il a dit ». Le verbe crée le changement ! Abracadabra, Alain, dans sa vie.
1. Delphine Horvilleur, Vivre avec nos morts, Grasset, 2021.
Dr Wilfrid MARTINEAU Chef du pôle Psychiatrie et Santé mentale du CHU de Nantes. Formation à l’hypnose, EMDR, TOS, thérapie narrative et thérapie stratégique. Expérience de l’urgence et des situations de crise et du psychotraumatisme. Exercice actuel en psychiatrie de secteur (CMP et unités d’hospitalisation). Formateur au sein de l’ARePTAInstitut Milton Erickson de Nantes. Coordonnateur du DU Hypnose et Communication thérapeutique de la Faculté de médecine de Nantes.
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Petite conversation thérapeutique Virginie LAGRÉE. Hommage à Alain Vallée (1950-2023)
« Ne pas pleurer ce qui est perdu, aimer non seulement ce que j’ai encore, quoi que ce soit, bon ou mauvais, car cette simple conscience est une preuve de vie. »
- Tu te rappelles ce que j’ai écrit ? Tu m’entends ?
- Oui, Alain, je t’entends. C’était l’un de tes derniers textos. Mais c’est un peu difficile de ne pas pleurer aujourd’hui...
- Imagine que ce soir, après cette journée, tu réussisses à t’endormir et que pendant la nuit, un miracle a lieu... qui fait que tout le chagrin que tu éprouves aujourd’hui s’est envolé... comme ça !
- C’est pas possible ça Alain ! Je t’assure... J’ai relu il y a peu l’un des messages que tu m’avais envoyé un jour gris comme celui-ci, tu m’écrivais : « Au-delà des difficultés, je te souhaite de savoir te protéger de tous les monstres de l’imagination, rappelle-toi : Ridiculus s’ils sont présents, Erectus pour les faire grossir si tu crains qu’ils ne viennent. »
J’ai beau hurler matin et soir Ridiculus, Erectus, dans tous les sens pour chasser mes peurs, ça ne marche plus depuis que tu n’es plus là.
- Qu’est-ce que tu ressens, c’est quoi la sensation qui va avec ton émotion ?
- C’est comme un trou, un énorme trou qui fait mal.
- Et où ça se situe ?
- Dans mon coeur, oui c’est ça, j’ai un trou dans le coeur.
- Pose ta main dessus, laisse la sensation s’écouler, et répète « j’accepte ».
- J’arrive pas, je te promets.
- Bon alors, essaie de faire venir un bon souvenir.
- Un bon souvenir ? Mais il y en a tellement Alain de bons souvenirs avec toi !Un bon souvenir, c’est le « sang de marin » qui coule dans nos verres à Couëron, c’est le coucher de soleil sur Arz au mouillage lors de notre virée en mer avec Catherine sur « Hippogriffe », c’est les fous rires à Berder, à Biarritz et à Liège, à Lesconil, à Saint-Malo, et aussi pendant tes enseignements à l’ARePTA, c’est nos retrouvailles estivales au Crouesty et le gâteau breton pour nos anniversaires communs chez vous ou chez nous que tu avais baptisé « l’auberge du chat qui pète », tous ces moments joyeux grâce à « la chimie des breuvages et l’alchimie du restant » comme tu disais... Ce sont tes phrases guides, tes messages de soutien, dont j’ai fait des mantras, ton plan de secours pour notre fils dont tu as fait un chapitre dans ton premier livre, ta présence et ton souci inconditionnel de l’autre, ton humour qui ne t’a jamais quitté, pas même dans les instants les plus difficiles, c’est...
- OK... OK... reste avec tout ça, garde bien tous ces souvenirs, ça aidera à combler le trou. C’est OK pour toi ?
- Bien sûr c’est OK. J’ai eu tellement de chance de les vivre, ces souvenirs seront mes ancrages, mes poussières d’étoiles, comme tu disais, mes poussières de toi... Merci Alain !
Dr VIRGINIE LAGRÉE Psychiatre aux Urgences médico-psychologiques du CHU de Nantes et au Service d’accueil familial thérapeutique adultes (SAFT) de Loire- Atlantique. Chargée de cours à l’université au DIU de Suicidologie, au DU de Médecine d’urgence et formation des internes. Vice-présidente de l’ARePTA.
Auteure de: Technique or not technique? Dans le cortège des souffrances aux urgences.
- Tu te rappelles ce que j’ai écrit ? Tu m’entends ?
- Oui, Alain, je t’entends. C’était l’un de tes derniers textos. Mais c’est un peu difficile de ne pas pleurer aujourd’hui...
- Imagine que ce soir, après cette journée, tu réussisses à t’endormir et que pendant la nuit, un miracle a lieu... qui fait que tout le chagrin que tu éprouves aujourd’hui s’est envolé... comme ça !
- C’est pas possible ça Alain ! Je t’assure... J’ai relu il y a peu l’un des messages que tu m’avais envoyé un jour gris comme celui-ci, tu m’écrivais : « Au-delà des difficultés, je te souhaite de savoir te protéger de tous les monstres de l’imagination, rappelle-toi : Ridiculus s’ils sont présents, Erectus pour les faire grossir si tu crains qu’ils ne viennent. »
J’ai beau hurler matin et soir Ridiculus, Erectus, dans tous les sens pour chasser mes peurs, ça ne marche plus depuis que tu n’es plus là.
- Qu’est-ce que tu ressens, c’est quoi la sensation qui va avec ton émotion ?
- C’est comme un trou, un énorme trou qui fait mal.
- Et où ça se situe ?
- Dans mon coeur, oui c’est ça, j’ai un trou dans le coeur.
- Pose ta main dessus, laisse la sensation s’écouler, et répète « j’accepte ».
- J’arrive pas, je te promets.
- Bon alors, essaie de faire venir un bon souvenir.
- Un bon souvenir ? Mais il y en a tellement Alain de bons souvenirs avec toi !Un bon souvenir, c’est le « sang de marin » qui coule dans nos verres à Couëron, c’est le coucher de soleil sur Arz au mouillage lors de notre virée en mer avec Catherine sur « Hippogriffe », c’est les fous rires à Berder, à Biarritz et à Liège, à Lesconil, à Saint-Malo, et aussi pendant tes enseignements à l’ARePTA, c’est nos retrouvailles estivales au Crouesty et le gâteau breton pour nos anniversaires communs chez vous ou chez nous que tu avais baptisé « l’auberge du chat qui pète », tous ces moments joyeux grâce à « la chimie des breuvages et l’alchimie du restant » comme tu disais... Ce sont tes phrases guides, tes messages de soutien, dont j’ai fait des mantras, ton plan de secours pour notre fils dont tu as fait un chapitre dans ton premier livre, ta présence et ton souci inconditionnel de l’autre, ton humour qui ne t’a jamais quitté, pas même dans les instants les plus difficiles, c’est...
- OK... OK... reste avec tout ça, garde bien tous ces souvenirs, ça aidera à combler le trou. C’est OK pour toi ?
- Bien sûr c’est OK. J’ai eu tellement de chance de les vivre, ces souvenirs seront mes ancrages, mes poussières d’étoiles, comme tu disais, mes poussières de toi... Merci Alain !
Dr VIRGINIE LAGRÉE Psychiatre aux Urgences médico-psychologiques du CHU de Nantes et au Service d’accueil familial thérapeutique adultes (SAFT) de Loire- Atlantique. Chargée de cours à l’université au DIU de Suicidologie, au DU de Médecine d’urgence et formation des internes. Vice-présidente de l’ARePTA.
Auteure de: Technique or not technique? Dans le cortège des souffrances aux urgences.
Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Il est parti... Hommage à Alain Vallée (1950-2023). Dr Jacques-Antoine MALAREWICZ.
Alain... Il est parti... Nul reproche à lui faire, tant la camarde est imprévisible et injuste pour tous, tant elle peut nous frapper même au plus intime de l’esprit là où, comme lui, travailleur curieux et obstiné de la pensée, il a été rogné par les dents d’un mauvais animal. Un cancer sournois, comme tous les cancers, mais le sien a été particulièrement prompt à la tâche.
Quand même... ce n’est pas bien...
La disparition d’Alain longtemps n’occultera pas les souvenirs qu’il me laisse. Souvenirs personnels bien évidemment, souvenirs professionnels et aussi, par bonheur, la trace de moments marqués par l’amitié ; c’est-à-dire, chaleureux et empreints de simplicité... Tout est dit...
En août dernier, au téléphone, il était resté le séduisant rebelle que je connaissais depuis les années quatre-vingt d’un tout autre siècle. Pestant, en bon connaisseur de ce milieu, contre les incohérences des différents systèmes hospitaliers et contre les hésitations de certains médecins. Il tentait ainsi de calmer, autant que faire se peut, ce qui est parfaitement légitime, les injustices que le destin lui avait infligées à si court terme.
Comme cela lui arrivait souvent, je l’ai senti se forger d’autres certitudes que celles qu’il détestait subir. Parfois, il avait également pour réflexe de contester les propos de son interlocuteur, non seulement pour le plaisir de la controverse mais pour sacrifier au besoin beaucoup plus subtil, et pour certains désuet, de la disputatio.
Qu’a-t-il emporté avec lui, outre le tourbillon de ses activités brutalement interrompues ? Ce qui subsiste pour les survivants, à tout prendre, compte peut-être moins que ce qui reste sédimenté dans l’âme du mort.
En réaction désespérée à une disparition, se dessine dans l’espace mental intime de chacun un puzzle, à la fois incomplet et tragique, qui prétend à l’idéal mais ne fait qu’établir une frontière de plus en plus incertaine avec ce qui n’est plus.
Ainsi je pourrais, cédant à la facilité, mentionner sa barbe qui est restée pour moi un tantinet gréco-phrygienne, sa voix si particulière qui m’a toujours semblé naturellement modelée pour induire l’hypnose, son regard qui, dans mes souvenirs déformants, avait toutes les limpidités et les bleuités de l’océan – que ses proches me pardonnent les libertés fautives que je prends avec ce qu’ils savent bien mieux de leur époux, de leur père, de leur grand-père.
En fait, il n’est pas utile de chercher à préciser une esquisse qui restera toujours bien en deçà des incertains souvenirs s’effaçant dans la brume du quotidien.
Où est-il parti ? En mer comme il est tentant de l’imaginer, en voyage au-delà de l’horizon dans des rêveries éternelles qu’on ne peut que lui souhaiter, en écriture comme il savait bien le faire, en discussions avec d’autres explorateurs du monde inépuisable de l’âme humaine et de la psychothérapie ?
Au sujet d’Alain, il va falloir s’habituer à conjuguer le temps à l’imparfait et aux approximations qu’imposent les souvenirs et les points de suspension, à la nostalgie d’un passé qui s’éloigne cruellement et nous engloutira tous plus ou moins rapidement, aux discrets et implacables tamisages qu’opère, sans les annoncer et les assumer, la mémoire porteuse de trahisons.
En Pays nantais, Alain a été l’un des fondateurs de l’ARePTA – un acronyme qui est toujours resté mystérieux pour moi et dont la première lettre annonce, selon toute probabilité, une association. Son audience s’est prolongée bien au-delà. Que ce beau navire puisse continuer à voguer !
Dr JACQUES-ANTOINE MALAREWICZ Après avoir été chef de service pendant dix ans à la clinique Dupré de Sceaux, il partage son temps entre son cabinet de consultations, la formation et la supervision de psychothérapeutes, ainsi que de consultants en entreprise. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’hypnose ericksonienne et à l’approche systémique.
En savoir plus sur JACQUES-ANTOINE MALAREWICZ
Quand même... ce n’est pas bien...
La disparition d’Alain longtemps n’occultera pas les souvenirs qu’il me laisse. Souvenirs personnels bien évidemment, souvenirs professionnels et aussi, par bonheur, la trace de moments marqués par l’amitié ; c’est-à-dire, chaleureux et empreints de simplicité... Tout est dit...
En août dernier, au téléphone, il était resté le séduisant rebelle que je connaissais depuis les années quatre-vingt d’un tout autre siècle. Pestant, en bon connaisseur de ce milieu, contre les incohérences des différents systèmes hospitaliers et contre les hésitations de certains médecins. Il tentait ainsi de calmer, autant que faire se peut, ce qui est parfaitement légitime, les injustices que le destin lui avait infligées à si court terme.
Comme cela lui arrivait souvent, je l’ai senti se forger d’autres certitudes que celles qu’il détestait subir. Parfois, il avait également pour réflexe de contester les propos de son interlocuteur, non seulement pour le plaisir de la controverse mais pour sacrifier au besoin beaucoup plus subtil, et pour certains désuet, de la disputatio.
Qu’a-t-il emporté avec lui, outre le tourbillon de ses activités brutalement interrompues ? Ce qui subsiste pour les survivants, à tout prendre, compte peut-être moins que ce qui reste sédimenté dans l’âme du mort.
En réaction désespérée à une disparition, se dessine dans l’espace mental intime de chacun un puzzle, à la fois incomplet et tragique, qui prétend à l’idéal mais ne fait qu’établir une frontière de plus en plus incertaine avec ce qui n’est plus.
Ainsi je pourrais, cédant à la facilité, mentionner sa barbe qui est restée pour moi un tantinet gréco-phrygienne, sa voix si particulière qui m’a toujours semblé naturellement modelée pour induire l’hypnose, son regard qui, dans mes souvenirs déformants, avait toutes les limpidités et les bleuités de l’océan – que ses proches me pardonnent les libertés fautives que je prends avec ce qu’ils savent bien mieux de leur époux, de leur père, de leur grand-père.
En fait, il n’est pas utile de chercher à préciser une esquisse qui restera toujours bien en deçà des incertains souvenirs s’effaçant dans la brume du quotidien.
Où est-il parti ? En mer comme il est tentant de l’imaginer, en voyage au-delà de l’horizon dans des rêveries éternelles qu’on ne peut que lui souhaiter, en écriture comme il savait bien le faire, en discussions avec d’autres explorateurs du monde inépuisable de l’âme humaine et de la psychothérapie ?
Au sujet d’Alain, il va falloir s’habituer à conjuguer le temps à l’imparfait et aux approximations qu’imposent les souvenirs et les points de suspension, à la nostalgie d’un passé qui s’éloigne cruellement et nous engloutira tous plus ou moins rapidement, aux discrets et implacables tamisages qu’opère, sans les annoncer et les assumer, la mémoire porteuse de trahisons.
En Pays nantais, Alain a été l’un des fondateurs de l’ARePTA – un acronyme qui est toujours resté mystérieux pour moi et dont la première lettre annonce, selon toute probabilité, une association. Son audience s’est prolongée bien au-delà. Que ce beau navire puisse continuer à voguer !
Dr JACQUES-ANTOINE MALAREWICZ Après avoir été chef de service pendant dix ans à la clinique Dupré de Sceaux, il partage son temps entre son cabinet de consultations, la formation et la supervision de psychothérapeutes, ainsi que de consultants en entreprise. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’hypnose ericksonienne et à l’approche systémique.
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Catégories: Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris
Bloc op sur AVP chez un enfant de 6 ans. Revue hypnose et thérapies brèves 72.
Un enfant secoué de hurlements, un papa fort comme Iron Man, une veste qui transmet sa force au masque d’anesthésie de l’enfant. Ou comment apaiser les peurs de Sélim, jeune accidenté de la voie publique.
De situations stressantes en situations douloureuses, enfants et parents doivent apprendre et s’adapter. Non seulement dans la vie de tous les jours, face aux petits soucis du quotidien, mais également dans certains moments particulièrement compliqués. Parfois cela se réalise simplement et chacun parvient à retrouver ce dont il a besoin. Cependant, il arrive que cet équilibre soit mis à mal. C’est à ce moment précis que je rencontre Sélim et son papa.
Sélim, 6 ans, a été admis en chirurgie pour de multiples fractures ouvertes et déplacées à la jambe suite à une voiture qui est venue le percuter sur le trottoir, alors qu’il se promenait avec son papa. Le délabrement de la jambe a nécessité la mise en place d’un fixateur externe type Ilisarov qui impose une réfection des pansements sous anesthésie générale tous les deux jours. Mon collègue, quinze ans d’expérience pédiatrique, m’explique que l’induction d’anesthésie et le réveil ont été catastrophiques lors du premier pansement. Lorsque les portes du bloc s’ouvrent, des hurlements me parviennent.
- Sélim : « Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. Je suis abasourdie par ce que je découvre.
- Sélim : Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. »
La litanie se poursuit en boucle et le papa fait barrage de son corps en s’allongeant sur son fils dans un geste désespéré de protection. Chacune de mes tentatives pour atteindre Sélim se solde par un échec. Les hurlements perdurent et le papa désespéré ne parvient plus à rassurer son fils. Comme Sélim reste inaccessible, je feins le désintérêt, me tourne vers le papa et lui demande.
- Thérapeute : « Papa, combien vous avez à la force ? Il me regarde surpris en secouant la tête. Sélim a cessé de crier et ne perd rien de notre échange.
- Th. : A 10 vous êtes fort comme Iron Man et à 0 vous n’avez rien dans les bras. Le papa semble de plus en plus surpris et c’est Sélim qui pour la première fois s’adresse à moi.
- Sélim :Mon papa, il a 10 sur 10 à la force, car il est fort comme Iron Man. Je pousse un soupir de soulagement. Bien que donnant l’impression de parler à l’adulte, c’est à l’enfant que mon discours s’adresse. Raison pour laquelle le vocabulaire utilisé est enfantin.
- Th. : Ouf ! Papa, comme vous avez 10 sur 10 à la force, alors je vais vous demander de bien vouloir remonter la fermeture de votre veste s’il vous plaît, jusqu’en haut. Il s’exécute, ne comprenant pas ou je veux en venir. Comme ça la force va rester dans la veste et lorsque nous partirons avec Sélim tout à l’heure au bloc (présupposé et anticipation), nous prendrons la veste pleine de force et nous l’entourerons autour du bras de Sélim. Et lorsque Sélim mettra le masque seul devant son nez, alors la force passera de la veste directement dans le masque et se diffusera partout. Pendant ce temps le docteur fera ce qu’il faut et quand tout est terminé Sélim se réveille tranquillement, confortablement dans la veste et demande à la dame de la salle de réveil pour regagner sa chambre. » Utilisation du présent, saupoudrage et projection après le bloc.
Cette longue explication volontairement détaillée, permet à chacun de retrouver son calme. Je demande au papa s’il est d’accord pour donner sa force et s’il veut bien nous laisser sa veste (truismes, séquence d’acceptation et validation du yes set). Pendant que le papa enlève sa veste, je me retourne vers Sélim afin de poursuivre la séquence d’acceptation.
Pour lire la suite....
RACHEL REY Infirmière anesthésiste en pédiatrie au CHU de Nancy depuis 2004. Accompagne les enfants avec l’hypnose en pré, per et post-opératoire. Intervenante à l’école d’IADE pour la prise en charge du nourrisson et de l’enfant. Diplôme universitaire des techniques d’épuration extrarénale à Strasbourg. Formation hypnose médicale et hypno-analgésie à l’IFH, …..
Sélim, 6 ans, a été admis en chirurgie pour de multiples fractures ouvertes et déplacées à la jambe suite à une voiture qui est venue le percuter sur le trottoir, alors qu’il se promenait avec son papa. Le délabrement de la jambe a nécessité la mise en place d’un fixateur externe type Ilisarov qui impose une réfection des pansements sous anesthésie générale tous les deux jours. Mon collègue, quinze ans d’expérience pédiatrique, m’explique que l’induction d’anesthésie et le réveil ont été catastrophiques lors du premier pansement. Lorsque les portes du bloc s’ouvrent, des hurlements me parviennent.
- Sélim : « Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. Je suis abasourdie par ce que je découvre.
- Sélim : Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. »
La litanie se poursuit en boucle et le papa fait barrage de son corps en s’allongeant sur son fils dans un geste désespéré de protection. Chacune de mes tentatives pour atteindre Sélim se solde par un échec. Les hurlements perdurent et le papa désespéré ne parvient plus à rassurer son fils. Comme Sélim reste inaccessible, je feins le désintérêt, me tourne vers le papa et lui demande.
- Thérapeute : « Papa, combien vous avez à la force ? Il me regarde surpris en secouant la tête. Sélim a cessé de crier et ne perd rien de notre échange.
- Th. : A 10 vous êtes fort comme Iron Man et à 0 vous n’avez rien dans les bras. Le papa semble de plus en plus surpris et c’est Sélim qui pour la première fois s’adresse à moi.
- Sélim :Mon papa, il a 10 sur 10 à la force, car il est fort comme Iron Man. Je pousse un soupir de soulagement. Bien que donnant l’impression de parler à l’adulte, c’est à l’enfant que mon discours s’adresse. Raison pour laquelle le vocabulaire utilisé est enfantin.
- Th. : Ouf ! Papa, comme vous avez 10 sur 10 à la force, alors je vais vous demander de bien vouloir remonter la fermeture de votre veste s’il vous plaît, jusqu’en haut. Il s’exécute, ne comprenant pas ou je veux en venir. Comme ça la force va rester dans la veste et lorsque nous partirons avec Sélim tout à l’heure au bloc (présupposé et anticipation), nous prendrons la veste pleine de force et nous l’entourerons autour du bras de Sélim. Et lorsque Sélim mettra le masque seul devant son nez, alors la force passera de la veste directement dans le masque et se diffusera partout. Pendant ce temps le docteur fera ce qu’il faut et quand tout est terminé Sélim se réveille tranquillement, confortablement dans la veste et demande à la dame de la salle de réveil pour regagner sa chambre. » Utilisation du présent, saupoudrage et projection après le bloc.
Cette longue explication volontairement détaillée, permet à chacun de retrouver son calme. Je demande au papa s’il est d’accord pour donner sa force et s’il veut bien nous laisser sa veste (truismes, séquence d’acceptation et validation du yes set). Pendant que le papa enlève sa veste, je me retourne vers Sélim afin de poursuivre la séquence d’acceptation.
Pour lire la suite....
RACHEL REY Infirmière anesthésiste en pédiatrie au CHU de Nancy depuis 2004. Accompagne les enfants avec l’hypnose en pré, per et post-opératoire. Intervenante à l’école d’IADE pour la prise en charge du nourrisson et de l’enfant. Diplôme universitaire des techniques d’épuration extrarénale à Strasbourg. Formation hypnose médicale et hypno-analgésie à l’IFH, …..
Catégories: Hypnose Ericksonienne Thérapie Brève
Les monstres des cauchemars. Revue hypnose et thérapies brèves 72.
Vaincre les peurs et les monstres des cauchemars.. Aller au devant de nos peurs en acceptant d’affronter nos cauchemars. Ou quand l’hypnose nous permet de voler pour faire des monstres nos alliés... Karine est venue me consulter pour des angoisses liées à la conduite. Elle ne peut pas s’engager sur les quatre-voies, et encore moins sur le pont de Cheviré qui enjambe la Loire à l’ouest de Nantes et remplit les cabinets de psychothérapie. Nous en sommes à la troisième séance d’EMDR, elle a donné de bons résultats, c’est sans doute la dernière, mais les sensations de vide dans les jambes décrites par Karine m’incitent à lui poser cette question :
-Thérapeute : « Vous rêvez souvent ?
-Patiente : Ah ! non, vraiment c’est très rare.
-Th. : Des cauchemars peut-être ?
-P. : Ah ! oui, ça c’est plutôt fréquent ! »
On peut classer les cauchemars en deux catégories : il y a d’une part les situations dans lesquelles on se fait agresser par des méchants, des monstres, et de l’autre les situations dans lesquelles on est confronté au vide, on a peur de tomber, ou alors on est englué, perdu et on ne peut pas rejoindre ses proches. Les peurs dans les cauchemars correspondent aux peurs de la vie réelle et sont reliées au monde de l’abandon et au monde de la maltraitance tels que les décrit Julien Betbèze (1). Il existe des explorateurs des rêves qui d’une manière individuelle ou culturelle ont développé une connaissance sur les attitudes bénéfiques à avoir en rêve. Ainsi, il est important, selon eux, de toujours combattre et vaincre les ennemis rencontrés en rêve. Nous pouvons les détruire sans remords, ou mieux encore les mettre à notre service. Toute chute peut se transformer en vol, il suffit pour cela de regarder à quel endroit on veut atterrir. Les expériences où l’on est perdu ou englué peuvent également avec bénéfice se transformer en vol. Le vol permet de rejoindre un bel endroit où l’on peut découvrir des trésors et des personnes amicales. D’autres attitudes sont bénéfiques en rêve. Nous nous con centrons ici sur celles qui permettent de transformer les cauchemars en victoire : le combat et le vol.
Quelles sortes de peurs occupent les cauchemars de Karine ?
-Th. : « Vous pouvez me donner un exemple, Karine, du genre de cauchemar que vous avez fait récemment ?
-P. : Oui, ce sont souvent des histoires de vertige.
-Th. : Vous voulez bien m’en dire un peu plus ? Vous êtes en haut de quelque chose ?
-P. : Oui, on visite un château avec mes enfants, on est sur les remparts et il y a des créneaux et j’ai peur qu’ils se penchent et qu’ils tombent. Profitant de l’état de réceptivité de Karine après une séance d’EMDR fructueuse, il me semble qu’une proposition hypnotique est adaptée.
-Th. :Vous pouvez fermer les yeux à nouveau, vous savez que vous êtes ici avec moi en sécurité dans cette pièce, vous êtes également sur les remparts de ce château, je vous invite à vous jeter dans le vide et à bien regarder en bas à quel endroit vous allez atterrir... C’est sans doute un très bel endroit et il y a un trésor à découvrir...
Les signaux non verbaux que m’envoie Karine me laissent penser qu’elle est en sécurité, je peux poursuivre...
-Th. : Et vos enfants, pourquoi ne pas les inviter à vous rejoindre, ils savent certainement voler eux aussi...
Après cette première expérience qu’elle juge bénéfique, Karine souhaite me raconter un second cauchemar.
-P. : L’autre jour mon fils est sorti en ville avec un ami, ils ont fait une rencontre disons potentiellement dangereuse. Dans la réalité cela s’est bien terminé, mais la nuit suivante j’ai rêvé qu’il se faisait tabasser dans la rue par ces deux types.
-Th. : Eh bien Karine, vous pouvez fermer les yeux, et maintenant que vous savez voler, je vous invite à voler au secours de votre fils... vous pouvez le retrouver en ville et tabasser ces deux monstres.
-P. : C’étaient pas des monstres, c’était des types ordinaires.
-Th. : Vous pouvez tabasser ces types ordinaires, vous pouvez les vaincre, vous avez même le droit de les détruire... mais vous pouvez aussi... c’est mieux... les mettre à votre service... Vous pouvez vous avancer vers eux... et leur demander de vous offrir quelque chose... Karine semble apaisée, elle a toujours les yeux fermés, elle a écouté toutes mes propositions en acquiesçant. Il me semble que le temps est venu de la généralisation et de la suggestion post-hypnotique.
-Th. : La prochaine fois, Karine, que vous rencontrez des monstres, ou des types belliqueux en rêve, vous vous avancez vers eux, vous choisissez le plus costaud, le chef, vous vous approchez de lui, au plus près, nez à nez... et vous essayez d’apprendre quelque chose de nouveau, vous lui demandez : “qu’est-ce que tu veux ? qu’est-ce que je peux faire pour toi ?”... et vous lui demandez de faire quelque chose pour vous... et puis vous exigez un cadeau... quelque chose de très concret, un objet... Je tends à Karine de quoi dessiner, un papier et un stylo.
- Th. : Vous pouvez dessiner ce cadeau. Karine dessine devant moi un objet.
-Th. : Maintenant vous pouvez plier ce dessin, le ranger dans votre sac. Vous pouvez vous le procurer de différentes manières : l’acheter, le trouver par hasard, vous le faire offrir ou le fabriquer vous-même. Quand vous l’aurez entre vos mains, cet objet, il symbolisera un nouveau pouvoir que vous avez gagné en rêve. »
La séance se termine par quelques explications et consignes inspirées du travail de Giorgio Nardone (2) : « Nous portons les blessures de toutes les batailles que nous n’avons pas menées. » Toute peur qui n’est pas vaincue est renforcée. Sachant par ailleurs que les tentatives de solution de l’entourage de Karine ont plutôt renforcé sa phobie, je lui propose d’imposer à sa famille une conspiration du silence sur ce sujet. Je lui propose d’affronter ses peurs et de les affronter seule.
Les cauchemars occasionnés par les traumas sont considérés dans le DSM 5 comme un « symptôme d’intrusion » et constituent l’un des critères diagnostiques de l’ESPT. Permettre à une personne de se débarrasser de ses cauchemars est parfois un moyen suffisant pour quitter un diagnostic d’ESPT. Dans le cas clinique suivant, un ESPT durable a sans doute été évité grâce à des interventions relationnelles précoces de l’équipe soignante, de la famille et de la personne elle-même.
Bernard, 89 ans, a été hospitalisé suite à un grave accident cardiaque. Son transfert depuis les urgences jusqu’au service…
Pour lire la suite...
BERTRAND HÉNOT Il dirige l’institut de formation Hexafor à Nantes, qu’il a créé il y a trente ans. Formateur et superviseur, titulaire d’un diplôme universitaire « Théories et cliniques des psychothérapies ». Il enseigne les pratiques narratives et l’approche orientée solution à des professionnelles du social dont la mission est de soutenir la parentalité ou d’y suppléer.
-Patiente : Ah ! non, vraiment c’est très rare.
-Th. : Des cauchemars peut-être ?
-P. : Ah ! oui, ça c’est plutôt fréquent ! »
On peut classer les cauchemars en deux catégories : il y a d’une part les situations dans lesquelles on se fait agresser par des méchants, des monstres, et de l’autre les situations dans lesquelles on est confronté au vide, on a peur de tomber, ou alors on est englué, perdu et on ne peut pas rejoindre ses proches. Les peurs dans les cauchemars correspondent aux peurs de la vie réelle et sont reliées au monde de l’abandon et au monde de la maltraitance tels que les décrit Julien Betbèze (1). Il existe des explorateurs des rêves qui d’une manière individuelle ou culturelle ont développé une connaissance sur les attitudes bénéfiques à avoir en rêve. Ainsi, il est important, selon eux, de toujours combattre et vaincre les ennemis rencontrés en rêve. Nous pouvons les détruire sans remords, ou mieux encore les mettre à notre service. Toute chute peut se transformer en vol, il suffit pour cela de regarder à quel endroit on veut atterrir. Les expériences où l’on est perdu ou englué peuvent également avec bénéfice se transformer en vol. Le vol permet de rejoindre un bel endroit où l’on peut découvrir des trésors et des personnes amicales. D’autres attitudes sont bénéfiques en rêve. Nous nous con centrons ici sur celles qui permettent de transformer les cauchemars en victoire : le combat et le vol.
Quelles sortes de peurs occupent les cauchemars de Karine ?
-Th. : « Vous pouvez me donner un exemple, Karine, du genre de cauchemar que vous avez fait récemment ?
-P. : Oui, ce sont souvent des histoires de vertige.
-Th. : Vous voulez bien m’en dire un peu plus ? Vous êtes en haut de quelque chose ?
-P. : Oui, on visite un château avec mes enfants, on est sur les remparts et il y a des créneaux et j’ai peur qu’ils se penchent et qu’ils tombent. Profitant de l’état de réceptivité de Karine après une séance d’EMDR fructueuse, il me semble qu’une proposition hypnotique est adaptée.
-Th. :Vous pouvez fermer les yeux à nouveau, vous savez que vous êtes ici avec moi en sécurité dans cette pièce, vous êtes également sur les remparts de ce château, je vous invite à vous jeter dans le vide et à bien regarder en bas à quel endroit vous allez atterrir... C’est sans doute un très bel endroit et il y a un trésor à découvrir...
Les signaux non verbaux que m’envoie Karine me laissent penser qu’elle est en sécurité, je peux poursuivre...
-Th. : Et vos enfants, pourquoi ne pas les inviter à vous rejoindre, ils savent certainement voler eux aussi...
Après cette première expérience qu’elle juge bénéfique, Karine souhaite me raconter un second cauchemar.
-P. : L’autre jour mon fils est sorti en ville avec un ami, ils ont fait une rencontre disons potentiellement dangereuse. Dans la réalité cela s’est bien terminé, mais la nuit suivante j’ai rêvé qu’il se faisait tabasser dans la rue par ces deux types.
-Th. : Eh bien Karine, vous pouvez fermer les yeux, et maintenant que vous savez voler, je vous invite à voler au secours de votre fils... vous pouvez le retrouver en ville et tabasser ces deux monstres.
-P. : C’étaient pas des monstres, c’était des types ordinaires.
-Th. : Vous pouvez tabasser ces types ordinaires, vous pouvez les vaincre, vous avez même le droit de les détruire... mais vous pouvez aussi... c’est mieux... les mettre à votre service... Vous pouvez vous avancer vers eux... et leur demander de vous offrir quelque chose... Karine semble apaisée, elle a toujours les yeux fermés, elle a écouté toutes mes propositions en acquiesçant. Il me semble que le temps est venu de la généralisation et de la suggestion post-hypnotique.
-Th. : La prochaine fois, Karine, que vous rencontrez des monstres, ou des types belliqueux en rêve, vous vous avancez vers eux, vous choisissez le plus costaud, le chef, vous vous approchez de lui, au plus près, nez à nez... et vous essayez d’apprendre quelque chose de nouveau, vous lui demandez : “qu’est-ce que tu veux ? qu’est-ce que je peux faire pour toi ?”... et vous lui demandez de faire quelque chose pour vous... et puis vous exigez un cadeau... quelque chose de très concret, un objet... Je tends à Karine de quoi dessiner, un papier et un stylo.
- Th. : Vous pouvez dessiner ce cadeau. Karine dessine devant moi un objet.
-Th. : Maintenant vous pouvez plier ce dessin, le ranger dans votre sac. Vous pouvez vous le procurer de différentes manières : l’acheter, le trouver par hasard, vous le faire offrir ou le fabriquer vous-même. Quand vous l’aurez entre vos mains, cet objet, il symbolisera un nouveau pouvoir que vous avez gagné en rêve. »
La séance se termine par quelques explications et consignes inspirées du travail de Giorgio Nardone (2) : « Nous portons les blessures de toutes les batailles que nous n’avons pas menées. » Toute peur qui n’est pas vaincue est renforcée. Sachant par ailleurs que les tentatives de solution de l’entourage de Karine ont plutôt renforcé sa phobie, je lui propose d’imposer à sa famille une conspiration du silence sur ce sujet. Je lui propose d’affronter ses peurs et de les affronter seule.
Les cauchemars occasionnés par les traumas sont considérés dans le DSM 5 comme un « symptôme d’intrusion » et constituent l’un des critères diagnostiques de l’ESPT. Permettre à une personne de se débarrasser de ses cauchemars est parfois un moyen suffisant pour quitter un diagnostic d’ESPT. Dans le cas clinique suivant, un ESPT durable a sans doute été évité grâce à des interventions relationnelles précoces de l’équipe soignante, de la famille et de la personne elle-même.
Bernard, 89 ans, a été hospitalisé suite à un grave accident cardiaque. Son transfert depuis les urgences jusqu’au service…
Pour lire la suite...
BERTRAND HÉNOT Il dirige l’institut de formation Hexafor à Nantes, qu’il a créé il y a trente ans. Formateur et superviseur, titulaire d’un diplôme universitaire « Théories et cliniques des psychothérapies ». Il enseigne les pratiques narratives et l’approche orientée solution à des professionnelles du social dont la mission est de soutenir la parentalité ou d’y suppléer.
Les monstres des cauchemars.
Vaincre les peurs et les monstres des cauchemars. Aller au devant de nos peurs en acceptant d’affronter nos cauchemars. Ou quand l’hypnose nous permet de voler pour faire des monstres nos alliés... Bertrand HÉNOT
Karine est venue me consulter pour des angoisses liées à la conduite. Elle ne peut pas s’engager sur les quatre-voies, et encore moins sur le pont de Cheviré qui enjambe la Loire à l’ouest de Nantes et remplit les cabinets de psychothérapie.
Nous en sommes à la troisième séance d’EMDR, elle a donné de bons résultats, c’est sans doute la dernière, mais les sensations de vide dans les jambes décrites par Karine m’incitent à lui poser cette question :
-Thérapeute : « Vous rêvez souvent ?
-Patiente : Ah ! non, vraiment c’est très rare.
-Th. : Des cauchemars peut-être ?
-P. : Ah ! oui, ça c’est plutôt fréquent ! »
On peut classer les cauchemars en deux catégories : il y a d’une part les situations dans lesquelles on se fait agresser par des méchants, des monstres, et de l’autre les situations dans lesquelles on est confronté au vide, on a peur de tomber, ou alors on est englué, perdu et on ne peut pas rejoindre ses proches. Les peurs dans les cauchemars correspondent aux peurs de la vie réelle et sont reliées au monde de l’abandon et au monde de la maltraitance tels que les décrit Julien Betbèze (1). Il existe des explorateurs des rêves qui d’une manière individuelle ou culturelle ont développé une connaissance sur les attitudes bénéfiques à avoir en rêve. Ainsi, il est important, selon eux, de toujours combattre et vaincre les ennemis rencontrés en rêve. Nous pouvons les détruire sans remords, ou mieux encore les mettre à notre service. Toute chute peut se transformer en vol, il suffit pour cela de regarder à quel endroit on veut atterrir. Les expériences où l’on est perdu ou englué peuvent également avec bénéfice se transformer en vol. Le vol permet de rejoindre un bel endroit où l’on peut découvrir des trésors et des personnes amicales. D’autres attitudes sont bénéfiques en rêve. Nous nous con centrons ici sur celles qui permettent de transformer les cauchemars en victoire : le combat et le vol.
Quelles sortes de peurs occupent les cauchemars de Karine ?
-Th. : « Vous pouvez me donner un exemple, Karine, du genre de cauchemar que vous avez fait récemment ?
-P. : Oui, ce sont souvent des histoires de vertige.
-Th. : Vous voulez bien m’en dire un peu plus ? Vous êtes en haut de quelque chose ?
-P. : Oui, on visite un château avec mes enfants, on est sur les remparts et il y a des créneaux et j’ai peur qu’ils se penchent et qu’ils tombent. Profitant de l’état de réceptivité de Karine après une séance d’EMDR fructueuse, il me semble qu’une proposition hypnotique est adaptée.
-Th. :Vous pouvez fermer les yeux à nouveau, vous savez que vous êtes ici avec moi en sécurité dans cette pièce, vous êtes également sur les remparts de ce château, je vous invite à vous jeter dans le vide et à bien regarder en bas à quel endroit vous allez atterrir... C’est sans doute un très bel endroit et il y a un trésor à découvrir...
Les signaux non verbaux que m’envoie Karine me laissent penser qu’elle est en sécurité, je peux poursuivre...
-Th. : Et vos enfants, pourquoi ne pas les inviter à vous rejoindre, ils savent certainement voler eux aussi...
Après cette première expérience qu’elle juge bénéfique, Karine souhaite me raconter un second cauchemar.
-P. : L’autre jour mon fils est sorti en ville avec un ami, ils ont fait une rencontre disons potentiellement dangereuse. Dans la réalité cela s’est bien terminé, mais la nuit suivante j’ai rêvé qu’il se faisait tabasser dans la rue par ces deux types.
-Th. : Eh bien Karine, vous pouvez fermer les yeux, et maintenant que vous savez voler, je vous invite à voler au secours de votre fils... vous pouvez le retrouver en ville et tabasser ces deux monstres.
-P. : C’étaient pas des monstres, c’était des types ordinaires.
-Th. : Vous pouvez tabasser ces types ordinaires, vous pouvez les vaincre, vous avez même le droit de les détruire... mais vous pouvez aussi... c’est mieux... les mettre à votre service... Vous pouvez vous avancer vers eux... et leur demander de vous offrir quelque chose... Karine semble apaisée, elle a toujours les yeux fermés, elle a écouté toutes mes propositions en acquiesçant. Il me semble que le temps est venu de la généralisation et de la suggestion post-hypnotique.
-Th. : La prochaine fois, Karine, que vous rencontrez des monstres, ou des types belliqueux en rêve, vous vous avancez vers eux, vous choisissez le plus costaud, le chef, vous vous approchez de lui, au plus près, nez à nez... et vous essayez d’apprendre quelque chose de nouveau, vous lui demandez : “qu’est-ce que tu veux ? qu’est-ce que je peux faire pour toi ?”... et vous lui demandez de faire quelque chose pour vous... et puis vous exigez un cadeau... quelque chose de très concret, un objet... Je tends à Karine de quoi dessiner, un papier et un stylo.
- Th. : Vous pouvez dessiner ce cadeau. Karine dessine devant moi un objet.
-Th. : Maintenant vous pouvez plier ce dessin, le ranger dans votre sac. Vous pouvez vous le procurer de différentes manières : l’acheter, le trouver par hasard, vous le faire offrir ou le fabriquer vous-même. Quand vous l’aurez entre vos mains, cet objet, il symbolisera un nouveau pouvoir que vous avez gagné en rêve. »
La séance se termine par quelques explications et consignes inspirées du travail de Giorgio Nardone (2) : « Nous portons les blessures de toutes les batailles que nous n’avons pas menées. » Toute peur qui n’est pas vaincue est renforcée. Sachant par ailleurs que les tentatives de solution de l’entourage de Karine ont plutôt renforcé sa phobie, je lui propose d’imposer à sa famille une conspiration du silence sur ce sujet. Je lui propose d’affronter ses peurs et de les affronter seule.
Les cauchemars occasionnés par les traumas sont considérés dans le DSM 5 comme un « symptôme d’intrusion » et constituent l’un des critères diagnostiques de l’ESPT. Permettre à une personne de se débarrasser de ses cauchemars est parfois un moyen suffisant pour quitter un diagnostic d’ESPT. Dans le cas clinique suivant, un ESPT durable a sans doute été évité grâce à des interventions relationnelles précoces de l’équipe soignante, de la famille et de la personne elle-même.
Bernard, 89 ans, a été hospitalisé suite à un grave accident cardiaque. Son transfert depuis les urgences jusqu’au service…
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BERTRAND HÉNOT Il dirige l’institut de formation Hexafor à Nantes, qu’il a créé il y a trente ans. Formateur et superviseur, titulaire d’un diplôme universitaire « Théories et cliniques des psychothérapies ». Il enseigne les pratiques narratives et l’approche orientée solution à des professionnelles du social dont la mission est de soutenir la parentalité ou d’y suppléer.
Nous en sommes à la troisième séance d’EMDR, elle a donné de bons résultats, c’est sans doute la dernière, mais les sensations de vide dans les jambes décrites par Karine m’incitent à lui poser cette question :
-Thérapeute : « Vous rêvez souvent ?
-Patiente : Ah ! non, vraiment c’est très rare.
-Th. : Des cauchemars peut-être ?
-P. : Ah ! oui, ça c’est plutôt fréquent ! »
On peut classer les cauchemars en deux catégories : il y a d’une part les situations dans lesquelles on se fait agresser par des méchants, des monstres, et de l’autre les situations dans lesquelles on est confronté au vide, on a peur de tomber, ou alors on est englué, perdu et on ne peut pas rejoindre ses proches. Les peurs dans les cauchemars correspondent aux peurs de la vie réelle et sont reliées au monde de l’abandon et au monde de la maltraitance tels que les décrit Julien Betbèze (1). Il existe des explorateurs des rêves qui d’une manière individuelle ou culturelle ont développé une connaissance sur les attitudes bénéfiques à avoir en rêve. Ainsi, il est important, selon eux, de toujours combattre et vaincre les ennemis rencontrés en rêve. Nous pouvons les détruire sans remords, ou mieux encore les mettre à notre service. Toute chute peut se transformer en vol, il suffit pour cela de regarder à quel endroit on veut atterrir. Les expériences où l’on est perdu ou englué peuvent également avec bénéfice se transformer en vol. Le vol permet de rejoindre un bel endroit où l’on peut découvrir des trésors et des personnes amicales. D’autres attitudes sont bénéfiques en rêve. Nous nous con centrons ici sur celles qui permettent de transformer les cauchemars en victoire : le combat et le vol.
Quelles sortes de peurs occupent les cauchemars de Karine ?
-Th. : « Vous pouvez me donner un exemple, Karine, du genre de cauchemar que vous avez fait récemment ?
-P. : Oui, ce sont souvent des histoires de vertige.
-Th. : Vous voulez bien m’en dire un peu plus ? Vous êtes en haut de quelque chose ?
-P. : Oui, on visite un château avec mes enfants, on est sur les remparts et il y a des créneaux et j’ai peur qu’ils se penchent et qu’ils tombent. Profitant de l’état de réceptivité de Karine après une séance d’EMDR fructueuse, il me semble qu’une proposition hypnotique est adaptée.
-Th. :Vous pouvez fermer les yeux à nouveau, vous savez que vous êtes ici avec moi en sécurité dans cette pièce, vous êtes également sur les remparts de ce château, je vous invite à vous jeter dans le vide et à bien regarder en bas à quel endroit vous allez atterrir... C’est sans doute un très bel endroit et il y a un trésor à découvrir...
Les signaux non verbaux que m’envoie Karine me laissent penser qu’elle est en sécurité, je peux poursuivre...
-Th. : Et vos enfants, pourquoi ne pas les inviter à vous rejoindre, ils savent certainement voler eux aussi...
Après cette première expérience qu’elle juge bénéfique, Karine souhaite me raconter un second cauchemar.
-P. : L’autre jour mon fils est sorti en ville avec un ami, ils ont fait une rencontre disons potentiellement dangereuse. Dans la réalité cela s’est bien terminé, mais la nuit suivante j’ai rêvé qu’il se faisait tabasser dans la rue par ces deux types.
-Th. : Eh bien Karine, vous pouvez fermer les yeux, et maintenant que vous savez voler, je vous invite à voler au secours de votre fils... vous pouvez le retrouver en ville et tabasser ces deux monstres.
-P. : C’étaient pas des monstres, c’était des types ordinaires.
-Th. : Vous pouvez tabasser ces types ordinaires, vous pouvez les vaincre, vous avez même le droit de les détruire... mais vous pouvez aussi... c’est mieux... les mettre à votre service... Vous pouvez vous avancer vers eux... et leur demander de vous offrir quelque chose... Karine semble apaisée, elle a toujours les yeux fermés, elle a écouté toutes mes propositions en acquiesçant. Il me semble que le temps est venu de la généralisation et de la suggestion post-hypnotique.
-Th. : La prochaine fois, Karine, que vous rencontrez des monstres, ou des types belliqueux en rêve, vous vous avancez vers eux, vous choisissez le plus costaud, le chef, vous vous approchez de lui, au plus près, nez à nez... et vous essayez d’apprendre quelque chose de nouveau, vous lui demandez : “qu’est-ce que tu veux ? qu’est-ce que je peux faire pour toi ?”... et vous lui demandez de faire quelque chose pour vous... et puis vous exigez un cadeau... quelque chose de très concret, un objet... Je tends à Karine de quoi dessiner, un papier et un stylo.
- Th. : Vous pouvez dessiner ce cadeau. Karine dessine devant moi un objet.
-Th. : Maintenant vous pouvez plier ce dessin, le ranger dans votre sac. Vous pouvez vous le procurer de différentes manières : l’acheter, le trouver par hasard, vous le faire offrir ou le fabriquer vous-même. Quand vous l’aurez entre vos mains, cet objet, il symbolisera un nouveau pouvoir que vous avez gagné en rêve. »
La séance se termine par quelques explications et consignes inspirées du travail de Giorgio Nardone (2) : « Nous portons les blessures de toutes les batailles que nous n’avons pas menées. » Toute peur qui n’est pas vaincue est renforcée. Sachant par ailleurs que les tentatives de solution de l’entourage de Karine ont plutôt renforcé sa phobie, je lui propose d’imposer à sa famille une conspiration du silence sur ce sujet. Je lui propose d’affronter ses peurs et de les affronter seule.
Les cauchemars occasionnés par les traumas sont considérés dans le DSM 5 comme un « symptôme d’intrusion » et constituent l’un des critères diagnostiques de l’ESPT. Permettre à une personne de se débarrasser de ses cauchemars est parfois un moyen suffisant pour quitter un diagnostic d’ESPT. Dans le cas clinique suivant, un ESPT durable a sans doute été évité grâce à des interventions relationnelles précoces de l’équipe soignante, de la famille et de la personne elle-même.
Bernard, 89 ans, a été hospitalisé suite à un grave accident cardiaque. Son transfert depuis les urgences jusqu’au service…
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BERTRAND HÉNOT Il dirige l’institut de formation Hexafor à Nantes, qu’il a créé il y a trente ans. Formateur et superviseur, titulaire d’un diplôme universitaire « Théories et cliniques des psychothérapies ». Il enseigne les pratiques narratives et l’approche orientée solution à des professionnelles du social dont la mission est de soutenir la parentalité ou d’y suppléer.
Sentiment d'échec chez les adolescents. Travail en thérapie narrative.
Vouloir se conformer aux normes imposées par le pouvoir dit moderne peut amener de nombreux adolescents dans un sentiment d’échec et de dévalorisation. Et si le sentiment de Benjamin d’être « anormal » n’était en fait que sa façon de « résister » à la pression de ces normes... Dr Françoise VILLERMAUX pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 72
Lorsqu’on rencontre des adolescents amenés à consulter en pédopsychiatrie et qu’ils acceptent de s’exprimer sur leur vécu, nombreux sont ceux qui rapportent un sentiment d’infériorité vis-à-vis des autres, d’échec, d’inadéquation par rapport à ce qu’ils perçoivent comme une norme.
C’est dans le contexte du travail avec ces adolescents que je me suis intéressée plus particulièrement aux travaux de la thérapie narrative sur la thématique du sentiment d’échec. Je présenterai ici une conversation en entretien avec Benjamin, âgé de 16 ans.
Benjamin avait déjà été suivi lorsqu’il était jeune adolescent, à l’époque pour une symptomatologie post-traumatique. Il a demandé à reprendre un suivi peu après son entrée en 1ère et investit beaucoup les entretiens.
Il rapporte une tristesse, une fatigue, une impossibilité à se projeter dans l’avenir et à ressentir de l’envie. Il ne parvient pas à se concentrer en classe et à effectuer son travail scolaire. Il se sent « anormal », « inadapté », « pas fait pour s’en sortir dans ce monde » et cherche une explication en interrogeant différents diagnostics de troubles du neurodéveloppement. Un développement récent dans son suivi a été le fait qu’il s’autorise à « s’écouter», pour reprendre son terme. Il a découvert par exemple que le contact avec des appuis durs l’aidait à se sentir plus calme, et désormais, dans tous les endroits où c’est possible, il s’assied sur le sol avec le dos appuyé contre un mur. De la même façon, il s’est acheté de la pâte à modeler car il en trouve la manipulation agréable. Lors de nos entretiens nous sommes donc tous les deux assis au sol et il fabrique des monstres en pâte à modeler tout en parlant.
Lors d’un entretien, Benjamin a décrit son incapacité à travailler suffisamment pour obtenir des résultats satisfaisants. Il parle d’un « cercle vicieux » : « J’ai pas le moral donc j’arrive pas à me concentrer, donc j’ai de mauvaises notes. Je travaille beaucoup tous les soirs pour essayer de remonter mes notes, donc je me couche tard, le lendemain je suis encore plus fatigué et ça fait baisser mon moral. » Je dessine un schéma du cercle vicieux et ses différentes étapes. Obtenir de bons résultats scolaires est très important pour Benjamin, car il y voit une façon de se démarquer d’une histoire familiale marquée par la pauvreté et la marginalisation.
A la séance suivante, Benjamin explique être « dégoûté de moi-même » parce qu’il a cessé de travailler : pendant les cours il ne prend plus de notes, le soir à l’internat il ne fait plus ses devoirs. Il se dit épuisé, incapable de se concentrer. Voyant là une belle porte d’entrée vers le travail en narratif sur le thème du sentiment d’échec, je ressors le schéma du cercle vicieux de la séance précédente et reformule ce qu’il vient de dire :
- Thérapeute : « OK, donc si je comprends bien tu me dis que c’est de plus en plus difficile pour toi, et tu me dis : “je n’en peux plus, je n’arrive plus à continuer comme ça”.
-Benjamin : C’est ça.
-Th. : Et tu me dis que tu changes de comportement vis-à-vis du travail scolaire : en classe tu t’assieds et écoutes sans prendre de notes, et le soir tu fais autre chose que tes devoirs, c’est ça ?
-Benjamin : Ouais, je suis vraiment une merde. Je vais finir alcoolique au RSA comme mon père. Je pensais que je m’en sortirais, mais non. Sa voix tremble, il soupire en fermant les yeux, au bord des larmes.
-Th. : Tu sais, j’ai pris des notes sur le cercle vicieux que tu m’as décrit la dernière fois. On dirait qu’il n’est plus d’actualité.
-Benjamin : Pourquoi ?
-Th. : Eh bien, si je reprends, on avait dit que le fait d’avoir de mauvaises notes te poussait à travailler plus, ce qui te fatiguait, ce qui faisait encore plonger le moral le lendemain.
-Benjamin : Oui.
-Th. : On dirait qu’en arrêtant de travailler, tu fais autrement. L’image qui me vient, si tu permets que je te la partage, c’est une voiture qui prend une sortie sur un rond-point (j’ajoute sur le schéma une flèche s’éloignant du cercle). Est-ce qu’on pourrait dire qu’au lieu de continuer à travailler plus, tu choisis autre chose ?
-Benjamin : Je ne sais pas si je choisis, je dirais que c’est l’issue de secours.
-Th. : Qu’est-ce qui t’a aidé à te rendre compte que là, il était temps de prendre l’issue de secours ?
-Benjamin : Je suis trop fatigué, je n’en peux plus.
-Th. : Tu me dis “je n’en peux plus”. Tu peux me dire un peu ce dont tu as besoin de te dégager ?
-Benjamin : Je ne peux plus me tuer à la tâche à essayer d’avoir des bonnes notes.
-Th. : Ah, est ce qu’on peut dire que tu en as assez de te tuer à la tâche ?
-Benjamin : Oui.
-Th. : Et comment tu t’y prends pour ne plus te tuer à la tâche ?
-Benjamin : Euh… Je repousse les deadlines : je rends mes devoirs à la dernière minute ou je demande un délai supplémentaire pour me donner plus de temps. Je fractionne, je ne fais qu’une question par soir. Et si les devoirs ne sont pas à rendre et donc pas notés, je les fais pas.
-Th. : Tu rallonges les deadlines, tu fractionnes pour ne faire qu’une question par soir, et tu ne rends que ce qui est obligatoire. Quoi d’autre ?
-Benjamin : En cours j’écoute et c’est tout, je ne me mets pas la pression de prendre des notes. C’est pas mal d’ailleurs, comme ça.
-Th. : Ah ?
-Benjamin : Oui, au lieu de regarder ma feuille je regarde le prof, j’ai l’impression d’être le seul à l’écouter vraiment. Et parfois je joue avec ma pâte à modeler. Le soir, je fais autre chose que travailler : j’écoute de la musique, je cherche des gens avec qui discuter, je lis des mangas.
-Th. : Tu écoutes le prof, et tu fais autre chose que travailler le soir, des choses qui te plaisent. Comment on pourrait appeler cette nouvelle façon de travailler ?
-Benjamin : Je comprends pas.
-Th. : Si on devait donner un nom à cette façon de faire. Il y a le travail en mode “se tuer à la tâche”, que tu ne veux plus faire, et on dirait que tu es en train de définir un nouveau mode de travail, on pourrait dire “le travail en mode”...
-Benjamin : Le travail non forcé….
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FRANÇOISE VILLERMAUX Pédopsychiatre, diplômée de la faculté de médecine de Lille. Formée en Hypnose et Thérapies brèves à l’ARePTA en 2020. Actuellement praticien hospitalier dans le service de psychiatrie infanto-juvénile du Centre hospitalier d’HéninBeaumont (Pas-de-Calais).
C’est dans le contexte du travail avec ces adolescents que je me suis intéressée plus particulièrement aux travaux de la thérapie narrative sur la thématique du sentiment d’échec. Je présenterai ici une conversation en entretien avec Benjamin, âgé de 16 ans.
Benjamin avait déjà été suivi lorsqu’il était jeune adolescent, à l’époque pour une symptomatologie post-traumatique. Il a demandé à reprendre un suivi peu après son entrée en 1ère et investit beaucoup les entretiens.
Il rapporte une tristesse, une fatigue, une impossibilité à se projeter dans l’avenir et à ressentir de l’envie. Il ne parvient pas à se concentrer en classe et à effectuer son travail scolaire. Il se sent « anormal », « inadapté », « pas fait pour s’en sortir dans ce monde » et cherche une explication en interrogeant différents diagnostics de troubles du neurodéveloppement. Un développement récent dans son suivi a été le fait qu’il s’autorise à « s’écouter», pour reprendre son terme. Il a découvert par exemple que le contact avec des appuis durs l’aidait à se sentir plus calme, et désormais, dans tous les endroits où c’est possible, il s’assied sur le sol avec le dos appuyé contre un mur. De la même façon, il s’est acheté de la pâte à modeler car il en trouve la manipulation agréable. Lors de nos entretiens nous sommes donc tous les deux assis au sol et il fabrique des monstres en pâte à modeler tout en parlant.
Lors d’un entretien, Benjamin a décrit son incapacité à travailler suffisamment pour obtenir des résultats satisfaisants. Il parle d’un « cercle vicieux » : « J’ai pas le moral donc j’arrive pas à me concentrer, donc j’ai de mauvaises notes. Je travaille beaucoup tous les soirs pour essayer de remonter mes notes, donc je me couche tard, le lendemain je suis encore plus fatigué et ça fait baisser mon moral. » Je dessine un schéma du cercle vicieux et ses différentes étapes. Obtenir de bons résultats scolaires est très important pour Benjamin, car il y voit une façon de se démarquer d’une histoire familiale marquée par la pauvreté et la marginalisation.
A la séance suivante, Benjamin explique être « dégoûté de moi-même » parce qu’il a cessé de travailler : pendant les cours il ne prend plus de notes, le soir à l’internat il ne fait plus ses devoirs. Il se dit épuisé, incapable de se concentrer. Voyant là une belle porte d’entrée vers le travail en narratif sur le thème du sentiment d’échec, je ressors le schéma du cercle vicieux de la séance précédente et reformule ce qu’il vient de dire :
- Thérapeute : « OK, donc si je comprends bien tu me dis que c’est de plus en plus difficile pour toi, et tu me dis : “je n’en peux plus, je n’arrive plus à continuer comme ça”.
-Benjamin : C’est ça.
-Th. : Et tu me dis que tu changes de comportement vis-à-vis du travail scolaire : en classe tu t’assieds et écoutes sans prendre de notes, et le soir tu fais autre chose que tes devoirs, c’est ça ?
-Benjamin : Ouais, je suis vraiment une merde. Je vais finir alcoolique au RSA comme mon père. Je pensais que je m’en sortirais, mais non. Sa voix tremble, il soupire en fermant les yeux, au bord des larmes.
-Th. : Tu sais, j’ai pris des notes sur le cercle vicieux que tu m’as décrit la dernière fois. On dirait qu’il n’est plus d’actualité.
-Benjamin : Pourquoi ?
-Th. : Eh bien, si je reprends, on avait dit que le fait d’avoir de mauvaises notes te poussait à travailler plus, ce qui te fatiguait, ce qui faisait encore plonger le moral le lendemain.
-Benjamin : Oui.
-Th. : On dirait qu’en arrêtant de travailler, tu fais autrement. L’image qui me vient, si tu permets que je te la partage, c’est une voiture qui prend une sortie sur un rond-point (j’ajoute sur le schéma une flèche s’éloignant du cercle). Est-ce qu’on pourrait dire qu’au lieu de continuer à travailler plus, tu choisis autre chose ?
-Benjamin : Je ne sais pas si je choisis, je dirais que c’est l’issue de secours.
-Th. : Qu’est-ce qui t’a aidé à te rendre compte que là, il était temps de prendre l’issue de secours ?
-Benjamin : Je suis trop fatigué, je n’en peux plus.
-Th. : Tu me dis “je n’en peux plus”. Tu peux me dire un peu ce dont tu as besoin de te dégager ?
-Benjamin : Je ne peux plus me tuer à la tâche à essayer d’avoir des bonnes notes.
-Th. : Ah, est ce qu’on peut dire que tu en as assez de te tuer à la tâche ?
-Benjamin : Oui.
-Th. : Et comment tu t’y prends pour ne plus te tuer à la tâche ?
-Benjamin : Euh… Je repousse les deadlines : je rends mes devoirs à la dernière minute ou je demande un délai supplémentaire pour me donner plus de temps. Je fractionne, je ne fais qu’une question par soir. Et si les devoirs ne sont pas à rendre et donc pas notés, je les fais pas.
-Th. : Tu rallonges les deadlines, tu fractionnes pour ne faire qu’une question par soir, et tu ne rends que ce qui est obligatoire. Quoi d’autre ?
-Benjamin : En cours j’écoute et c’est tout, je ne me mets pas la pression de prendre des notes. C’est pas mal d’ailleurs, comme ça.
-Th. : Ah ?
-Benjamin : Oui, au lieu de regarder ma feuille je regarde le prof, j’ai l’impression d’être le seul à l’écouter vraiment. Et parfois je joue avec ma pâte à modeler. Le soir, je fais autre chose que travailler : j’écoute de la musique, je cherche des gens avec qui discuter, je lis des mangas.
-Th. : Tu écoutes le prof, et tu fais autre chose que travailler le soir, des choses qui te plaisent. Comment on pourrait appeler cette nouvelle façon de travailler ?
-Benjamin : Je comprends pas.
-Th. : Si on devait donner un nom à cette façon de faire. Il y a le travail en mode “se tuer à la tâche”, que tu ne veux plus faire, et on dirait que tu es en train de définir un nouveau mode de travail, on pourrait dire “le travail en mode”...
-Benjamin : Le travail non forcé….
Lire la suite sur...
FRANÇOISE VILLERMAUX Pédopsychiatre, diplômée de la faculté de médecine de Lille. Formée en Hypnose et Thérapies brèves à l’ARePTA en 2020. Actuellement praticien hospitalier dans le service de psychiatrie infanto-juvénile du Centre hospitalier d’HéninBeaumont (Pas-de-Calais).
Il était une voie / voix. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 72.
Le pourquoi du comment ! Par Blandine ROSSI-BOUCHET. C’est en sa qualité d’hypnophoniste que l’auteure recueille la parole de femmes aux parcours de vies tortueuses. Confidences de vive-voix, à mi-voix, à voix basse. Des voix cassées, blessées, étouffées, éraillées, étranglées... voix éteintes aussi. Toutes ces blessures psychologiques qui déteignent sur la voix et dont il faut soigner les maux.
« Il était une fois, il y a bien longtemps, quand les cochons parlaient en vers et quand les poules avaient des dents, une très belle princesse aux cheveux d’ébène, au teint d’albâtre et aux yeux bleu azur. Son sourire était le plus éblouissant et sa voix la plus envoûtante de tout son royaume.
Pour ses vingt ans, la Princesse rêvait de devenir mannequin et de rencontrer le Prince Charmant sur son cheval blanc avec qui elle se marierait et aurait beaucoup d’enfants.
Pour ses trente ans, la Princesse devint la reine des podiums et autres défilés, la muse de créateurs célèbres et la déesse des nuits de la capitale de son royaume...
Pour ses quarante ans, elle enchaîna les amants, ne voyant toujours pas venir le moindre cheval blanc, vivant seule dans son palais d’argent et rêvant qu’un nouveau jour se lève... Son voeu fut enfin exaucé pour ses cinquante ans, sous les traits d’un prince trop jeune et trop charmant pour la Princesse remplie d’espoir qui, hélas, crut en cette dernière chance. Ils vécurent heureux dans son palais d’argent jusqu’au jour où la Sorcière AVC lança un puissant sortilège sur la Princesse, soudainement transformée en une pauvre Poupée de cire brisée et à moitié paralysée, aux cheveux grisonnants, au teint blafard et au sourire tordu. Par amour pour elle, le Prince conduisit promptement sa Poupée de cire à l’abri des regards peu amènes et des critiques mondaines dans un manoir de la forêt des Pins enchanteurs. Ils y vécurent cachés jusqu’à ce que la Poupée de cire perde le son, assurément victime de la terrifiante Aphonie, maléfique cousine de la Sorcière AVC...
« La Princesse, brisée par cette coupure de son, trouva la force d’aller pleurer son malheur auprès du Grand Magicien de la Forêt enchantée ; Merlin, dont les sortilèges étaient impuissants à délivrer la Princesse désenchantée de ce sort maléfique, lui recommanda de se rendre chez la Fée des Mots. La Princesse désespérée, emplie d’un espoir nouveau, se rendit ainsi semaine après semaine chez la Fée des Mots. Celle-ci déploya de nombreuses baguettes, usa de toutes les incantations ensorcelées et autres formules magiques ancestrales. En vain... la Poupée de cire restait tristement sans le son. En dernier ressort, la Fée des Mots alla quérir Morgane, la Puissante Ensorceleuse. Elle seule était capable de lever le sortilège maléfique, par le pouvoir psychanalytique de sa baguette taillée en bois freudien. Quelques mois plus tard, la Princesse revint chez la Fée des Mots pour lui conter la fin de l’histoire. Alors que Morgane recherchait toujours les ingrédients rares pour concocter la potion magique de délivrance vocale, la voix de la Princesse revint comme par magie en un jour sombre. Son cri fut si puissant qu’il s’entendit dans tout le royaume. Morgane, alertée, vola immédiatement à son secours. Elle arriva juste à temps pour empêcher le Prince plus si charmant, mais devenu très violent, d’étrangler sa Poupée de cire princière, lui qui l’avait, durant toutes ces années, maltraitée et trompée avec la jeune et jolie mais désargentée Cendrillon... tout en profitant très largement du palais d’argent et surtout de tout l’argent de l’infortunée Princesse. »
Ce conte pas du tout féerique est hélas inspiré d’une histoire vraie. Vingt-cinq ans de pratique clinique m’ont amenée à en entendre de nombreuses autres, en version originale ou sous-titrée, tandis que les formules orthophoniques orthodoxes étaient impuissantes à aider toutes ces voix qui me contaient leurs tristes sorts. Le monde est hélas plein de ces princesses mais surtout de ces pseudo-princes, chevaliers, laquais ou valets qui ne sont pas plus sages... et qui parfois se transforment non pas comme le Prince Charmant en inoffensive grenouille, mais en bourreau, boxeur, harceleur ou encore manipulateur, simplement par la puissance de leur propre pouvoir de malfaisance. « Résultat de l’alchimie entre le corps et la pensée, la voix est le reflet de la personnalité et de la vérité de chacun. Elle reflète nos états d’âme, les cicatrices de notre existence » (1).
Si la voix est en réalité bien plus qu’un banal instrument à vent et à cordes qui prend corps dans une caisse de résonance, mon rôle en tant qu’orthophoniste-luthier ne peut et ne doit pas se contenter d’intervenir sur cet instrument-voix désaccordé uniquement pour le réparer et le remettre, comme il se doit, dans le droit chemin...
La voix s’incarne littéralement dans notre corps, en tant qu’« instrument corporel qui fonctionne par un geste » (2) ; « tout le corps parle » (3). L’ensemble du corps permet en effet de dire, la voix est produite par un corps en mouvement ; elle est elle-même un mouvement, qui permet non seulement de dire, mais de se dire. Il est aisé de comprendre que la peur de se révéler, de se dévoiler ou d’exprimer ses émotions peut entraîner une restriction du mouvement et une limitation concomitante de la phonation. Et, si l’on considère que mouvement et vie sont intimement liés, alors il est possible d’envisager cette restriction comme un blocage du libre flux vital. C’est ainsi que j’accompagne sur le chemin de la liberté retrouvée de vraies princesses, emprisonnées dès leur naissance dans des corps de faux princes charmants, tout au long de la transe-formation d’une chenille poilue en un papillon majestueux, jusqu’à la naissance tant attendue de la voix délicate assortie à la robe de bal et aux pantoufles de vair...
Toutes ces voix cassées, brisées, spasmées, parfois muettes, faussées ou contrariées, ont toutes pour point commun de présenter des manifestations somatiques de blessures psychologiques. Et à propos de voix, celles de trois patientes résonnent singulièrement dans ma mémoire, comme une drôle de petite musique, porte-paroles des dysphonies dysfonctionnelles, ces pathologies dissonantes de la triade corps-voix-émotions. Christiane, Soisik et Céline étaient chacune atteinte de « sclérose en place »* vocale devenue vitale. Ces trois voix ont été prises au piège des tensions psychiques qui créent des tensions musculaires et malmènent la voix (4).
Cet engrenage néfaste a conduit au malmenage de l’instrument, mais également à sa dissonance : ces altérations vocales ont empiété sur la vie sociale de ces femmes, perturbé l’image d’elles-mêmes au travers du regard des autres (5) (6).
C’est comme si, dénoncées par les modifications acoustiques et esthétiques de leur voix, elles avaient été condamnées d’avance par un jury populaire devant lequel elles devaient assurer leur défense par l’intermédiaire de leur avocat orthophonique.
CAS DE CHRISTIANE ET SOISIK : POING DANS LA GORGE ET GRIZZLY « ATOMISÉ »
Christiane, 68 ans, et Soisik, 37 ans, partagent la particularité d’une parole corporelle qui a émergé sous la forme d’un trouble vocal (dysphonie), comme l’empreinte d’une expérience qui n’a pas pu être intégrée à la vie psychique au moment où elle s’est produite. Une prédiction funeste de récidive cancéreuse formulée par la Pythie médicale a littéralement « étranglé » la gorge de la première, tandis que des sous-entendus douteux et blessants de collègues bien-pensants sont restés « en travers » de la gorge de la seconde. Le corps de Christiane, qui a dit sans être entendu et qui a entendu sans pouvoir rien dire, a parlé avec ce poing dans la gorge qui l’étouffait de plus en plus, au point de réduire sa voix au silence.
Une séance d’hypnose formelle, avec induction par la respiration puis installation dans sa « safe place » et suggestions post-hypnotiques amnésiantes spécifiques, a permis à cette patiente de retrouver voix au chapitre en oubliant l’effet nocebo des mots prononcés si maladroitement par des soignants. Le corps de Soisik a inconsciemment manifesté son mécontentement muet sous la forme de cette « voix-ourse » au timbre éraillé et sourd qui ne pouvait, lui, que se faire entendre. Un portrait chinois de sa dysphonie (un grizzly, une râpe à fromage, du vert « hideux », du froid, de la musique rap « la plus pénible »), associé à la technique éponyme dite « des mains de Rossi », a permis à Soisik de retrouver la clarté de sa voix tout en devenant sourde à celles, médisantes, de ses collègues. Guidée par la musique de ma propre voix, elle a con - sciencieusement râpé chacune des griffes et chaque oreille de ce grizzly posé dans la main, celle qui avait été choisie. Puis, avec une jubilation communicative, la patiente a « atomisé » (sic) ce qui restait du grizzly ; intérieurement d’abord, avec de la musique rap diffusée directement dans les conduits auditifs (les pavillons ayant été râpés...), puis extérieurement par un vent glacial venu du tréfonds de son imagination, qu’elle a soufflé à s’en époumoner sur cette main, envoyant hors de vue et hors d’atteinte les particules invisibles du grizzly joyeusement vaincu.
CAS DE CÉLINE : L’HYPNOSE POUR OUVRIR LES « ÉCLUSES VOCALES »
La véritable énigme réside finalement dans l’expérience hypnotique avec Céline, jeune femme active de 39 ans, souffrant d’une pathologie tout aussi énigmatique : un syndrome d’adduction paradoxale des cordes vocales**. La patiente s’est très peu livrée, en restant scrupuleusement dans le cadre de ce qu’elle avait décidé de me dire, et surtout de me taire. Pour autant, et malgré ses résistances pré et post-hypnotiques, Céline est bel et bien entrée….
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Blandine ROSSI-BOUCHET Orthophoniste, auteure de l’ouvrage « La douleur en pratique orthophonique », enseignante au CFUO (Centre de formation universitaire en orthophonie) de Bordeaux ainsi qu’au DIU Hypnose de Bordeaux où elle a été formée. Elle est responsable Formation et Ethique de l’association Hypnose33 Ecole bordelaise ericksonienne, et animera une master class lors du 13e Forum de la CFHTB qui aura lieu du 15 au 18 mai 2024 à Bordeaux.
Auteure de Syndromes d’Ehlers-Danlos: errance du douloureux chronique
et de HypnoPhonie® De l'orthophonie saupoudrée d'hypnose. Revue Hypnose et Thérapies Brèves n°66
Voir son profil sur hypnose-formation.fr
Pour ses vingt ans, la Princesse rêvait de devenir mannequin et de rencontrer le Prince Charmant sur son cheval blanc avec qui elle se marierait et aurait beaucoup d’enfants.
Pour ses trente ans, la Princesse devint la reine des podiums et autres défilés, la muse de créateurs célèbres et la déesse des nuits de la capitale de son royaume...
Pour ses quarante ans, elle enchaîna les amants, ne voyant toujours pas venir le moindre cheval blanc, vivant seule dans son palais d’argent et rêvant qu’un nouveau jour se lève... Son voeu fut enfin exaucé pour ses cinquante ans, sous les traits d’un prince trop jeune et trop charmant pour la Princesse remplie d’espoir qui, hélas, crut en cette dernière chance. Ils vécurent heureux dans son palais d’argent jusqu’au jour où la Sorcière AVC lança un puissant sortilège sur la Princesse, soudainement transformée en une pauvre Poupée de cire brisée et à moitié paralysée, aux cheveux grisonnants, au teint blafard et au sourire tordu. Par amour pour elle, le Prince conduisit promptement sa Poupée de cire à l’abri des regards peu amènes et des critiques mondaines dans un manoir de la forêt des Pins enchanteurs. Ils y vécurent cachés jusqu’à ce que la Poupée de cire perde le son, assurément victime de la terrifiante Aphonie, maléfique cousine de la Sorcière AVC...
« La Princesse, brisée par cette coupure de son, trouva la force d’aller pleurer son malheur auprès du Grand Magicien de la Forêt enchantée ; Merlin, dont les sortilèges étaient impuissants à délivrer la Princesse désenchantée de ce sort maléfique, lui recommanda de se rendre chez la Fée des Mots. La Princesse désespérée, emplie d’un espoir nouveau, se rendit ainsi semaine après semaine chez la Fée des Mots. Celle-ci déploya de nombreuses baguettes, usa de toutes les incantations ensorcelées et autres formules magiques ancestrales. En vain... la Poupée de cire restait tristement sans le son. En dernier ressort, la Fée des Mots alla quérir Morgane, la Puissante Ensorceleuse. Elle seule était capable de lever le sortilège maléfique, par le pouvoir psychanalytique de sa baguette taillée en bois freudien. Quelques mois plus tard, la Princesse revint chez la Fée des Mots pour lui conter la fin de l’histoire. Alors que Morgane recherchait toujours les ingrédients rares pour concocter la potion magique de délivrance vocale, la voix de la Princesse revint comme par magie en un jour sombre. Son cri fut si puissant qu’il s’entendit dans tout le royaume. Morgane, alertée, vola immédiatement à son secours. Elle arriva juste à temps pour empêcher le Prince plus si charmant, mais devenu très violent, d’étrangler sa Poupée de cire princière, lui qui l’avait, durant toutes ces années, maltraitée et trompée avec la jeune et jolie mais désargentée Cendrillon... tout en profitant très largement du palais d’argent et surtout de tout l’argent de l’infortunée Princesse. »
Ce conte pas du tout féerique est hélas inspiré d’une histoire vraie. Vingt-cinq ans de pratique clinique m’ont amenée à en entendre de nombreuses autres, en version originale ou sous-titrée, tandis que les formules orthophoniques orthodoxes étaient impuissantes à aider toutes ces voix qui me contaient leurs tristes sorts. Le monde est hélas plein de ces princesses mais surtout de ces pseudo-princes, chevaliers, laquais ou valets qui ne sont pas plus sages... et qui parfois se transforment non pas comme le Prince Charmant en inoffensive grenouille, mais en bourreau, boxeur, harceleur ou encore manipulateur, simplement par la puissance de leur propre pouvoir de malfaisance. « Résultat de l’alchimie entre le corps et la pensée, la voix est le reflet de la personnalité et de la vérité de chacun. Elle reflète nos états d’âme, les cicatrices de notre existence » (1).
Si la voix est en réalité bien plus qu’un banal instrument à vent et à cordes qui prend corps dans une caisse de résonance, mon rôle en tant qu’orthophoniste-luthier ne peut et ne doit pas se contenter d’intervenir sur cet instrument-voix désaccordé uniquement pour le réparer et le remettre, comme il se doit, dans le droit chemin...
La voix s’incarne littéralement dans notre corps, en tant qu’« instrument corporel qui fonctionne par un geste » (2) ; « tout le corps parle » (3). L’ensemble du corps permet en effet de dire, la voix est produite par un corps en mouvement ; elle est elle-même un mouvement, qui permet non seulement de dire, mais de se dire. Il est aisé de comprendre que la peur de se révéler, de se dévoiler ou d’exprimer ses émotions peut entraîner une restriction du mouvement et une limitation concomitante de la phonation. Et, si l’on considère que mouvement et vie sont intimement liés, alors il est possible d’envisager cette restriction comme un blocage du libre flux vital. C’est ainsi que j’accompagne sur le chemin de la liberté retrouvée de vraies princesses, emprisonnées dès leur naissance dans des corps de faux princes charmants, tout au long de la transe-formation d’une chenille poilue en un papillon majestueux, jusqu’à la naissance tant attendue de la voix délicate assortie à la robe de bal et aux pantoufles de vair...
Toutes ces voix cassées, brisées, spasmées, parfois muettes, faussées ou contrariées, ont toutes pour point commun de présenter des manifestations somatiques de blessures psychologiques. Et à propos de voix, celles de trois patientes résonnent singulièrement dans ma mémoire, comme une drôle de petite musique, porte-paroles des dysphonies dysfonctionnelles, ces pathologies dissonantes de la triade corps-voix-émotions. Christiane, Soisik et Céline étaient chacune atteinte de « sclérose en place »* vocale devenue vitale. Ces trois voix ont été prises au piège des tensions psychiques qui créent des tensions musculaires et malmènent la voix (4).
Cet engrenage néfaste a conduit au malmenage de l’instrument, mais également à sa dissonance : ces altérations vocales ont empiété sur la vie sociale de ces femmes, perturbé l’image d’elles-mêmes au travers du regard des autres (5) (6).
C’est comme si, dénoncées par les modifications acoustiques et esthétiques de leur voix, elles avaient été condamnées d’avance par un jury populaire devant lequel elles devaient assurer leur défense par l’intermédiaire de leur avocat orthophonique.
CAS DE CHRISTIANE ET SOISIK : POING DANS LA GORGE ET GRIZZLY « ATOMISÉ »
Christiane, 68 ans, et Soisik, 37 ans, partagent la particularité d’une parole corporelle qui a émergé sous la forme d’un trouble vocal (dysphonie), comme l’empreinte d’une expérience qui n’a pas pu être intégrée à la vie psychique au moment où elle s’est produite. Une prédiction funeste de récidive cancéreuse formulée par la Pythie médicale a littéralement « étranglé » la gorge de la première, tandis que des sous-entendus douteux et blessants de collègues bien-pensants sont restés « en travers » de la gorge de la seconde. Le corps de Christiane, qui a dit sans être entendu et qui a entendu sans pouvoir rien dire, a parlé avec ce poing dans la gorge qui l’étouffait de plus en plus, au point de réduire sa voix au silence.
Une séance d’hypnose formelle, avec induction par la respiration puis installation dans sa « safe place » et suggestions post-hypnotiques amnésiantes spécifiques, a permis à cette patiente de retrouver voix au chapitre en oubliant l’effet nocebo des mots prononcés si maladroitement par des soignants. Le corps de Soisik a inconsciemment manifesté son mécontentement muet sous la forme de cette « voix-ourse » au timbre éraillé et sourd qui ne pouvait, lui, que se faire entendre. Un portrait chinois de sa dysphonie (un grizzly, une râpe à fromage, du vert « hideux », du froid, de la musique rap « la plus pénible »), associé à la technique éponyme dite « des mains de Rossi », a permis à Soisik de retrouver la clarté de sa voix tout en devenant sourde à celles, médisantes, de ses collègues. Guidée par la musique de ma propre voix, elle a con - sciencieusement râpé chacune des griffes et chaque oreille de ce grizzly posé dans la main, celle qui avait été choisie. Puis, avec une jubilation communicative, la patiente a « atomisé » (sic) ce qui restait du grizzly ; intérieurement d’abord, avec de la musique rap diffusée directement dans les conduits auditifs (les pavillons ayant été râpés...), puis extérieurement par un vent glacial venu du tréfonds de son imagination, qu’elle a soufflé à s’en époumoner sur cette main, envoyant hors de vue et hors d’atteinte les particules invisibles du grizzly joyeusement vaincu.
CAS DE CÉLINE : L’HYPNOSE POUR OUVRIR LES « ÉCLUSES VOCALES »
La véritable énigme réside finalement dans l’expérience hypnotique avec Céline, jeune femme active de 39 ans, souffrant d’une pathologie tout aussi énigmatique : un syndrome d’adduction paradoxale des cordes vocales**. La patiente s’est très peu livrée, en restant scrupuleusement dans le cadre de ce qu’elle avait décidé de me dire, et surtout de me taire. Pour autant, et malgré ses résistances pré et post-hypnotiques, Céline est bel et bien entrée….
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Blandine ROSSI-BOUCHET Orthophoniste, auteure de l’ouvrage « La douleur en pratique orthophonique », enseignante au CFUO (Centre de formation universitaire en orthophonie) de Bordeaux ainsi qu’au DIU Hypnose de Bordeaux où elle a été formée. Elle est responsable Formation et Ethique de l’association Hypnose33 Ecole bordelaise ericksonienne, et animera une master class lors du 13e Forum de la CFHTB qui aura lieu du 15 au 18 mai 2024 à Bordeaux.
Auteure de Syndromes d’Ehlers-Danlos: errance du douloureux chronique
et de HypnoPhonie® De l'orthophonie saupoudrée d'hypnose. Revue Hypnose et Thérapies Brèves n°66
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L’hypnose relationnelle rend chaque rencontre unique et riche.
Si la voix de Milton Erickson nous accompagne tous dans notre pratique, elle résonne d’autant plus quand l’hypnose accompagne des voix cassées, brisées, parfois muettes, manifestations de blessures psychologiques.
Blandine Rossi-Bouchet, orthophoniste expérimentée, nous présente à travers de nombreux cas cliniques le travail en hypnophonie pour aider chacun à trouver sa voie. Nous la retrouverons avec toute l’équipe de Bordeaux du 15 au 18 mai pour le prochain Forum de la CFHTB. Les adolescents et les jeunes adultes sont soumis à une multitude de normes qu’ils n’ont pas choisies et par rapport auxquelles ils s’auto-évaluent très souvent négativement. Françoise Villermaux, pédopsychiatre, nous montre, à travers une prise en charge très détaillée, comment le questionnement narratif aide à sortir du sentiment d’échec personnel. Véronique Dasle, psychologue, nous ouvre à l’importance de l’écriture comme acte thérapeutique. « Les mots sont des gestes qui font bouger les choses » (François Roustang). L’écriture, comme l’hypnose, permet d’accueillir les sensations et aide à construire notre identité qui ouvre des possibles.
C’est ce que nous montre Karine Ficini, à travers son poème « Quand la souffrance dérape en rap » dans lequel elle met le deuil d’un père absent dans la musique de ses mots.
Bertrand Hénot nous présente un modèle pour activer la créativité onirique et se libérer des cauchemars, à partir de l’expérience du peuple senoï. La description de sa technique est détaillée et donne envie de la mettre en pratique.
Gérard Ostermann nous présente trois textes sur l’utilisation de l’hypnose dans l’infertilité (Michel Dupuet), l’eczéma dans un contexte alcoolique (Anne Malraux), et chez un enfant terrorisé aux urgences (Rachel Rey). Nous pouvons parcourir différentes situations cliniques où nous observons comment l’hypnose relationnelle, grâce à la créativité des thérapeutes, rend chaque rencontre unique et riche. En hommage à Alain Vallée qui nous a quittés le 15 novembre 2023, nous publions un texte qu’il nous a confié sur le recadrage et la conversation d’engagement dans la dépression.
Nous savons que le mécanisme d’entrée dans la dépression correspond à un « laisser tomber » (give up). Alain souligne l’importance de différencier un « laisser tomber » passif d’un « laisser tomber » actif, qui seul permet une remise en mouvement et une sortie de la plainte. Dans la conversation thérapeutique, nous percevons les subtilités de l’approche stratégique et les moments où la perception du sujet s’élargit pour se libérer du pouvoir de la dépression. Si Alain Vallée est connu pour sa vivacité d’esprit et sa pédagogie, il était avant tout un thérapeute et ami d’une grande bienveillance dont témoignent les textes écrits par J.A. Malarewicz, Virginie Lagrée, Wilfrid Martineau, Pierre Castelnau et Gérard Ostermann. J’ai également écrit un témoignage sur ce qui me liait à Alain : il m’a beaucoup apporté, non seulement en favorisant la légitimité d’une pratique nouvelle, mais aussi en entrant dans le monde de l’hypnose. Qu’il en soit remercié.
Et bien sûr, ne manquez pas les rubriques et le plaisir des yeux avec les très belles illustrations de l’artiste Cerdà et le dessin de Muhuc pour Alain.
Pensez à vous inscrire au Forum de la CFHTB à Bordeaux du 15 au 18 mai. Bonne année 2024 et qu’elle soit pour chacun de vous riche en lectures, découvertes et rencontres !
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C’est ce que nous montre Karine Ficini, à travers son poème « Quand la souffrance dérape en rap » dans lequel elle met le deuil d’un père absent dans la musique de ses mots.
Bertrand Hénot nous présente un modèle pour activer la créativité onirique et se libérer des cauchemars, à partir de l’expérience du peuple senoï. La description de sa technique est détaillée et donne envie de la mettre en pratique.
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Nous savons que le mécanisme d’entrée dans la dépression correspond à un « laisser tomber » (give up). Alain souligne l’importance de différencier un « laisser tomber » passif d’un « laisser tomber » actif, qui seul permet une remise en mouvement et une sortie de la plainte. Dans la conversation thérapeutique, nous percevons les subtilités de l’approche stratégique et les moments où la perception du sujet s’élargit pour se libérer du pouvoir de la dépression. Si Alain Vallée est connu pour sa vivacité d’esprit et sa pédagogie, il était avant tout un thérapeute et ami d’une grande bienveillance dont témoignent les textes écrits par J.A. Malarewicz, Virginie Lagrée, Wilfrid Martineau, Pierre Castelnau et Gérard Ostermann. J’ai également écrit un témoignage sur ce qui me liait à Alain : il m’a beaucoup apporté, non seulement en favorisant la légitimité d’une pratique nouvelle, mais aussi en entrant dans le monde de l’hypnose. Qu’il en soit remercié.
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News Letter de la rentrée 2024-2025 des formation en Hypnothérapie, EMDR-IMO.
Formations pour les professionnels de Santé dispensées par nos organismes membres de la CFHTB
et Certifiés par France EMDR IMO ®
Formation EMDR-IMO à PARIS Formation sur 3 jours pour les praticiens déjà formés en hypnose.
Du 9 au 11 Décembre 2024 ou du 11 au 13 Juin 2025
Formation sur 8 jours pour les praticiens non formés en hypnose et ceux pratiquant encore peu l’hypnose.
Session 1: 27, 28 et 29 Janvier 2025
Session 2: 10 et 11 Mars 2025
Session 3: 14, 15 et 16 Mai 2025
Enseignants: Laurent GROSS, Laurence ADJADJ, Sophie TOURNOUËR, Dr Roxane COLETTE, Dr Pascal VESPROUMIS.
Validée et certifiée par France EMDR-IMO ®
Lieu : Espace Hermès,
10, Cité Joly 75011 Paris
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Formation Hypnose Médicale et Thérapeutique à Paris Formation sur 9 jours en Hypnose Médicale
Du 7 Octobre 2024 au 4 Mars 2025. Voir le programme
Formation sur 16 jours en Hypnothérapie, Approches Centrées Solution et EMDR-IMO
Du 7 Octobre 2024 au 13 Juin 2025. Voir le programme
Validée et certifiée par France EMDR-IMO ®
Enseignants: Laurent GROSS, Florent HAMON, Claire DAHAN, Pascale CHAMI, Dr Marc GALY, Laurence ADJADJ, Sophie TOURNOUËR
Lieu : Espace Hermès,
10 Cité Joly 75011 Paris
Choisir son programme de formation en Hypnose à Paris
S'inscrire pour la formation 9 jours
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Formation EMDR-IMO à MARSEILLE Formation sur 3 jours pour les praticiens déjà formés en hypnose.
Du 26 au 28 Mars 2025
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Formation sur 8 jours
pour les praticiens non formés en hypnose et ceux pratiquant encore peu l’hypnose.
Session 1: 13, 14, 15 Janvier 2025
Session 2: 17, 18, 19 Mars 2025
Session 3: 19, 20 Mai 2025
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Validée et certifiée par France EMDR-IMO ®
Enseignants : Laurence ADJADJ et Laurent GROSS
Formation en Hypnose à Marseille Dates de la formation 1ère année:
Session 1 : Du 20 au 22 Janvier 2025
Session 2 : Du 5 au 7 Mars 2025
Session 3 : Du 31 Mars au 2 Avril 2025
Session 4 : Du 4 au 6 juin 2025
Validée et certifiée par France EMDR-IMO ®
Enseignants : Laurence ADJADJ et Laurent GROSS
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ACCH en Visio Retrouvez tous les Webinaires et Supervisions du Dr Pascal VESPROUMIS. https://acchhypnose.fr/ tous les Webinaires et Supervisions du Dr Pascal VESPROUMIS. https://acchhypnose.fr/
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Hypnoscope Août 2024 - Actualités Thérapeutiques
Ce mois-ci, 2 articles à découvrir sur l'EMDR et la Transe en cancérologie. Stress post-traumatique : d’après des scientifiques, cette technique pourrait permettre d’atténuer certains symptômes.
Des scientifiques ont découvert que le sommeil pourrait devenir une nouvelle fenêtre de traitement contre certains symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT ou PTSD). Grâce à une technique de réactivation ciblée de la mémoire pendant le sommeil, des améliorations de certains symptômes ont été observées.
En Bref: - Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) se manifeste par des réactions intenses après un événement traumatisant, selon le manuel MSD.
- Une étude du Centre médical universitaire d’Amsterdam montre que la réactivation ciblée de la mémoire (TMR) pendant le sommeil peut renforcer les effets de l'EMDR.
- La TMR pourrait rendre les traitements du TSPT plus efficaces, ouvrant des perspectives pour traiter d'autres troubles liés à des souvenirs.
Le rôle du sommeil dans le traitement du trouble de stress post-traumatique (TSPT)
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est caractérisé “par des réactions intenses, désagréables et dysfonctionnelles après un événement traumatisant accablant”, d’après le manuel MSD. Jusqu'à présent, les traitements comme l'EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) se sont avérés efficaces pour certains patients. Le traitement EMDR est une psychothérapie par mouvement oculaires, d’après l’INSERM. Il implique que le patient se remémore des événements traumatisants tout en étant guidé par des stimuli externes, comme des mouvements de lumière ou des sons cliquetants.
L'objectif est de reprogrammer la façon dont les souvenirs sont stockés dans le cerveau, en transformant les réponses émotionnelles négatives associées à ces souvenirs en réactions plus neutres. En 2013, l’EMDR est nommée comme une alternative valide aux thérapies comportementales et cognitives “plus classiques” par l’OMS.
Or, une partie des patients ne répond pas bien aux thérapies EMDR. C'est dans ce contexte que le rôle du sommeil a émergé comme une piste thérapeutique innovante. En effet, pendant le sommeil, le cerveau consolide les souvenirs et les réactions émotionnelles. Une nouvelle étude menée par le Centre médical universitaire d’Amsterdam et publiée dans Current Biology a montré que l’association de la « réactivation ciblée de la mémoire » (TMR) avec l'EMDR peut renforcer les effets de ce dernier.
La Réactivation Ciblée de la Mémoire (TMR) est une technique qui consiste à exposer le cerveau à des indices sensoriels pendant le sommeil, afin de consolider des apprentissages ou améliorer les résultats de thérapies cognitives. Cette combinaison permettrait d'améliorer la consolidation des souvenirs, et pourrait réduire les symptômes du TSPT.
Réactivation ciblée de la mémoire (TMR) : une technique innovante
Dans le cadre de cette étude, la technique de TMR un patient est réexposé à des stimuli (des bruits des clics standard) pendant son sommeil. Dans l’étude, des patients ayant reçu une thérapie EMDR en soirée ont été exposés à des sons spécifiques durant leur sommeil, ces mêmes sons ayant été utilisés durant leur séance de thérapie.
Les résultats ont révélé que les patients exposés à ces sons présentaient une activité cérébrale accrue liée à la consolidation de la mémoire. « Pendant la nuit de stimulation TMR, nous avons constaté que la présentation des clics EMDR améliorait efficacement la physiologie du sommeil responsable de la consolidation de la mémoire, une amélioration plus importante conduisant à des réductions plus significatives des symptômes » a déclaré Hein van Marle, l'un des auteurs principaux de l'étude et chercheur principal de l'étude au Centre médical universitaire d'Amsterdam.
Cette augmentation de l'activité cérébrale était corrélée à une réduction des symptômes du TSPT, notamment au niveau des « comportements d'évitement ». Les comportements d'évitement, caractéristiques du trouble de stress post-traumatique, se manifestent par une tendance à fuir les situations, les lieux ou les personnes rappelant l'événement traumatisant. Cet évitement est une stratégie inconsciente pour éviter la détresse émotionnelle associée aux souvenirs douloureux, mais elle peut également être très handicapante.
Ces résultats suggèrent que la TMR pourrait potentiellement rendre les traitements existants plus efficaces.
Traitement du stress post-traumatique (TSPT) à travers du sommeil : une fenêtre de traitement prometteuse.
Bien que les résultats soient prometteurs, les chercheurs notent que la stimulation par TMR n'a pas encore produit de différences cliniques significatives en comparaison avec l’EMDR seule. « La stimulation pendant notre expérience n'a pas été suffisante pour produire des différences dans la plupart des résultats cliniques, en partie parce que la séance EMDR était déjà assez efficace » précise l’auteur principal. En effet, les auteurs soulignent que l'EMDR étant déjà un traitement efficace, il est possible que l'impact de la TMR nécessite plus de temps et de répétitions pour se manifester pleinement.
Les futures études, prévues pour cet automne, viseront à administrer la TMR pendant plusieurs nuits consécutives afin de déterminer si cette approche peut aboutir à des améliorations cliniques plus prononcées. Si ces études confirment les résultats initiaux, le sommeil pourrait devenir une nouvelle fenêtre thérapeutique pour d'autres troubles liés à des souvenirs, comme les phobies ou l'anxiété.
Par Sofia PEREZ pour Science et Vie
Effets secondaires du cancer : la transe aide-t-elle à mieux les vivre ? En Belgique, une équipe de chercheurs mène une étude inédite sur les techniques menant à un état modifié de conscience, dont la transe auto-induite. Objectif : évaluer scientifiquement son impact sur certains effets secondaires du cancer. Entre 2022 et 2023, 40 patients sortis de traitement y ont participé... Parmi eux, des Françaises.
Juin 2023. Dans une petite salle plongée dans la pénombre du CHU de Liège, en Belgique, une femme est assise sur un fauteuil. Elle est française, elle s’appelle Christine. Elle a 48 ans.
La tête prise dans un casque constellé d’électrodes reliées à un ordinateur, elle effectue de grandes respirations. Son nez frémit, elle renifle. Des vocalisations s’élèvent : « héhoha… héhoha… héhoha… ».
Ses poings se serrent, ses bras se lèvent, son corps se tend sur le siège. Puis, soudain, elle émet un cri fort, puissant, résonnant dans toute la pièce, qui ressemble à celui d’un loup…
« J’étais un loup, je courais dans la steppe. J’ai ressenti un sentiment de liberté et de joie très intense, presque une extase. »
Trente secondes plus tard, son souffle reprend un rythme normal. Elle s’apaise, ses bras retombent sur les accoudoirs. Elle ne bouge pas, elle sait qu’une fois qu’elle a réussi à auto-induire une transe la consigne est de rester le plus immobile et silencieuse possible afin de ne pas parasiter l’électroencéphalogramme (EEG) qui enregistre l’activité de son cerveau.
Quelques minutes passent, et Christine recommence à vocaliser, à renifler et à lever les bras afin de relancer sa transe. Puis elle se fige de nouveau, les mains en l’air, comme si elle tenait une balle.
« Un sentiment de liberté et de joie »
« Je vous laisse revenir tranquillement », souffle Nolwenn Marie, doctorante et chercheuse à l’université de Liège, au sein du groupe de recherche sur les sensations et perceptions (SPRG) au Giga-Consciousness (un laboratoire de pointe sur l’étude des états modifiés de conscience).
Carnet de notes en main, elle l’interroge ensuite : « Pouvez-vous me décrire en détail l’expérience que vous venez de vivre ? » « J’étais un loup, je courais dans la steppe. J’ai ressenti un sentiment de liberté et de joie très intense, presque une extase. Après, j’avais une boule dans les mains, le loup était en face de moi et on jouait ensemble, rapporte Christine. Puis j’étais un guerrier indien, je courais avec une meute de loups, en lien, ensemble. Enfin, le gorille est arrivé et, là, j’ai ressenti la liberté de la forêt. »
La doctorante lui pose encore quelques questions, puis commence à retirer le casque et les différents capteurs (de fréquence cardiaque, de respiration, de température et du mouvement des yeux). « Voilà, c’était la dernière évaluation, dit Nolwenn. Avec toute l’équipe, nous voulions vous remercier chaleureusement pour votre engagement. »
Une étude pionnière
Ainsi se clôture pour Christine une année de participation à une expérience scientifique unique au monde. C’est en effet la première fois que la transe cognitive auto-induite (TCAI), développée par la musicologue française Corine Sombrun (voir encadré), fait l’objet d’une étude clinique auprès de patients en oncologie.
Financée par deux institutions belges, la Fondation contre le cancer et le Fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS), son but est d’évaluer l’impact de la TCAI, mais aussi de la méditation d’autocompassion et de l’autohypnose, sur la qualité de vie de patients ayant terminé leurs traitements depuis moins d’un an.
Le choix de l’oncologie
Au total, 160 personnes vont participer à cette étude. Chacun des états modifiés de conscience doit y être étudié sur un groupe de 40 participants, répartis en quatre sous-groupes de 10 personnes. Et, bien sûr, l’étude inclut un groupe témoin de 40 personnes non soumises aux trois techniques de modification étudiées.
« Avec cette étude, nous souhaitons explorer les similitudes et les différences entre la transe et d’autres états modifiés de conscience que l’on connaît mieux, et vérifier l’intérêt de cet outil comme application clinique en oncologie », détaille Audrey Vanhaudenhuyse, directrice du SPRG1. Elle co-dirige l’étude avec Olivia Gosseries, co-directrice du Coma science group au GIGA.
Le choix s’est porté sur l’oncologie notamment en raison des symptômes « intenses, fréquents et persistants qui subsistent chez les patients après la fin des traitements, parfois pendant plusieurs années », précise Charlotte Grégoire, qui supervise cette étude menée en collaboration avec l’institut de recherche TranceScience, à Paris.
Peu d’options pharmacologiques
L’équipe belge se focalise sur cinq symptômes en particulier: les douleurs, les difficultés de sommeil, la fatigue, l’anxiété et les difficultés cognitives.
« Ces symptômes sont sous-diagnostiqués, sous-évalués et pas suffisamment pris en charge alors même qu’ils ont un grand impact sur la vie des patients, sur leur famille, sur les soignants et sur la société de façon générale », regrette la chercheuse, postdoctorante et collaboratrice scientifique du FRS-FNRS.
La pharmacologie offre peu d’options pour les limiter. Les recherches se sont donc tournées vers les approches « mind-body » (yoga, taï-chi, relaxation, méditation, hypnose…), avec de premiers résultats encourageants, mais qui demandent à être confirmés.
Apprendre à « transer »
Infirmière touchée par un cancer du sein, Christine s’intéresse depuis longtemps à ces pratiques « mind- body » (« corps-esprit »). Au printemps 2022, elle tombe sur l’appel à volontaires du Giga au hasard de ses pérégrinations sur les réseaux sociaux, et se renseigne aussitôt. « Il restait une place dans le dernier groupe “transe”, et c’est exactement ce que je voulais faire », se souvient cette passionnée de neurosciences.
En mai 2022, dix mois après avoir terminé sa radiothérapie, elle se rend donc à Liège, où elle retrouve les neuf autres participantes de son groupe pour le premier week-end d’initiation à la TCAI (qui sera suivi d’un second week-end quinze jours plus tard).
Christine se souvient encore de sa surprise au tout début de cette formation, encadrée par Corine Sombrun et plusieurs facilitatrices. « Je pensais qu’on allait faire divers exercices pour se mettre en condition, mais on a juste fait un petit tour de présentations. Et, au bout d’un quart d’heure, Corine nous mettait en transe », s’amuse-t-elle.
Pour ce faire, la musicologue utilise des « boucles de sons » qu’elle a mis des années à développer, des sortes de concentrés de séquences de tambour qui déclenchent la transe dans 90 % des cas.
Pour Christine, la réaction fut immédiate: « Mon corps s’est mis à beaucoup bouger, j’ai hurlé, je suis partie dans un autre monde. À la deuxième transe, le cri du loup est arrivé, et il ne m’a plus quitté. »
« J’ai senti qu’il se passait quelque chose d’inhabituel »
D’autres membres du groupe ont réagi différemment. Julie, une Parisienne de 43 ans, s’est ainsi mise à pleurer. « Pendant les trois premières boucles de sons, je n’ai fait que pleurer, sans savoir si j’étais en transe ou pas. Puis, à la quatrième, j’ai commencé à produire des sons très longs et du “protolangage” [terme désignant un langage primitif, ndlr], mes épaules ont bougé de façon très saccadée, j’ai senti qu’il se passait quelque chose d’inhabituel que je ne maîtrisais pas », se souvient cette directrice juridique touchée par un cancer du sein triple négatif un an après avoir accouché de son second enfant.
L’arrivée du cancer, alors qu’elle était « encore en train d’allaiter, c’était ultra-violent », confie-t-elle avec émotion, des mèches aux reflets cuivrés encadrant son visage parsemé de taches de rousseur.
« J’avais extrêmement peur que le cancer ne revienne. Quand j’ai vu qu’il y avait cette étude clinique, j’ai immédiatement appelé. Je me disais qu’avec la transe j’aurais une perception amplifiée de mon corps et que je pourrais, peut-être, percevoir une récidive avant qu’il ne soit trop tard », raconte-t-elle, à l’issue de sa seconde et dernière transe sous EEG au CHU de Liège.
Une ressource essentielle
La première a eu lieu au même endroit, en juin 2022, juste après le deuxième week-end de formation. Puis, chaque participante était rentrée chez elle, avec la consigne de reprendre le cours normal de sa vie et de s’entraîner régulièrement afin de renforcer son apprentissage de la transe. Seule restriction : ne pas pratiquer de transe avec des personnes non formées à la TCAI.
Au long des douze mois écoulés, tous les membres du groupe ont fait l’objet d’un suivi à travers, entre autres, des questionnaires à remplir. Au départ, la TCAI n’a pas été facile à apprivoiser pour Julie: « Elle n’arrêtait pas de se manifester toute seule. C’était assez encombrant, d’autant plus que ça coïncidait avec ma reprise du travail. J’ai appelé les facilitatrices pour leur demander si c’était normal. Elles m’ont rassurée en me disant qu’il était habituel que la transe se manifeste beaucoup pendant une période aussi chargée émotionnellement. Elles m’ont dit que j’allais apprendre à mieux la gérer au fil du temps. »
C’est effectivement ce qui s’est passé, et la transe est devenue pour Julie une « ressource essentielle ». « Pour les “triple négatif”, il n’y a pas d’hormonothérapie. On est lâchées dans la nature. La transe me permet d’évacuer le stress, de me détendre, de voir les situations sous un autre angle, de prendre de la hauteur et de la distance », dit-elle.
Des effets subtils ou hallucinants
Chez Christine, la TCAI a eu un effet « extraordinaire » sur la rééducation de son bras droit, qu’elle ne pouvait plus monter plus haut que son épaule après une opération du sein. « Durant la transe, je faisais des mouvements spécifiques et j’ai très vite pu lever mon bras plus haut. La kiné, spécialisée dans ce type de rééducation, a halluciné », assure-t-elle.
Laure, membre du même groupe que Christine et Julie, a constaté que ses capacités cognitives s’amélioraient. « Après mon cancer du sein, j’avais beaucoup de mal à m’organiser, les choses me paraissaient insurmontables. La transe m’aide beaucoup à me poser et à être plus construite dans mes réflexions. Je ne sais pas si je retrouverai un jour toutes mes capacités d’attention, mais je suis contente de ce que j’ai réussi à récupérer », témoigne-t-elle.
Sororité
Contrairement aux autres, cette secrétaire de 45 ans ne connaissait pas Corine Sombrun avant d’intégrer l’étude, et elle n’a d’ailleurs toujours pas ouvert un de ses livres, ni vu le biopic Un monde plus grand, réalisé par Fabienne Berthaud, afin de préserver son expérience personnelle. Tout au long de cette année pas comme les autres, les participantes ont régulièrement échangé entre elles via WhatsApp, et certaines ont même parfois « transé » en visio.
« Nous avons toutes eu le même problème de santé, ce qui a créé un lien très fort entre nous », commente Laure. Nathalie2, également membre de ce groupe, renchérit : « Pour moi, ç’a été une double découverte : la découverte d’un continent intérieur avec la transe, et la découverte de cette énorme solidarité avec ces femmes. C’est très rare dans une vie d’avoir l’occasion de trouver un tel groupe de sororité. »
Nathalie estime que, sans la transe et sans cette solidarité, il lui aurait été bien plus difficile de traverser tout ce qu’elle vivait au moment d’intégrer l’étude, en mai 2022. Opérée d’une tumeur rare et agressive, elle avait été brutalement licenciée au retour de son arrêt-maladie.
« Je me sens beaucoup mieux quand je l’intègre dans mon quotidien. J’essaie de la pratiquer quelques minutes le matin, après ma session de yoga. »
« J’avais du mal à me concentrer, j’oubliais tout, je n’arrivais presque plus à lire, je peinais à trouver mes mots, j’avais de brusques accès de colère… J’étais vraiment dans un sale état », témoigne cette chercheuse française de 50 ans, yeux bleus et cheveux relevés en chignon. « La transe m’a donné des outils au quotidien, notamment pour mieux me concentrer. Elle m’a aussi permis de me sentir beaucoup plus en accord avec mes possibilités et mes limites », ajoute-telle.
Une nouvelle habitude.
Cette expérience a transformé la vie de ces femmes, à des degrés plus ou moins forts. Et la transe est souvent devenue un rituel. « Pour la TCAI, on constate que plus de 80 % de l’échantillon pratique très régulièrement, tous les jours ou trois à quatre fois par semaine », indique Nolwenn Marie.
Celles et ceux qui pratiquent rapportent que chaque transe est différente, en durée comme en intensité, et que cela reste un état dont il est possible de sortir à tout moment.
Nathalie décrit sa pratique comme légère, mais régulière. « Je ne peux pas y consacrer beaucoup de temps, mais j’essaie de m’y tenir, car j’ai remarqué que je me sens beaucoup mieux quand je l’intègre dans mon quotidien. J’essaie notamment de faire quelques minutes le matin, après ma session de yoga. Il y a aussi de courts moments dans la journée où j’utilise “le protolangage”, parce que c’est une très bonne manière de sortir une émotion comme la colère. Ça prend quelques secondes et ça me met tout de suite dans un autre état d’esprit. »
Celle qui a été le plus transformée est sans doute Christine. « La maladie avait déjà changé mon rapport à la mort, mais la transe a amplifié ce changement. J’ai compris que la mort fait partie de la vie, elle ne me fait plus peur. Mon vœu le plus cher est de former mes pairs, les soignants et les soignantes, pour leur apporter cet outil qui a révolutionné ma vie. » Dans cette perspective, elle a candidaté au diplôme universitaire sur l’étude des transes et des états de conscience modifiés, qui s’est ouvert à la rentrée 2021 à l’université Paris-VIII.
Des premiers résultats encourageants.
Attention toutefois, à ce stade, impossible de tirer des conclusions scientifiques à partir du ressenti et de l’expérience de ces initiées. Pour l’instant, « on parle uniquement de tendances », soulignent prudemment nos chercheuses.
Concernant l’impact sur les symptômes suivis dans le cadre de l’étude, si une baisse des problèmes de sommeil et d’anxiété a été notée chez les participants aux groupes de transe, rien de notable n’a été relevé sur les douleurs. « Les premiers résultats sont encourageants, mais pour l’instant on ne peut tirer aucune conclusion concernant l’efficacité des différentes techniques étudiées en matière d’amélioration de la qualité de vie », insiste Charlotte Grégoire.
Si la partie de l’étude consacrée à la transe a bien avancé, le recrutement de participants est toujours en cours pour compléter les groupes de méditation et le groupe contrôle. Il faut donc attendre que l’étude arrive à son terme. Les premiers résultats scientifiques ne devraient pas être publiés avant 2025, au plus tôt.
Jessica Berthereau pour ROSE UP
En Bref: - Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) se manifeste par des réactions intenses après un événement traumatisant, selon le manuel MSD.
- Une étude du Centre médical universitaire d’Amsterdam montre que la réactivation ciblée de la mémoire (TMR) pendant le sommeil peut renforcer les effets de l'EMDR.
- La TMR pourrait rendre les traitements du TSPT plus efficaces, ouvrant des perspectives pour traiter d'autres troubles liés à des souvenirs.
Le rôle du sommeil dans le traitement du trouble de stress post-traumatique (TSPT)
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est caractérisé “par des réactions intenses, désagréables et dysfonctionnelles après un événement traumatisant accablant”, d’après le manuel MSD. Jusqu'à présent, les traitements comme l'EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) se sont avérés efficaces pour certains patients. Le traitement EMDR est une psychothérapie par mouvement oculaires, d’après l’INSERM. Il implique que le patient se remémore des événements traumatisants tout en étant guidé par des stimuli externes, comme des mouvements de lumière ou des sons cliquetants.
L'objectif est de reprogrammer la façon dont les souvenirs sont stockés dans le cerveau, en transformant les réponses émotionnelles négatives associées à ces souvenirs en réactions plus neutres. En 2013, l’EMDR est nommée comme une alternative valide aux thérapies comportementales et cognitives “plus classiques” par l’OMS.
Or, une partie des patients ne répond pas bien aux thérapies EMDR. C'est dans ce contexte que le rôle du sommeil a émergé comme une piste thérapeutique innovante. En effet, pendant le sommeil, le cerveau consolide les souvenirs et les réactions émotionnelles. Une nouvelle étude menée par le Centre médical universitaire d’Amsterdam et publiée dans Current Biology a montré que l’association de la « réactivation ciblée de la mémoire » (TMR) avec l'EMDR peut renforcer les effets de ce dernier.
La Réactivation Ciblée de la Mémoire (TMR) est une technique qui consiste à exposer le cerveau à des indices sensoriels pendant le sommeil, afin de consolider des apprentissages ou améliorer les résultats de thérapies cognitives. Cette combinaison permettrait d'améliorer la consolidation des souvenirs, et pourrait réduire les symptômes du TSPT.
Réactivation ciblée de la mémoire (TMR) : une technique innovante
Dans le cadre de cette étude, la technique de TMR un patient est réexposé à des stimuli (des bruits des clics standard) pendant son sommeil. Dans l’étude, des patients ayant reçu une thérapie EMDR en soirée ont été exposés à des sons spécifiques durant leur sommeil, ces mêmes sons ayant été utilisés durant leur séance de thérapie.
Les résultats ont révélé que les patients exposés à ces sons présentaient une activité cérébrale accrue liée à la consolidation de la mémoire. « Pendant la nuit de stimulation TMR, nous avons constaté que la présentation des clics EMDR améliorait efficacement la physiologie du sommeil responsable de la consolidation de la mémoire, une amélioration plus importante conduisant à des réductions plus significatives des symptômes » a déclaré Hein van Marle, l'un des auteurs principaux de l'étude et chercheur principal de l'étude au Centre médical universitaire d'Amsterdam.
Cette augmentation de l'activité cérébrale était corrélée à une réduction des symptômes du TSPT, notamment au niveau des « comportements d'évitement ». Les comportements d'évitement, caractéristiques du trouble de stress post-traumatique, se manifestent par une tendance à fuir les situations, les lieux ou les personnes rappelant l'événement traumatisant. Cet évitement est une stratégie inconsciente pour éviter la détresse émotionnelle associée aux souvenirs douloureux, mais elle peut également être très handicapante.
Ces résultats suggèrent que la TMR pourrait potentiellement rendre les traitements existants plus efficaces.
Traitement du stress post-traumatique (TSPT) à travers du sommeil : une fenêtre de traitement prometteuse.
Bien que les résultats soient prometteurs, les chercheurs notent que la stimulation par TMR n'a pas encore produit de différences cliniques significatives en comparaison avec l’EMDR seule. « La stimulation pendant notre expérience n'a pas été suffisante pour produire des différences dans la plupart des résultats cliniques, en partie parce que la séance EMDR était déjà assez efficace » précise l’auteur principal. En effet, les auteurs soulignent que l'EMDR étant déjà un traitement efficace, il est possible que l'impact de la TMR nécessite plus de temps et de répétitions pour se manifester pleinement.
Les futures études, prévues pour cet automne, viseront à administrer la TMR pendant plusieurs nuits consécutives afin de déterminer si cette approche peut aboutir à des améliorations cliniques plus prononcées. Si ces études confirment les résultats initiaux, le sommeil pourrait devenir une nouvelle fenêtre thérapeutique pour d'autres troubles liés à des souvenirs, comme les phobies ou l'anxiété.
Par Sofia PEREZ pour Science et Vie
Effets secondaires du cancer : la transe aide-t-elle à mieux les vivre ? En Belgique, une équipe de chercheurs mène une étude inédite sur les techniques menant à un état modifié de conscience, dont la transe auto-induite. Objectif : évaluer scientifiquement son impact sur certains effets secondaires du cancer. Entre 2022 et 2023, 40 patients sortis de traitement y ont participé... Parmi eux, des Françaises.
Juin 2023. Dans une petite salle plongée dans la pénombre du CHU de Liège, en Belgique, une femme est assise sur un fauteuil. Elle est française, elle s’appelle Christine. Elle a 48 ans.
La tête prise dans un casque constellé d’électrodes reliées à un ordinateur, elle effectue de grandes respirations. Son nez frémit, elle renifle. Des vocalisations s’élèvent : « héhoha… héhoha… héhoha… ».
Ses poings se serrent, ses bras se lèvent, son corps se tend sur le siège. Puis, soudain, elle émet un cri fort, puissant, résonnant dans toute la pièce, qui ressemble à celui d’un loup…
« J’étais un loup, je courais dans la steppe. J’ai ressenti un sentiment de liberté et de joie très intense, presque une extase. »
Trente secondes plus tard, son souffle reprend un rythme normal. Elle s’apaise, ses bras retombent sur les accoudoirs. Elle ne bouge pas, elle sait qu’une fois qu’elle a réussi à auto-induire une transe la consigne est de rester le plus immobile et silencieuse possible afin de ne pas parasiter l’électroencéphalogramme (EEG) qui enregistre l’activité de son cerveau.
Quelques minutes passent, et Christine recommence à vocaliser, à renifler et à lever les bras afin de relancer sa transe. Puis elle se fige de nouveau, les mains en l’air, comme si elle tenait une balle.
« Un sentiment de liberté et de joie »
« Je vous laisse revenir tranquillement », souffle Nolwenn Marie, doctorante et chercheuse à l’université de Liège, au sein du groupe de recherche sur les sensations et perceptions (SPRG) au Giga-Consciousness (un laboratoire de pointe sur l’étude des états modifiés de conscience).
Carnet de notes en main, elle l’interroge ensuite : « Pouvez-vous me décrire en détail l’expérience que vous venez de vivre ? » « J’étais un loup, je courais dans la steppe. J’ai ressenti un sentiment de liberté et de joie très intense, presque une extase. Après, j’avais une boule dans les mains, le loup était en face de moi et on jouait ensemble, rapporte Christine. Puis j’étais un guerrier indien, je courais avec une meute de loups, en lien, ensemble. Enfin, le gorille est arrivé et, là, j’ai ressenti la liberté de la forêt. »
La doctorante lui pose encore quelques questions, puis commence à retirer le casque et les différents capteurs (de fréquence cardiaque, de respiration, de température et du mouvement des yeux). « Voilà, c’était la dernière évaluation, dit Nolwenn. Avec toute l’équipe, nous voulions vous remercier chaleureusement pour votre engagement. »
Une étude pionnière
Ainsi se clôture pour Christine une année de participation à une expérience scientifique unique au monde. C’est en effet la première fois que la transe cognitive auto-induite (TCAI), développée par la musicologue française Corine Sombrun (voir encadré), fait l’objet d’une étude clinique auprès de patients en oncologie.
Financée par deux institutions belges, la Fondation contre le cancer et le Fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS), son but est d’évaluer l’impact de la TCAI, mais aussi de la méditation d’autocompassion et de l’autohypnose, sur la qualité de vie de patients ayant terminé leurs traitements depuis moins d’un an.
Le choix de l’oncologie
Au total, 160 personnes vont participer à cette étude. Chacun des états modifiés de conscience doit y être étudié sur un groupe de 40 participants, répartis en quatre sous-groupes de 10 personnes. Et, bien sûr, l’étude inclut un groupe témoin de 40 personnes non soumises aux trois techniques de modification étudiées.
« Avec cette étude, nous souhaitons explorer les similitudes et les différences entre la transe et d’autres états modifiés de conscience que l’on connaît mieux, et vérifier l’intérêt de cet outil comme application clinique en oncologie », détaille Audrey Vanhaudenhuyse, directrice du SPRG1. Elle co-dirige l’étude avec Olivia Gosseries, co-directrice du Coma science group au GIGA.
Le choix s’est porté sur l’oncologie notamment en raison des symptômes « intenses, fréquents et persistants qui subsistent chez les patients après la fin des traitements, parfois pendant plusieurs années », précise Charlotte Grégoire, qui supervise cette étude menée en collaboration avec l’institut de recherche TranceScience, à Paris.
Peu d’options pharmacologiques
L’équipe belge se focalise sur cinq symptômes en particulier: les douleurs, les difficultés de sommeil, la fatigue, l’anxiété et les difficultés cognitives.
« Ces symptômes sont sous-diagnostiqués, sous-évalués et pas suffisamment pris en charge alors même qu’ils ont un grand impact sur la vie des patients, sur leur famille, sur les soignants et sur la société de façon générale », regrette la chercheuse, postdoctorante et collaboratrice scientifique du FRS-FNRS.
La pharmacologie offre peu d’options pour les limiter. Les recherches se sont donc tournées vers les approches « mind-body » (yoga, taï-chi, relaxation, méditation, hypnose…), avec de premiers résultats encourageants, mais qui demandent à être confirmés.
Apprendre à « transer »
Infirmière touchée par un cancer du sein, Christine s’intéresse depuis longtemps à ces pratiques « mind- body » (« corps-esprit »). Au printemps 2022, elle tombe sur l’appel à volontaires du Giga au hasard de ses pérégrinations sur les réseaux sociaux, et se renseigne aussitôt. « Il restait une place dans le dernier groupe “transe”, et c’est exactement ce que je voulais faire », se souvient cette passionnée de neurosciences.
En mai 2022, dix mois après avoir terminé sa radiothérapie, elle se rend donc à Liège, où elle retrouve les neuf autres participantes de son groupe pour le premier week-end d’initiation à la TCAI (qui sera suivi d’un second week-end quinze jours plus tard).
Christine se souvient encore de sa surprise au tout début de cette formation, encadrée par Corine Sombrun et plusieurs facilitatrices. « Je pensais qu’on allait faire divers exercices pour se mettre en condition, mais on a juste fait un petit tour de présentations. Et, au bout d’un quart d’heure, Corine nous mettait en transe », s’amuse-t-elle.
Pour ce faire, la musicologue utilise des « boucles de sons » qu’elle a mis des années à développer, des sortes de concentrés de séquences de tambour qui déclenchent la transe dans 90 % des cas.
Pour Christine, la réaction fut immédiate: « Mon corps s’est mis à beaucoup bouger, j’ai hurlé, je suis partie dans un autre monde. À la deuxième transe, le cri du loup est arrivé, et il ne m’a plus quitté. »
« J’ai senti qu’il se passait quelque chose d’inhabituel »
D’autres membres du groupe ont réagi différemment. Julie, une Parisienne de 43 ans, s’est ainsi mise à pleurer. « Pendant les trois premières boucles de sons, je n’ai fait que pleurer, sans savoir si j’étais en transe ou pas. Puis, à la quatrième, j’ai commencé à produire des sons très longs et du “protolangage” [terme désignant un langage primitif, ndlr], mes épaules ont bougé de façon très saccadée, j’ai senti qu’il se passait quelque chose d’inhabituel que je ne maîtrisais pas », se souvient cette directrice juridique touchée par un cancer du sein triple négatif un an après avoir accouché de son second enfant.
L’arrivée du cancer, alors qu’elle était « encore en train d’allaiter, c’était ultra-violent », confie-t-elle avec émotion, des mèches aux reflets cuivrés encadrant son visage parsemé de taches de rousseur.
« J’avais extrêmement peur que le cancer ne revienne. Quand j’ai vu qu’il y avait cette étude clinique, j’ai immédiatement appelé. Je me disais qu’avec la transe j’aurais une perception amplifiée de mon corps et que je pourrais, peut-être, percevoir une récidive avant qu’il ne soit trop tard », raconte-t-elle, à l’issue de sa seconde et dernière transe sous EEG au CHU de Liège.
Une ressource essentielle
La première a eu lieu au même endroit, en juin 2022, juste après le deuxième week-end de formation. Puis, chaque participante était rentrée chez elle, avec la consigne de reprendre le cours normal de sa vie et de s’entraîner régulièrement afin de renforcer son apprentissage de la transe. Seule restriction : ne pas pratiquer de transe avec des personnes non formées à la TCAI.
Au long des douze mois écoulés, tous les membres du groupe ont fait l’objet d’un suivi à travers, entre autres, des questionnaires à remplir. Au départ, la TCAI n’a pas été facile à apprivoiser pour Julie: « Elle n’arrêtait pas de se manifester toute seule. C’était assez encombrant, d’autant plus que ça coïncidait avec ma reprise du travail. J’ai appelé les facilitatrices pour leur demander si c’était normal. Elles m’ont rassurée en me disant qu’il était habituel que la transe se manifeste beaucoup pendant une période aussi chargée émotionnellement. Elles m’ont dit que j’allais apprendre à mieux la gérer au fil du temps. »
C’est effectivement ce qui s’est passé, et la transe est devenue pour Julie une « ressource essentielle ». « Pour les “triple négatif”, il n’y a pas d’hormonothérapie. On est lâchées dans la nature. La transe me permet d’évacuer le stress, de me détendre, de voir les situations sous un autre angle, de prendre de la hauteur et de la distance », dit-elle.
Des effets subtils ou hallucinants
Chez Christine, la TCAI a eu un effet « extraordinaire » sur la rééducation de son bras droit, qu’elle ne pouvait plus monter plus haut que son épaule après une opération du sein. « Durant la transe, je faisais des mouvements spécifiques et j’ai très vite pu lever mon bras plus haut. La kiné, spécialisée dans ce type de rééducation, a halluciné », assure-t-elle.
Laure, membre du même groupe que Christine et Julie, a constaté que ses capacités cognitives s’amélioraient. « Après mon cancer du sein, j’avais beaucoup de mal à m’organiser, les choses me paraissaient insurmontables. La transe m’aide beaucoup à me poser et à être plus construite dans mes réflexions. Je ne sais pas si je retrouverai un jour toutes mes capacités d’attention, mais je suis contente de ce que j’ai réussi à récupérer », témoigne-t-elle.
Sororité
Contrairement aux autres, cette secrétaire de 45 ans ne connaissait pas Corine Sombrun avant d’intégrer l’étude, et elle n’a d’ailleurs toujours pas ouvert un de ses livres, ni vu le biopic Un monde plus grand, réalisé par Fabienne Berthaud, afin de préserver son expérience personnelle. Tout au long de cette année pas comme les autres, les participantes ont régulièrement échangé entre elles via WhatsApp, et certaines ont même parfois « transé » en visio.
« Nous avons toutes eu le même problème de santé, ce qui a créé un lien très fort entre nous », commente Laure. Nathalie2, également membre de ce groupe, renchérit : « Pour moi, ç’a été une double découverte : la découverte d’un continent intérieur avec la transe, et la découverte de cette énorme solidarité avec ces femmes. C’est très rare dans une vie d’avoir l’occasion de trouver un tel groupe de sororité. »
Nathalie estime que, sans la transe et sans cette solidarité, il lui aurait été bien plus difficile de traverser tout ce qu’elle vivait au moment d’intégrer l’étude, en mai 2022. Opérée d’une tumeur rare et agressive, elle avait été brutalement licenciée au retour de son arrêt-maladie.
« Je me sens beaucoup mieux quand je l’intègre dans mon quotidien. J’essaie de la pratiquer quelques minutes le matin, après ma session de yoga. »
« J’avais du mal à me concentrer, j’oubliais tout, je n’arrivais presque plus à lire, je peinais à trouver mes mots, j’avais de brusques accès de colère… J’étais vraiment dans un sale état », témoigne cette chercheuse française de 50 ans, yeux bleus et cheveux relevés en chignon. « La transe m’a donné des outils au quotidien, notamment pour mieux me concentrer. Elle m’a aussi permis de me sentir beaucoup plus en accord avec mes possibilités et mes limites », ajoute-telle.
Une nouvelle habitude.
Cette expérience a transformé la vie de ces femmes, à des degrés plus ou moins forts. Et la transe est souvent devenue un rituel. « Pour la TCAI, on constate que plus de 80 % de l’échantillon pratique très régulièrement, tous les jours ou trois à quatre fois par semaine », indique Nolwenn Marie.
Celles et ceux qui pratiquent rapportent que chaque transe est différente, en durée comme en intensité, et que cela reste un état dont il est possible de sortir à tout moment.
Nathalie décrit sa pratique comme légère, mais régulière. « Je ne peux pas y consacrer beaucoup de temps, mais j’essaie de m’y tenir, car j’ai remarqué que je me sens beaucoup mieux quand je l’intègre dans mon quotidien. J’essaie notamment de faire quelques minutes le matin, après ma session de yoga. Il y a aussi de courts moments dans la journée où j’utilise “le protolangage”, parce que c’est une très bonne manière de sortir une émotion comme la colère. Ça prend quelques secondes et ça me met tout de suite dans un autre état d’esprit. »
Celle qui a été le plus transformée est sans doute Christine. « La maladie avait déjà changé mon rapport à la mort, mais la transe a amplifié ce changement. J’ai compris que la mort fait partie de la vie, elle ne me fait plus peur. Mon vœu le plus cher est de former mes pairs, les soignants et les soignantes, pour leur apporter cet outil qui a révolutionné ma vie. » Dans cette perspective, elle a candidaté au diplôme universitaire sur l’étude des transes et des états de conscience modifiés, qui s’est ouvert à la rentrée 2021 à l’université Paris-VIII.
Des premiers résultats encourageants.
Attention toutefois, à ce stade, impossible de tirer des conclusions scientifiques à partir du ressenti et de l’expérience de ces initiées. Pour l’instant, « on parle uniquement de tendances », soulignent prudemment nos chercheuses.
Concernant l’impact sur les symptômes suivis dans le cadre de l’étude, si une baisse des problèmes de sommeil et d’anxiété a été notée chez les participants aux groupes de transe, rien de notable n’a été relevé sur les douleurs. « Les premiers résultats sont encourageants, mais pour l’instant on ne peut tirer aucune conclusion concernant l’efficacité des différentes techniques étudiées en matière d’amélioration de la qualité de vie », insiste Charlotte Grégoire.
Si la partie de l’étude consacrée à la transe a bien avancé, le recrutement de participants est toujours en cours pour compléter les groupes de méditation et le groupe contrôle. Il faut donc attendre que l’étude arrive à son terme. Les premiers résultats scientifiques ne devraient pas être publiés avant 2025, au plus tôt.
Jessica Berthereau pour ROSE UP
Sylla medium magnétiseur sentimental retour affectif
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- Amour, sentiments: Retour affectif, rencontre, rapprochement,
vie commune, retour, séparation...
- Profession, travail, projets : orientation, examens, procès,
changement, harcèlement dans le travail, droit...
- Problèmes financiers divers.
- Santé: certains problèmes organiques ou d'ordre
psychosomatique après consultation d'un médecin: insomnie,
poids, nervosité, dépression, bipolarité...
- Problèmes liés aux envoûtements et protection occulte
puissante.
- Retour de chance et coaching de vie pour réorientation
personnelle et professionnelle.
N'hésitez pas à me contacter pour toute demande étudiée dans la plus parfaite confidentialité par téléphone.
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Edito Dr Henri BENSOUSSAN: Douleur Douceur
Revue Hypnose & Thérapies brèves n°52. Soyons polémiques. Les fake news n’ont pas seulement envahi l’espace politique et sociétal, elles ont désormais envahi l’espace médical. La situation peut être résumée en décrivant deux camps qui se « radicalisent » au … Continuer la lecture →
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